Michel Berger (1947-1992)
Baptisé opéra rock par ses auteurs, Michel Berger (musique) et Luc Plamondon (lyrics), Starmania est sans nul doute le spectacle musical qui, en France, a le plus marqué les vingt dernières années du XXème siècle. Créé au Palais des Congrès le 10 avril 1979 dans une mise en scène de Tom O’Horgan, il réunit sur scène France Gall, Daniel Balavoine, Diane Dufresne, Nanette Workman… Le talent de la plupart des jeunes artistes de la création « explose » et ils deviennent des vedettes à part entière. Les chansons du spectacle, « Les uns contre les autres », « Le monde est Stone », « Quand on arrive en ville », seront vite populaires. En 1980 et 1986, Starmania est donné à Montréal, chaque fois dans une mise en scène nouvelle et avec des interprètes différents.
En 1988, une nouvelle production, allégée par rapport à la version d’origine, est conçue de façon à pouvoir être accueillie sur les scènes de province. Elle est jouée au théâtre de Paris puis au théâtre Marigny du 15 septembre 1988 à novembre 1989, avant de partir en tournée.
À l’époque, Michel Berger déclarait dans « Télé 7 jours » :
« Quand nous avons écrit Starmania, nous avions cru faire de la science-fiction en annonçant des villes où l’on vivrait enterré dans de profondes galeries. Voyez les galeries souterraines du Forum des Halles, voyez l’influence de la télé sur la politique, la littérature… ».
Après avoir été « prophétique » lors de sa création, Starmania se veut d’une actualité brûlante. Sans doute l’une des raisons de la réussite insolente de ce spectacle musical qui a brillamment terminé le XXème siècle. En 1992, un album de l’ouvrage sort en version anglaise sous le titre de Tycoon. Il est rapidement vendu à 500 000 exemplaires.
Le 28 septembre 1993, une nouvelle version française est programmée à Mogador, l’adaptation anglaise étant donnée dans ce même théâtre chaque vendredi. La mise en scène est signée Lewis Furey. Entre deux tournées, cette production fait régulièrement escale à Paris pour de nouvelles séries de représentations : au Palais des Congrès (20 octobre 1995 et 22 octobre 1996), au Palais des Sports (24 octobre 1997), au Casino de Paris (du 29 octobre 1998 au 25 avril 1999 pour les 20 ans de l’ouvrage et à la rentrée 1999 jusqu’au 6 février 2000).
Starmania est à nouveau repris à Paris à partir du 4 novembre 2022 à La Scène Musicale, dans une mise en scène complètement revue de Thomas Jolly, avec introductions de danses. La chorégraphie est de Sidi Larbi Cherkaoui, la scénographie, d’Emmanuelle Favre et les costumes imaginés par Nicolas Ghesquière. Avec : Côme, Lylia Adad, Manet-Miriam Baghdassarian, Alex Montembault, Adrien Fruit, David Latulipe, Magali Goblet, Simon Geoffroy.
— L’argument
Monopolis, nouvelle capitale de l’occident, est terrorisée par les Étoiles Noires, une bande ayant pour chef Johnny Rockfort, qui agit sous l’emprise de Sadia, étudiante agitatrice, fille de la haute société, qui se travestit le soir pour descendre dans les souterrains et donner ses ordres. Ils se rencontrent à l’Underground Café, sous le regard amusé de Marie-Jeanne, la serveuse automate.
Au-dessus de ce café souterrain s’élève la Tour Dorée, un building de cent étages au sommet duquel se situe le bureau de Zéro Janvier, milliardaire qui se lance dans la politique en devenant candidat à la Présidence de l’Occident. Il base sa campagne électorale sur le retour à l’ordre et sur l’édification du nouveau monde atomique. Zéro Janvier devient ainsi l’ennemi juré de Johnny Rockfort et des Etoiles Noires.
C’est dans ce contexte que se nouent et se dénouent trois histoires d’amour parallèles : l’amour impossible de Marie-Jeanne pour Ziggy, jeune disquaire androgyne et mythomane, l’idylle sensationnelle de Zéro Janvier avec Stella Spotlight, un sex-symbol qui vient de faire ses adieux au cinéma, et surtout, l’amour-passion de Johnny Rockfort et de Cristal, véritable nœud de l’intrigue.
Cristal, présentatrice-vedette d’un show télévisé intitulé Starmania, reçoit un coup de fil de Sadia qui lui propose une interview clandestine de Johnny Rockfort dont nul ne connaît le visage.
Le rendez-vous a lieu à l’Underground Café. Cristal et Johnny ont le coup de foudre l’un pour l’autre et elle s’enfuit avec lui. Sadia perd ainsi son emprise sur Johnny. Cristal décide de devenir le porte-parole des Étoiles Noires en envoyant des messages-pirates grâce à une caméra à neutrons qui lui permet de s’emparer des ondes de la télévision.
Sadia, furieuse de jalousie, ira dénoncer Johnny et Cristal à Zéro Janvier, le soir où celui-ci célèbre ses fiançailles avec Stella Spotlight au Naziland, une gigantesque discothèque tournante qui surplombe Monopolis. Les Étoiles Noires avaient justement choisi ce soir-là pour faire exploser une bombe dans la Tour Dorée.
