Tout comme l’opérette française, créée par Hervé mais popularisée par Offenbach, l’opérette viennoise possède elle aussi une double paternité. En effet, si ses premiers grands succès sont dus à Johann Strauss II (La Chauve-souris date de 1874 ), c’est Franz von Suppé qui le premier, dès 1860 avec Le Pensionnat, illustra le genre. Mais ses opérettes, souvent courtes et au destin éphémère dont il ne reste pour la plupart qu’une ouverture allègrement troussée, ne dépassaient guère le cadre de Vienne.
En fait, Suppé était surtout connu comme chef d’orchestre et ce n’est qu’à près de 60 ans que son talent de compositeur fut reconnu internationalement avec les opérettes Fatinitza et surtout Boccaccio. Notre époque redécouvre ce compositeur si célèbre et si mal connu en enregistrant au disque, outre ses ouvertures, de plus en plus d’intégrales d’ouvrages oubliés, dont parfois des échecs, ce qui nous amène à écrire ce long article biographique d’un compositeur aimé et dont on redécouvre ainsi la richesse mélodique.
─ Une généalogie complexe
Bien que surnommé « l’Offenbach allemand », Suppé n’était pas plus Allemand d’origine qu’Offenbach n’était Français d’origine, puisque sa langue maternelle était l’Italien dont il garda toute sa vie l’accent chantant. Sa généalogie est en fait le produit de cultures bien différentes, même si l’Italie semble l’avoir davantage marqué. Son grand-père paternel, flamand d’origine, quitta son pays natal (l’actuelle Belgique) vers 1790 pour aller s’installer en Italie, à Crémone, où il épousa la fille d’un notable nommé Demelli dont il eut un fils, Pietro. Lorsque la Lombardie fut annexée par Napoléon, Pietro émigra en Dalmatie, à Spalato (actuellement Split, en Croatie), et y épousa une viennoise d’origine tchéco-polonaise. C’est là qu’est né, le l8 avril l8l9, Franz von Suppé, dont le nom complet était Francesco Ezechiele Ermenegildo Cavaliere Suppé-Demelli !
─ Une vocation précoce
Tout jeune, le garçon manifeste de si remarquables dispositions pour la musique que ses parents lui font apprendre la flûte puis donner des leçons par l’organiste de la Cathédrale. Doué pour la composition, Suppé produit rapidement des psaumes, des hymnes et des Ave Maria pour la paroisse mais aussi des polkas, des marches ou des valses pour la fanfare locale. À quinze ans, il remporte deux premiers succès avec une Messe dalmate et une petite comédie musicale, Der Apfel (La Pomme). Cependant, soucieux de lui assurer un avenir, son père l’inscrit à l’Université de Padoue afin qu’il y étudie le droit. Toujours passionné de musique, le jeune homme, chaque fois que cela lui est possible, délaisse ses études pour se précipiter à Milan afin-d’y entendre ses compositeurs préférés : Rossini, Bellini et Donizetti.
La mort brutale de son père amène un changement important dans la vie de l’étudiant ; sa mère, viennoise d’origine, retourne dans sa famille et s’installe avec son fils, dans la capitale autrichienne. Ce dernier, guère fixé sur son avenir finit par s’inscrire au Conservatoire pour y reprendre ses études musicales qu’il termine sous la direction de Ignaz von Seyfried, un ancien élève de Haydn.
À vingt et un ans, Franz von Suppé est, selon Seyfried, « apte à pouvoir s’illustrer dans toutes les branches de la composition ». De plus, il a la bonne fortune de rencontrer Donizetti (qui n’était pas son oncle, comme on le lit parfois) ; le maître, alors au faîte de sa gloire, est venu séjourner à Vienne pour y mettre au point les représentations de Linda di Chamounix. Ayant remarqué le jeune homme, il se prend d’amitié pour lui et se plaît à le guider et à le conseiller.
En 1840 Suppé obtient son premier poste en qualité de troisième chef d’orchestre au Theater in der Josefstadt, établissement spécialisé dans les comédies accompagnées de musique ; ces pièces, assez lourdes, au goût des faubourgs de Vienne, s’intitulent : « Possen mit Gesang » (farce avec chant), « Volksstücke » (pièce populaire) ou encore « Charakterbilder » (scène caractéristique).
Suppé non seulement dirige l’orchestre mais est aussi amené à composer la musique de scène qui accompagne ces petites pièces. Sa première composition, en 1841, s’appelle Jung Lustig, Im Aller Trawing (Gai jeune, triste vieux), suivie de beaucoup d’autres « Possen », près de deux cents en 20 ans, sans en tirer grand bénéfice. L’un des premiers dont la musique, du moins celle de l’ouverture, a survécu, s’intitule Ein Morgen, ein Mittag und ein Abend in Wien (Matin, midi et soir à Vienne, 1844). L’ouverture, pleine de charme et d’élégance, résumant la vie d’une journée dans la capitale autrichienne, atteste dans sa première partie du grand intérêt que le compositeur porte au violoncelle solo.
