Franz von Suppé (1819-1895)

Franz von Suppé (1819-1895)

Tout comme l’opérette française, créée par Hervé mais popularisée par Offenbach, l’opérette viennoise possède elle aussi une double paternité. En effet, si ses premiers grands succès sont dus à Johann Strauss II (La Chauve-souris date de 1874 ), c’est Franz von Suppé qui le premier, dès 1860 avec Le Pensionnat, illustra le genre. Mais ses opérettes, souvent courtes et au destin éphémère dont il ne reste pour la plupart qu’une ouverture allègrement troussée, ne dépassaient guère le cadre de Vienne.
En fait, Suppé était surtout connu comme chef d’orchestre et ce n’est qu’à près de 60 ans que son talent de compositeur fut reconnu internationalement avec les opérettes Fatinitza et surtout Boccaccio. Notre époque redécouvre ce compositeur si célèbre et si mal connu en enregistrant au disque, outre ses ouvertures, de plus en plus d’intégrales d’ouvrages oubliés, dont parfois des échecs, ce qui nous amène à écrire ce long article biographique d’un compositeur aimé et dont on redécouvre ainsi la richesse mélodique.

Une généalogie complexe

Bien que surnommé « l’Offenbach allemand », Suppé n’était pas plus Allemand d’origine qu’Offenbach n’était Français d’origine, puisque sa langue maternelle était l’Italien dont il garda toute sa vie l’accent chantant. Sa généalogie est en fait le produit de cultures bien différentes, même si l’Italie semble l’avoir davantage marqué. Son grand-père paternel, flamand d’origine, quitta son pays natal (l’actuelle Belgique) vers 1790 pour aller s’installer en Italie, à Crémone, où il épousa la fille d’un notable nommé Demelli dont il eut un fils, Pietro. Lorsque la Lombardie fut annexée par Napoléon, Pietro émigra en Dalmatie, à Spalato (actuellement Split, en Croatie), et y épousa une viennoise d’origine tchéco-polonaise. C’est là qu’est né, le l8 avril l8l9, Franz von Suppé, dont le nom complet était Francesco Ezechiele Ermenegildo Cavaliere Suppé-Demelli !

Une vocation précoce

Tout jeune, le garçon manifeste de si remarquables dispositions pour la musique que ses parents lui font apprendre la flûte puis donner des leçons par l’organiste de la Cathédrale. Doué pour la composition, Suppé produit rapidement des psaumes, des hymnes et des Ave Maria pour la paroisse mais aussi des polkas, des marches ou des valses pour la fanfare locale. À quinze ans, il remporte deux premiers succès avec une Messe dalmate et une petite comédie musicale, Der Apfel (La Pomme). Cependant, soucieux de lui assurer un avenir, son père l’inscrit à l’Université de Padoue afin qu’il y étudie le droit. Toujours passionné de musique, le jeune homme, chaque fois que cela lui est possible, délaisse ses études pour se précipiter à Milan afin-d’y entendre ses compositeurs préférés : Rossini, Bellini et Donizetti.
La mort brutale de son père amène un changement important dans la vie de l’étudiant ; sa mère, viennoise d’origine, retourne dans sa famille et s’installe avec son fils, dans la capitale autrichienne. Ce dernier, guère fixé sur son avenir finit par s’inscrire au Conservatoire pour y reprendre ses études musicales qu’il termine sous la direction de Ignaz von Seyfried, un ancien élève de Haydn.
À vingt et un ans, Franz von Suppé est, selon Seyfried, « apte à pouvoir s’illustrer dans toutes les branches de la composition ». De plus, il a la bonne fortune de rencontrer Donizetti (qui n’était pas son oncle, comme on le lit parfois) ; le maître, alors au faîte de sa gloire, est venu séjourner à Vienne pour y mettre au point les représentations de Linda di Chamounix. Ayant remarqué le jeune homme, il se prend d’amitié pour lui et se plaît à le guider et à le conseiller.

En 1840 Suppé obtient son premier poste en qualité de troisième chef d’orchestre au Theater in der Josefstadt, établissement spécialisé dans les comédies accompagnées de musique ; ces pièces, assez lourdes, au goût des faubourgs de Vienne, s’intitulent : « Possen mit Gesang » (farce avec chant), « Volksstücke » (pièce populaire) ou encore « Charakterbilder » (scène caractéristique).
Suppé non seulement dirige l’orchestre mais est aussi amené à composer la musique de scène qui accompagne ces petites pièces. Sa première composition, en 1841, s’appelle Jung Lustig, Im Aller Trawing (Gai jeune, triste vieux), suivie de beaucoup d’autres « Possen », près de deux cents en 20 ans, sans en tirer grand bénéfice. L’un des premiers dont la musique, du moins celle de l’ouverture, a survécu, s’intitule Ein Morgen, ein Mittag und ein Abend in Wien (Matin, midi et soir à Vienne, 1844). L’ouverture, pleine de charme et d’élégance, résumant la vie d’une journée dans la capitale autrichienne, atteste dans sa première partie du grand intérêt que le compositeur porte au violoncelle solo.

