Louise Weber dite La Goulue, au Lucernaire
mercredi 16 août 2023

Louise Weber dite La Goulue, au Lucernaire

Le Théâtre du Lucernaire a repris pour quelques semaines le spectacle Louise Weber dite La Goulue qui a valu à son interprète, Delphine Grandsart, le trophée de la comédie musicale en 2018 (interprète féminine). Nous l’avions applaudie dans des productions telles que Cabaret, signée Sam Mendes, ou encore Mozart l’opéra rock.

Au début de la pièce, nous découvrons La Goulue vieillissante et passablement imbibée d’absinthe. Elle  nous conte ce que fut sa vie mouvementée, entre ses triomphes sur la scène du Moulin Rouge où elle fit équipe avec Valentin-le-désossé (tous deux immortalisés par Toulouse-Lautrec), et ses rencontres plus ou moins heureuses, à la fois amie des têtes couronnées et des malfrats des bas fonds de Pigalle qui lui valurent sévices et autres maltraitances,. Dompteuse de fauves, danseuse de cancan, blanchisseuse ou icône de la Belle Époque, cette Louise Weber représente une femme d’une extrême modernité, rebelle mais libérée de tout carcan mondain et de toute morale.  Mais elle ne se guérira jamais des peines dues à la perte brutale de son fils qui la fit sombrer dans l’alcoolisme. Elle décédera en 1929, dans la misère la plus totale.

À lépoque de sa gloire, Yvette Guilbert, chanteuse de café-concert et actrice, la décrivait ainsi :

La Goulue aux bas de soie noire, son pied de satin noir dans la main, faisait virevolter les soixante mètres de dentelle de ses jupons, et montrait son pantalon cocassement brodé d’un coeur qui se tendait, farceur, sur son petit postérieur. […] La danseuse décoiffait son cavalier d’un petit coup de pied chic dans le chapeau, et faisait le grand écart, le buste droit, la taille mince dans sa blouse de satin bleu ciel et sa jupe de satin.

Cette figure haute en couleurs de la Belle Époque revit sous nos yeux de façon saisissante… Delphine Grandsart est La Goulue ! Elle chante (“La butte rouge” de

Georges Krier, 1923), danse quelques pas de cancan et apporte une énergie et une gouaille semblables à celle de son personnage.

Delphine Gustau, autrice ce spectacle et co-metteuse en scène avec Delphine Grandsart nous offre 80 minutes riches en émotions : nous partageons, entre rires et larmes, la vie d’une artiste que nous ne connaissions pas si bien. Cette évocation, dont Delphine Gransart s’est également chargée des décors et des costumes, est agrémentée d’une musique originale signée Matthieu Michard, évoquant les chansons de l’époque de Bruant ou le French-cancan d’après Offenbach ; si la première présentation de ce spectacle au Théâtre Essaïon en 2018 était accompagnée par un musicien en live, il est ici remplacé par une bande-son. Pour mettre en évidence la mise en scène, le plateau a été divisé en trois espaces matérialisant les diverses époques de la vie de Louise Weber, espaces délimités par les éclairages contrastés de Jacques Rouveyrollis, assisté de Jessica Duclos.

Ce spectacle (une Production Les petites vertus), que nous avons eu du mal à quitter au terme de la représentation, nous a offert, dans l’écrin du Lucernaire, lieu nous réservant souvent de belles surprises, un pur bonheur de théâtre.

Philippe Pocidalo

16 août 2023

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