Monsieur Beaucaire

Monsieur Beaucaire

André Messager (1853-1929)

 

On sous estime souvent la carrière londonienne d’André Messager. Plusieurs de ses ouvrages furent présentés dans la capitale anglaise dont deux créations : Mirette (1894), écrite en collaboration avec Miss Hope Temple (qu’il devait d’ailleurs épouser… avant d’en divorcer quelques années plus tard) et Monsieur Beaucaire vingt-cinq ans plus tard (1919). À Londres encore, André Messager eut, pendant plusieurs années, la responsabilité artistique des saisons de Covent Garden.
Composé pour satisfaire au goût anglais, Monsieur Beaucaire est inspiré d’une nouvelle d’un certain Booth Tarkington qui avait connu une grande vogue aux Etats-Unis vers 1900. L’ouvrage connut un beau succès à la création, succès qui se répercuta aux Etats-Unis.
Il fallut six ans à l’ouvrage pour traverser la Manche.
Enfin, le 21 novembre 1925, le théâtre Marigny, refait à neuf, affiche la version française de Monsieur Beaucaire qui permet à André Baugé de s’imposer dans un rôle difficile, auprès de l’excellente Marcelle Denya. L’ouvrage obtient plus de 200 représentations consécutive.
L’ouvrage fut ensuite représenté en province et à l’étranger. En 1954, il était inscrit au répertoire de l’Opéra-Comique de Paris, avec Jacques Jansen (Beaucaire) et Denise Duval (Mary).

Quelques jugements sur Monsieur Beaucaire :

Florian Bruyas : (Histoire de l’opérette en France, 1974) :
« Spectacle très parisien qui enchanta beaucoup de monde, du meilleur et du plus ordinaire. La partition qui datait de quelques années était très fine et très musicale. Quelques grincheux la traitèrent de « gentille » sur un ton qui se voulait dédaigneux mais qui n’était que ridicule. Gentille, la partition de Beaucaire ? Allons donc ! Elle était charmante et distinguée cette œuvre anglaise du compositeur de Véronique et le musicien qui avait écrit « Le Menuet des roses », « La Pastorale », « La Valse du rossignol », les charmants couplets de Lucy et tant d’autres pages aussi soignées méritait mieux que cette épithète lâchée par quelques snobs grotesques qui tenaient à bouder leur plaisir. »

Roland Manuel : (cité par Florian Bruyas) :
« L’orchestration de Beaucaire est prestigieuse. Le musicien de Véronique et d’lsoline se surpasse ici lui-même. Il obtient un rendement dynamique que tous les musiciens de ce temps pourraient lui envier. C’est la perfection même… ».

Louis Oster : (Les opérettes du répertoire courant, 1953) :
Monsieur Beaucaire est une œuvre spirituelle, éloquente, pleine de fraîcheur et de grâce. André Messager a montré son réel talent de compositeur en créant cette opérette romantique qu’il a troussée de ravissantes mélodies associées à une ingénieuse orchestration ».

Disparue presque complètement de nos scènes, l’œuvre d’André Messager mérite une réhabilitation. Les célébrations du 150° anniversaire de sa naissance en 2003/ 2004 devraient remédier à cette injustice.

L’argument

Prologue :
L’appartement de Monsieur Beaucaire

Bath, la ville d’eau la plus réputée d’Angleterre, au milieu du XVIII° siècle. Monsieur Beaucaire est un mystérieux français, installé en Angleterre, qui prétend dit barbier de son état.
Sa demeure est devenue une sorte de tripot fréquenté par la gentry londonienne, en particulier par le duc de Winterset. Le duc, qui triche outrageusement au jeu, est surpris par Beaucaire. Le barbier consent à ne pas dénoncer Winterset, à condition que celui-ci le présente à la belle Lady Mary, dont il est amoureux.

Acte I :
Une salle de bal

Le soir même, Lady Mary, ravissante dans une toilette qui rehausse sa beauté romantique, fait son entrée dans la salle de bal, escortée par une cour d’admirateurs. Winterset arrive à son tour et présente à la jeune lady notre barbier, devenu pour l’occasion Duc de Châteaurien.
Beaucaire sait tourner un madrigal comme personne au monde. Resté seul avec Mary, il captive son attention en lui disant l’admiration qu’elle lui inspire. Il se déclare pour la vie son fidèle chevalier et lui demande la rose qu’elle porte à son corsage. Furieux et jaloux, Winterset fait provoquer en duel le Français par un spadassin de sa connaissance. Beaucaire revient victorieux et Lady Mary ne peut que lui remettre la rose désirée,

Acte II :
Un jardin chez Bantison

La fête bat son plein. Beaucaire s’empresse auprès de Lady Mary qui paraît sensible au charme de ce séduisant soupirant.
Winterset, qui ne désarme pas, surgit de l’ombre, accompagné de ses amis et de vigoureux laquais, pour se saisir de Beaucaire. Mary tente de s’interposer. Le duc lui apprend alors la véritable identité du Duc de Châteaurien. Prié de se défendre des accusations portées contre lui, le jeune homme, affaibli par une blessure qu’il vient de recevoir, n’a pas la force de se justifier. Désespérée, Mary se retire au bras de Winterset.