En 1845, le directeur du Theater an der Josefstadt, Frantz Pokorny, fait l’acquisition du théâtre An der Wien dans le but d’ypoete et paysan 1 1 représenter des opéras. Suppé, qui l’a suivi, est ravi et, voulant montrer ce dont il est capable, entreprend la composition d’un ouvrage sérieux, l’opéra Das Mädchen von Lande (La Fille du pays), représenté en l847. Hélas la critique ne trouve à louer que les parties de musique légère de l’œuvre ; quant au public, il préfère les farces accommodées de musique facile que le compositeur a jusqu’alors produites et, esclave de sa réputation, Suppé doit sacrifier au goût des spectateurs.

C’est de cette époque que date Dichter und Bauer (Poète et Paysan, 1846), une mauvaise comédie de Karl Elman. De cette œuvrette ne subsiste, là aussi, que l’ouverture, le reste de la partition ayant presque sombré dans l’oubli, mais cette ouverture, à elle seule, pourrait suffire à assurer la gloire de son compositeur car c’est l’un des morceaux les plus joués au monde. Après une belle introduction développant un élégiaque solo de violoncelle, l’orchestre se déchaîne en vigoureuses danses populaires que vient interrompre par deux fois un air de valse plein de retenue. Cette construction correspond au titre de l’œuvre, le solo de violoncelle et la valse évoquant l’aspect rêveur du poète tandis que les danses rapides s’accordent à la solide gaieté du paysan.

Requiem 1 1C’est aussi dans ces années que le musicien compose le chant patriotique « Österreich mein Heimatland » (Autriche, ma Patrie ) qui connaît une vogue extraordinaire et peut être considéré comme un second hymne national.
Espérant toujours être reconnu comme un véritable compositeur, Suppé diversifie sa production et compose diverses musiques religieuses dont un Requiem, créé en 1855. Cette œuvre, ambitieuse et soigneusement écrite, s’inspire du requiem de Mozart ; outre leur tonalité commune de ré mineur, les deux ouvrages se ressemblent sur plus d’un point, tant sur l’agencement des parties que sur le traitement des voix, semblant même pour certains morceaux, préfigurer celui de Verdi. Le succès, quoique sans lendemain de ce Requiem (1), incite Suppé à produire un nouvel opéra, Paragraph III, sur lequel il fonde les plus grands espoirs. Représenté en 1858 au Hofoper, l’opéra connaît un échec complet et, condamné unanimement par la critique, n’a que trois représentations. Suppé est à nouveau renvoyé à ses farces grossières.

– Une nouvelle inspiration

C’est alors qu’on présente, au Carltheater de Vienne, les premières versions allemandes des opérettes d’Offenbach, notamment Le Mariage aux Lanternes puis Orphée aux Enfers, qui connaissent un gros succès. Pour Suppé, c’est une révélation : entre l’opéra et la farce, il y a la place pour une œuvre légère pouvant être spirituelle et élaborée. S’inspirant, dans un premier temps, du style du « Petit Mozart des Champs-Élysées », Suppé se met à l’opérette.
La première s’appelle Das Pensionat (La Pension, l860). La musique, excellente, inventive et variée, permet à l’œuvre de réussir. L’ouverture, encore jouée, enchaîne divers motifs de l’opérette : une marche assez sombre, un alerte boléro longuement développé, une brève tarentelle, une valse enlevée et l’ensemble se termine par un galop échevelé dans la manière de ceux d’Offenbach.
Dès lors, les opérettes vont se succéder avec plus ou moins de bonheur ; la plupart ne sont que des pièces en un acte dont il ne nous reste souvent que les ouvertures, souvent enregistrées. Citons, par ordre :

Zehn Mädchen und kein Mann, l862 (Dix jeunes filles et pas un homme, 1856), petit acte agréable dont le sujet provient des SixDame de pique 1 demoiselles à marier, opérette de Léo Delibes.
– Flotte Bursche (Les Joyeux garçons, 1863); trois actes dont l’ouverture est basée sur des chansons estudiantines allemandes ou rythme bondissant que conclut une valse animée ; les valses sont peu nombreuses dans les ouvertures de Suppé ; elles ne marqueront l’opérette viennoise qu’à partir des œuvres scéniques de Johann Strauss.
Pique Dame (La Dame de pique, l864), l’ouverture juxtapose des déchaînements orchestraux avec de délicates mélodies et se termine par un bouillant galop. Cette œuvre est en fait une révision d’une précédente opérette, Die Kartensclagerin (La Tireuse de cartes, 1862) qui avait été un échec.
Franz Schubert, donné la même année, évoque, bien avant Berté et sa Maison des trois jeunes filles (appelée Chanson d’amour en France), la vie et l’œuvre du célèbre compositeur ; un échec total.

