Monsieur et Madame Denis

Monsieur et Madame Denis

Jacques Offenbach (1819-1880)

 

Depuis 1858, les compositeurs sont autorisés à présenter des ouvrages sans limitation du nombre de personnages et avec des chœurs. C’est ainsi qu’Offenbach présentera Mesdames de la Halle puis Orphée aux Enfers, (première version en 2 actes) considéré en général comme la première grande opérette (21 octobre). Il récidivera l’année suivante avec Geneviève de Brabant, et en 1961 avec Le Pont des soupirs<
À côté de ces « grands ouvrages », Offenbach continue à composer des pièces en un acte. Il n’y en aura cinq en 1862 : Monsieur et Madame Denis, suivie de : La Demoiselle de Nanterre, Le Voyage de MM. Dunanan père et fils, Bavard et Bavarde, Jacqueline.

Monsieur et Madame Denis était l’une des meilleures chansons du chansonnier et vaudevilliste Marc Désaugiers (1772-1827), très populaire dans le genre comique, et plus rarement dans le genre sentimental. Elle se tient dans un registre semi-égrillard, semi-mélancolique que la musique sert d’ailleurs admirablement. Dans les années 1860, elle suscita le dithyrambe suivant, romantique, mais juste : « ô vieux couple sentimental, qui dévidez sur votre déclin l’écheveau de soie rose de vos premières amours »

L’argument

À Paris, vers 1850 : un salon vieux style.
Madame et Monsieur Denis, un couple d’un certain âge, toujours très épris l’un de l’autre, est actuellement à la campagne. La servante Nanette est maîtresse des lieux.
On sonne à la porte. Gaston, filleul de M. Denis, entre avec sa promise, Lucile, petite nièce du même Denis, qu’il a enlevé du couvent où elle était pensionnaire.
Prévenus, les soldats du guet sonnent à la porte. Les deux jeunes gens mettent perruques, bonnets et pelisse tout en s’efforçant de paraître aussi âgés que leurs parents
Le sergent Bellerose entre, se rend rapidement compte de la supercherie mais, faisant comme si de rien n’était, sort chercher des renforts.

Les jeunes gens, persuadés qu’ils ont donné le change, sont rassurés.
Faux espoir, car le sergent Bellerose revient en force et malgré une tentative de fuite reprend les deux jeunes gens. Tout serait terminé sans Nanette qui réussit à enivrer la troupe et à l’endormir en chantant une chaconne.
Cependant les représentants de l’ordre se réveillent à temps. Heureusement Monsieur et Madame Denis (les vrais) sont de retour (en coulisse lorsque le rideau tombe).

Créé 11 janvier 1862 aux Bouffes-Parisiens, Monsieur et Madame Denis est donné avec succès. La musique d’Offenbach y est pleine de délicatesse et cite plusieurs fois la chanson vieillotte et attendrissante de Désaugiers. Quant à la chaconne, elle est si réussie qu’elle est bissée le soir de la première. Une anecdote à propos de cette chaconne dont on retrouve les premières mesures dans Les Cloches de Corneville, créées 15 ans plus tard. Lors des répétitions de cet ouvrage de Planquette, l’interprète de Grenicheux, Simon Max, se plaignit de n’avoir pas d’air d’entrée au premier acte. Les librettistes lui écrivirent quelques couplets sur un coin de table mais Planquette, se trouvant en panne d’inspiration, sa mère improvisa au piano un air qu’elle avait sans doute en mémoire, ignorant peut-être qu’il provenait de la fameuse chaconne. Le compositeur l’adopta et c’est ainsi que naquit « Va petit mousse, où le vent te pousse » qui devint l’un des airs les plus célèbres de son opéra-comique.

– La partition

Ouverture – Couplets : « Hélas ! Un jour à mon tour la vieillesse » (Nanette) – Duo : « Partir seule avec moi » (Gaston, Lucile) – Couplets : « Vous voyez en moi, Bellerose » (Bellerose) – Quatuor : « Les voici réveillés », Trio : « Avec adresse » (Gaston, Lucile, Nanette), Ensemble « Cet homme est à la poursuite » (Nanette, Lucile, Gaston, Bellerose) – Ensemble « Marchons, marchons » (les soldats), « Et quoi ! C’est encore vous ? » (les soldats, Nanette), « Bernés par une chambrière » – Ensemble et couplets du Jurançon « Versez et buvons à plein verre » (Lucille et les soldats) – La chaconne : « Dansons le chaconne » (Lucile) – Ronde du guet : « C’est la ronde qui partout veille » (Bellerose, les soldats) – Final « En liberté je vais vous mettre » (tous).

Fiche technique

Opéra-comique en 1 acte ; Musique de Jacques Offenbach ; Paroles de Laurencin et Michel Delaporte. Création, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 11 janvier 1862 avec :
Mlle Darcier (Gaston, rôle travesti), Mlle Pfotzer (Lucile), Mlle Simon (Nanette), Potel (Bellerose), Mmes Taffanel, Matuéa, Lecuyer, Parent (soldats du guet, rôles travestis).

Discographie

Il n’existe pas d’enregistrement français intégral de l’œuvre mais on peut entendre l’ouverture dans divers CD d’ouvertures d’Offenbach :
– Offenbach, cancan, ouvertures et ballets, par Antonio de Almeida (1 Cd Philips, 1987)
– Offenbach, par Charles Gerhardt (1 Cd La Collection, 2001)
– Offenbach, ouvertures, par Bruno Weil (1 Cd Sony grande musique, 2003)

La chaconne est chantée par Laura Claycomb (album « Entre Nous, Celebrating Offenbach, » 2 Cd Opera Rara, 2007).

Il existe un enregistrement allemand de l’œuvre, sous le titre Herr & Frau Denis, avec Bettina Brucker, Franz Fehringer, Maria-Madlen Madsen, Willy Hofmann, sous la direction de Kurt Snhröder, couplé avec Die verwandelte Katze (La Chatte métamorphosée en femme) (1 Cd Historische Ton Dokumente, 2011)

Citons également une version en italien donnée le 21 août 1981 par la radio italienne, avec : Ottavio Garaventa, Maria-Rosa Nazario, Alessandra Rossi, Barry Anderson, Franca Fabbri, Maria-Grazia Piolatto. Orchestre Symphoniaque de la RAI de Turin, sous la direction de Peter Maag,

Références

Vous retrouverez  Monsieur et Madame Denis dans « Opérette » n° 124 & 166. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 28/02/2024

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