En 1845, le directeur du Theater an der Josefstadt, Frantz Pokorny, fait l’acquisition du théâtre An der Wien dans le but d’y représenter des opéras. Suppé, qui l’a suivi, est ravi et, voulant montrer ce dont il est capable, entreprend la composition d’un ouvrage sérieux, l’opéra Das Mädchen von Lande (La Fille du pays), représenté en l847. Hélas la critique ne trouve à louer que les parties de musique légère de l’œuvre ; quant au public, il préfère les farces accommodées de musique facile que le compositeur a jusqu’alors produites et, esclave de sa réputation, Suppé doit sacrifier au goût des spectateurs.
C’est de cette époque que date Dichter und Bauer (Poète et Paysan, 1846), une mauvaise comédie de Karl Elman. De cette œuvrette ne subsiste, là aussi, que l’ouverture, le reste de la partition ayant presque sombré dans l’oubli, mais cette ouverture, à elle seule, pourrait suffire à assurer la gloire de son compositeur car c’est l’un des morceaux les plus joués au monde. Après une belle introduction développant un élégiaque solo de violoncelle, l’orchestre se déchaîne en vigoureuses danses populaires que vient interrompre par deux fois un air de valse plein de retenue. Cette construction correspond au titre de l’œuvre, le solo de violoncelle et la valse évoquant l’aspect rêveur du poète tandis que les danses rapides s’accordent à la solide gaieté du paysan.
C’est aussi dans ces années que le musicien compose le chant patriotique « Österreich mein Heimatland » (Autriche, ma Patrie ) qui connaît une vogue extraordinaire et peut être considéré comme un second hymne national.
Espérant toujours être reconnu comme un véritable compositeur, Suppé diversifie sa production et compose diverses musiques religieuses dont un Requiem, créé en 1855. Cette œuvre, ambitieuse et soigneusement écrite, s’inspire du requiem de Mozart ; outre leur tonalité commune de ré mineur, les deux ouvrages se ressemblent sur plus d’un point, tant sur l’agencement des parties que sur le traitement des voix, semblant même pour certains morceaux, préfigurer celui de Verdi. Le succès, quoique sans lendemain de ce Requiem (1), incite Suppé à produire un nouvel opéra, Paragraph III, sur lequel il fonde les plus grands espoirs. Représenté en 1858 au Hofoper, l’opéra connaît un échec complet et, condamné unanimement par la critique, n’a que trois représentations. Suppé est à nouveau renvoyé à ses farces grossières.
– Une nouvelle inspiration
C’est alors qu’on présente, au Carltheater de Vienne, les premières versions allemandes des opérettes d’Offenbach, notamment Le Mariage aux Lanternes puis Orphée aux Enfers, qui connaissent un gros succès. Pour Suppé, c’est une révélation : entre l’opéra et la farce, il y a la place pour une œuvre légère pouvant être spirituelle et élaborée. S’inspirant, dans un premier temps, du style du « Petit Mozart des Champs-Élysées », Suppé se met à l’opérette.
La première s’appelle Das Pensionat (La Pension, l860). La musique, excellente, inventive et variée, permet à l’œuvre de réussir. L’ouverture, encore jouée, enchaîne divers motifs de l’opérette : une marche assez sombre, un alerte boléro longuement développé, une brève tarentelle, une valse enlevée et l’ensemble se termine par un galop échevelé dans la manière de ceux d’Offenbach.
Dès lors, les opérettes vont se succéder avec plus ou moins de bonheur ; la plupart ne sont que des pièces en un acte dont il ne nous reste souvent que les ouvertures, souvent enregistrées. Citons, par ordre :
– Zehn Mädchen und kein Mann, l862 (Dix jeunes filles et pas un homme, 1856), petit acte agréable dont le sujet provient des Six demoiselles à marier, opérette de Léo Delibes.
– Flotte Bursche (Les Joyeux garçons, 1863); trois actes dont l’ouverture est basée sur des chansons estudiantines allemandes ou rythme bondissant que conclut une valse animée ; les valses sont peu nombreuses dans les ouvertures de Suppé ; elles ne marqueront l’opérette viennoise qu’à partir des œuvres scéniques de Johann Strauss.
– Pique Dame (La Dame de pique, l864), l’ouverture juxtapose des déchaînements orchestraux avec de délicates mélodies et se termine par un bouillant galop. Cette œuvre est en fait une révision d’une précédente opérette, Die Kartensclagerin (La Tireuse de cartes, 1862) qui avait été un échec.
– Franz Schubert, donné la même année, évoque, bien avant Berté et sa Maison des trois jeunes filles (appelée Chanson d’amour en France), la vie et l’œuvre du célèbre compositeur ; un échec total.
