Madame Pompadour, Festival de Bad Ischl
mercredi 16 août 2023

Madame Pompadour, Festival de Bad Ischl

« Madame Pompadour » Julia Koci, Kaj-Louis Lucke, Thomas Enzinger (Foto Hofer)

L’opérette Madame Pompadour est l’avant-dernière œuvre scénique de Leo Fall (de son vivant) sur un livret de Rudolf Schanzer et Ernst Welisch, créée à Berlin le 9 septembre 1922 au Berliner Theater.

L’intrigue :

La Pompadour et sa camériste Belotte s’amusent follement à l’auberge du jardin des muses. Le comte René Dubois est très attirée par la marquise, tandis que Belotte et le chansonnier Calicot ébauchent un flirt. L’auberge est soudain encerclée par les forces de police menées par le ministre de la justice Maurepas mais la marquise s’interpose pour ramener René et Calicot à Versailles.

Madeleine, la femme de René, part à la recherche de son mari disparu. Une lettre de son père la dirige vers la marquise qui découvre que Madeleine est sa demi-sœur. Cette dernière montre à la Pompadour un portrait de son mari qui permet à la marquise de reconnaître René. Il est son beau-frère, et une amourette avec lui s’avère désormais impossible.

Maurepas croit avoir trouvé en Calicot l’amant de la Pompadour. Il le fait savoir au roi qui,  revenant de la chasse, entre à l’improviste dans la chambre à coucher de sa maîtresse et y trouve René, en discussion avec la marquise. Le prenant pour Calicot, ainsi que le lui a signalé son ministre, il ordonne son exécution sur l’heure. Le poète à l’énoncé de son nom bondit du coffre dans lequel il s’était enfermé. Quelle surprise lorsqu’il décline son identité ! Le roi comprend que cet amant ne peut en être un puisqu’il n’est pas l’homme qu’il a vu dans la chambre de la marquise. Tout finira pour le mieux et la Pompadour ira vers de nouvelles aventures…

Pour célébrer le150e anniversaire de la naissance de Leo Fall, le Festival Lehár de Bad Ischl a mis à l’affiche Madame Pompadour. À cette occasion, le chef d’orchestre Christoph Huber, et deux éminents musiciens, Matthias Grimminger et Henning Hagerdon, ont procédé à la réorchestration de  cette œuvre. Pour cela, ils ont introduit dans la partition certains instruments afin de lui donner une couleur plus « Jazzy » tout en s’attachant à préserver la langueur et la sensualité des mélodies célèbres, nullement altérées par ces arrangements respectueux de l’esprit de l’œuvre.

Cette Madame Pompadour – somme toute opérette assez classique de Léo Fall – propose dans sa nouvelle orchestration des passages trépidants à la manière d’une comédie musicale, incluant également des numéros de claquettes.

Le Directeur du Festival, Thomas Enzinger, avait annoncé vouloir faire de Madame Pompadour une brillante « opérette-revue ». Il s’est octroyé la mise en scène, dont il est également le « fil rouge », en se glissant dans les atours du majordome de la marquise mais aussi dans ceux du maître de cérémonies. Il n’y a aucun moment de répit dans sa production, particulièrement mouvante, animée et électrisante. Il faut dire que les décors (Sabine Lindner) d’une élégance raffinée participent à cette ambiance ainsi que les fastueux costumes très diversifiés (Sven Bindseil) qui contribuent au climat érotique permanent.

Julia Koci qui – dispose d’un vaste répertoire allant de Verdi, Puccini et Bizet à la comédie musicale en passant par Mozart,  convainc à tous égards dans une Pompadour raffinée et sensuelle à l’instar de Maximilian Mayer coutumier des emplois mozartiens qui incarne à ses côtés un Comte René séduisant et de fière allure. Loes Cools confère à Belotte, tout le piquant nécessaire, et il en va de même pour Kaj-Louis Lucke (spécialiste de la comédie musicale) en exubérant Joseph Calicot.

Maurepas (Aldred Rauch), qui poursuit de sa vindicte la marquise, et son âme damnée, l’informateur Poulard (Markus Raab) sont parfaitement croqués dans leur noirceur comique. Une mention doit être décernée pour l’interprétation très sensible d’Elisabeth Zeiler en Madeleine, sans oublier Claudiu Sola pour son aplomb dans Louis XV… et sa maîtrise dans les pas de claquettes !

Le merveilleux orchestre du Festival étincelle sous la direction alerte et nécessairement experte – du fait de son travail d’adaptation – de Christoph Huber. Les mêmes louanges que pour les ouvrages précédents doivent être adressées au chœur et au ballet.

Christian Jarniat

16 août 2023

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.