Certaines personnalités sont poursuivies par de petites phrases souvent injustes lancées comme une boutade mais faisant fortune car faciles à retenir. Ainsi n’a-t-on pas dit de Beethoven qu’il ne savait pas “finir”, de Schumann qu’il ne savait pas “orchestrer” ou de Vivaldi qu’il avait écrit “400 fois le même concerto” ? Ambroise Thomas n’échappe pas à ce genre de formule puisque Chabrier affirmait : « Il y a trois sortes de musique : la mauvaise, la bonne et celle d’Ambroise Thomas ». Boutade, là encore, et assez injuste, mais elle définit assez bien l’attitude du monde musical du XXème siècle face à un compositeur qui fut l’un des plus fêtés du siècle précédent et l’un des plus dédaignés du siècle suivant pour certain côté un peu « pompier » de sa musique. Cela n’’occulte pas un réel talent qui justifie qu’Hamlet soit toujours présent sur les grandes scènes internationales et que Mignon soit ponctuellement reprise.
─ Enfant prodige et jeune homme apprécié
Charles-Louis-Ambroise Thomas, né le 5 août 1811 à Metz, est ce qu’on appelle un enfant prodige. Il reçoit ses premières leçons de ses parents, tous deux musiciens : à quatre ans il apprend le solfège et, trois ans plus tard, commence l’étude du piano, du violon et de l’harmonie. Après le décès du père, sa mère l’emmène à Paris. À dix -sept ans, il entre au Conservatoire où il bénéficie des leçons du vénérable Lesueur. Quatre ans plus tard il en sort nanti d’un premier prix de piano, d’un premier prix d’harmonie et du Grand Prix de Rome pour sa cantate Hermann et Ketty. 1
Pendant ses trois années passés à la Villa Médicis, il se montre un pensionnaire charmant dont l’appréciation suivante du directeur nous est rapportée par une lettre d’Ingres : « Jeune homme excellent, du plus beau talent sur le piano et qui a dans son cœur et dans sa tête tout ce que Mozart, Beethoven, Weber, etc. ont écrit… et la plupart de nos soirées sont délicieuses. » Comme il se doit, Thomas fait parvenir les divers envois exigés dont un Requiem puis un Duo Italien dont l’exécution à l’Institut amena ce commentaire de Berlioz : « Ce duo est écrit avec infiniment plus de conscience et de talent que les élèves n’en mettent d’ordinaire à remplir leur tâche académique. »
─ Les premières compositions
Dès son retour de Rome, le jeune homme entre au théâtre du Vaudeville en qualité de violoniste et se lance dans la composition. Ses premières œuvres, essentiellement instrumentales, 2 bien que d’une valeur artistique réelle seront vite occultées par la grande réputation de compositeur dramatique qu’il va peu à peu acquérir.
Le premier ouvrage qu’il fait représenter est un agréable opéra-comique en un acte, La Double échelle, donné le 27 août 1837 à la Salle Favart. Elle lui vaut un nouvel éloge de Berlioz et se distingue déjà par ce qui allait devenir ses principales qualités : la maîtrise de l’orchestration et la beauté des mélodies. Encouragé par ce succès, le compositeur produira un nouvel ouvrage pratiquement chaque année : Le Perruquier de la régence (1838), Le Panier fleuri (1839) et, la même année, le ballet Gypsy co-écrit avec le compositeur Benoist. Les cinq productions suivantes illustrent soit le grand opéra : Le Comte de Carmagnole (1841), Le Guerillero (1841), soit l’opéra-comique : Carline (1840), Mina (1843), soit l’opéra-bouffe : Angélique et Médor (1843).
Le fait que plusieurs de ces ouvrages n’obtiennent qu’un succès moyen, amène un silence de six années, uniquement interrompu par la création du ballet Betty (1846). Pendant cette période, Thomas approfondit sa réflexion qui s’achèvera par la composition, sur un livret de Thomas Sauvage, d’un opéra-bouffe en deux actes qui sera son premier grand succès.
Le Caïd
L’action se déroule vers 1840 dans une ville algérienne sous administration coloniale française.