Die schöne Galathée (La Belle Galathée)

Première grande réussite de Suppé avec cette œuvre tirée de la mythologie grecque (sur le modèle de La Belle Hélène donnée un an plus tôt à Paris). Le livret de cet acte ravissant s’inspire de celui de Galathée, un opéra-comique de Victor Massé (le compositeur des Noces de Jeannette).
La belle Galathee 2 1Le sculpteur Pygmalion, vieux garçon endurci, tombe amoureux de la statue de Galathée qu’il vient de réaliser et obtient des dieux qu’ils lui accordent vie. Mais à peine animée, la jeune femme s’avère coquette, vénale et infidèle, mettant l’infortuné sculpteur au supplice. Pygmalion ne retrouvera sa tranquillité que lorsque Galathée, après une nouvelle intervention divine, aura repris sa forme minérale.
Toute la partition est d’une grande qualité et l’œuvre, créée le 30 Juin 1865 au Meysel’s Theater de Berlin, reçoit un accueil chaleureux avant de triompher à Vienne, le 9 septembre de la même année, au Carltheater. Son ouverture, restée très populaire, évoque parfaitement la première partie de l’opérette. Elle débute par un rythme décidé puis, rapidement de mystérieux appels de cor éveillent de délicats frémissements aux cordes, ponctués de pizzicatos. Un nouvel appel de cor amène un rythme de boléro qui se métamorphose en une sorte de valse chaotique qui s’interrompt pour donner naissance à une véritable valse, sensuelle, si curieuse avec sa tonalité mineure. Cette valse, d’abord présentée de façon toute simple, est ensuite reprise par tout l’orchestre pour assurer un brillant final à l’ouverture.

Leichte Kavallerie (Cavalerie Légère)Cavalerie ledere 1 1

L’année suivante Suppé connaît un nouveau succès 21 mars 1866, au Carltheater) avec la création de cette l’opérette dont l’intrigue romanesque exalte, bien avant Le Baron Tzigane de Strauss, la Hongrie et surtout sa cavalerie militaire.
L’action se déroule au XVIIIe siècle au milieu des intrigues de la cour d’un baron et de son amante, une comtesse hongroise dont la compagnie de ballet est surnommée « la cavalerie légère » !
Quant à la partition, elle associe la musique nationale hongroise à celle de l’Italie et à celle de l’Allemagne. Son ouverture, une des plus parfaites de Suppé (et la plus célèbre avec celle de Poète et Paysan), débute par une éclatante fanfare que suit une héroïque chevauchée ; celle-ci s’apaise peu à peu pour laisser la place à une langoureuse czardas distillée par les violon. Soudain la cavalerie réapparaît et l’ouverture se conclut avec le thème initial des trompettes. Malgré le succès de la création, l’opérette ne connaît qu’une brève existence à cause de l’humiliante défaite des Autrichiens battus par l’armée prussienne à Sadowa, trois mois plus tard.

Les Joyeux bandits 1Ce désastre marque le début d’une, période sombre pour Suppé qui connaît une série d’échecs, souvent dus à la médiocrité des livrets qu’on lui propose et que sa musique, pourtant soignée, n’arrive pas à sauver.
C’est ainsi que tombe Banditenstreiche (Exploits de bandits ou Les Joyeux bandits, 27 avril 1867 au Carltheater), donné au bénéfice du compositeur. Le sujet relate de quelle manière un bandit au grand cœur, Malandrino, réunit deux amoureux malheureux.
Dans cette joyeuse partition, dont l’ouverture est également restée très populaire, Suppé utilise à nouveau diverses chansons estudiantines et exprime de façon remarquable, bien avant le triomphe de Boccace, son admiration pour la musique italienne. Plusieurs remaniements ultérieurs du livret ne permettront cependant pas de sauver la partition.

Échecs également de Freigeister (Esprits libres, l866), Die Frau Meisterin (Une maîtresse femme, 1868), Isabelle (1869) et Lohengelb (une parodie du Lohengrin de Wagner, 1870).
Franz von Suppé éprouve alors une amertume certaine. S’il est très estimé comme chef d’orchestre, surtout lorsqu’il dirige les opéras de Weber, Meyerbeer ou Bellini, comme compositeur, il n’a pas encore su, en trente ans de carrière, créer le chef d’œuvre auquel il espère accoler son nom. Certes on joue ses œuvres et il jouit d’une certaine aisance mais ce n’est ni la gloire ni la fortune De plus, depuis 1871, il connaît un rival heureux sur les scènes viennoises en la personne de Johann Strauss qui voit le succès de ses premières opérettes : Indigo (1871), Carnaval à Rome (1873) et surtout La Chauve-souris (1874) qui triomphe partout en Europe. C’est alors qu’on lui propose le livret qu’il espère depuis longtemps

