Gosse de riche

Maurice Yvain (1891-1965)

 

Le 2 mai 1924 est créé au théâtre Daunou Gosse de riche. Maurice Yvain connaît bien le théâtre où a été représenté deux ans plus tôt son premier grand succès Ta bouche. La salle de jauge modeste ne permet pas de déploiements spectaculaires. Gosse de riche est typiquement une opérette légère, que les auteurs appellent comédie musicale. La création précédente d’Yvain, La Dame en décolleté, qui se voulait plus « lyrique », avait désorienté le public.
La distribution de Gosse de riche se limite à 7 rôles principaux, 4 féminins, 3 masculins, plus deux rôles de domestiques, et ne comporte ni chœur, ni ballet, ni figuration. Jacques Bousquet et Henri Falk sont de nouveaux librettistes pour le compositeur. Le premier vient de la revue, mais leur activité principale sera celle de dialoguistes et réalisateurs de nombreux films de l’entre-deux-guerres. Ils écrivent la comédie et les lyrics dans l’esprit de leurs prédécesseurs, Mirande et Willemetz, avec des dialogues sensiblement plus étirés (le livret fait plus de 250 pages), appuyant aussi sans doute plus qu’eux sur le débat moral (le futur beau-père a partagé un temps la même maîtresse avec son futur gendre) et sur l’imbroglio qui en résulte.
La distribution réunit des noms connus : Alice Cocéa, (l’Aspasie de Phi Phi), Jeanne Cheirel (la comtesse de Ta bouche), Christiane Dor, belle artiste omniprésente sur la scène d’opérette, et Jeanne Loury ; chez les hommes, Vilbert, plus acteur que chanteur, Louis Blanche, (le cousin Martel dans Là-haut) et Henri Defreyn, (Danilo à la création française de La Veuve joyeuse en 1909).

Musicalement Yvain en reste à ses fondamentaux. Emile Vuillermoz explique pourquoi : « Il y a là un certain nombre de trouvailles d’une saveur exquise qui montrent que cet adroit musicien a su comprendre les enseignements précieux de l’écriture et de l’instrumentation du jazz-band qui sont, quoi qu’on en dise, la seule révélation technique sérieuse de la musique légère de ce siècle. »
Fox trot, one step et même java se succèdent apportant le rythme à l’opérette ; les airs romantiques ne sont pas oubliés, comme la lettre qui ouvre l’acte II ou le duo-valse « parfois le cœur hésite » ; on notera un très original quatuor jazzy des amateurs d’art (avec des allusions à l’avant-garde et orchestration idoine), un septuor et des finals concertants.

L’argument

Acte I

L’atelier d’André Sartène
André Sartène est un peintre à la mode. Il fait le portrait d’Achille Patarin, un nouveau riche sans scrupules. André est l’amant de Nane qu’entretient, sans savoir qu’il partage la jeune personne avec son portraitiste, Patarin. C’est la baronne Skatinkolowitch, dame des deux mondes, qui a « procuré » au financier parvenu l’artiste et la liaison. Patarin a accepté de passer avec sa femme et sa fille Colette, une « gosse de riche », un mois dans le manoir de la baronne qui lui présentera le gendre idéal. Nane sera du séjour, accompagné d’un mari de paille, Monsieur Mézaize, afin de ne pas éveiller les soupçons. André de son côté a rencontré quelques jours auparavant Colette dans un restaurant montmartrois. La jeune fille se présente comme la fille du financier, venue voir avec sa famille le fameux portrait. Cette nouvelle rencontre lui permet de demander à André s’il veut bien épouser une « gosse de riche ». Ce dernier ne cache pas son actuelle liaison. Mais il ne dévoile pas le nom de sa maîtresse. En attendant, il accepte de venir s’installer chez la baronne, le temps d’exécuter le portrait de toute la famille.

Acte II

Chez la baronne en Bretagne
Colette et André se sont promis l’un à l’autre. Les difficultés ne vont pas tarder à surgir. Si Patarin est ravi de retrouver Nane sous le nom de Madame Mézaize, André est nettement moins à l’aise d’habiter sous le même toit que celle avec laquelle il s’est engagé à rompre. Lorsque Nane découvre les intentions de son amant, elle lui donne l’ordre de partir. André désorienté fait ses adieux à Colette. Cette dernière découvre le nom de celle qui est à l’origine de la rupture et s’ouvre à son père de la raison qui éloigne le peintre d’elle. Patarin est furieux d’apprendre que Nane est la maîtresse du gendre possible de sa fille. Humilié, il veut régler ses comptes avec André, quand ce dernier se présente afin de prendre congé de tous.

Acte III

L’atelier du peintre
Colette a précédé André à Paris. Les deux jeunes gens qui se retrouvent se promettent l’un à l’autre. Madame Patarin a appris la liaison de son mari et révèle ainsi à sa fille la double liaison de Nane. De son côté, la baronne qui voit les intrigues lui échapper ne peut que constater les dégâts. Mézaize révèle à Madame Patarin que sa femme supposée n’était qu’une « grue ». L’épouse pardonne pourtant à son mari à condition qu’il se résigne au mariage de Colette et d’André. C’est un dernier subterfuge de Colette qui permet de ménager la susceptibilité du financier. Les amoureux se marieront. La baronne voit ses efforts diplomatiques couronnés de succès.

La partition

Ouverture. 1er acte :1. Duetto (André, Nane), 2. « Quand on est chic » (Patarin) 3. « Avez-vous compris » (la baronne), 4. « Ah ! Le bon dîner » (André, Colette), 5. « Gosse de riche » (Colette), 6. Quatuor des amateurs d’art (Patarin, Mme Patarin, André, Colette), 7. Final

2ème acte : Entracte 8. « Combine » (la baronne), 9 Duo de la lettre (Colette, André), 10 Trio (Nane, André, Mézaize), 11. Septuor de la présentation, 12. « On biaise » (Patarin), 13. Couplets de Colette « Non mais vraiment », 14. « On m’a » (André), 15 Duo valse « Malgré moi » (Colette, André), 16. Final

3ème acte : Entracte, 17. musique de scène, 18. Duo du portrait (Colette, André), 19. L’invite à la java (Colette, André), 20. « Quand on est des gens du monde » (la baronne), 21. « C’en est trop et ma rage éclate » (Patarin), 22. Finaletto « C’est un pieux mensonge », 23. Final

Fiche technique

Opérette en 3 actes de Maurice Yvain (musique), Jacques Bousquet et Henri Falk (livret) créée à Paris, théâtre Daunou le 2 mai 1924. Mise en scène : Edmond Roze. Direction musicale : Pierre Chagnon; Avec :
Jane Cheirel (la baronne), Alice Cocéa (Colette Patarin), Jeanne Loury (Mme Patarin), Christiane D’Or (Nane), Germaine Sergys (Germaine), Vilbert (Patarin), Henri Defreyn (André), Louis Blanche (Mézaize)

Discographie

Voir également le site : http://comedie-musicale.jgana.fr/

Références

Vous retrouverez Gosse de riche dans « Opérette » n° 119, 182 &184. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 27/02/2024

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