Le caïd Aboul-y-Far, lors de ses sorties nocturnes, ne sait comment éviter les bastonnades infligées par certains de ses sujets mécontents des impôts et taxes qu’il leur impose. Après la prière du matin, paraissent la modiste Virginie et son amoureux, le barbier Birotteau. Ce dernier, à la recherche de la fortune, propose au caïd, contre une somme de 20 000 boudjous (une monnaie sans grande valeur), un “talisman secret” qui le protégera des violences. Le caïd, avare notoire, préfère lui offrir en paiement la main de sa fille Fatma, même si celle-ci est éprise de Michel, un tambour-major de l’armée française. Birotteau, flatté de la proposition et oubliant son engagement auprès de la modiste, accepte l’offre. Virginie et Michel ne peuvent cacher leur fureur et jurent de se venger. Devant ces menaces, Birotteau renonce à épouser Fatma et le caïd se voit donc contraint de payer la somme promise. Il découvre alors que ce talisman n’est qu’une potion censée guérir la calvitie. L’intrigue se termine dans la joie par un double mariage et Michel devient le garde du corps du caïd dont le seul regret est que toute cette affaire lui a coûté 20 000 boudjous.
Ce livret ne manque ni de mouvement ni d’intérêt et la musique, pleine de verve et de gaieté, est un pastiche de la musique bouffe italienne. La création, le 3 janvier 1849 (2e salle Favart), coïncidant avec une reprise de L’Italienne à Alger de Rossini, reçoit un accueil très favorable du public aussi bien que de la critique. L’œuvre sera régulièrement reprise à l’Opéra-Comique où elle cumulera, en 1911, 422 représentations.3
Avec Le Caïd, Thomas atteint le sommet de sa première manière mais, las de la bouffonnerie, décide d’élargir ses ambitions avec une œuvre plus ambitieuse.
Le Songe d’une nuit d’été
Le livret de cet opéra-comique en trois actes de Rosier et De Leuven, est inspiré très librement de la pièce de Shakespeare.
La reine Elizabeth et Olivia, sa demoiselle de compagnie, prises dans une tempête après avoir assisté à l’une des pièces de Shakespeare se sont réfugiées dans une taverne où elles sont arrivées masquées. Elles assistent à la fête donnée par Falstaff en l’honneur du dramaturge, fête pendant laquelle ce dernier s’enivre copieusement. Navrée par son attitude, la Reine ordonne à Falstaff, de le faire transporter dans le parc de son palais de Richmond Palace.
Lorsqu’il se réveille, l’esprit encore confus, Shakespeare entend, dans une sorte de vision, son génie lui reprocher ses égarements, mais ce génie a les traits de la Reine. Afin de sauver l’honneur de la souveraine lorsque le jeune homme s’échauffe un peu trop, Olivia la remplace. Se croyant trahi, Latimer, le fiancé de la jeune fille, le provoque dans un duel où il est blessé ; pensant l’avoir tué, Shakespeare se jette dans la Tamise. Sauvé et appelé devant la Reine dont il se croit aimé, il est repoussé et s’entend traiter de visionnaire. La souveraine le prend cependant en pitié et lui dit que si cette nuit doit n’être qu’un songe pour tout le monde, elle sera bien plus que cela pour lui.
Si le livret suscite quelques critiques, les historiens affirmant que la Reine et le poète ne se sont jamais rencontrés, la partition est très appréciée. Il faut surtout citer au premier acte le duo de la Reine et d’Olivia « La chanson du Roi Richard », le trio « Où courez-vous mes belles ? » (Falstaff, Elisabeth, Olivia), et la romance de Latimer « Son image si chère » ; au second, le chœur « Gardes de la Reine » et la scène développée de l’apparition, toute empreinte de poésie entre la Reine et Shakespeare « Non, je ne suis pas Juliette » ; au troisième, le duo pathétique d’Olivia et de Latimer « Latimer, fuyons » et la charmante mélodie « C’est un rêve qui s’achève » chantée par la Reine.
