Der Vogelhändler (L’Oiseleur), Festival de Bad Ischl
mardi 15 août 2023

Der Vogelhändler (L’Oiseleur), Festival de Bad Ischl

« Der Vogelhändler » David Sitka et Jenifer Lary (Foto Hofer)

Quand le rideau se lève sur la célèbre opérette de Carl Zeller, il nous permet de voir, côté cour, des panneaux représentant un paysage pastel orné de roses tandis que, côté jardin, sont réunis les éléments sommaires d’un bureau de poste.

La metteure en scène, Anette Leisten-schneider, situe ce premier tableau pendant la nuit, animé par un groupe de chasseurs vêtus de vêtements empruntés à des peaux de bêtes. L’ambiance sombre est liée sans doute à l’arrivée du Prince Électeur qui vient chasser le sanglier alors que les habitants ont épuisé la réserve de gibier.

La scène change (décors de Sabine Lindner), transportant les spectateurs à l’intérieur d’une taverne sous un éclairage ensoleillé. En exubérant Adam,  David Sitka (l’oiseleur) déploie une énergie réjouis-sante, partageant avec les éléments masculins du ballet qui l’entourent une danse folklorique tyrolienne. À la fin du premier acte paraît sur scène un pavillon entièrement constitué de verdure dans lequel se situera l’imbroglio de toute la pièce, (la Princesse Marie y supposant son époux en galante compagnie, tandis qu’Adam pense que sa fiancée Christel le trahit avec le Prince Électeur). Tous les interprètes maîtrisent un très haut niveau technique vocal (il en sera d’ailleurs de même pour tous les artistes des trois ouvrages à l’affiche), ce qui donne lieu à un final exceptionnel, agrémenté d’une très jolie chorégraphie.

On s’émerveille de l’un des airs les plus célèbres du répertoire autrichien, applaudi ici comme il sied, à savoir « Roses du Tyrol », ébauché tout d’abord par le ténor, puis par la soprano et repris par l’ensemble des interprètes et le chœur.

Le ballet ouvre le deuxième acte dans le château du Prince où domestiques hommes et femmes agitent plumeaux et chiffons. Les deux professeurs Suffle (Ivo Kovrigar) et Würmchen (Tomaž Kovačič), censés faire passer à Adam son examen pour le poste de directeur de la ménagerie, sont dignes de Laurel et Hardy, tandis qu’Adélaïde (Patricia Nessy), la femme de compagnie de la Princesse, continue à faire son numéro époustouflant de « séductrice comique » entamé dès le premier acte, transformant ainsi un rôle secondaire en véritable premier emploi.

Avec son timbre lumineux, Jenifer Lary dessine une charmante Christel qui, après son air d’entrée chaleureusement applaudi au premier acte, se révèle à nouveau fort charmante dans son duo avec la Princesse Marie. Cette dernière incarnée par Corina Koller démontre que dans ce pays, on peut aisément passer de l’opéra à l’opérette.1

La musique de Zeller est, au demeurant assez proche de celle de son contempo-rain Johann Strauss et, à la fin de l’acte 2, un air magnifique « Wein mein Ahnl » (« Chante rossignol ») est dévolu à Adam sur un rythme de valse lente, accompagné par un chœur à bouches fermées, avec un art du chant et une puissance remarquables. En écoutant cette partition servie par d’excellentes voix, on se croit revenu à la grande époque des enregistrements de l’âge d’or de l’opérette viennoise !

Dans le jardin du château, à l’acte 3, la princesse Marie se voit gratifiée d’un solo sublime « Als geblüth der Kirschenbaum » (« Comme le cerisier en fleurs ») qui précède le duo comique entre le Baron Weps (Gerd Vogel) et Adélaïde, suivi par un trio entre Adam, Christel et Stanislas (excellent Jonathan Hartzendorf en ténor bouffe) qui introduit le dénouement de l’intrigue et remet les couples en ordre. En bouquet final,  trois cerceaux fleuris, accompagnés d’une pluie de confettis, descendent des cintres pour la reprise du célèbre « Roses du Tyrol. »

L’orchestre, sous la baguette de Marius Burkert, n’est plus à louanger, tant ses brillantes qualités justifient une multitude d’enregistrements discographiques (de la firme cpo) réalisés en ces lieux. Une mention très spéciale doit être décernée au chœur, formé exclusivement de jeunes éléments (mais c’est une tradition à Bad Ischl) dont le dynamisme est réjouissant.2

Christian Jarniat

15 août 2023

1) Encore que Der Vogelhändler (1891) s’apparente davantage à un opéra comique de la nature de ceux représentés en France au 19ème siècle).

2) Voir Opérette numéros 149, 165, 185, 193.

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