Les Mousquetaires au couvent

Les Mousquetaires au couvent

Louis Varney (1844-1908)

 

Albert Carré dans ses « Souvenirs de théâtre» , raconte comment Cantin, le directeur des Bouffes-Parisiens, avait eu l’idée des Mousquetaires au Couvent 
« … Cantin lisait et, devenu directeur de théâtre, il garda cette habitude, qui devait le distinguer de quelques-uns de ses confrères. Il aimait à relire les vieilles pièces qu’il avait accompagnées autrefois. L’Habit ne fait pas le moine, un vieux vaudeville de Saint-Hilaire et Duport lui rappela l’heureux temps de sa jeunesse. Voilà, se dit-il, un bien charmant sujet d’opérette. Il en toucha deux mots à Prével, le courriériste du « Figaro »,qui en toucha quatre à Paul Ferrier et tous deux eurent tôt fait de mettre en rimes légères cette légère histoire. Les Mousquetaires au couvent étaient nés. Pour la partition, l’on n’avait que l’embarras du choix. Patronné par la meilleure amie de Cantin, le jeune Louis Varney fut choisi. C’était le chef d’orchestre de l’Athénée. » 

De son côté, Florian Bruyas, dans son « Histoire de l’opérette en France » commente en ces termes la distribution :
« Frédéric Achard, comédien réputé mais possédant une voix agréable, interprétait le rôle de Brissac, le mousquetaire, et le jouait remarquablement. Écrit pour un baryton étendu et souple ce rôle comportait plusieurs parties d’ensembles importants mais peu de soli. Achard se tira excellemment de cette tentative. L’autre mousquetaire, le langoureux et doux Gontran, était représenté par le ténor Marcelin, celui-là même qui venait de débuter à Paris dans Les Noces d’Olivette. Le comique Hittemans faisait un abbé Bridaine plein de rondeur et de candeur ; Mademoiselle Bennati représentait la joyeuse et délurée servante Simone ; une débutante, Mademoiselle Romroy, chantait avec agrément le rôle sérieux de Marie et la jeune Clary composait une malicieuse et espiègle petite Louise, le furet du couvent.

Les Mousquetaires se jouèrent depuis le 16 mars jusqu’au 30 mai devant des salles pleines, mais le créateur du rôle de Brissac, Frédéric Achard, plus comédien que chanteur venait d’être rappelé au théâtre du Gymnase. Fort heureusement pour Cantin, le baryton Morlet se trouva libre subitement. C’est ainsi que le 2 septembre, Les Mousquetaires reparurent sur l’affiche des Bouffes. Au contraire de Frédéric Achard qui était un comédien doué d’une voix agréable, Morlet était un vrai chanteur sachant parfaitement jouer la comédie ».

Florian Bruyas raconte également que, ravi de cet interprète, Varney avait composé à son intention l’air « Pour faire un brave mousquetaire » et l’ariette de la griserie.
Les Mousquetaires atteignirent 250 représentations. Ils furent retirés de l’affiche en plein succès, pour céder la place à… La Mascotte.

Entre la création et le début de la seconde guerre mondiale, le « Bruyas » recense une bonne vingtaine de représentations dans la capitale ; il est vraisemblable que ce nombre est sous-estimé. Après 1945, la Gaîté-Lyrique a monté à deux reprises l’ouvrage : en 1952 et en 1957. On signalera les quelques représentations données à la Porte Saint-Martin en 1968 à l’occasion d’un festival d’opérette et surtout la belle production donnée salle Favart en 1992 dans une mise en scène de Michel Dunand. La distribution réunissait Gabriel Bacquier, Michel Vaissière, Pierre Catala, Cécile Gallois, Patricia Jumelle et Carole Clin. Direction musicale, Jean-Paul Chicheret.
Une nouvelle production a été donnée  en juin 2015 dans le même théâtre dans une mise en scène de Jérôme Deschamps, avec Marc Canturri, Sébastien Guèze, Franck Leguérinel, Anne-Catherine Gillet, Anne-Marine Suire, Antoinette Dennefeld, Nicole Monestier, Doris Lamprecht… – Choeur, Les Cris de Paris – Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon sous la direction musicale, Laurent Campellone.

En province, l’ouvrage est toujours au répertoire des théâtres mais, comme pour la plupart des chefs d’œuvre du répertoire classique (hors Offenbach), le nombre de représentations se raréfie.

— L’argument

L’action se passe en Touraine, sous le règne de Louis XIII.
Pour servir la politique du Cardinal de Richelieu, les nièces du Gouverneur de Touraine, Marie et Louise, actuellement pensionnaires au Convent des Ursulines devront prendre le voile. Or Marie est amoureuse – amour partagé  – de Gontran, officier des Mousquetaires du Roy de son état…

Acte I :
L’Auberge « Au Mousquetaire gris » à Vouvray :

Ce jour là, parmi les clients du « Mousquetaire gris », le fringant mousquetaire Narcisse de Brissac, lutine Simone, l’accorte servante de l’hostellerie.
Mais, inquiet pour son ami Gontran qu’il trouve par trop mélancolique, il appelle au secours le précepteur de ce dernier, l’abbé Bridaine, brave homme à la silhouette rabelaisienne. Pressé de questions, le jeune officier finit par avouer son amour pour Marie.
Pour calmer les deux mousquetaires qui envisagent sérieusement d’enlever la jeune fille, Bridaine s’engage à plaider la cause des amoureux auprès du gouverneur qui, justement, arrive à Vouvray.
L’ambassade tourne court car le gouverneur charge l’abbé d’annoncer à ses nièces sa décision de leur voir prendre le voile. Puis il demande à deux moines errants, qui prétendent venir de Palestine, de se rendre également au couvent pour aider à convaincre les deux jeunes filles de devenir religieuses.
Brissac et Gontran n’hésitent pas une seconde : ils dépouillent les deux révérends de leur froc, les mettent sous clé et, sous l’habit de capucins, s’en vont d’un pas majestueux en direction du couvent des Ursulines.