Lors de sa création salle Favart, le 20 avril 1850, Le Songe d’une nuit d’été s’impose d’abord par l’heureuse inspiration des mélodies jointe à un souci de clarté et une science orchestrale impeccable et élégante, qualités distinctives de l’école française. L’œuvre se maintiendra de nombreuses années au répertoire (224 représentations dont la dernière en 1886) et sera jouée dans tous les théâtres de province.4
– Du succès au doute
Ce double succès fait d’Ambroise Thomas l’heureux rival de Hérold, Auber ou Adam et les récompenses ne tardent pas à pleuvoir. En 1852, il devient membre de l’Institut et se voit nommé professeur de contrepoint, de fugue, d’harmonie puis de composition au Conservatoire de Paris. Il s’y montre bon pédagogue et sait alors se faire aimer de ses élèves (cela changera par la suite) comme en témoigne Massenet dans Mes Souvenirs où il parle toujours de son professeur d’une façon émue : « Mon maître bien aimé… Le constant et toujours si bon génie de ma vie… »
Ces honneurs ne l’empêchent pas de continuer à produire mais les ouvrages suivants ne trouvent pas le succès escompté. Raymond ou Le Secret de la Reine (1851), dont on joue encore parfois l’ouverture, n’obtient qu’un succès d’estime ; son invraisemblable livret, tirée de l’histoire du Masque de fer, ne pouvant inspirer profondément le compositeur. (34 représentations). La Tonelli (1853) ne fait guère mieux avec 36 représentations tandis que La Cour de Célimène (1855) bien que chantée par Marie Miolan-Carvalho, tombe après 19 représentations.5
Thomas s’investit davantage dans Psyché (1857), livret de Barbier et Carré, mais malgré plusieurs morceaux devenus rapidement populaires, la pièce n’est donnée que 41 fois ; remaniée profondément en 1878, elle connaîtra encore 29 représentations avant de sombrer dans l’oubli. Le Carnaval de Venise (1857) ou Le Roman d’Elvire (1860) dépasseront à peine la trentaine.
Ces échecs amènent le compositeur à se remettre à nouveau en question et se traduisent par six ans de silence. Cette période salutaire permettra l’éclosion de deux chefs d’œuvre, Mignon< et Hamlet.
Mignon
Le livret en trois actes et cinq tableaux de Jules Barbier et Michel Carré doit son intrigue aux Années d’apprentissage de Wilhelm Meister (1821), l’une des œuvres capitales de Goethe. D’abord proposé à Meyerbeer qui le refuse car trop éloigné du roman de Goethe, puis à Gounod, ce livret est accepté par Thomas alors âgé de plus de 50 ans. Le compositeur se met aussitôt au travail mais, découragé par les demi-succès précédents, doute de la réussite de son nouvel opéra-comique auquel il ne prévoit pas plus de 50 représentations.
L’intrigue
L’histoire débute dans la cour d’une auberge allemande, vers 1790, où se côtoient buveurs, voyageurs, et une troupe de bohémiens menée par Jarno. Ce dernier, pour divertir la foule, veut faire exécuter la « danse des œufs » à l’androgyne Mignon, « ni garçon, ni fille, ni femme » qu’il réveille brutalement. Humiliée, elle refuse de s’exécuter. Alors qu’elle va être brutalisée, deux personnages s’interposent, Lothario, un vieux vagabond n’ayant plus toute sa raison, et un voyageur nommé Wilhelm Meister. Pour calmer la colère de Jarno, la comédienne Philine lui jette une bourse. Mignon, dont la liberté a été rachetée par Wilhelm, lui raconte son enlèvement par des Bohémiens alors qu’elle était enfant dans un pays dont l’évocation fait songer à l’Italie. Bien que mis en garde par Laërte, un ami, Wilhelm se laisse séduire par la comédienne Philine et accepte de la suivre dans sa tournée. Ils seront accompagnés par Mignon, travestie en domestique, et par Lothario.
