Rêve de valse

Oscar Straus (1870-1954)

 

Le 2 mars 1907, le théâtre An der Wien « bruisse des mêmes frissons qu’un an et demi auparavant lorsque La Veuve Joyeuse y fut représentée » (1). Ce soir, on donne Rêve de Valse d’Oscar Straus, sur un livret de Felix Dörmann et Leopold Jacobson. Le succès sera une fois encore au rendez-vous…
À Paris, l’ouvrage est créé au théâtre Apollo sitôt les représentations de La Veuve Joyeuse terminées (3 mars 1910). La première enchante un public séduit par les prestations d’Alice Milet (la princesse), Marfa Dhervilly (Frédérique), Henri Defreyn, le créateur de Danilo (Fonségur), Paul Ardot (Lothar), Saturrnin Fabre (Joachim), Charles Casella (Moussy) et surtout par la Franzi d’Alice Bonheur sur laquelle la presse de l’époque ne tarit pas d’éloges : « C’est avec esprit qu’elle chante et sa voix si claire dans le haut, trouve des caresses, des inflexions charmantes pour exprimer l’attirante mélancolie de la valse viennoise ».

Le « Bruyas » ne signale que trois reprises de Rêve de Valse à Paris avant 1940 : 1914 (Apollo), 1922 (Folies-Dramatiques) et 1929 (Trianon-Lyrique). Elles ont été en réalité plus nombreuses, le plus souvent données dans de petites salles comme Grenelle-Théâtre, le théâtre Cluny ou le théâtre Moncey, mais aussi à la Gaîté-Lyrique (1938).

Après 1945, l’événement a été la reprise donnée à Mogador par Henri Varna le 22 mars 1947. Événement, car l’ouvrage a été joué 300 fois consécutivement, soit trois plus qu’à la création. Événement, car il marquait les débuts parisiens de Marcel Merkès (Fonségur) et Paulette Merval (Franzi). Le célèbre couple devait interpréter, toujours à Mogador, une nouvelle production de Rêve de Valse en 1962 (250 représentations). Ils assurèrent plusieurs longues séries de l’ouvrage en province. Une reprise de Rêve de Valse a encore eu lieu à Mogador en 1976 avec Michel Philippe et Odette Romagnoni (environ 150 représentations).

(1) Didier Roumilhac dans « Opérette » n° 65

L’argument

L’action se déroule en 1907
Lors d’un bal à la cour de Vienne, le beau lieutenant français Maurice de Fonségur a embrassé dans le cou la Princesse héritière de Snobie que, de loin, il a pris pour sa cousine. Pour éviter le scandale, il doit l’épouser. La Princesse est ravie, mais Maurice, qui ne songe qu’à courir le guilledou, cherche en vain un moyen pour échapper au mariage.

Acte I :
Une salle d’apparat à la cour du Grand-Duc de Snobie, Joachim VII.

La cérémonie du mariage, malgré les efforts du Grand-Duc, ne se déroule pas sans incidents. Fonségur fait un discours désobligeant pour sa nouvelle patrie et se dispute sans arrêt avec le Prince Lothar, le ridicule neveu de Joachim, qui caressait l’espoir d’épouser sa cousine. Fonségur apprend que son mariage sera annulé si, dans un délai convenable, les Cieux ne bénissent pas cette union. Persuadé de trouver là le moyen de recouvrer sa liberté, il affirme à son beau-père qu’il est physiquement incapable de remplir ses devoirs conjugaux. Joachim est catastrophé, quoiqu’un peu sceptique.
Maurice rejoint sa femme pour lui souhaiter bonne nuit. Elle tente de le retenir. Un instant troublé, il se ressaisit et, prétextant une migraine, prend congé d’elle. Accompagné de son ami Moussy, il s’esquive par une porte-fenêtre pour aller s’amuser en ville, sans se douter qu’il est épié par Lothar.

Acte II :
Un jardin, dans un restaurant-concert, « genre viennois ».

