Georges Guétary (1915-1997) ténor

Georges Guétary (1915-1997) ténor

Georges Guétary (1915-1997) ne s’est pas contenté d’être une grande vedette en France : il est allé se faire un nom en Angleterre et aux États-Unis où il créa plusieurs opérettes à succès. Il fut le partenaire de Gene Kelly dans le célèbre film Un Américain à Paris.

En France, il ne faut pas sous-estimer l’importance du rôle qu’il joua dans la réussite de Francis Lopez. C’est lui qui fit triompher des chansons comme « Robin des Bois », « Honolulu » ou « Chic à Chiquito » et qui, avant La Belle de Cadix, mena au succès le film Le Cavalier Noir. C’est lui encore qui a ouvert la série des grandes opérettes du compositeur au Châtelet avec Pour Don Carlos ; c’est lui enfin qui, avec Bourvil et Annie Cordy, a assuré à La Route Fleurie la carrière que l’on sait.

Georges Guétary (Lambros Worlou) est né à Alexandrie, le 8 février 1915 d’une famille d’origine grecque. Le destin se manifeste en sa faveur en la personne de son oncle, Tasso Janopoulo, pianiste virtuose, accompagnateur des plus célèbres concertistes. Une grande affection lie l’oncle et le neveu que celui-ci rejoint bientôt à Paris pour poursuivre ses études.

Dans la capitale, Lambros fait la connaissance de nombreux artistes amis de son oncle. Lors d’une réunion amicale, au cours de laquelle il chante une mélodie grecque, il est remarqué par Ninon Vallin qui lui conseille d’abandonner les études commerciales pour le chant. Pendant des années, la cantatrice lui fera travailler la voix. Il prendra des cours de solfège et de piano à l’École Cortot-Thibaud et de cours de comédie chez René Simon.

Il fait ses débuts de chanteur dans l’orchestre Jo Bouillon. Bientôt, remarqué par Henri Varna, il devient « boy » dans la revue de Mistinguett au Casino de Paris (1937). Au début de la guerre, Lambros séjourne quelque temps au pays basque où il adopte le pseudonyme de Georges Guétary.

Nous retrouvons le jeune ténor à Paris où il débute dans l’opérette : reprise de Toi c’est moi et création de La Course à l’amour, de Guy Lafarge (1942). Georges fait la connaissance de Francis Lopez qui compose pour lui « Robin des Bois” et bientôt la musique de films : Le Cavalier Noir (1944) et Trente et Quarante (1945).

La guerre terminée, sa popularité dépasse les frontières françaises. À Londres, il crée Bless the Bride (« Vive la mariée ») qui obtient un grand succès ; à Broadway, on l’applaudit dans Arms et the Girl avant que Gene Kelly fasse appel à lui pour le film Un Américain à Paris. Il est toujours à Hollywood lorsqu’il est contacté par Maurice Lehmann pour être la vedette de Pour Don Carlos au Châtelet (1950). La pièce se joue 420 fois.

Fin 1952, Georges Guétary crée La Route fleurie qui tiendra l’affiche quatre ans à l’ABC. Pour cet ouvrage et les quatre suivants, le ténor partagera la vedette avec un acteur comique de grand renom. Ce sera Bourvil pour La Route fleurie et Pacifico de Jo Moutet (Porte Saint-Martin, 1958) puis Jean Richard pour La Polka des Lampions de Gérard Calvi (Châtelet, 1961), Monsieur Carnaval de Charles Aznavour (Châtelet, 1965) et Monsieur Pompadour de Claude Bolling (Mogador, 1971).

Le premier et sans doute le seul, parmi les stars de l’opérette des années cinquante, Georges Guétary tente de faire évoluer son personnage. Avec La Polka des Lampions de Gérard Calvi (1961) et Monsieur Carnaval (1965) de Charles Aznavour, il aborde des ouvrages qui auraient pu, si la dynamique n’avait pas été interrompue par le départ du Châtelet de Maurice Lehmann (1966), aboutir à un style nouveau de comédie musicale « à la française ». Ces deux ouvrages ont été de grandes réussites. Par contre, Monsieur Pompadour (Mogador, 1971), qui bénéficiait pourtant d’un livret original de Françoise Dorin et d’une distribution de tout premier plan, ne se joue que dix mois et décourage un peu les partisans d’un renouvellement du genre.

Georges Guétary persiste dans la volonté de se renouveler. Il souhaite désormais interpréter des rôles de son âge. Dans Les Aventures de Tom Jones de Jacques Debronckart (1974), il joue pour la première fois les « pères ». Malheureusement cette pièce « picaresque » désoriente le public et doit être rapidement retirée de l’affiche… L’échec de Tom Jones et plus généralement la crise de l’opérette qui s’accentuait ne lui permit guère de tenter de nouvelles expériences qui auraient donner un ton nouveau à sa carrière. Hourra Papa ! de Jo Moutet (1984), peut-être ? L’ouvrage venait un peu tard et fit d’ailleurs une petite carrière.

Georges Guétary reprend ses tours de chant, joue en province ses succès parisiens, La Route Fleurie et Monsieur Carnaval, fait de nombreuses télévisions et, à partir de 1981, revient, en opérette, à des créations plus traditionnelles en participant à quatre créations du Francis Lopez de la dernière période : Aventure à Monte-Carlo, L’Amour à Tahiti, Carnaval aux Caraïbes et Le Roi du Pacifique.

À Bobino, en janvier 1996, le célèbre chanteur entreprend, à 80 ans passés, un nouveau tour de chant d’une heure et demie, accompagné par le groupe « Paradisio », six jeunes musiciens, deux choristes et un ballet. Prélude à une nouvelle tournée qui n’a pu se concrétiser : il devait disparaître en septembre 1997.

Georges Guétary n’a pas quitté la scène pendant soixante années. N’oublions pas que si Georges Guétary a porté de nombreux ouvrages d’opérettes au succès, il a été également l’interprète de nombreux « tubes » distillés à la radio et au cours d’innombrables tours de chant. Outre « Robin des Bois », « Honolulu » ou « Chic à Chiquito » déjà cités, rappelons-nous, entre autres, de « Boléro », « Une boucle blonde » et « Papa aime maman »… Plusieurs fois millionnaire du disque, Guétary a effectué de nombreuses tournées en France et à l’étranger.

La télévision a souvent fait appel à notre ténor qui a participé à de multiples émissions à succès : « Télé Dimanche », « Le Palmarès des chansons », « Elle court, elle court, l’opérette… ». Pour la télévision également, il a enregistré plusieurs opérettes (Monsieur Pompadour, Quatre Jours à Paris).

De 1944 à 1957, Georges Guétary a tourné une douzaine de films, dont le plus réussi reste évidemment le triomphal Un Américain à Paris. Nous citerons également Les Aventures de Casanova (1946), Plume au vent, un « remake » du Chemin du Paradis et Le Baron Tzigane, une adaptation de l’opérette de Strauss.

Naturalisé français au début des années cinquante, Georges Guétary était l’époux de la productrice de télévision Janine Guyon. Il est l’auteur d’un livre autobiographique, « Les Hasards fabuleux », publié aux éditions de « La Table Ronde » en 1981.

Jean-Claude Fournier

Références

Vous retrouverez Georges Guétary dans « Opérette » n° 41, 95, 98, 105 & 117. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification : 23/02/2024

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