Le second acte se situe au château de Rosenberg où les comédiens jouent Le Songe d’une nuit d’été, ouvrage dans lequel Philine tient le rôle de Titania. Lorsque Wilhelm se prend de querelle avec Frédéric, autre amoureux de la coquette, Mignon s’interpose entre les deux hommes, mais une Mignon métamorphosée. Secrètement éprise de Wilhelm, la jeune fille, revêtue d’une des robes de Philine et adroitement maquillée, révèle ainsi toute sa féminité. Wilhelm en est troublé mais la morale l’oblige à se séparer de ce faux domestique. Désespérée, Mignon se confie à Lothario et, dans un mouvement de jalousie, souhaite la mort de Philine si railleuse à son égard. Animé par une sombre colère, le vieillard met le feu au théâtre du château. Prise dans l’incendie dans lequel elle s’est précipitée pour récupérer un bouquet réclamé par la comédienne, Mignon est sauvée par Wilhelm qui la ramène inanimée.
L’acte trois nous entraîne en Italie, dans un château en ruine où Lothario a mené Wilhelm et Mignon toujours très faible. Le jeune homme a pris conscience de son amour pour sa protégée mais une lettre de Laërte l’avertit que Philine a décidé de le rejoindre. Le récit d’un serviteur lui apprend l’histoire tragique de son maître, le comte Cypriani, ayant perdu l’esprit après la mort de son épouse et la disparition de sa fille. Alors que Lothario déambule à travers les pièces, il retrouve peu à peu la mémoire ; il est ici chez lui et reconnaît en Mignon, Sperata, sa fille disparue. La jeune fille s’en évanouit de bonheur mais l’arrivée de Philine, pendant une fête au village, la replonge dans ses angoisses et meurt brusquement.
Pour cette histoire romanesque, Thomas compose une musique dont le style souple se plie à l’action variée. Parmi les morceaux les mieux venus, citons l’admirable ouverture, la romance « Connais-tu le pays où fleurit l’oranger ? » le duo « Légères hirondelles », l’élégante gavotte et l’éblouissante polonaise de Philine. Tous ces airs sont entrecoupés de danses populaires et de chœurs qui animent d’une vie agréable l’ensemble de l’ouvrage.
La création
La première, donnée le 17 novembre 1866, heurte un peu le public habitué, pour les opéras-comiques, à des fins heureuses, or l’ouvrage s’achève de façon tragique. Qu’à cela ne tienne, les librettistes, trahissant le roman de Goethe, en modifie aussitôt le dénouement : Wilhelm assure Mignon de son amour et les trois personnages rendent grâce à Dieu pour leur bonheur trouvé ou retrouvé. Quant à Philine, elle devra se contenter de Frédéric
Cette modification entraîne la suppression du tableau de la fête ; celui-ci était animé par une danse, la forlane, que l’on peut encore entendre dans la conclusion de l’ouverture. Ainsi modifiée, Mignon connaît un triomphe qui ne se démentira jamais, à Paris et partout dans le monde. En Allemagne, cependant, la fin tragique est souvent conservée. L’œuvre sera encore remaniée quand Thomas la transformera en opéra avec l’orchestration des dialogues en récitatifs
Le succès doit également beaucoup à ses interprètes. Dans le rôle de Mignon, Célestine Galli-Marié se montre extraordinaire (comme elle le sera neuf ans plus tard dans Carmen) et Marie Cabel (célèbre depuis sa création du rôle de Dinorah dans Le Pardon de Ploërmel de Meyerbeer) éblouit dans celui de Philine. L’élégant et tout aussi apprécié Léon Achard incarne Wilhelm Meister.
Le 13 mai 1894, en présence du compositeur et du Président de la République, la millième de Mignon est donnée à l’Opéra-Comique, un évènement puisque c’est la première fois que cela arrive du vivant d’un auteur. Le Président profite de cette soirée pour revêtir Thomas du Grand Cordon de la Légion d’Honneur. Quelques mois plus tard, son illustre ami Verdi lui apportera, de la part du roi d’Italie, le Grand Cordon des Saints Maurice et Lazare, l’équivalent italien de notre Légion d’Honneur. La deux millième sera donnée en 1955 à l’Opéra-Comique.
