Originaire de Pologne, où il est né à Varsovie le 4 avril 1875 et où toute sa famille occupe des postes dans la musique, Joseph Szulc arrive à Paris à la fin du siècle pourvu d’un bagage musical exceptionnel. Il n’en sera pas moins formé par Massenet.
Après avoir épousé Suzy Delsart, une divette d’opérette, il voyage, notamment pour diriger. Alors qu’il est installé à Bruxelles, le théâtre de la Monnaie donne de lui un ballet, Nuit d’Ispahan, et l’Alhambra son premier succès lyrique significatif, Flup ; l’ouvrage contient un tango, ce qui lui donne un parfum d’opérette moderne avant l’heure. On ne doit pas s’étonner d’une telle acclimatation ; Szulc saura désormais mêler nombre de rythmes nouveaux à son inspiration personnelle.
À propos de Mannequins, une des opérettes d’après guerre accompagnées par un seul piano, Szulc déclarera à Georges de Wissant : « Pour ma part, j’aime beaucoup le fox-trot, mais à condition que ce fox-trot soit écrit musicalement avec de jolies harmonies et des rythmes amusants ». Szulc ne dérogera jamais à la règle : des danses modernes, mais aussi des duos, trios, quatuors et ensembles écrits d’une plume plus classique. Les voix ne lui importeront pas moins ; il s’attache la participation d’Edmée Favart et Jean Périer pour les pièces légères et « pirandellesques » (sic !) données aux Capucines (Mannequins, Quand on est trois…)
Le théâtre des Bouffes-Parisiens crée en 1929 son opérette la plus célèbre, Flossie, sur un livret de Marcel Gerbidon et des lyrics de Ch. L. Pothier ; c’est Jacqueline Francell qui interprète le rôle-titre : « adroite chanteuse, bonne danseuse, elle sait aussi faire valoir le texte qu’on lui confie. Et elle paraît si contente d’être sur scène ! », écrit d’elle Jacques Marteaux. L’ouvrage aura un succès considérable, atteignant la 400e représentation. Outre le célèbre one-step (« Je m’appelle Flossie… »), l’opérette contient de la musique que Louis Schneider définissait en ces termes : « C’est de la mélodie bien construite, qui pétille, qui sautille, qui s’attendrit, toujours distinguée, toujours pimpante ».
Le Châtelet et Mogador donnent ses ouvrages suivants ; Sidonie Panache et Mandrin sont de ceux-là, le premier avec Edmée Favart, Loulou Hégoburu, Géo Bury,( mais des « clous » indescriptibles ne font pas moins courir le public), le second se prévalant de son orchestration soignée, de ses marches et trios de belle allure. Joseph Szulc donnera encore Pantoufle ! sur un livret d’Albert Willemetz en 1945 et disparaîtra à Paris le 10 avril 1956.
Didier Roumilhac
— Références
Vous retrouverez Joseph Szulc dans « Opérette » 94, 112, 119 & 139. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
— Œuvres lyriques
Légende : opé = opérette
Le chiffre indique le nombre d’actes.
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1913 19 déc |
Flup | Dumestre (Gaston) | opé 3 | Belgique, Bruxelles, Alhambra Lyon 1917 Paris 1920 |
1917 1° nov |
Flup | Dumestre (Gaston) | opé 3 | Lyon, Célestins C : Bruxelles 1913 Paris 1920 |
1920 17 mars |
Flup | Dumestre (Gaston) | opé 3 | Paris, Bataclan C: Bruxelles 1913 Lyon 1917 |
1920 2 oct |
Titin | Dumestre (Gaston), Ferréol (Roger) | opé 3 | Paris, Bataclan |
1922 3 nov |
Loute | Veber (Pierre), Soulié (Maurice) | opé 3 | Belgique, Bruxelles, Gaîté |
1923 11 fév |
Victoire de Samotrace (La) | Dumestre (Gaston) | opé 3 | Tourcoing |
1923 25 mai |
Petit Choc (Le) | Flers (Paul Louis) | opé 3 | Paris, Daunou |
1924 31 oct |
Vivette | Dumestre (Gaston) | opé 3 | Belgique, Liège, Forum |
1924 18 déc |
Mon vieux [1] | Birabeau (André), Battaille (Henry) | opé 3 | Paris, Potinière (La) |
1925 20 avr |
Quand on est trois | Veber (Pierre & Serge), Willemetz (Albert) | opé 3 | Paris, Capucines |
1925 30 oct |
Mannequins | Bousquet (Jacques), Falk (Henri) | féer-opé 3/8 | Paris, Capucines |
1926 12 oct |
Divin mensonge | Madis (Alex.), Veber (Pierre), Delorme (Hugues) | opé 3/6 | Paris, Capucines |
1929 7 fév |
Couchette n°3 | Willemetz (Albert), Madis (Alex.) | opé 3 | Paris, Capucines |
1929 9 mai |
Flossie | Gerbidon (Marcel), Pothier (Charles-L.), Willemetz (Albert) | opé 3 | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
1930 2 mai |
Zou ! | Gandéra (Félix), Boyer (Jean) | opé 3 | Paris, Folies-Wagram (Etoile) |
1930 2 déc |
Sidonie Panache | Willemetz (Albert), Mouézy-Eon (André) | opé 2/16 | Paris, Châtelet |
1930 | Bis | Gandéra (Félix), Willemetz (Albert) | opé | ? |
1933 19 janv |
Garçon de chez Prunier (Le) | Barde (André), Carré fils (Michel) | opé 3 | Paris, Capucines |
1934 12 déc |
Mandrin | Rivoire (André), Coolus (Romain) | opé 4 | Paris, Mogador |
1935 18 déc |
Auberge du Chat-Coiffé (L’) | Lavauzelle (Alfred), Barde (André) | opé | Paris, Pigalle |
1938 17 déc |
Coffre-fort vivant (Le) [2] | Beer (Georges), Verneuil (Louis), Wernert (Henri) | opé | Paris, Châtelet |
1945 28 fév |
Pantoufle | Willemetz (Albert) | opé | Paris, Capucines |
[1] avec Chagnon (Pierre), Chantrier (Albert), Gabaroche (Gaston), Moretti (Raoul), Pearly (Fred)
[2] avec Sautreuil (Jean)
Dernière modification: 29/02/2024