Guy Lafarge (1904-1991)
« La musique de Guy Lafarge est fine, élégante, spirituelle, avec, parfois, un soupçon de sentiment qui lui va à ravir » pouvait-on lire dans ce Matin, lors de la création de Il faut marier maman (Théâtre de Paris, 15 septembre 1950). Lors d’un entretien paru dans le n° 41 d’ « Opérette », Denise Grey, la créatrice du rôle de Minouche, évoque la création de l’ouvrage :
« C’est ma dernière opérette. Un ouvrage ravissant. Une musique délicieuse de Guy Lafarge… Savez-vous comment cela s’est fait ? Je revenais de tournée. Pierre Dux me dit :
– J’ai une pièce pour vous à la rentrée. Et il m’envoie une pièce de Verneuil très démodée. Je n’en veux pas. Il me demande alors :
– Vous n’avez pas quelque chose, vous ?
– Si, mais c’est une opérette
– Pourquoi pas !
Et nous avons joué toute une saison. C’était un très bon rôle de mère et il y avait des choses ravissantes : « Les jeunes gens d’à présent », « La Touraine ».
– Et il y avait une très bonne distribution … Très bonne. Odette Laure, Christian Duvaleix, Jacqueline Valois, Jean Gaven, Francis Linel et Armontel. Ce dernier avait énormément de talent. C’était un deuxième Victor Boucher. Un type formidable. On pouvait lui faire un seul reproche : sur scène, il passait son temps à raconter des histoires qui n’avaient rien à voir avec la pièce. Il ne faut pas faire cela. Si un texte est bon, il faut le dire, un point c’est tout. Un jour, je lui dis :- « Roland, tu as tort de faire cela, tu alourdis tes scènes, tu n’as pourtant pas besoin de ça pour faire rire ». Il n’y a rien eu à faire, il a continué de plus belle. Un jour, il a fait une telle scène… en scène que je l’ai prévenu – Ne recommence pas, sinon je te laisse terminer l’acte et je ne reviendrai qu’après l’entracte. Le lendemain, il refait son numéro. Je sors et je ne reviens pas. A partir de ce moment, il a respecté le texte … »
Après sa carrière parisienne, Il faut marier maman a enchanté la province, approchant les 1700 représentations. Sur les scènes de l’hexagone, Maria Murano, Annie Dumas, Liette Bardin, Ginette Baudin, Line May, Maguy Gauthier, Jacqueline Guy et Nicole Broissin ont été, chacune à leur manière, la séduisante et pétulante Minouche.
Cette œuvre charmante n’est que très rarement reprise de nos jours…
—L’argument
Acte I :
Un salon-dortoir à Paris.
Cela ne peut plus durer. Il faut marier maman ! C’est la conclusion à laquelle sont arrivées Liliane, Jackie, Monique, et les jumelles Anne-Marie et Marie-Anne, les cinq filles nées des quatre mariages de Minouche, la mère la plus jeune, la plus séduisante, la plus fantaisiste de toutes les mères de famille. En effet, à peine de retour d’un voyage de deux ans, accompagnée de son secrétaire le timide et gauche Papillon, qui meurt d’amour pour elle, cette veuve, quatre fois veuve qui plus est, ,jette le trouble dans le cœur de Jimmy et Jack, les amoureux de Monique et de Jackie.
Mais qui choisir ? Le timide Papillon aura du mal à séduire cette femme dynamique qui n’aime que l’Aventure et les Aventuriers. Peut-être Gonzalès AIonzo Y Papa, un gaucho qu’elle a connu dans ses voyages et dont l’arrivée prochaine est annoncée ?
Pour I’heure, Minouche et ses filles ont des difficultés avec le sévère Ducouret, propriétaire de leur appartement. Celui-ci, voulant à la fois satisfaire les locataires de l’immeuble qui protestent contre cette famille bruyante, et loger son neveu Jean-Paul, cherche le moyen d’expulser Minouche et ses filles. Heureusement, Jean-Paul est amoureux de Liliane. Aidé de la jeune fille, il calme Minouche et Ducouret qui se disputaient violemment. Le jeune homme pousse l’habileté jusqu’à réussir à faire inviter Minouche et sa progéniture dans la villa que son oncle possède en Touraine.
