De Louise Weber, dite La Goulue,1 à Fréhel, célèbre pour ses chansons réalistes empreintes de sanglots, il n’y avait qu’un pas à franchir pour la chanteuse et comédienne Delphine Grandsart. Aussi nous propose-t-elle aujourd’hui, dans la cave intime du cabaret du Connétable, une touchante évocation musicale à travers un certain nombre de ses succès (dont « La Java bleue », « Où sont tous mes amants »..) mais aussi d’autres titres moins joués que nous avons découverts avec curiosité et plaisir.
Elle nous rappelle à ce sujet que Marguerite Boulc’h (1891-1951), connue à ses début sous le nom de La môme Pervenche avant de devenir Fréhel (en hommage au cap Fréhel de ses racines bretonnes), pas réellement vouée au bonheur, avait été quittée par Maurice Chevalier tombant dans les bras de… Mistinguett !
Dans ce récital, accompagnée par Hubert de Leusse à l’accordéon, Delphine Grandsart rend hommage à ces femmes dont les vies furent un long chemin de croix – alcool, amours tumultueuses et contrariées – qui se sont évidemment mal terminées.
Nulle autre ne pouvait mieux les ressusciter que cette artiste d’exception. Sa gouaille mêlée d’une intense sensibilité nous fait revivre les heures passées dans un Montmartre – non pas de carte postale mais plutôt de précarité – où les plus riches prenaient plaisir à venir s’encanailler.
Une promesse nous a été faite à l’issue de ce joli récital, celle de revenir très prochainement dans un autre lieu pour un nouvel hommage à cette figure mythique du music-hall qu’il ne faudrait pas oublier.
Philippe Pocidalo
13 mai 2024.
1) voir article page Spectacles Paris
