Francis Lopez (1916-1995)
Au Châtelet, après le dépôt de bilan de la société gérée par Madame Lamy (printemps 1971), puis l’échec de Double V, on s’empressa de faire appel à Francis Lopez dont une nouvelle opérette, Gipsy, venait d’être créée au Sébastopol de Lille avec de petits moyens, mais interprétée par une distribution de qualité. Gipsy, malgré la modestie des décors, des costumes et de la mise en scène, fit une brillante carrière au Châtelet, sans doute grâce au jeune ténor d’opéra José Todaro en tête d’une excellente distribution. L’ouvrage se joua 603 fois. Réussite inespérée d’un ouvrage qui fait pourtant pâle figure (au niveau de la réalisation) si on le compare avec les fastes du Chanteur de Mexico ou de L’Auberge du Cheval Blanc façon Lehmann.
Après Gipsy, le théâtre présente un nouvel ouvrage, Les Trois mousquetaires (revus et corrigés par Lopez et ses librettistes. Pauvre Alexandre Dumas ! Son œuvre a souvent été dénaturée, mais là, on a battu des records) qui est remplacé au bout de 265 représentations par Valses de Vienne auxquelles succèdera Le Pays du sourire. La Ville de Paris, en 1976, confie pour 15 ans les destinées du théâtre à Jean Bauchet qui, après une première tranche de travaux, veut frapper un grand coup. Il engage des frais importants pour Volga et réunit une distribution de qualité : José Todaro, Maria Candido, Lena Oliveira, Maurice et Sophie Baquet… Créé le 26 novembre 1976, l’ouvrage se joue jusqu’en juin 1978. En janvier 1978, les trois têtes d’affiche sont remplacées par André Jobin, Michèle Claverie et Ouliana Tchaïkovski. Après Volga, Jean Bauchet monte (à l’économie) Rose de Noël…
Pendant toute la décennie 1970, les directions successives n’ont pas compris, comme Maurice Lehmann dès le début des années soixante en montant La Polka des Lampions et Monsieur Carnaval, que l’opérette devait évoluer si elle voulait perdurer.
En 1979, le Châtelet était un grand vaisseau sans âme. Aussi, ne faut-il pas s’étonner que la Ville de Paris procède au rachat de la concession accordée à Jean Bauchet, décide de rénover le théâtre et d’en modifier la programmation, en faisant hélas table rase d’un passé prestigieux… Volga est donc la dernière opérette à grand spectacle créée à Paris. Elle peut se prévaloir d’un nombre respectable de représentations malgré un livret assez simpliste qui laisse une impression de déjà vu. Quant à la partition de Francis Lopez, elle est comme d’habitude agréable à l’oreille mais n’ajoute rien à la gloire du compositeur. A fait mieux.
— L’argument
L’action débute à Volga-Maya (Russie) en 1905 où les paysans se sont révoltés tant grande est la misère. Nous faisons la connaissance d’Anja (prononcer Annia), la patronne de l’auberge, du cruel Vassiliev qui traite les paysans comme des esclaves et du pope Patapoff, débonnaire géant grand amateur de vodka, ces deux hommes étant amoureux de la jeune femme.
Le Tzar charge le colonel Boris de capturer le mystérieux chef des révoltés ; déguisé en chanteur ambulant, l’envoyé du Tzar arrive à l’auberge où il corrige bientôt Vassiliev qui voulait embrasser de force la belle aubergiste. Entre Anja et Boris : coup de foudre immédiat… Boris se fait connaître du Gouverneur. Il ne tarde pas à se rendre compte que la misère est la seule responsable de la révolte… et que le mystérieux chef n’est autre qu’Anja !
Arrivée de la Tzarine. Son carrosse est entouré par Anja et ses amis ; la jeune femme se fait l’avocate des paysans ; émue de leur détresse, la souveraine promet d’alerter le Tzar. Pendant que Boris rejoint le Tzar pour plaider la cause des rebelles, Anja est arrêtée par le Gouverneur. Mal informé, le Tzar croit que Boris a trahi ; il sera donc exécuté en même temps que celle qu’il aime. Mais la Tzarine veille… Imitant la Sissi que l’on rencontre dans moult autres opérettes, elle apprendra la vérité au souverain et le convaincra d’accorder l’amnistie générale. Nommé Gouverneur de Volga-Maya, Boris épousera Anja…
— La partition
Acte I : Ouverture ; Chœur et ballet des tambours ; Marche des cosaques (la Tzarine) ; Ballet ; Entrée de Boris ; « Ma Russie » (Boris) ; « Guishi-Guisha » (Kosako et les filles) ; « Tovaritch » (Boris, Kosako) : « L’auberge de la Volga » (chœur et ballet) ; « Les cloches de Saint-Pétersbourg » (Anja) ; « L’amour fait danser les filles » (Boris) ; Quatuor « Nitchevo » ; Ballet des moissons ; « le temps des moissons » (Anja) ; « Volga » (Boris et tous) ; « Vengeance » (Vassiliev) ; « Paysans mes frères » (la Tzarine) ; « Lia Was Liou Blou » (Boris) ; Ballet ; Final I
Acte II : Chœur ; « Pour le Tzar » (Vassiliev) ; Le rêve de Natacha ; ballet des bâtons ; « Anja » (Boris) ; « Je n’avais plus qu’elle au monde » (Patapoff) ; Ballet ; Trio « La vie de famille » ; Quintette « La loi du destin » ; « J’ai pleuré » (Anja) ; « Ma troïka » (Boris) ; Quatuor ; Final
— Fiche technique
Volga
Opérette à grand spectacle. Musique de Francis Lopez, airs additionnels d’Anja Lopez ; adaptation musicale de Paul Bonneau ; livret de Claude Dufresne et Paul Muller, lyrics de Jacques Plante; réalisation scénique de Jean Bauchet assisté de Fred Pasquali et Stanislas Zmarzlik; décors de Pierre Sionini; costumes de Bronislaw Raïkowski; chorégraphie de Stanislas Zmarzlik.
Création à Paris, théâtre du Châtelet, le 26 novembre 1976 avec :
Maria Candido puis Michèle Claverie (Anja), Lena Oliveira puis Ouliana Tchaïkovski (la Tzarine), Sophie Baquet (Natacha), Roberte Jan (Nina), José Todaro puis André Jobin (Boris), Maurice Baquet (Kosako), Claude Calès (Vassiliev), Gérard Chapuis (Patapoff); direction musicale, Jean Darnez.
Editions Chappell
— Discographie
Sélections vinyl 30cm
Maria Candido, José Todaro, Claude Calès. Orch. Paul Bonneau
CBS 81754
Michèle Claverie, André Jobin, Claude Calès. Orchestre Paul Bonneau
Ibach 60523
— Références
Vous retrouverez Volga dans « Opérette » n° 95, 101, 157 & 171. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 14/03/2024