La consécration

Fatinitza

Franz von Suppé est enchanté ; il tient enfin une excellente intrigue qui va lui permettre d’écrire une véritable opérette (2). Le texte desFatinitza 1 1 librettistes Richard Genée et Friedrich Zell, est en fait l’adaptation en allemand d’un opéra-comique d’Auber, La Circassienne, donné en l86l à Paris.
L’action se déroule pendant la guerre russo-turque de 1854-1855. Un général russe, Kantchoukov, s’éprend d’une jeune fille qui, pour échapper à ses assiduités, se déguise en officier et s’enfuit dans le camp ennemi ; mais là, chez les Turcs, elle fait la rencontre d’un pacha, ce qui fait naître toute une série de complications amusantes. (3)
Dynamisé par la concurrence de Strauss dont les premiers succès l’ont un peu-rejeté dans l’ombre, Suppé approfondit son style et écrit une partition particulièrement soignée, si bien que la création de Fatinitza, (5 janvier l876, au Carl-Theatre), est un véritable triomphe pour le compositeur qui tient enfin sa revanche ! Rapidement, tous les théâtres d’Europe centrale affichent l’opérette qui connaît une vogue semblable à celle de la Chauve-Souris. Traduite en français, l’œuvre est représentée trois ans plus tard à Paris (15 mars 1879 aux Nouveautés, en présence du compositeur).
De cette ravissante partition, on ne joue souvent que !’ouverture et une marche. L’ouverture, bien que typique du style de Suppé, tranche un peu avec celle des autres opérettes – on n’y trouve ni valse, ni tarentelle, ni galop – et semble n’être qu’un long prélude à la marche qui la conclut. Ce prélude est lui-même composé de divers airs de marche, dont un orientalisant, finement et discrètement orchestrés, séparés par des montées sonores de l’orchestre. Quant à la marche terminale, bâtie sur un irrésistible trio tiré de l’opérette : « Vorwarts mit frischem Muth » (En avant, avec un courage renouvelé ), elle est bien développée et vaudra à l’œuvre sa grande popularité.

Le succès de la pièce, et surtout de la marche qui s’est vendu à 35.000exemplaires, assure à Suppé des revenus confortables qui lui permettent de s’acheter une belle maison de campagne dans laquelle il aime se reposer et où il entreprend de rédiger un petit livre de recettes de cuisine italienne. Suppé est un fin gourmet et, comme Rossini, n’hésite pas à « mettre la-main à la pâte ».
Avec l’âge, sa grande silhouette s’est épaissie, faisant de lui une sorte de colosse. Si le crâne s’est dégarni, la barbe, par contre, s’est épanouie, passant d’une élégante impériale à un abondant buisson moussu. Cet aspect imposant ne l’empêche pas d’être le plus charmant des hommes, sympathique et aimé de tous. Quand il doit diriger, l’apparition du célèbre crâne chauve au-dessus de la fosse d’orchestre est le prélude à un rituel attendu qui, chaque fois, réjouit les spectateurs : Suppé prend une pincée de tabac à priser qu’il loge dans les replis de son vaste nez, puis disparaissait pendant un moment dans un immense mouchoir et, prenant enfin sa baguette, donne le signal du départ aux-musiciens.

boccace 3 1 1Boccaccio (Boccace)

Trois ans après Fatinitza, Suppé remporte un nouveau triomphe, le plus grand de sa carrière, avec la création de Boccaccio (toujours au Carltheater, 1er février l879). Le livret de cette opérette en trois actes, dû également à Zell et Genée, s’inspire de divers contes du Décameron de Boccace mais, comme dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach, l’auteur joue lui-même le rôle principal et devient le héros des aventures qu’il a racontées.
L’intrigue, située à Florence en 1331, comprend dix personnages principaux : 3 jeunes gens avides d’aventures amoureuses : Boccace, écrivain satirique et séducteur, Leonetto, un étudiant, Pietro, un faux étudiant, en fait le prince de Palerme. S’y ajoutent 3 couples dont la femme est coquette et le mari ombrageux : Lambertuccio (citoyen) et Peronella, Scalza (marchand) et Béatrice, Lotterringhi (tonnelier) et Isabelle, auxquels s’ajoute Fiametta, fille adoptive de Lambertuccio dont on apprend par la suite qu’elle est une fille naturelle du duc de Florence.

Acte I: une place de la ville animée par une fête. Boccace et Leonetto pénètrent chez Scalza afin de courtiser son épouse Béatrice. Le retour du mari met Béatrice en danger mais un habile stratagème sauve la situation et permet aux jeunes gens de s’échapper. Déguisé en mendiant Boccace revient peu après et, se faisant passer pour un étudiant, aborde Fiametta. La jeune fille, bien qu’officiellement fiancée à un mystérieux personnage haut placé, ne reste pas insensible à ses compliments, cependant Boccace doit fuir à nouveau devant l’arrivée de bourgeois, surtout des maris trompés, qui le recherchent. N’ayant pu saisir l’écrivain, ils brûlent ses écrits où sont révélés les scandales florentins.

