Gipsy

Francis Lopez (1916-1995)

 

À Paris, à la fin des années soixante, la situation de l’opérette commence à devenir inquiétante. La Gaîté-Lyrique, dirigée par Germaine Roger, a été déclarée en faillite au début de la décennie. Maurice Lehmann, à la tête du Châtelet depuis près de quarante ans, a cédé la place à Maurice Lamy (1966). Henri Varna, directeur de Mogador, est mort en 1969.
Au Châtelet, Maurice Lamy monte successivement Le Prince de Madrid, une nouvelle version de L’auberge du Cheval Blanc et cette Caravelle d’Or que Luis Mariano ne pourra mener à bon port. Quelques mois après le ténor, à l’automne 1970, Maurice Lamy disparaît à son tour, laissant le théâtre dans une situation financière préoccupante. Sa veuve tente l’impossible avec Louisiane mes amours, mais rien n’y fait, le Châtelet est déclaré en faillite au printemps 1971. La nouvelle direction veut faire du neuf et monte Double V, une comédie musicale de Jean-Jacques Debout (5 octobre 1971). Le public se désintéresse complètement de ce spectacle et, en catastrophe on fait appel à Francis Lopez, dont une nouvelle opérette, Gipsy, vient d’être créée au Sébastopol de Lille (18 décembre 1971).

Gipsy avait été monté au Sébastopol avec de petits moyens, le théâtre n’ayant pas l’assise financière du Châtelet d’antan. Tel quel, l’ouvrage débute sa carrière à Paris le 19 février 1972. On pensait « tenir » quelques dizaines de représentations : l’ouvrage se joue 603 fois ! 
Quelles peuvent être les raisons du succès d’un ouvrage et qui, au niveau de la présentation, est en régression par rapport à tout ce qui s’était fait au Châtelet jusque-là ? Sans doute la personnalité du jeune ténor José Todaro, déjà connu en province comme chanteur d’opéra, qui se révèle à Paris comme le digne successeur de Mariano. Sa belle voix s’accompagne d’un physique de jeune premier et d’une présence scénique incontestable. La présence du médiatique Jacques Chazot ne gâte rien, la distribution comprenant également de « vieux routiers » comme Maurice Baquet et Jean-Marie Proslier.
Dès 1974, Gipsy entame une tournée en province qui devait battre des records de recette. Le 1er janvier 1975, elle est présentée à la Télévision française avec ses principaux créateurs.
Aujourd’hui Gipsy est toujours inscrite au répertoire des scènes de province, ce qui n’est pas le cas des opérettes composées par Francis Lopez au cours des vingt-cinq années suivantes.

L’action de Gipsy se déroule une fois encore sous le règne de François-Joseph d’Autriche. Parfois bienveillant, parfois tyran, ce souverain, son épouse Sissi et leur fils Rodolf apparaissent dans de nombreux livrets d’opérettes. Le roman d’amour de François-Joseph et de Sissi a été mis en musique par Fritz Kreisler (Sissy, Vienne,1932). Henri Varna, sans doute influencé par le succès des films dont Romy Schneider fut la vedette, présenta à Mogador la version française de cette opérette viennoise (1959). Notons qu’en 1991, Francis Lopez a commis une Sissi créée à l’Eldorado. Début 1994, Guy Motta proposa une suite à l’ouvrage de Lopez : Sissi Impératrice, créée au Trianon. Un troisième volet avait été annoncé. Mais on s’arrêta heureusement là.
Dans L’Auberge du cheval blanc, l’Empereur montre à Josépha où est son bonheur. Dans Rose de Noël, Sissi intervient pour sauver le bonheur de Vilma et de Michel. Dans Vienne chante et danse, les souverains et Rodolf sont au centre de l’action. Encore une fois, Sissi réunit les amoureux séparés. Enfin, dans Gipsy, nous retrouvons Rodolf, quelques mois avant sa mort mystérieuse.

L’argument

La Bohème en 1888, sous le règne tyrannique de François-Joseph.