Acte II :
Une salle d’études au Couvent des Ursulines

Nos deux moines de fortune font une entrée remarquée au couvent, notamment frère Narcisse dont le vocabulaire coloré surprend les bonnes sœurs. Gontran se fait reconnaître de Marie tandis que Brissac sympathise avec la mutine et rieuse Louise. Bridaine survient et, à force de diplomatie, persuade Marie d’écrire à Gontran qu’elle ne l’aime pas.
Peu après il reconnaît les deux compères ; malgré sa colère, il ne se sent pas capable de les dénoncer, mais montre au jeune homme la lettre de Marie. D’abord abattu, Gontran se rend vite compte du manège de l’abbé.
Brissac, lui, fait honneur au succulent repas préparé par les religieuses. Passablement ivre, il improvise devant les pensionnaires un sermon sur l’Amour. C’est le scandale, malgré les efforts de Bridaine qui tente d’excuser les divagations de ce capucin d’occasion.

Acte III :
Une cour attenante au couvent

Maintenant dégrisé, Narcisse se prépare à aider Gontran dans ses projets d’enlèvement. Louise surprend les propos des comploteurs et obtient d’être de l’expédition. Brissac est enchanté… Bridaine survient au moment où les jeunes gens vont prendre le large. L’arrivée du gouverneur complique encore la situation. Heureusement le Dieu des amoureux veille… En effet, les capucins séquestrés à l’auberge étaient de faux moines décidés à assassiner le Cardinal. La folle équipée des mousquetaires ayant permis leur arrestation, Gontran et Narcisse seront récompensés au lieu d’être punis : ils épouseront Marie et Louise.

La partition

Acte I :
Ouverture : Chœur et couplets des marchandes ; Chœur et Simone « Ronde du beau mousquetaire » ; Chanson de Bridaine ; Air de Brissac « Pour faire un brave mousquetaire » ; Trio Brissac, Bridaine, Gontran « Parle, explique-toi » ; Chœur, Simone « Zon, zon, zon », arrivée du Gouverneur ; Villanelle « Dans le village on dansera » (Simone) ; « Nous venons de la Palestine » (Brissac, Gontran) et final I

Acte II :
Chœur et dictée (Sœur Opportune, les pensionnaires) ; Ensemble, couplets de Marie « Mon Dieu, que mon âme incertaine », ensemble « Mon père, je m’accuse » ; Duo Gontran-Marie, chœur et ensemble ; Rondo de la petite curieuse (Louise) ; Sa lettre hélas (Gontran) ; « Gris, suis-je gris ? » (Brissac) ; Chœur, Brissac « Aimons-nous, aimons-nous bien » et final II.

Acte III :
Chœur des soldats ; Chœur des pensionnaires ; « À la porte des révérends » (Simone) ; Valse « On se rendait à la chapelle » (Simone) ; Duetto Gontran-Marie « Il faut fuir » ; Quintette de l’échelle ; Final III « Dans le village, on dansera »

— Fiche technique

Les Mousquetaires au couvent
Opéra-comique en 3actes de Jules Prével et Paul Ferrier. Musique de Louis Varney. Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 16 mars 1880. Avec :
Paul Achard puis Morlet (Brissac), Marcellin (Gontran), Hittemans (Bridaine), Mmes Bennati (Simone), Romroy (Marie) et Clary (Louise).
Editions Choudens

Discographie

Intégrales

Michèle Command, Mady Mesplé, Christiane Chateau, Michel Trempont, Charles Burles, Jules Bastin. 0rch. Edgar Doneux
EMI C 167 16361/2 (2 disques)

Colette Riedinger, Pauline Carton, Mireille Lacoste, Gabriel Bacquier, Louis Musy, Pierre Blanc. Dir. Robert Benedetti
Carrère 67 761 (CA 231) (2 disques) – repris en album double CD en 2000 (Universal 465.874.2)

Sélections

Colette Riedinger, Pauline Carton, Mireille Lacoste, Gabriel Bacquier, Louis Musy, Pierre Blanc
Decca 100.102 (1 V)

Renée Doria, Lyne Cumia, Lucien Huberty, Michel Hamel.
Philips 837 471 GY (repris en CD)

Nadine Renaux, Liliane Berton, Michel Dens, Raymond Amade, Duvaleix. Dir. Marcel Cariven
EMI C 057 108 50 (repris en album 2 CD avec « Les noces de Jeannette » et « Rip »).

Michèle Command, Mady Mesplé, Christiane Chateau, Michel Trempont, Charles Burles, Jules Bastin. Orch. Edgard Doneux
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.9 (intégrale EMI) (3 CD) (+ Monsieur Beaucaire [Messager] + Les Noces de Jeannette [Massé]+ Rip [Planquette])

Références

Vous retrouverez Les Mousquetaires au couvent dans « Opérette » n° 34, 57, 85, 86, 120, 133, 149, 152, 171, 175, 176, 177, 179, 180, 183, 184, 186, 189, 191 & 207. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

 Dernière modification: 28/02/2024

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