Acte II :
Le living-room de la villa de Ducouret en Touraine.
Bien entendu, l’arrivée de Minouche entraîne la révolution dans la villa de Ducouret. Révolution dans le mobilier, qui change de place ; révolution dans les cœurs, puisque Jimmy et Jack lui demandent sa main. Les filles réunissent un conseil de guerre. Elles décident d’amener Minouche à prendre Ducouret pour époux.
Pour cela, elles se mettent l’une après l’autre à faire du charme à un Ducouret, qui commence à être dépassé par les événements. Puis, elles avouent à Minouche que leur propriétaire est en réalité un gangster. Un aventurier ? Minouche commence à être intéressée. Par contre, l’honnête Papillon refuse de protéger un bandit. Il prévient la police. Ducouret est arrêté.
Acte III :
Le jardin de Ducouret.
Pendent sa courte détention, Ducouret a fait la connaissance de mauvais garçons .Libéré, il revient sale, mal rasé. Son vocabulaire se ressent de ses nouvelles fréquentations. Il prône maintenant l’amour libre et convainc Minouche de vivre avec lui. Mais les cinq filles veillent. Elles menacent d’imiter leur mère et celle-ci revient à de plus sages dispositions. D’ailleurs Ducouret lui-même retrouve une attitude plus conforme à son personnage. Il sera donc le cinquième mari de Minouche.
Jean-Paul, Jimmy et Jack épouseront respectivement Liliane, Monique et Jackie. Papillon convolera en justes noces avec Marie-Anne, tandis que Gonzalès Alonzo Y Papa arrivera fort à propos pour se marier avec Anne-Marie.
— La partition
Acte 1: Introduction ; « Cinq filles gentilles » (les cinq filles) ; « Tenons un conseil de famille » (les cinq fiIles) ; Couplets de Papillon « Si j’ai l’nom populaire » ; Chanson de l’inconnu (Liliane) ; Couplets du propriétaire (Ducouret) ; Chanson de la Touraine (Jean-Paul) ; Final 1
Acte 2: Ensemble, lamentations « Dans ce coin charmant » ; Chanson des enfants d’à-présent (Minouche) ; Chanson des complexes (Jackie) ; « La valse parisienne » (Jimmy, puis tous) ; Duo Liliane-Jean-Paul « Ne plaisantez pas, c’est très sérieux » ; « Le baiser-cinéma » (Monique) ; Final 2
Acte 3 : Ensemble « Le temps est beau, pour la saison »; « Je suis révélé » (Ducouret) ; Final 3
— Fiche technique
Il faut marier maman
Comédie musicale en 3 actes et 4 tableaux de Marc-Cab et Serge Veber ; lyrics de Marc-Cab et Guy Lafarge ; musique de Guy Lafarge
Création à Paris, au Théâtre de Paris, le 15 septembre 1950. Avec :
Denise Grey (Minouche), Jacqueline Valois (Liliane), Odette Laure (Jackie), Christine Ellsen (Monique), Catherine Erard (Anne-Marie), Geneviève Kervine (Marie-Anne), Armontel (Monsieur Ducouret), Christian Duvaleix (Papillon), Jean Gaven (Jean-Paul), Francis Linel (Jimmy), Jean Marchan (Jack), Robert Gossart (Alonzo Gonzalès), Paul Mercey (le policier). Mise en scène de Pierre Dux. Orchestration de Nelly Marco et orchestre sous sa direction.
Editions Chappell
— Discographie
Des extraits de cet ouvrage ont été enregistré en 78T, notamment par Jacqueline Valois (« Un inconnu frappe à ta porte », « La Valse Parisienne », « Les jeunes gens d’à présent », « La Touraine ») et par Raymond Girerd (« La Touraine », « La Valse Parisienne »). Orchestre André Grassi. On trouvera également certains de ces extraits chantés par Francis Linel, dir. Jacques-Henri Rys. Pas de vinyl.
— Références
Vous retrouverez Il faut marier maman dans « Opérette » n° 43 & 70. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 27/02/2024