Die schöne Galathée (La Belle Galathée)
Première grande réussite de Suppé avec cette œuvre tirée de la mythologie grecque (sur le modèle de La Belle Hélène donnée un an plus tôt à Paris). Le livret de cet acte ravissant s’inspire de celui de Galathée, un opéra-comique de Victor Massé (le compositeur des Noces de Jeannette).
Le sculpteur Pygmalion, vieux garçon endurci, tombe amoureux de la statue de Galathée qu’il vient de réaliser et obtient des dieux qu’ils lui accordent vie. Mais à peine animée, la jeune femme s’avère coquette, vénale et infidèle, mettant l’infortuné sculpteur au supplice. Pygmalion ne retrouvera sa tranquillité que lorsque Galathée, après une nouvelle intervention divine, aura repris sa forme minérale.
Toute la partition est d’une grande qualité et l’œuvre, créée le 30 Juin 1865 au Meysel’s Theater de Berlin, reçoit un accueil chaleureux avant de triompher à Vienne, le 9 septembre de la même année, au Carltheater. Son ouverture, restée très populaire, évoque parfaitement la première partie de l’opérette. Elle débute par un rythme décidé puis, rapidement de mystérieux appels de cor éveillent de délicats frémissements aux cordes, ponctués de pizzicatos. Un nouvel appel de cor amène un rythme de boléro qui se métamorphose en une sorte de valse chaotique qui s’interrompt pour donner naissance à une véritable valse, sensuelle, si curieuse avec sa tonalité mineure. Cette valse, d’abord présentée de façon toute simple, est ensuite reprise par tout l’orchestre pour assurer un brillant final à l’ouverture.
Leichte Kavallerie (Cavalerie Légère)
L’année suivante Suppé connaît un nouveau succès 21 mars 1866, au Carltheater) avec la création de cette l’opérette dont l’intrigue romanesque exalte, bien avant Le Baron Tzigane de Strauss, la Hongrie et surtout sa cavalerie militaire.
L’action se déroule au XVIIIe siècle au milieu des intrigues de la cour d’un baron et de son amante, une comtesse hongroise dont la compagnie de ballet est surnommée « la cavalerie légère » !
Quant à la partition, elle associe la musique nationale hongroise à celle de l’Italie et à celle de l’Allemagne. Son ouverture, une des plus parfaites de Suppé (et la plus célèbre avec celle de Poète et Paysan), débute par une éclatante fanfare que suit une héroïque chevauchée ; celle-ci s’apaise peu à peu pour laisser la place à une langoureuse czardas distillée par les violon. Soudain la cavalerie réapparaît et l’ouverture se conclut avec le thème initial des trompettes. Malgré le succès de la création, l’opérette ne connaît qu’une brève existence à cause de l’humiliante défaite des Autrichiens battus par l’armée prussienne à Sadowa, trois mois plus tard.
Ce désastre marque le début d’une, période sombre pour Suppé qui connaît une série d’échecs, souvent dus à la médiocrité des livrets qu’on lui propose et que sa musique, pourtant soignée, n’arrive pas à sauver.
C’est ainsi que tombe Banditenstreiche (Exploits de bandits ou Les Joyeux bandits, 27 avril 1867 au Carltheater), donné au bénéfice du compositeur. Le sujet relate de quelle manière un bandit au grand cœur, Malandrino, réunit deux amoureux malheureux.
Dans cette joyeuse partition, dont l’ouverture est également restée très populaire, Suppé utilise à nouveau diverses chansons estudiantines et exprime de façon remarquable, bien avant le triomphe de Boccace, son admiration pour la musique italienne. Plusieurs remaniements ultérieurs du livret ne permettront cependant pas de sauver la partition.
Échecs également de Freigeister (Esprits libres, l866), Die Frau Meisterin (Une maîtresse femme, 1868), Isabelle (1869) et Lohengelb (une parodie du Lohengrin de Wagner, 1870).
Franz von Suppé éprouve alors une amertume certaine. S’il est très estimé comme chef d’orchestre, surtout lorsqu’il dirige les opéras de Weber, Meyerbeer ou Bellini, comme compositeur, il n’a pas encore su, en trente ans de carrière, créer le chef d’œuvre auquel il espère accoler son nom. Certes on joue ses œuvres et il jouit d’une certaine aisance mais ce n’est ni la gloire ni la fortune De plus, depuis 1871, il connaît un rival heureux sur les scènes viennoises en la personne de Johann Strauss qui voit le succès de ses premières opérettes : Indigo (1871), Carnaval à Rome (1873) et surtout La Chauve-souris (1874) qui triomphe partout en Europe. C’est alors qu’on lui propose le livret qu’il espère depuis longtemps
─ La consécration
Fatinitza
Franz von Suppé est enchanté ; il tient enfin une excellente intrigue qui va lui permettre d’écrire une véritable opérette (2). Le texte des librettistes Richard Genée et Friedrich Zell, est en fait l’adaptation en allemand d’un opéra-comique d’Auber, La Circassienne, donné en l86l à Paris.
