Jean Bretonnière (1924-2001) baryton

Jean Bretonnière (1924-2001) baryton

Les spectateurs de la Gaîté-Lyrique des années cinquante et les auditeurs des émissions de variété radiophoniques de l’époque se souviennent bien de Jean Bretonnière. C’était un artiste de tout premier ordre qui aurait atteint une plus grande et plus durable notoriété si…

Jean Bretonnière est né à Tours le 22 octobre 1924. Il fait ses débuts sur scène au cours de la dernière guerre en interprétant des chansons comiques qui avaient fait fureur quelques années auparavant, pour distraire les soldats atteints de tuberculose. Un peu plus tard, débordant de fantaisie, il se lance dans le pastiche de chansons célèbres, notamment « La danseuse est créole » et « Boléro ». Le résultat étant probant, il s’attaque à un morceau de bravoure, une parodie du Barbier de Séville. Ce qui exige de sérieuses qualités vocales. Sa prestation est d’autant surprenante, qu’il n’a pas précisément étudié le chant.

Les directeurs de salles parisiennes comprennent qu’ils viennent de découvrir un oiseau rare. Le tour de chant lui permet de se produire à la « Taverne de l’Olympia », à Bobino, aux Concerts Pacra…
Jean Bretonnière débute en opérette dans Feu d’Artifice au théâtre Marigny (1952), avec, comme partenaires Jacqueline Cadet, Suzy Delair, Mary Marquet, et Mathilde Casadesus. L’année suivante, il est engagé au théâtre de Paris pour créer C’est écrit dans les étoiles, aimable fantaisie interprétée également par Jacques Meyran, Max Elloy, Colette Fleuriot et Jacqueline Mille.

Puis on le retrouve en tête d’affiche à la Gaîté-Lyrique en 1954 dans Pampanilla, une opérette de Jacques-Henri Rys. Excellent chanteur, bon comédien, physique de jeune premier, interprète débordant de fantaisie qui s’entend comme larron en foire avec Maurice Baquet, il emmène le spectacle au succès, bien accompagné par Germaine Roger, Ginette Baudin, Doris Marnier et Duvaleix. Puis le chanteur écume les routes de France et de Navarre avec Pampanilla. Bientôt, des problèmes personnels lui font quitter un temps le métier… On racontait même à l’époque qu’il était devenu moniteur d’auto-école. Mais il réapparut enfin sur scène.

On le retrouve sur la plupart des scènes de province, parfois avec la jolie et charmante comédienne Geneviève Kervine qu’il devait épouser (La Vie Parisienne, Une Femme par jour). Son répertoire comprend également des ouvrages aussi divers que La Veuve Joyeuse, Trois Valses, Paganini, Quatre Jours à Paris, Rose-Marie, Michel Strogoff.

À Paris, au théâtre de l’œuvre, il jouera La Magouille auprès de Jacques Fabbri. Au cours de cette période, il tourne huit films. On citera Ma p’tite folie, Villa Sans-Soucis,Cinq millions comptant (1957) avec Geneviève Kervine, Cette sacrée gamine avec Brigitte Bardot (1956), Paris-Music-Hall avec Charles Aznavour et Mick Michel.

Mais la vie artistique n’est pas souvent conciliable avec celle de couple. Or Jean Bretonnière et Geneviève Kervine s’aimaient d’amour tendre. Cette dernière, si elle a fait quelques incursions en opérette, est d’abord une actrice, de cinéma sans doute, mais plus encore de théâtre. Elle est engagée par les tournées Herbert-Karsenty où elle fera carrière. En 1968, Jean Bretonnière décide d’abandonner le lyrique pour le théâtre, afin de rester auprès de son épouse. Là, suivant les ouvrages, il interprète des rôles plus ou moins importants. Les spectateurs de province ont notamment applaudi les deux comédiens dans Jupiter, Drôle de couple, La Facture, Folle Amanda, Tovaritch, Pepsie, La Claque, Domino… Leurs partenaires étaient Maria Mauban, Pierre Mondy, Danièle Darrieux, Pierrette Bruno, Bernard Blier, Line Renaud, Jean Piat…

En 1986/ 1987, Jean Bretonnière fait un bref retour dans le domaine de la comédie musicale en interprétant à Nantes d’abord, à Paris ensuite, L’Homme de La Mancha (rôles du gouverneur et de l’aubergiste), auprès de Jeane Manson, Jean Piat et Richard Taxi. Il me confiait à cette époque en me remettant son curriculum : « Voilà cher ami, trente ans de bonheur… mais ce n’est pas terminé ! »

Jean Bretonnière devait disparaître à Romainville le 13 mars 2001, peu d’années après son épouse.

Jean-Claude Fournier

Références

Vous retrouverez  Jean Bretonnière dans « Opérette » n° 62 & 124. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page “Anciens numéros”

Dernière modification : 25/02/2024

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