Michel Caron (1929-2001) ténor

Michel Caron (1929-2001) ténor

Né dans la région parisienne, Michel Caron voulait dès l’enfance devenir comédien, mais sa mère insista pour qu’il suive des études d’agriculture qui se concrétisèrent par un diplôme d’état avec spécialisation en arboriculture forestière. Obstiné, le jeune Michel entre au cours René Simon, puis, un peu plus tard, au Conservatoire de Musique de Paris où il obtient trois premiers prix : opéra, opéra-comique, opérette. Mais il faut bien vivre. Michel Caron pose pour des publicitaires : l’homme heureux qui déguste des frites à la végétaline, c’est lui ; le pompiste Shell qui exprime sa joie de vendre un si bon produit, c’est encore lui ; l’homme qui garde l’haleine fraîche grâce au dentifrice que vous savez, c’est toujours lui.

Heureusement, la carrière de Michel Caron prend bientôt un autre tour : engagé au Châtelet pour interpréter Guy Florès lors d’une reprise de L’Auberge du Cheval Blanc (1960-1961), il est remarqué par les directeurs de théâtre et commence une solide carrière en province.

Après cette Auberge, Raymond Vogel l’engage dans sa troupe à Mulhouse et lui fournit l’occasion d’interpréter tous les grands rôles du répertoire. Jacques Luccioni, à son tour, lui confie le rôle de Pâris aux côtés de Geori Boué (théâtre Gérard Philippe), ainsi que Rodolphe de La Traviata qu’il chante auprès de Jacqueline Brumaire.

Après son départ du Châtelet, Maurice Lehmann monte encore deux « Offenbach » au Théâtre de Paris : La Périchole (1969) et Barbe-Bleue (1971) Il se souvient alors de Michel Caron et l’engage pour interpréter Piquillo puis le sire de Barbe-Bleue. Le choix était particulièrement heureux car le ténor fut la révélation de cette Périchole. De moult articles élogieux, retenons celui de Maurice Tassant (L’Aurore) :
« Mais ce qu’on n’attendait pas, c’est le triomphe du jeune ténor Michel Caron, relégué en quatrième position sur l’affiche malgré l’importance du rôle de Piquillo. Et combien justifié ! Il chante admirablement et joue de même, sa diction est impeccable et son physique parfaitement vraisemblable ».
Maurice Fleuret, qui fut directeur de la Musique au Ministère de la Culture, y va lui aussi de son couplet :
« …Michel Caron fait merveille d’héroïsme vocal, de justesse, de goût et d’aisance scénique » .
Et, deux ans plus lard, dans Barbe-Bleue (François Malric) :
« Il est beau garçon, il a de l’aisance, de l’esprit, il possède une voix admirable qui lui permettrait de briller au Palais Garnier et il doit être extrêmement intelligent car, en dépit de tous ces atouts, il ne se prend pas au sérieux ».

À Paris encore, on l’applaudit dans les « Rencontres du Palais-Royal », à Bobino (Croisière d’amour), à l’Opéra Comique (La Vie Parisienne, 1974), et au TMP-Châtelet, en alternance dans Danilo de La Veuve Joyeuse, 1982-1983).

En province, en dehors de son interprétation de nombreux ouvrages du répertoire (2), il a créé Un Chapeau de Paille d’Italie de Guy Lafarge et André Grassi (Strasbourg, 1966). Au Grand Théâtre de Genève, de 1972 à 1978, il a assuré les spectacles de fin d’année.

Depuis une quinzaine d’années, on ne rencontrait hélas plus guère Michel Caron sur les scènes lyriques. Les éditeurs de disques ne se sont malheureusement pas intéressés à ce chanteur à la voix « éclatante ». Il reste les enregistrements de l’ORTF (3). Peut-être qu’un éditeur avisé gravera un jour La Périchole ou Le Marchand d’oiseaux (L’Oiseleur), qui dorment dans quelque tiroir de l’INA. Il existe aussi les bandes télé de Barbe-Bleue (avec Martine Surais et Jean Le Poulain) et de La Périchole (avec Jane Berbié et Jean Le Poulain).

Ce grand artiste, qui aurait mérité une carrière plus médiatisée, a mis fin à ses jours le 2 septembre 2001.

Jean-Claude Fournier

(1) Il a également chanté cette Périchole à la Monnaie de Bruxelles.
(2) Les principaux ouvrages à son répertoire (en dehors de ceux déjà cités).
En opéra : Faust (Bruxelles, Rio de Janeiro), Les Troyens et Pénélope (Lisbonne), Don Juan de Mañara, Le Pauvre Matelot, La Mort de Danton, Dialogues des Carmélites, L’Opéra d’Aran.
En opérette : La Vie Parisienne, La Fille de Madame Angot, La Grande Duchesse de Gérolstein et Monsieur Carnaval.
(3) Sa carrière à la radio : 15 ans d’émissions lyriques et de concerts réalisés à l’ORTF. On a fait surtout appel à lui pour les « Offenbach », les viennois et les ouvrages modernes.

Références

Vous retrouverez Michel Caron dans « Opérette » n° 63, 121 & 161. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page “Anciens numéros”

Dernière modification : 25/02/2024

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