L’action se déroule pendant la guerre russo-turque de 1854-1855. Un général russe, Kantchoukov, s’éprend d’une jeune fille qui, pour échapper à ses assiduités, se déguise en officier et s’enfuit dans le camp ennemi ; mais là, chez les Turcs, elle fait la rencontre d’un pacha, ce qui fait naître toute une série de complications amusantes. (3)
Dynamisé par la concurrence de Strauss dont les premiers succès l’ont un peu-rejeté dans l’ombre, Suppé approfondit son style et écrit une partition particulièrement soignée, si bien que la création de Fatinitza, (5 janvier l876, au Carl-Theatre), est un véritable triomphe pour le compositeur qui tient enfin sa revanche ! Rapidement, tous les théâtres d’Europe centrale affichent l’opérette qui connaît une vogue semblable à celle de la Chauve-Souris. Traduite en français, l’œuvre est représentée trois ans plus tard à Paris (15 mars 1879 aux Nouveautés, en présence du compositeur).
De cette ravissante partition, on ne joue souvent que !’ouverture et une marche. L’ouverture, bien que typique du style de Suppé, tranche un peu avec celle des autres opérettes – on n’y trouve ni valse, ni tarentelle, ni galop – et semble n’être qu’un long prélude à la marche qui la conclut. Ce prélude est lui-même composé de divers airs de marche, dont un orientalisant, finement et discrètement orchestrés, séparés par des montées sonores de l’orchestre. Quant à la marche terminale, bâtie sur un irrésistible trio tiré de l’opérette : « Vorwarts mit frischem Muth » (En avant, avec un courage renouvelé ), elle est bien développée et vaudra à l’œuvre sa grande popularité.
Le succès de la pièce, et surtout de la marche qui s’est vendu à 35.000exemplaires, assure à Suppé des revenus confortables qui lui permettent de s’acheter une belle maison de campagne dans laquelle il aime se reposer et où il entreprend de rédiger un petit livre de recettes de cuisine italienne. Suppé est un fin gourmet et, comme Rossini, n’hésite pas à « mettre la-main à la pâte ».
Avec l’âge, sa grande silhouette s’est épaissie, faisant de lui une sorte de colosse. Si le crâne s’est dégarni, la barbe, par contre, s’est épanouie, passant d’une élégante impériale à un abondant buisson moussu. Cet aspect imposant ne l’empêche pas d’être le plus charmant des hommes, sympathique et aimé de tous. Quand il doit diriger, l’apparition du célèbre crâne chauve au-dessus de la fosse d’orchestre est le prélude à un rituel attendu qui, chaque fois, réjouit les spectateurs : Suppé prend une pincée de tabac à priser qu’il loge dans les replis de son vaste nez, puis disparaissait pendant un moment dans un immense mouchoir et, prenant enfin sa baguette, donne le signal du départ aux-musiciens.
Boccaccio (Boccace)
Trois ans après Fatinitza, Suppé remporte un nouveau triomphe, le plus grand de sa carrière, avec la création de Boccaccio (toujours au Carltheater, 1er février l879). Le livret de cette opérette en trois actes, dû également à Zell et Genée, s’inspire de divers contes du Décameron de Boccace mais, comme dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, l’auteur joue lui-même le rôle principal et devient le héros des aventures qu’il a racontées.
L’intrigue, située à Florence en 1331, comprend dix personnages principaux : 3 jeunes gens avides d’aventures amoureuses : Boccace, écrivain satirique et séducteur, Leonetto, un étudiant, Pietro, un faux étudiant, en fait le prince de Palerme. S’y ajoutent 3 couples dont la femme est coquette et le mari ombrageux : Lambertuccio (citoyen) et Peronella, Scalza (marchand) et Béatrice, Lotterringhi (tonnelier) et Isabelle, auxquels s’ajoute Fiametta, fille adoptive de Lambertuccio dont on apprend par la suite qu’elle est une fille naturelle du duc de Florence.
Acte I: une place de la ville animée par une fête. Boccace et Leonetto pénètrent chez Scalza afin de courtiser son épouse Béatrice. Le retour du mari met Béatrice en danger mais un habile stratagème sauve la situation et permet aux jeunes gens de s’échapper. Déguisé en mendiant Boccace revient peu après et, se faisant passer pour un étudiant, aborde Fiametta. La jeune fille, bien qu’officiellement fiancée à un mystérieux personnage haut placé, ne reste pas insensible à ses compliments, cependant Boccace doit fuir à nouveau devant l’arrivée de bourgeois, surtout des maris trompés, qui le recherchent. N’ayant pu saisir l’écrivain, ils brûlent ses écrits où sont révélés les scandales florentins.
