C’est au cœur des Pyrénées, près d’Hasparren, que vit le jour, le 29 août 1919, le futur ténor. Issu d’une famille de condition modeste, il travaille très tôt. Il débute comme chasseur à l’Hôtel George V, puis exerce diverses professions et envisage sérieusement de devenir coiffeur. Mais, pendant ses loisirs, il chante pour son plaisir… et, fin 1938, il remporte plusieurs crochets radiophoniques. En 1939, sans avoir jamais travaillé sa voix, il obtient le premier prix (sur 110 candidats) du concours des ténors pour l’Opéra et l’Opéra-Comique avec le grand air de La Bohème ; bientôt, il remporte le grand concours de la chanson française à Nice en interprétant « Tiritumba ».
Adieu brosses à cheveux et bigoudis : il sera chanteur… et entre au Conservatoire de Paris…
1939, la guerre, la captivité… Libéré, le jeune Rudy est engagé dans les chœurs au Châtelet comme « triplure » de Maurice Vidal (1941). Et le miracle a lieu : il chantera plusieurs fois Johann Strauss fils de Valses de Vienne au cours de la série de représentations. Il est remarqué par Henri Varna qui lui offre un rôle dans un tableau d’une de ses revues au Casino de Paris puis, au Palace, dans la « comédie à couplets » La Concierge est dans l’escalier (1946) où il est le partenaire de Jane Sourza et Raymond Souplex.
Début 1947, Luis Mariano abandonne son rôle dans La Belle de Cadix au Casino Montparnasse. Plusieurs ténors dont Rudy terminent la série de représentations.Nous retrouvons notre ténor à la Gaîté-Lyrique le 3 avril 1949 dans Sou-Chong du Pays du Sourire. Il s’agira de la première reprise parisienne d’après guerre du chef-d’œuvre de Lehár et le jeune chanteur se montrera le digne successeur de ses aînés, Louis Izar, Willy Thunis ou José Janson.
Au Canada, il devient très populaire et interprète Andalousie (1949), La Belle de Cadix (1950), puis Le Brigand d’Amour, l’opérette qu’il vient de créer en France (Lyon, 1950). En 1951, il tourne son premier film musical, Musique en tête, avec Jacques Hélian et son orchestre.
Nous retrouvons Rudy en 1952 au Théâtre de l’Étoile pour une création : Les Caprices de Vichnou puis, bientôt au Châtelet dans Le Chanteur de Mexico où il prend une nouvelle fois la suite de Mariano. Le passage du relais s’effectue sans à coup et le succès du spectacle ne pâtit pas du changement de tête d’affiche. Rudy assurera dans ce temple de l’opérette plus de représentations du Chanteur que son créateur…
Nouveau film musical, Le Collège en Folie (1953), puis retour à la Gaîté-Lyrique en août 1954 pour une série de représentations d’Andalousie. L’année suivante, il chante en tournée une nouvelle version de l’opérette Pour toi, de Georges Dhérain (Georges Prêtre) devenue L’Inconnue de Saint-Moritz.
Nouveau film, L’Auberge Fleurie (1956) avec Geneviève Kervine et Noël Roquevert puis rentrée au Châtelet pour une création, Maria-Flora d’Henri Betti. La création suivante de Rudy, Farandole d’Amour, musique de Jack Ledru, est donnée au Casino d’Enghien (21 juillet 1962) point de départ d’une tournée en province. En juillet 1964, il est de retour au Châtelet pour une reprise de Méditerranée qu’il chante 181 fois.
Nouvelle création du ténor à Lille en 1968 : Rendez-vous à Paris, une opérette de Georges Liferman et Jacques Mareuil qui ne fera jamais escale à Paris, mais qui visitera la France entière.
Enfin ! En 1959, Francis Lopez compose pour la première fois une opérette spécialement à l’intention du ténor : dans Viva Napoli, Rudy campe un Bonaparte très crédible. Viva Napoli ! sera donné 100 fois par son créateur l’année suivante à Mogador. Les créations vont ensuite se raréfier dans la capitale et il faudra attendre l’année 1987 et Fandango de Lopez, pour que les Parisiens retrouvent Rudy sur une scène d’opérette…
Dans cette évocation de la carrière de Rudy Hirigoyen, à part ses premières tournées canadiennes, nous nous sommes limités à citer ses interventions dans la capitale et ses créations. Mais il faut savoir que pendant cinquante années, entre ses étapes parisiennes, le ténor n’a pas cessé de parcourir la France profonde, la Belgique, la Suisse, le Canada, sans oublier l’Afrique du Nord (Alger et Oran notamment). Avec les ouvrages que nous avons cités mais également avec d’autres opérettes créées par Mariano, Guétary, Tino Rossi ou Dassary, qu’il a reprises en les marquant de sa personnalité : La Route Fleurie, La Toison d’Or, Le Prince de Madrid, le Secret de Marco Polo, Méditerranée, Naples au Baiser de Feu. Il a également mis à son répertoire Gipsy, créée par José Todaro.
Rudy Hirigoyen, surtout après 1945 et au cours des années cinquante, a effectué de nombreux tours de chant et galas lyriques (notamment avec Mado Robin). Il a participé à de nombreuses émissions de radio et enregistré plusieurs opérettes pour la télévision : La Belle de Cadix (1958), Andalousie (1961), Viva Napoli ! (1978). Ajoutons qu’il a gravé sur microsillon la quasi-totalité des ouvrages qu’il a interprétés.
Jean-Claude Fournier
—Discographie
Rudy Hirigoyen a enregistré de nombreux disques, chansons et opérettes. Nous rappellerons ci-dessous ses principaux disques d’opérettes en 33T :
– Andalousie (Lopez) avec Janine Ribot. Dir. Jacques Météhen (33T 30cm)
– La Belle de Cadix (Lopez) avec Janine Ribot, Odette Lost, Willy Clément, Jack Claret. Dir. Georges Derveaux (33T 30cm)
– Le Chanteur de Mexico (intégrale) avec Cathy Albert, Monique Bost, Line May, Christian Borel. Dir. Jo Moutet (2x33T 30cm)
– Le Chanteur de Mexico (Lopez) avec Janine Ribot, Lisette Jambel, Jack Claret. Dir. Paul Bonneau (33T 30cm)
– Fandango (Lopez) avec Chris Keller (33T 30cm)
– Maria-Flora (Betti) avec Liliane Lanson et Jean Vallin. Dir. Paul Bonneau (33T 25cm)
– Méditerranée (Lopez) avec Janine Ribot, Lisette Jambel. Dir. Jacques Météhen (33T 30cm)
– Le Pays du Sourire (Lehar) avec Janine Ribot, Christiane Harbell et Pierre Germain. Dir. Jacques Météhen (33T 30cm)
– Rendez-vous à Paris (Liferman) avec Eliane Varon, Florence Raynal, Luc Barney. Dir. Paul Bonneau (33T 30cm)
– La Route Fleurie (Lopez) avec Angelina Cristi et Henri Genès. Dir. Christian Lalune (33T 30cm) (réédité en CD par la firme Laserlight)
– Viva Napoli ! (Lopez) avec Nicole Broissin, Eliane Varon et Luc Barney. Dir. Paul Bonneau (33T 30cm)
Jean-Claude Fournier
— Références
Vous retrouverez Rudy Hirigoyen dans « Opérette » n° 34, 63, 95, 101 (dossier), 117, 118 & 157. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification : 23/02/2024