Hamlet
Deux ans après la création de Mignon, Thomas triomphe à nouveau avec Hamlet, donné à l’Opéra Garnier. Barbier et Carré puisent cette fois dans le théâtre de Shakespeare (l’année suivante, ils fourniront à Gounod le livret de Roméo et Juliette) pour écrire un texte puissant. L’intrigue reprend en cinq actes l’essentiel du drame dont ils éliminent cependant l’arrière-plan philosophique. Ils y ajoutent par contre, au 4 e acte, la mort d’Ophélie, épisode que Shakespeare n’a pas mis en scène mais qui s’imposait dans une adaptation lyrique.
Le détail de l’action est suffisamment connu des amateurs d’opéra ou de théâtre pour nous autoriser à en faire l’impasse. Pour ce drame, Thomas écrit une musique remarquable, faisant réellement vivre Hamlet et Ophélie avec leurs nuances tendres, passionnées ou terribles. Plusieurs pages atteignent à une véritable grandeur, notamment la scène du spectre et celle du terrifiant dialogue entre le héros et sa mère. Beaucoup d’autres morceaux reçoivent également les suffrages du public comme l’air de la folie d’Ophélie que Christine Nilson fait applaudir ou le « être ou ne pas être » d’Hamlet chanté par Jean-Baptiste Faure. (Le rôle était à l’origine prévu pour un ténor mais Thomas l’a récrit pour l’illustre baryton).
L’exceptionnelle réussite d’Hamlet (donné 384 fois à l’Opéra de 1868 à 1938) confirmera la renommée internationale du compositeur.6
─ Directeur du Conservatoire
En 1871, succédant à Auber, Ambroise Thomas est nommé directeur du Conservatoire où il exerce ses fonctions avec une extrême conscience hélas doublée d’un autoritarisme conservateur. Cela l’amènera à condamner ce qu’il n’aime pas, se faisant ainsi des ennemis de César Franck, Édouard Lalo, Georges Bizet ou Gabriel Fauré. Très occupé par ses fonctions, Thomas reste de nombreuses années sans composer. L’opéra-comique Gilles et Gillotins, donné en 1874, datait en fait de 1859 mais n’avait pu être alors monté, et la Psyché jouée en 1878 était une version remaniée de celle de 1857.
─ Les derniers ouvrages
Il faut attendre 1882 pour assister à une nouvelle création, celle de Françoise de Rimini. Barbier et Carré se sont cette fois inspirés de Dante pour fournir un livret certes ambitieux mais trop long (le spectacle dure 4 heures et demie et surtout mal construit. La partie la plus réussie et la plus forte de l’ouvrage, l’évocation de l’Enfer, se trouve dans le prologue précédant les 4 actes. Quant à la musique, même si elle comporte quelques belles pages dont le prologue, elle s’avère nettement inférieure à celle d’Hamlet. Ceci explique que la première, donnée le 14 avril 1882, se termine dans la consternation générale.
Profondément marqué par cet échec, Thomas reste à nouveau muet pendant 7 ans avant de présenter sa dernière œuvre, La Tempête, un ballet fantastique en 3 actes. L’argument, inspiré du drame de Shakespeare est dû à Jules Barbier et au chorégraphe Joseph Hansen. Le ballet est créé avec succès le 26 juin 1889 à l’Opéra Garnier mais ne se maintiendra pas au répertoire au-delà de ses 31 représentations.
Après une absence de près de treize ans, le prologue de Françoise de Rimini est repris en 1896 à l’Opéra. Caché dans un coin de la salle, Thomas assiste à une ovation spontanée, bouleversante. L’émotion est si forte pour le vieil homme qu’il doit s’aliter en rentrant chez lui. Il meurt moins d’un mois plus tard, le 12 février 1896. Sa dépouille repose au cimetière Montmartre.
Bernard Crétel
NOTES
(1) Lesueur lui avait décerné le surnom de “Note sensible”, non seulement à cause de la grande délicatesse de son sentiment musical, mais aussi parce qu’il était le septième de ses élèves à se voir attribuer le Grand Prix de Rome. (La note sensible est la septième de la gamme).