Acte II : L’action se diversifie et nous.montre divers épisodes plaisants au cours desquels chacun des jeunes gens se déclare auxBoccace 1 épouses et, avec leur complicité, dupent les maris par des stratagèmes comiques. Boccace écrit des lettres d’amour aux trois femmes (lettres dont la lecture donne lieu à une valse superbe) mais sa préférence va à Fiametta qu’il projette d’enlever. Le retour des maris, toujours à la recherche du séducteur, dérange les projets des trois jeunes gens. Puis, tandis que Fiametta, afin d’être mariée, est emmenée par des envoyés du Duc, dont on apprend qu’elle est la fille, Boccace déguisé en diable fait fuir la foule, épouvantée.

Acte III : au Palais ducal, d’abord dans les jardins puis dans le bâtiment. Boccace, parti à la recherche de Fiametta, s’est introduit dans le Palais ; il apprend que Pietro est en fait le prince de Palerme et le mystérieux seigneur que doit épouser Fiametta ; quant à la jeune fille, elle découvre que l’étudiant qui la courtise n’est autre que l’écrivain banni. Arrêté, accusé par les maris, défendu par les femmes, Boccace réussit à se disculper mais devra quitter, seul, Florence. (4)

Sur ce sujet souvent leste et immoral où l’on détaille les mille et une façons de tromper les maris, Suppé a écrit une musique d’une très grande qualité, se hissant à la hauteur des œuvres les plus réussies de Flotow ou de Lortzing. Plus qu’une opérette, Boccaccio est un véritable opéra-comique à la partition abondante où la musique coule librement, s’adaptant parfaitement à l’action, successivement lyrique, joyeuse, tendre ou spirituelle. De plus, la localisation de l’action en. Italie permet au compositeur de s’abandonner aux mélodies italianisantes qu’il affectionne tant ; citons par exemple l’adorable barcarolle chantée en duo au troisième acte, « Mia bella Fiorentina ». En fait chaque acte recèle de véritables perles musicales, que ce soit la valse déjà citée, la chanson du tonnelier, la marche (bissée quatre fois lors de la Première), les romances, ainsi que toutes les scènes d’ensembles, particulièrement réussies.
Si le rôle de Boccace est aujourd’hui généralement tenu par un ténor, lors de la création il est chanté par un soprano travesti, Mlle Link, (qui a auparavant créé le rôle titre du Prince Mathusalem de Johann Strauss).

Comme pour Fatinitza, le succès est immédiat et l’opérette gagne rapidement les théâtres étrangers. L’adaptation française, sous la forme d’un opéra-comique, est confiée aux librettistes Henri. Chivot et Alfred Duru (les auteurs, entre autres, de La Fille du Tambour-major de Jacques Offenbach et de La Mascotte d’Audran), et sera représentée pour la première fois à Paris le 29 Mars 1882, au Théâtre des Folies Dramatiques. Dans cette version l’intrigue est cependant légèrement différente et les personnages, mis à part Boccace, portent un autre nom.

À soixante ans, Franz von Suppé connaît enfin les joies d’une gloire qui éclipse maintenant à Vienne celle d’Offenbach mais aussi celle de Strauss dont la dernière opérette, Colin Maillard, donnée deux mois et demi plus tôt, a été un échec complet et Prince Mathusalem, donné trois ans auparavant, un semi échec. Cette gloire vaut à Suppé d’être nommé, en l88l, citoyen d’honneur de la ville de Vienne.

MozartL’année précédente, il a fait représenter une nouvelle opérette, Donna Juanita qui reprend, en l’inversant, le sujet de Fatinitza : un jeune homme se déguise en femme pour échapper à une situation difficile, mais l’action, cette fois, est située en Espagne, à l’époque de son occupation par Napoléon 1er. L’œuvre, sans atteindre la popularité de Boccaccio, connaît un beau succès mais ne se maintient pas au répertoire ; elle est néanmoins traduite en français et représentée à Paris en l891.

En fait Suppé ne retrouvera jamais le triomphe qu’a connu Boccaccio. En voulant trop bien faire, il semble oublier le caractère propre de l’opérette, ce que souligne Max Kronberg dans un chapitre de son livre consacré aux Strauss :
« Suppé avait-il commis l’erreur dans laquelle devait tomber tant de compositeurs après lui, d’écrire des œuvres trop pesantes pour des opérettes, trop inconsistantes pour des opéras ? » Kronberg remarque en outre, que cette tendance coïncide généralement avec un appauvrissement de la richesse mélodique du musicien dont l’inspiration semble alors en quelque sorte se scléroser.