Les hommes de Zéro Janvier poursuivent les Étoiles Noires. Cristal est touchée et meurt dans les bras de Johnny. L’ombre de Johnny Rockfort planera sur la victoire de Zéro Janvier, élu Président de l’Occident. Deux forces vivent qui s’opposent, deux dangers qui menacent le monde.
Stella Spotlight, dégoûtée par le pouvoir politique, retourne à son rêve d’immortalité. Marie-Jeanne quitte le monde des souterrains pour partir à la recherche du soleil.
Source de l’argument : dossier de presse du spectacle
— La partition
(reprise 1968)
Acte I : « Monopolis » (Cristal) ; « Il se passe quelque chose » (Roger-Roger) ; « Quand on arrive en ville » (Johnny Rockfort, Sadia) ; « Travesti » (Sadia) ; « La complainte de la serveuse automate » (Marie-Jeanne) ; « Starmania » (Cristal) ; « Interview de Zéro Janvier » (Cristal, Zéro Janvier) ; « Le blues du businessman » (Zéro Janvier) ; « Un garçon pas comme les autres » (Marie-Jeanne) ; « Un enfant de la pollution » (Ziggy) ; « La chanson de Ziggy » (Ziggy, Marie-Jeanne) ; « Interview de Johnny Rockfort » ; « Banlieue Nord » (Johnny Rockfort) ; « Coup de foudre » (Cristal, Johnny Rockfort) ; « Discours électoral » (Zéro Janvier) ; « Petite musique terrienne » (Cristal, Johnny Rockfort) ; « Monopolis » (Cristal, Johnny Rockfort)
Acte II : « Il y a de la police dans toute la ville » (Ziggy, Marie-Jeanne) ; « Les adieux d’un sex-symbol » (Stella Spotlight) ; « Lettre de Zéro Janvier à Stella Spotlight » (Stella Spotlight, Zéro Janvier) ; « Trio de la jalousie » (Sadia, Cristal, Johnny Rockfort) ; « Besoin d’amour » (Cristal) ; « Jingle » de Stella Spotlight) ; « Interview de Zéro Janvier » (Roger-Roger, Zéro Janvier) ; « scène de ménage » (Stella Spotlight , Zéro Janvier) ; « Ego Trip » (Stella Spotlight , Zéro Janvier) ; « Quand on a plus rien à perdre » (Cristal, Johnny Rockfort) ; « Duo d’adieu » (Ziggy, Marie-Jeanne) ; « Les uns contre les autres » (Marie-Jeanne) ; « Disc Jokey’s song » (Ziggy) ; « Ce soir on danse au Naziland » (Sadia) ; « La dénonciation » (Sadia, Zéro Janvier) ; « Tango de l’amour et de la mort » (Stella Spotlight , Sadia) ; « Mort de Cristal » (Cristal) ; « S.O.S. d’un terrien en détresse » (Johnny Rockfort), « Arrestation de Johnny Rockfort » ; « Victoire électorale de Zéro Janvier » (Roger-Roger, Stella Spotlight , Zéro Janvier) ; « Le rêve de Stella Spotlight »(Stella Spotlight) ; « le monde est Stone » (Marie-Jeanne)
— Fiche technique
Starmania
Opéra rock en 2 actes de Michel Berger (musique) et Luc Plamondon (paroles).
Création à Paris, Palais des Congrès le 10 avril 1979 avec :
France Gall, Diane Dufresne, Nanette Workman, Fabienne Thibault et Daniel Balavoine ; mise en scène de Tom O’Horgan.
Nouvelle version créée le 15 septembre 1988 au théâtre de Paris, puis repris au théâtre Marigny avec Martine Saint-Clair, Wenta, Mauranne, Luc Lafitte, Norman Groulx, Richard Groulx, Renaud Hantson ; mise en scène de Michel Berger et Luc Plamondon.
Reprise du 28 septembre 1993 à Mogador : Luce Duffault (Marie-Jeanne), Patsy Galant (Stella Spolight), Judith Bérard (Cristal), Jasmine Roy (Sadia), Bruno Pelletier (Johnny Rockfort), Michel Pascal (Zéro janvier), Franck Sherbourne (Ziggy); mise en scène de Lewis Furey; direction musicale, Jeff Fischer ou Serge Perathoner; éclairages, Alain Lortie; costumes, Philippe Guillotel; décor, Jean-Jacques Gernolle.
Nouvelle version à Paris du 4 novembre 2022 à La Scène Musicale ; Côme, Lylia Adad, Manet-Miriam Baghdassarian, Alex Montembault, Adrien Fruit, David Latulipe, Magali Goblet, Simon Geoffroy. Mise en scène complètement revue de Thomas Jolly, avec introductions de danses, chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui, scénographie d’Emmanuelle Favre et costumes de Nicolas Ghesquière.
Editions Carisch
— Discographie
De nombreux enregistrements de Starmania ont été édités en vinyl, en CD selon les versions : en 1978, 1979, 1988, 1994, et en DVD
— Références
Vous retrouverez Starmania dans « Opérette » n° 32, 69 , 73, 89, 97, 108, 114, 153 & 206. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 09/03/2024