Acte II : L’action se diversifie et nous.montre divers épisodes plaisants au cours desquels chacun des jeunes gens se déclare aux épouses et, avec leur complicité, dupent les maris par des stratagèmes comiques. Boccace écrit des lettres d’amour aux trois femmes (lettres dont la lecture donne lieu à une valse superbe) mais sa préférence va à Fiametta qu’il projette d’enlever. Le retour des maris, toujours à la recherche du séducteur, dérange les projets des trois jeunes gens. Puis, tandis que Fiametta, afin d’être mariée, est emmenée par des envoyés du Duc, dont on apprend qu’elle est la fille, Boccace déguisé en diable fait fuir la foule, épouvantée.
Acte III : au Palais ducal, d’abord dans les jardins puis dans le bâtiment. Boccace, parti à la recherche de Fiametta, s’est introduit dans le Palais ; il apprend que Pietro est en fait le prince de Palerme et le mystérieux seigneur que doit épouser Fiametta ; quant à la jeune fille, elle découvre que l’étudiant qui la courtise n’est autre que l’écrivain banni. Arrêté, accusé par les maris, défendu par les femmes, Boccace réussit à se disculper mais devra quitter, seul, Florence. (4)
Sur ce sujet souvent leste et immoral où l’on détaille les mille et une façons de tromper les maris, Suppé a écrit une musique d’une très grande qualité, se hissant à la hauteur des œuvres les plus réussies de Flotow ou de Lortzing. Plus qu’une opérette, Boccaccio est un véritable opéra-comique à la partition abondante où la musique coule librement, s’adaptant parfaitement à l’action, successivement lyrique, joyeuse, tendre ou spirituelle. De plus, la localisation de l’action en. Italie permet au compositeur de s’abandonner aux mélodies italianisantes qu’il affectionne tant ; citons par exemple l’adorable barcarolle chantée en duo au troisième acte, « Mia bella Fiorentina ». En fait chaque acte recèle de véritables perles musicales, que ce soit la valse déjà citée, la chanson du tonnelier, la marche (bissée quatre fois lors de la Première), les romances, ainsi que toutes les scènes d’ensembles, particulièrement réussies.
Si le rôle de Boccace est aujourd’hui généralement tenu par un ténor, lors de la création il est chanté par un soprano travesti, Mlle Link, (qui a auparavant créé le rôle titre du Prince Mathusalem de Johann Strauss).
Comme pour Fatinitza, le succès est immédiat et l’opérette gagne rapidement les théâtres étrangers. L’adaptation française, sous la forme d’un opéra-comique, est confiée aux librettistes Henri. Chivot et Alfred Duru (les auteurs, entre autres, de La Fille du Tambour-major de Jacques Offenbach et de La Mascotte d’Audran), et sera représentée pour la première fois à Paris le 29 Mars 1882, au Théâtre des Folies Dramatiques. Dans cette version l’intrigue est cependant légèrement différente et les personnages, mis à part Boccace, portent un autre nom.
À soixante ans, Franz von Suppé connaît enfin les joies d’une gloire qui éclipse maintenant à Vienne celle d’Offenbach mais aussi celle de Strauss dont la dernière opérette, Colin Maillard, donnée deux mois et demi plus tôt, a été un échec complet et Prince Mathusalem, donné trois ans auparavant, un semi échec. Cette gloire vaut à Suppé d’être nommé, en l88l, citoyen d’honneur de la ville de Vienne.
L’année précédente, il a fait représenter une nouvelle opérette, Donna Juanita qui reprend, en l’inversant, le sujet de Fatinitza : un jeune homme se déguise en femme pour échapper à une situation difficile, mais l’action, cette fois, est située en Espagne, à l’époque de son occupation par Napoléon 1er. L’œuvre, sans atteindre la popularité de Boccaccio, connaît un beau succès mais ne se maintient pas au répertoire ; elle est néanmoins traduite en français et représentée à Paris en l891.
En fait Suppé ne retrouvera jamais le triomphe qu’a connu Boccaccio. En voulant trop bien faire, il semble oublier le caractère propre de l’opérette, ce que souligne Max Kronberg dans un chapitre de son livre consacré aux Strauss :
« Suppé avait-il commis l’erreur dans laquelle devait tomber tant de compositeurs après lui, d’écrire des œuvres trop pesantes pour des opérettes, trop inconsistantes pour des opéras ? » Kronberg remarque en outre, que cette tendance coïncide généralement avec un appauvrissement de la richesse mélodique du musicien dont l’inspiration semble alors en quelque sorte se scléroser.