Acte III :
Une salle au Casino de Bath

Winterset semble triompher. Beaucaire, maintenant guéri de sa blessure, se rend au Casino et s’approche de Lady Mary. Il reçoit tout d’abord un accueil glacial. Mais il sait si bien plaider sa cause que Mary ne peut résister à tant de charme et d’éloquence. Elle est prête à suivre Monsieur Beaucaire sans connaître sa véritable personnalité.
Winterset s’apprête une fois encore à châtier le barbier. À cet instant, le marquis de Mirepoix, ambassadeur de France, s’avance et salue avec respect Monsieur Beaucaire. Ce dernier est en réalité le duc d’Orléans, cousin du roi de France, exilé pour un temps par son souverain.
Aujourd’hui, le duc étant autorisé à rentrer en France, l’incognito n’est plus de mise.
Il ne reste plus au duc d’Orléans qu’à présenter à l’assistance, Lady Mary, sa fiancée, conquise de haute lutte, par Monsieur Beaucaire, barbier de son état.

La partition

Prologue : Introduction ; « Comme ils étaient doux » (chœurs) ;« La rose rouge » (Beaucaire) ; « J’irai ce soir au bal » (Beaucaire, Molyneux, Winterset)

Acte I : Chœur « Les Romaines passaient comme nous » ; « Pour faire une prisonnière » (Lucy, Molyneux) ; Chœur « Souhaitons la bienvenue », entrée de Mary, ensemble et Beaucaire « Anglaises ou Françaises » ; « Vous demandez une rose (Mary, Beaucaire) ; « Par Dieu, Monsieur » (Badger, Beaucaire, Winterset, Molyneux) ; Menuet des roses ; Chœur, ensemble et final I

Acte 2 : Chœur « Quand le soleil sort de l’ombre » ; « Jadis, quand j’étais Roi de Bath » (Nash) ; « A femme jolie » (Lucy) ; Chœur et Mary « Le Rossignol » ; « Quoi, si doux » (Beaucaire, Mary ; Ensemble « Non, non, ce serait perdre vraiment » et final II

Acte 3 : Chœur « Vous connaissez la nouvelle ? » ; « Je connais une belle » (Molyneux, Lucy) ; « Quand vous seriez » (Beaucaire) : « Qu’est-ce qu’un nom? » (Mary, Beaucaire) ; « Ce n’est pas Prince qu’il faut naître » (Beaucaire) ; Final 3

Fiche technique

Monsieur Beaucaire
Opérette romantique en 1 prologue et 3 actes. Livret anglais de Frédéric Londsdale, couplets de Adrian Ross d’après une nouvelle de Booth Tarkington. Musique de André Messager. Création à Birmingham le 7 avril 1919, puis à Londres, Prince’s Theater, le 19 avril 1919.
Adaptation française André Rivoire et Pierre Veber. Version française créée à Paris, théâtre Marigny, le 21 novembre 1925. Avec :
Marcelle Denya (Lady Mary), Renée Camia (Lady Lucy), André Baugé (Monsieur Beaucaire), Victor Pujol (Molyneux), Gilbert Moryn (Winterset), Pizani (Nash), Moriss (Townbrake), Pierre Darmant (Rakell), Emile Roques (Capitaine Badger) Orchestre, direction Paul Letombe ; mise en scène de Max Dearly
Editions Salabert

Discographie

Intégrales

Willy Clément, René Lenoty, Lina Dachary, Nicole Broissin. Direction musicale, Jules Gressier.
1 coffret 2CD Musidisc 203412

Sélections

Michel Dens, René Lenoty, Gilbert Moryn, Martha Angelici, Liliane Berton, Direction musicale, Jules Gressier
1 disque 33T 30cm Emi C051-12086 repris dans un coffret 2 CD EPM 767 512 2 avec également « Véronique » et « Les P’tites Michu ».

Michel Dens, René Lenoty, Gilbert Moryn, Martha Angelici, Liliane Berton, Direction musicale, Jules Gressier
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.9 (réédition 33t EMI) (3 CD) (+ Les Noces de Jeannette [Massé] + Les Mousquetaires au Couvent [Varney]+ Rip [Planquette]) 

4 airs chantés par Marcel Merkès et Paulette Merval. Direction musicale, Jacques Météhen
45T Odéon MOE2141

Références

Vous retrouverez Monsieur Beaucaire dans « Opérette » n° 36, 121, 170 & 187. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 28/02/2024

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