Schubert 1De fait, les ouvrages suivants ne connaissent que des succès d’estime et ne se maintiennent pas tels Die Gascogner (Les Gascons, l88l) ou Die Afrikareise (Le Voyage en Afrique, 1883). Suppé s’essaye alors, avec ni plus ni moins de succès à l’opéra romantique avec Die Matrosen Heimkehr (Le Retour des marins, 1883) avant de revenir à l’opérette avec Bellman (1887) mais aucune de ces œuvres ne retrouve la fraîcheur des œuvres précédentes, même l’opérette pure qu’est Die Irrfahrt ins Glück (ou Die Jagd nach Glück, La Chasse vers le bonheur, 1888). Curieusement, l’ouverture de cette œuvre légère débute par un long passage sombre, mystérieux, presque sinistre, très richement orchestré; puis la couleur s’éclaircit progressivement pour accueillir une joyeuse polka et une douce mélodie qui s’efface un instant devant une aimable barcarolle avant de réapparaître, reprise par tout l’orchestre pour assurer un brillant final.

Les dernières années de la vie du musicien sont assombries par la maladie due à un cancer de l’estomac qui progressivement l’empêche de manger, et lui, joyeux épicurien, meurt littéralement de faim, ne pouvant plus absorber le moindre aliment. Il s’éteint le 21 mai 1895 et est enterré au Cimetière central de Vienne, dans le quartier des compositeurs. Sa tombe, comme celles de Beethoven, Schubert, Strauss II et Brahms, est située autour du catafalque de Mozart.

Le retour des marins 1 1Suppé laissait inachevée une dernière œuvre, Das Modell (Le Modèle), en fait la révision de Die Frau Meisterin (Une Maîtresse femme, opérette ayant échoué en 1868). Das Modell sera achevé et représenté avec succès peu après la mort du compositeur ainsi qu’une dernière opérette, Die Pariserin (La Parisienne,1898), qui n’est, à vrai dire, qu’un montage sur des airs de Suppé. (5)

En conclusion

Le style de Suppé, si reconnaissable et auquel Brahms rendit plusieurs fois hommage, est en fait dû à la combinaison heureuse de trois influences, française, allemande et italienne, qui marquèrent subtilement le compositeur, donnant à sa musique un charme certain qui n’apparaît pas forcément dans les pots-pourris de ses seules ouvertures. Pour ce qui est de l’influence française, si ses premières opérettes traduisent son admiration pour la manière d’Offenbach, bien vite il s’en éloigne car, à l’ironie systématique et décapante du compositeur d’Orphée aux Enfers, il préfère l’humour léger et élégant du Fra Diavolo d’Auber ou du Postillon de Lonjumeau d’Adam, plus conforme à son tempérament.
Quant à l’influence allemande, elle se manifeste par la présence de touches de sentimentalité et de tendresse telles qu’on en trouve dans les opéras-comiques de Lortzing ; mais c’est surtout aux maîtres italiens que Suppé doit l’essentiel de son style. Chacun de ses nombreux ouvrages recèle au moins un emprunt à la musique qu’il a toujours préférée, que ce soit la cadence d’une sérénade napolitaine, la parodie d’un accompagnement de guitare, une suave mélodie à la Bellini, un crescendo, une strette endiablée, un final à la Rossini ou l’un de ces rythmes typiques que sont la tarentelle ou la barcarolle.<:span>

– Notes

(1) Le Requiem a été représenté pour la première fois en France au Festival de Montpellier en 1990, et a également été enregistré.
(2) Ce livret a d’abord été proposé à Johann Strauss, mais sa première épouse, Jetty, qui se chargeait de trier les manuscrits et qui n’a pas aimé le sujet, l’a retourné avec cette mention : « Refusé. Ne peut convenir à mon mari. » Après le succès de la pièce, le nom de Fatinitza devint tabou chez les Strauss.
(3) Dans la version originale, le librettiste Scribe avait inversé la situation : le héros était un jeune officier qui fuyait sous un costume féminin, ce qui l’exposait à tous les dangers de son sexe apparent, surtout lorsqu’il se retrouvait dans le harem du pacha !
(4) Une nouvelle version, revue par Zimmermann et représentée à Zurich le 31 décembre 1944, donne à l’œuvre une conclusion différente : le Prince renonce publiquement à Fiametta en faveur de Boccace. Cette version s’enrichissait de plus d’un grand ballet : « Le Triomphe de l’Amour «, introduit au troisième acte.
(5) Une autre opérette, française, fut composée à partir de motifs de Suppé. Il s’agit de Quadrille viennois, opérette à grand spectacle en deux actes, de Jean Claude Delhumeau et Edgar Duvivier. La partie musicale était de Jack Ledru qui avait réuni quelques bonnes pages de Suppé reliées par des airs de sa composition. L’œuvre, dont le sujet se passe à l’époque du Congrès de Vienne, fut créée le 12 février 1977 à Dijon avant d’être reprise à. Reims en Janvier 1988<:span>

— Références
Vous retrouverez Franz von Suppé dans « Opérette » n° 77. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

— Œuvres lyriquesLégende : opé = opérette, oc = opéra-comique, ob = opéra-bouffe, o = opéra, bm = bouffonnerie musicale, v = vaudeville, lust = lustspiel, vo = version originale, vf = version française.
Le chiffre indique le nombre d’actes