De fait, les ouvrages suivants ne connaissent que des succès d’estime et ne se maintiennent pas tels Die Gascogner (Les Gascons, l88l) ou Die Afrikareise (Le Voyage en Afrique, 1883). Suppé s’essaye alors, avec ni plus ni moins de succès à l’opéra romantique avec Die Matrosen Heimkehr (Le Retour des marins, 1883) avant de revenir à l’opérette avec Bellman (1887) mais aucune de ces œuvres ne retrouve la fraîcheur des œuvres précédentes, même l’opérette pure qu’est Die Irrfahrt ins Glück (ou Die Jagd nach Glück, La Chasse vers le bonheur, 1888). Curieusement, l’ouverture de cette œuvre légère débute par un long passage sombre, mystérieux, presque sinistre, très richement orchestré; puis la couleur s’éclaircit progressivement pour accueillir une joyeuse polka et une douce mélodie qui s’efface un instant devant une aimable barcarolle avant de réapparaître, reprise par tout l’orchestre pour assurer un brillant final.
Les dernières années de la vie du musicien sont assombries par la maladie due à un cancer de l’estomac qui progressivement l’empêche de manger, et lui, joyeux épicurien, meurt littéralement de faim, ne pouvant plus absorber le moindre aliment. Il s’éteint le 21 mai 1895 et est enterré au Cimetière central de Vienne, dans le quartier des compositeurs. Sa tombe, comme celles de Beethoven, Schubert, Strauss II et Brahms, est située autour du catafalque de Mozart.
Suppé laissait inachevée une dernière œuvre, Das Modell (Le Modèle), en fait la révision de Die Frau Meisterin (Une Maîtresse femme, opérette ayant échoué en 1868). Das Modell sera achevé et représenté avec succès peu après la mort du compositeur ainsi qu’une dernière opérette, Die Pariserin (La Parisienne,1898), qui n’est, à vrai dire, qu’un montage sur des airs de Suppé. (5)
─ En conclusion
Le style de Suppé, si reconnaissable et auquel Brahms rendit plusieurs fois hommage, est en fait dû à la combinaison heureuse de trois influences, française, allemande et italienne, qui marquèrent subtilement le compositeur, donnant à sa musique un charme certain qui n’apparaît pas forcément dans les pots-pourris de ses seules ouvertures. Pour ce qui est de l’influence française, si ses premières opérettes traduisent son admiration pour la manière d’Offenbach, bien vite il s’en éloigne car, à l’ironie systématique et décapante du compositeur d’Orphée aux Enfers, il préfère l’humour léger et élégant du Fra Diavolo d’Auber ou du Postillon de Lonjumeau d’Adam, plus conforme à son tempérament.
Quant à l’influence allemande, elle se manifeste par la présence de touches de sentimentalité et de tendresse telles qu’on en trouve dans les opéras-comiques de Lortzing ; mais c’est surtout aux maîtres italiens que Suppé doit l’essentiel de son style. Chacun de ses nombreux ouvrages recèle au moins un emprunt à la musique qu’il a toujours préférée, que ce soit la cadence d’une sérénade napolitaine, la parodie d’un accompagnement de guitare, une suave mélodie à la Bellini, un crescendo, une strette endiablée, un final à la Rossini ou l’un de ces rythmes typiques que sont la tarentelle ou la barcarolle.<:span>
– Notes
(1) Le Requiem a été représenté pour la première fois en France au Festival de Montpellier en 1990, et a également été enregistré.
(2) Ce livret a d’abord été proposé à Johann Strauss, mais sa première épouse, Jetty, qui se chargeait de trier les manuscrits et qui n’a pas aimé le sujet, l’a retourné avec cette mention : « Refusé. Ne peut convenir à mon mari. » Après le succès de la pièce, le nom de Fatinitza devint tabou chez les Strauss.
(3) Dans la version originale, le librettiste Scribe avait inversé la situation : le héros était un jeune officier qui fuyait sous un costume féminin, ce qui l’exposait à tous les dangers de son sexe apparent, surtout lorsqu’il se retrouvait dans le harem du pacha !
(4) Une nouvelle version, revue par Zimmermann et représentée à Zurich le 31 décembre 1944, donne à l’œuvre une conclusion différente : le Prince renonce publiquement à Fiametta en faveur de Boccace. Cette version s’enrichissait de plus d’un grand ballet : « Le Triomphe de l’Amour «, introduit au troisième acte.
(5) Une autre opérette, française, fut composée à partir de motifs de Suppé. Il s’agit de Quadrille viennois, opérette à grand spectacle en deux actes, de Jean Claude Delhumeau et Edgar Duvivier. La partie musicale était de Jack Ledru qui avait réuni quelques bonnes pages de Suppé reliées par des airs de sa composition. L’œuvre, dont le sujet se passe à l’époque du Congrès de Vienne, fut créée le 12 février 1977 à Dijon avant d’être reprise à. Reims en Janvier 1988<:span>
— Références
Vous retrouverez Franz von Suppé dans « Opérette » n° 77. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
— Œuvres lyriquesLégende : opé = opérette, oc = opéra-comique, ob = opéra-bouffe, o = opéra, bm = bouffonnerie musicale, v = vaudeville, lust = lustspiel, vo = version originale, vf = version française.