(2) Un grand quintette, un quatuor pour cordes, un trio pour piano, violon et violoncelle, une grande fantaisie pour piano et orchestre, des caprices sous forme de valses…
(3) Il existe sur YouTube un enregistrement intégral du Caïd par le Théâtre de Metz (2007).
(4) Une sélection de l’ouvrage a été enregistrée en 1958 par Janine Micheau et Henry Legay sous la direction de Manuel Rosenthal. L’ouvrage a également été donné dans son intégralité au Théâtre Impérial de Compiègne en 1994, avec Ghylaine Raphanel et Alain Gabriel, dirigés par Michel Swiercczewski. Une captation du spectacle est parue en DVD.
(5) Le label Opera rara en a réalisé un enregistrement en 2008, sous la direction d’Andrew Litton.
(6) En 1847, Alexandre Dumas père et Paul Meurice avaient récrit la pièce de Shakespeare en sauvant la vie du héros qui devient roi. C’est cette version qu’ont suivi Barbier et Carré pour la création. Par la suite, on lui substitua une fin tragique avec la mort d’Hamlet, soit que le héros est blessé par le frère d’Ophélie, soit qu’il se suicide.
— Œuvres lyriques
Légende : oc = opéra comique ob = opéra bouffe o = opéra
Le chiffre indique le nombre d’actes.
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1837 23 août |
Double échelle (La) | Planard (Eugène de) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Salle de la Bourse) |
1838 30 mars |
Perruquier de la Régence (Le | Planard (Eugène de), Duport (Paul) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle de la Bourse) |
1839 6 mai |
Panier fleuri (Le) | Leuven (Adolphe de), Lhérie (Léon) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Salle de la Bourse) |
1840 24 fév |
Carline | Leuven (Adolphe de), Lhérie (Léon) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle de la Bourse) |
1841 19 avril |
Comte Carmagnola (Le)) | Scribe (Eugène) | o 3 | Paris, Opéra (Salle Le Peletier) |
1842 22 juin |
Guerillero (Le)) | Anne (Théodore) | o 2 | Paris, Opéra (Salle Le Peletier) |
1843 10 mai |
Angélique et Médor | Sauvage (Thomas),Gabriel de Lurieu (Jules Joseph) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1843 10 oct |
Mina, ou Le ménage à trois | Planard (Eugène de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1849 3 janv |
Caïd (Le) | Sauvage (Thomas) | ob 2 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1850 20 avril |
Songe d’une nuit d’été (Le) | Rosier (Joseph), Leuven (Adolphe de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1851 5 juin |
Raymond, ou Le secret de la Reine | Rosier (Joseph), Leuven (Adolphe de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1853 30 mars |
Tonnelli (La) | Sauvage (Thomas) | oc 2 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1855 11 avril |
Cour de Célimène (La) | Rosier (Joseph) | oc 2 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1857 26 janv |
Psyché | Carré (Michel), Barbier (Jules) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1857 9 déc |
Carnaval de Venise (Le) | Sauvage (Thomas) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1859 | Gillotin et son père | Sauvage (Thomas) | o 1 | non représenté |
1860 4 fév |
Roman d’Elvire (Le) | Dumas (Alexandre), Leuven (Adolphe de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1868 9 mars |
Hamlet | Carré (Michel), Barbier (Jules) | o 5 | Paris, Opéra (Le Peletier) |
1870 5 juil |
Mignon [2] | Carré (Michel), Barbier (Jules) | o 3 | Londres, Drury Lane |
1874 22 avril |
Gille et Gillotin [3] | Sauvage (Thomas) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1878 21 mai |
Psyché (2° version) | Carré (Michel), Barbier (Jules) | oc 4 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
1882 14 avril |
Françoise de Rimini | Carré (Michel), Barbier (Jules) | o 5 | Paris, Opéra (Palais Garnier) |
1886 19 avril |
Songe d’une nuit d’été (Le) [4] | Rosier (Joseph), Leuven (Adolphe de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Salle Favart) |
[1] “tragédie lyrique”
[2] révision de “Gillotin et son père”
[3] version révisée, avec récitatifs italiens, traduite par Giuseppe Zaffira
[4] 2° version avec récitatifs
Dernière modification: 29/02/2024