Œuvres représentées en français

Création Titre Auteurs Nature Lieu de la création
1878
28 déc
Fatinitza Coveliers (Félix) oc 3 Bruxelles, Fantaisies Parisiennes
vo: Vienne 1876
vf: Paris 1879
1879
15 mars
Fatinitza Delacour (Alfred), Wilder (Victor) opé 3 Paris, Nouveautés
vo: Vienne 1876
vf: Bruxelles 1879
1882
3 fév
Boccace
[=Boccaccio]
Lagye (Gustave), Chivot (Henri), Duru (Alfred) opé 3 Bruxelles, Galeries-St-Hubert
vo: Vienne 1879
vf: Paris 1882
1882
29 mars
Boccace
[=Boccaccio]
Lagye (Gustave), Chivot (Henri), Duru (Alfred) opé 3 Paris, Folies-Dramatiques (r. de Bondy)
vo: Vienne 1879
vf: Bruxelles 1882
1883
22 oct
Juanita [=Donna Juanita] Vanloo (Albert), Leterrier (Eugène) opé 3 Bruxelles
vo: Vienne 1880
vf: Paris 1891
1891
4 avr
Juanita [=Donna Juanita] Vanloo (Albert), Leterrier (Eugène) opé 3 Paris, Folies-Dramatiques (r. de Bondy)
vo: Vienne 1880
vf : Bruxelles 1883
1977
12 fév
Quadrille Viennois [1] Duvivier (Edgar), Delhumeau (Jean-Claude) opé 2 Dijon

[1] airs additionnels de Ledru (Jack)