Le chiffre indique le nombre d’actes
Œuvres représentées en français
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1878 28 déc |
Fatinitza | Coveliers (Félix) | oc 3 | Bruxelles, Fantaisies Parisiennes vo: Vienne 1876 vf: Paris 1879 |
1879 15 mars |
Fatinitza | Delacour (Alfred), Wilder (Victor) | opé 3 | Paris, Nouveautés vo: Vienne 1876 vf: Bruxelles 1879 |
1882 3 fév |
Boccace [=Boccaccio] |
Lagye (Gustave), Chivot (Henri), Duru (Alfred) | opé 3 | Bruxelles, Galeries-St-Hubert vo: Vienne 1879 vf: Paris 1882 |
1882 29 mars |
Boccace [=Boccaccio] |
Lagye (Gustave), Chivot (Henri), Duru (Alfred) | opé 3 | Paris, Folies-Dramatiques (r. de Bondy) vo: Vienne 1879 vf: Bruxelles 1882 |
1883 22 oct |
Juanita [=Donna Juanita] | Vanloo (Albert), Leterrier (Eugène) | opé 3 | Bruxelles vo: Vienne 1880 vf: Paris 1891 |
1891 4 avr |
Juanita [=Donna Juanita] | Vanloo (Albert), Leterrier (Eugène) | opé 3 | Paris, Folies-Dramatiques (r. de Bondy) vo: Vienne 1880 vf : Bruxelles 1883 |
1977 12 fév |
Quadrille Viennois [1] | Duvivier (Edgar), Delhumeau (Jean-Claude) | opé 2 | Dijon |
[1] airs additionnels de Ledru (Jack)
Versions originales ou œuvres non représentées en français
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1834 | Apfel (Der) | ? | opé | Autriche (Empire), Zara [actuel. Croatie, Zadar] |
1837 | Virginia | Holt (Ludwig) | o | non représenté |
1840 19 nov |
Bergamo | ? | oc | Vienne, Kärntnertortheater |
1841 5 mars |
Jung lustig, im Alter traurig, oder Die Folgen der Erziehung | Wallis (C.) | [1] | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1841 | Gertrude della Valle | Brazzanovich (G.) | o | non représenté |
1842 14 oct |
Hammerschmiedin aus Steyermark (Die), oder Folgen einer Landpartie | Schickh (Josef Kilian.) | [2] | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1844 26 fév |
Ein Morgen, ein Mittag und ein Abend in Wien | ? | [2] | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1844 13 juin |
Marie, dir Tochter des Regiments | Blum (F), d’après J. H. St Georges (J.H.) & Bayard (J.F.A.) | v | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1844 28 sept |
Krämer und sein Kommis (Der) | Kaiser (Friedrich) | farce 2 | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1845 8 mars |
Mülerin von Burgos (Die) | Kupelweiser (J.) | v 2 | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1845 7 nov |
Sie ist verheiratet | Kaiser (Friedrich) | [1] | Vienne, Theater an der Wien |
1846 24 août |
Dichter und Bauer | Elmar (Karl) | lust 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1847 7 août |
Mädchen von Lande (Das) | Elmar (Karl) | oc 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1848 18 déc. |
Martl (Der Portiunculatag in Schnabelhausen) | Berla (Alois) | [3] | Vienne, Theater an der Wien |
1848 | Bandit, auch Cartouche (Der) | ? | opé | ? |
1849 30 janv |
Teufel Brautfahrt (Des), oder Böser Feind und guter Freund | Elmar (Karl) | farce magique | Vienne, Theater an der Wien |
1849 1° juil |
Gervinus, der Narr von Untersberg, oder Ein patriotischer Wunsch | Berla (Alois) | farce 3 | Vienne, Braunhirschen-Arena [et Theater an der Wien] |
1849 13 oct |
Unterthänig und unabhängig, oder Vor und nach einem Jahre | Elmar (Karl) | [1] | Vienne, Theater an der Wien |
1849 13 nov |
s’Alraunl | Kleisheim (Anton von) | [4] | Vienne, Theater an der Wien |
1850 29 juin |
Dumme hat’s Glück (Der) | Berla (Alois) | farce 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1851 9 janv |
Dame Valentine, oder Frauenräuber und Wanderbursche | Elmar (Karl) | sing | Vienne, Theater an der Wien |
1852 27 fév |
Tannenhäuser (Der) | Levitschnigg (Heinrich von) | opé 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1854 28 jun |
Wo steckt der Teufel? | Grun (?) | farce 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1858 8 janv |
Paragraph 3 | Grandjean (Moritz Anton) | o 3 | Vienne, Hofoper |
1860 24 nov |
Pensionat (Das) | C.K. | opé 1 | Vienne, Theater an der Wien |
1862 26 avr |