Acte I

Une tribu de tziganes ayant à sa tête Vano Ballestra, surnommé « Le Tzigane Rouge », s’efforce de briser les chaînes qui oppressent leur pays. Vano a juré fidélité à la cause du peuple ; il ne s’appartient plus et remet à des temps meilleurs son mariage avec la jolie tzigane Mariana. L’occasion de frapper un grand coup se présente à l’occasion des fêtes de célébration du 40ème anniversaire de l’accession au trône de François-Joseph. Vano est désigné pour tuer l’archiduc Rodolf, fils de l’empereur.
L’agitation des tziganes inquiète le chef de la police de Karlsbad, d’autant que de nombreuses personnalités, l’archiduc Rodolf, le Prince de Galles et sa favorite la belle Liane de Pougy, et Johann Strauss lui-même seront présents aux fêtes.
Vano est un excellent violoniste ; Johann Strauss, qui l’a entendu par hasard, décide de lui confier Ie rôle de violon « solo » au cours du concert qu’il doit diriger. Liane, qui est attirée par Vano, accepte volontiers d’intervenir auprès de lui pour qu’il accède aux désirs du maître. Sa liberté sera garantie. Vano, qui voit dans cette occasion le moyen d’approcher Rodolf, accepte.

Acte II

Les autorités ont incarcéré Joschka, l’ami de Vano, en croyant arrêter ce dernier. Vano parvient à approcher Rodolf. Au moment de le tuer, il se rend compte que le Prince est acquis à la cause des révoltés et qu’il n’hésite pas à se dresser devant son père. Malgré Strauss, malgré Rodolf, Vano est arrêté. Mais l’action conjointe de Rodolf et du Prince de Galles permettra d’obtenir sa grâce. L’aventure se termine plus heureusement pour Vano, qui rejoint Mariana, que pour Liane, qui reprend sa place auprès du Prince de Galles et que pour Rodolf qui s’en va vers son destin.

La partition

Acte I : Ballet et chœur d’entrée  ; Duo Flora Joschka « Le lait d’ânesse » ; « Je suis un vagabond » (Vano) ; « En France, on est comme ça » (Liane) ; « Ah qu’ils sont collants les agents » (Flora) ; Ballet tzigane ; « Zingara » (Mariana) ; « Gipsy » (Vano) ; « Monsieur Johann Strauss (Liane) ; Duo Joschka-Flora « La vie est belle » ; « Romanis » (Mariana) ; Duo Vano-Venceslas « Bohémienne » ; « Toi, premier amour » »(Vano) ; Duo Flora-Joschka « Pour avoir des petits enfants » ; Ballet ; Final 1

 Acte II : Chœur ; ballet ; Marche de l’archiduc ; « Ma bohème de toujours » (Rodolf) ; Ballet « Doina » ; « Mayerling » (Rodolf) ; Grand ballet classique « Vaï, Vaï » (Vano) ; « Je t’attendrai » (Mariana) ; « L’amour est un rêve » (Liane) ; Final Il

Fiche technique

Gipsy
Opérette tzigane en 2 actes et 12 tableaux. Livret de Claude Dufresne, lyrics de Daniel Ringold, musique de Francis Lopez, airs additionnels d’Anja Lopez. Adaptation musicale de Paul Bonneau.
Création : Lille, théâtre Sébastopol, le 18 décembre 1971. Distribution :
José Todaro (Vano), Maurice Baquet (Joschka), Bernard Gontcharenko (Rodolf), Edgar Duvivier (Strauss), Fernand Kindt (Brenner), Claude Cétin (Mathias), Gérard Fouchard (le Prince de Galles), Michel Henry (Conrad), Nicole Briard (Liane de Pougy), Dominique Rika (Mariana), Sylvia Paule (Flora), Orchestre, direction Paul Woestyn.

Création à Paris, théâtre du Châtelet, le 19 février 1972.
Distribution :
José Todaro (Vano), Maurice Baquet (Joschka), Cyril Tcharenko (Rodolf), Jacques Villa (Strauss), Jean-Marie Proslier (Brenner), Serge Fain (Mathias), Max Montavon (Conrad), Bernard Alvi (Wallensdorf), Nicole Briard (Liane), Jeanine Roux (Mariana), Sylvia Paule (Flora), Direction musicale, André Martial
Editions Chappell

Discographie

Sélections

José Todaro, Jeannine Roux, Nicole Briard, Maurice Baquet, Sylvia Paule, Cyril Tcharenko. Direction musicale, Paul Bonneau
1 disque 33t 30cm CBS 64790

DVD

José Todaro, Jeannine Roux, Nicole Briard, Maurice Baquet Silvia Paule, Orch. Paul Bonneau
Enregistré au Châtelet en 1972.(1 DVD)

Références

Vous retrouverez Gipsy dans « Opérette » n° 95, 179, 184 & 204. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 27/02/2024

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