Versions originales ou œuvres non représentées en français

Création Titre Auteurs Nature Lieu de la création
1834 Apfel (Der) ? opé Autriche (Empire), Zara [actuel. Croatie, Zadar]
1837 Virginia Holt (Ludwig) o non représenté
1840
19 nov
Bergamo ? oc Vienne, Kärntnertortheater
1841
5 mars
Jung lustig, im Alter traurig, oder Die Folgen der Erziehung Wallis (C.) [1] Vienne, Theater in der Josefstadt
1841 Gertrude della Valle Brazzanovich (G.) o non représenté
1842
14 oct
Hammerschmiedin aus Steyermark (Die), oder Folgen einer Landpartie Schickh (Josef Kilian.) [2] Vienne, Theater in der Josefstadt
1844
26 fév
Ein Morgen, ein Mittag und ein Abend in Wien ? [2] Vienne, Theater in der Josefstadt
1844
13 juin
Marie, dir Tochter des Regiments Blum (F), d’après J. H. St Georges (J.H.) & Bayard (J.F.A.) v Vienne, Theater in der Josefstadt
1844
28 sept
Krämer und sein Kommis (Der) Kaiser (Friedrich) farce 2 Vienne, Theater in der Josefstadt
1845
8 mars
Mülerin von Burgos (Die) Kupelweiser (J.) v 2 Vienne, Theater in der Josefstadt
1845
7 nov
Sie ist verheiratet Kaiser (Friedrich) [1] Vienne, Theater an der Wien
1846
24 août
Dichter und Bauer Elmar (Karl) lust 3 Vienne, Theater an der Wien
1847
7 août
Mädchen von Lande (Das) Elmar (Karl) oc 3 Vienne, Theater an der Wien
1848
18 déc.
Martl (Der Portiunculatag in Schnabelhausen) Berla (Alois) [3] Vienne, Theater an der Wien
1848 Bandit, auch Cartouche (Der) ? opé ?
1849
30 janv
Teufel Brautfahrt (Des), oder Böser Feind und guter Freund Elmar (Karl) farce magique Vienne, Theater an der Wien
1849
1° juil
Gervinus, der Narr von Untersberg, oder Ein patriotischer Wunsch Berla (Alois) farce 3 Vienne, Braunhirschen-Arena [et Theater an der Wien]
1849
13 oct
Unterthänig und unabhängig, oder Vor und nach einem Jahre Elmar (Karl) [1] Vienne, Theater an der Wien
1849
13 nov
s’Alraunl Kleisheim (Anton von) [4] Vienne, Theater an der Wien
1850
29 juin
Dumme hat’s Glück (Der) Berla (Alois) farce 3 Vienne, Theater an der Wien
1851
9 janv
Dame Valentine, oder Frauenräuber und Wanderbursche Elmar (Karl) sing Vienne, Theater an der Wien
1852
27 fév
Tannenhäuser (Der) Levitschnigg (Heinrich von) opé 3 Vienne, Theater an der Wien
1854
28 jun
Wo steckt der Teufel? Grun (?) farce 3 Vienne, Theater an der Wien
1858
8 janv
Paragraph 3 Grandjean (Moritz Anton) o 3 Vienne, Hofoper
1860
24 nov
Pensionat (Das) C.K. opé 1 Vienne, Theater an der Wien
1862
26 avr
Kartenschlägerin (Die) ? opé 1 Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai
[2° version : Pique Dame 20 juin 1864]
1862
25 oct
Zehn Mädchen und kein Mann Friedrich (W.) opé 1 Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai
1863
18 avr
Flotten Burschen (Die), oder Das Bild der Madame Potifar [Flotte Bursche] Braun (Josef) opé 1 Vienne, Theater auf dem Franz-Josefs-Kai
1864
5 mars
Corps der Rache (Das) Harisch (J.L.) opé 1 Vienne, Carltheater
1864
24 juin
Pique Dame Strasser (S.) opé Graz, Thalia Theater
[1° version : Kartenschlägerin (Die) 26 avr 1862
1864
10 sept
Franz Schubert [5] Max (Hans) opé 3 Vienne, Carltheater
1865
4 mai
Dinorah, oder Die Turnerfahrt nach Hütteldorf [6] Hopp (Julius) opé b 3 Vienne, Carltheater
1865
30 juin
Schöne Galathea (Die) Kohl von Kohlenegg (L.), Henrion (Poly), Dittmar opé 1 Berlin, Meyseltheater
[Vienne, Carltheater 9 sept 1865]
1866
24 mars
Leichte Kavallerie, oder Töchter der puszta (Die) Costa (Carl) opé 2 Vienne, Carltheater
1866
23 oct
Freigeister ! Costa (Carl) opé 2 Vienne, Carltheater
1867
27 avr
Banditenstreiche Boutonnier von Ludwig Bender (B.) opé 3 Vienne, Carltheater
1868
20 janv
Frau Meisterin (Die) Costa (Carl), Coffey opé 3 Vienne, Carltheater
1868
3 oct
Tantalusqualen Suppé (Franz von), Berg opé Vienne, Carltheater
1869
5 nov
Isabella Weyl (J.) opé Vienne, Carltheater
1870
23 juil
Lohengelb, oder Die Jungfrau von Dragant [7] Costa (Carl), Grandjean (Moritz Anton) opé 3 Graz
[Vienne, Carltheater 30 nov 1873]
1872
2 nov
Cannebas Doppler (J.) opé 1 Vienne, Carltheater
1873
15 avr
Fünfundzwanzig Mädchen und kein Mann Treumann (Karl) opé 1 Vienne, Staatsoper
1876
5 janv
Fatinitza Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) opé 3 Vienne, Carltheater
vf: Bruxelles 1879
vf: Paris 1879
1878
5 janv
Teufel auf Erden (Der) Hopp (Julius), Juin (K.) opé 3 Vienne, Carltheater
1879
1° fév
Boccaccio
[=Boccace]
Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) opé 3 Vienne, Carltheater
vf: Bruxelles 1882
vf: Paris 1882
1879 Tricoche et Cacolet Chivot (Henri), Duru (Alfred) oc 3
1880
21 fév
Donna Juanita
[=Juanita]
Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) opé Vienne, Carltheater
vf: Bruxelles 1883
vf: Paris 1891
1881
9 mars
Alte Bekannte Berla (Alois) opé Vienne, Carltheater
1881
22 mars
Gascogner (Der) Zell (Friedrich), Genée (Franz-Richard) opé 3 Vienne, Carltheater
1882
4 fév
Herzblättchen (Das) Tetzlaff (C.) opé 3 Vienne, Carltheater
1883
17 mars
Afrikareise (Die) West (Moritz), Genée (Franz-Richard) opé 3 Vienne, Theater an der Wien
1885
4 mai
Des Matrosen Heimkehr Langer (Ant.) oc 2 Allemagne, Hambourg
1887
26 fév
Bellman West (Moritz), Held (Ludwig) opé 3 Vienne, Theater an der Wien
1887
30 avr
Joseph Haydn [8] Radler (F. von) opé 3 Vienne, Theater in der Josefstadt
1888
27 oct
Jagd nach dem Glücke (Die) Genée (Franz-Richard), Zappert (Bruno) opé 3 Vienne, Carltheater
1893
22 oct
Etwas zum lachen [9] Nestroy, Langer, Rotter, Fuchs, Doppler opé Vienne, Carltheater
1895
4 oct
Modell (Das) [10] Léon (Victor), Held (Ludwig) opé 3 Vienne, Carltheater
1898
26 janv
Pariserin (Die), oder Das heimliche Bild [11] Léon (Victor), Held (Ludwig) opé 3 Vienne, Carltheater

[1] comédie avec chansons
[2] pièce locale avec chansons
[3] farce avec musique, parodie de « Martha », de Flotow, 3 actes
[4] conte romantique avec chansons, 3 actes
[5] sur des musiques de Schubert (Franz)
[6] opéra parodie de Meyerbeer
[7] opérette parodie sur Lohengrin, de Wagner
[8] sur des musiques de Haydn (Josef)]
[9] et divers
[10] posthume –nouvelle version de « Die Frau Meisterin »
[11] posthume

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