Kartenschlägerin (Die) | ? | opé 1 | Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai [2° version : Pique Dame 20 juin 1864] |
1862 25 oct |
Zehn Mädchen und kein Mann | Friedrich (W.) | opé 1 | Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai |
1863 18 avr |
Flotten Burschen (Die), oder Das Bild der Madame Potifar [Flotte Bursche] | Braun (Josef) | opé 1 | Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai |
1864 5 mars |
Corps der Rache (Das) | Harisch (J.L.) | opé 1 | Vienne, Carltheater |
1864 24 juin |
Pique Dame | Strasser (S.) | opé | Graz, Thalia Theater [1° version : Kartenschlägerin (Die) 26 avr 1862 |
1864 10 sept |
Franz Schubert [5] | Max (Hans) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1865 4 mai |
Dinorah, oder Die Turnerfahrt nach Hütteldorf [6] | Hopp (Julius) | opé b 3 | Vienne, Carltheater |
1865 30 juin |
Schöne Galathea (Die) | Kohl von Kohlenegg (L.), Henrion (Poly), Dittmar | opé 1 | Berlin, Meyseltheater [Vienne, Carltheater 9 sept 1865] |
1866 24 mars |
Leichte Kavallerie, oder Töchter der puszta (Die) | Costa (Carl) | opé 2 | Vienne, Carltheater |
1866 23 oct |
Freigeister ! | Costa (Carl) | opé 2 | Vienne, Carltheater |
1867 27 avr |
Banditenstreiche | Boutonnier von Ludwig Bender (B.) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1868 20 janv |
Frau Meisterin (Die) | Costa (Carl), Coffey | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1868 3 oct |
Tantalusqualen | Suppé (Franz von), Berg | opé | Vienne, Carltheater |
1869 5 nov |
Isabella | Weyl (J.) | opé | Vienne, Carltheater |
1870 23 juil |
Lohengelb, oder Die Jungfrau von Dragant [7] | Costa (Carl), Grandjean (Moritz Anton) | opé 3 | Graz [Vienne, Carltheater 30 nov 1873] |
1872 2 nov |
Cannebas | Doppler (J.) | opé 1 | Vienne, Carltheater |
1873 15 avr |
Fünfundzwanzig Mädchen und kein Mann | Treumann (Karl) | opé 1 | Vienne, Staatsoper |
1876 5 janv |
Fatinitza | Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) | opé 3 | Vienne, Carltheater vf: Bruxelles 1879 vf: Paris 1879 |
1878 5 janv |
Teufel auf Erden (Der) | Hopp (Julius), Juin (K.) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1879 1° fév |
Boccaccio [=Boccace] |
Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) | opé 3 | Vienne, Carltheater vf: Bruxelles 1882 vf: Paris 1882 |
1879 | Tricoche et Cacolet | Chivot (Henri), Duru (Alfred) | oc 3 | |
1880 21 fév |
Donna Juanita [=Juanita] |
Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) | opé | Vienne, Carltheater vf: Bruxelles 1883 vf: Paris 1891 |
1881 9 mars |
Alte Bekannte | Berla (Alois) | opé | Vienne, Carltheater |
1881 22 mars |
Gascogner (Der) | Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1882 4 fév |
Herzblättchen (Das) | Tetzlaff (C.) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1883 17 mars |
Afrikareise (Die) | West (Moritz), Genée (Franz-Richard) | opé 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1885 4 mai |
Des Matrosen Heimkehr | Langer (Ant.) | oc 2 | Allemagne, Hambourg |
1887 26 fév |
Bellman | West (Moritz), Held (Ludwig) | opé 3 | Vienne, Theater an der Wien |
1887 30 avr |
Joseph Haydn [8] | Radler (F. von) | opé 3 | Vienne, Theater in der Josefstadt |
1888 27 oct |
Jagd nach dem Glücke (Die) | Genée (Franz-Richard), Zappert (Bruno) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1893 22 oct |
Etwas zum lachen [9] | Nestroy, Langer, Rotter, Fuchs, Doppler | opé | Vienne, Carltheater |
1895 4 oct |
Modell (Das) [10] | Léon (Victor), Held (Ludwig) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
1898 26 janv |
Pariserin (Die), oder Das heimliche Bild [11] | Léon (Victor), Held (Ludwig) | opé 3 | Vienne, Carltheater |
[1] comédie avec chansons
[2] pièce locale avec chansons
[3] farce avec musique, parodie de « Martha », de Flotow, 3 actes
[4] conte romantique avec chansons, 3 actes
[5] sur des musiques de Schubert (Franz)
[6] opéra parodie de Meyerbeer
[7] opérette parodie sur Lohengrin, de Wagner
[8] sur des musiques de Haydn (Josef)]
[9] et divers
[10] posthume –nouvelle version de « Die Frau Meisterin »
[11] posthume