Maurice se fait passer pour un officier français, ami de l’époux de la Princesse. Il fait la connaissance de l’adorable Franzi, la directrice de l’orchestre de dames viennoises. Les deux jeunes gens se plaisent visiblement et une idylle s’ébauche. Joachim, flanqué de Lothar, puis quelques instants plus tard Hélène, accompagnée de sa première dame d’honneur, font leur apparition dans le jardin, à la recherche de Maurice. Bien entendu Fonségur est bientôt surpris par sa nouvelle famille. Ne se démontant en aucune manière, il offre le bras à son épouse. Lorsque l’orchestre débute une valse, il l’entraîne dans la danse.
S’apercevant que Maurice valse avec une rivale, Franzi se précipite, sépare les époux, et fait un tour de valse éperdu avec l’officier français. Le public acclame le couple princier qu’il vient de reconnaître : Franzi s’effondre tandis que Fonségur, ,après un geste de regret vers elle, offre son bras à la Princesse.

Acte III :
Le Palais du Grand-Duc.

Hélène fait venir Franzi pour qu’elle lui apprenne comment séduire et retenir un homme. L’arrivée de la jeune musicienne bouscule les habitudes du Palais. Maurice, depuis l’incident, vit dans l’expectative, ignorant si sa nouvelle famille va passer l’éponge sur son escapade, ou le renvoyer en France. Il est d’autant plus inquiet que peu à peu, il est devenu réellement amoureux de sa femme, chaque jour plus séduisante grâce aux conseils de Franzi. La Princesse le laisse quelque temps dans l’incertitude avant de pardonner et de tomber dans ses bras.
Un violon chante. La petite Franzi s’en va tristement après avoir fait le bonheur de Maurice et d’Hélène.

La partition

Acte I : Introduction, chœur et cortège nuptial ; Couplets de Fonségur « Mesdam’s, Messieurs, c’est malgré moi » ; Duo Hélène-Fredérique « Jamais, je ne fus plus heureuse » ; Trio Fonségur, Frédérique, Joachim « Quelle tristesse » ; Duo valse « Oui, c’est une valse de Vienne » (Moussy, Fonségur) ; Duo Hélène-Fonségur « J’attends toujours » ; Final.

Acte II : « C’est nous les p’tites musiciennes » (Franzi) ; Duo Franzi-Fonségur « Voyons puisque la destinée » ; Octuor Lothar, Joachim et les musiciennes « Suivant une loi commune » ; Trio Hélène-Franzi-Frédérique « Ah ! soyez aimable de grâce » ; Duo bouffe Lothar-Franzi « Moi de la flûte j’ai le don » ; Final « Pas possible, il est pris ».

Acte III : Trio Fonségur-Joachim-Lothar « Que le diable les emporte » ; « Amour printanier » (Franzi) ; Duo Frédérique-Franzi « Ah si j’étais artiste » ; Final « Je te pardonne, c’est le passé ».

Fiche technique

Rêve de Valse (Ein Walzertraum)
Opérette en 3 actes de Felix Dörmann et Leopold Jacobson. Musique d’Oscar Straus. Création à Vienne (Autriche) au Carltheater le 2 mars 1907.
Version française de Léon Xanrof et Jules Chancel, créée à Bruxelles le 30 janvier 1910 et à Paris (Apollo), le 3 mars 1910.
Distribution de la création parisienne : Alice Bonheur (Franzi), Alice Milet (Hélène), Marfa Dhervilly (Frédérique), Henri Defreyn (Fonségur), Paul Ardot (Lothar), Saturnin Fabre (Joachim), Charles Casella (De Moussy).
Editions Max Eschig.

— Discographie

Sélections

Mado Robin, Liliane Berton, Michel Dens, Louis Noguera. Orchestre, direction Louis de Froment
EMI C 057 10351

Colette Riedinger, Marthe Amour, Reda Caire, Bernard Alvi. Orchestre, direction Richard Blareau
Universal Accord 4428112 (+ Valses de Vienne) (2CD) & Decca ACB 911 (1 V)

Paulette Merval, Rolande Riffaud, Marcel Merkès, Jean-Louis Simon. Orchestre, direction Jacques Météhen
CBS 63 155

Colette Muzart, Lina Dachary, André Dassary, Guy Godin. Orchestre, direction Hans Killer
Vega 30 LT 13039

Renée Doria, Jacques Luccioni, Geori Boué, André Mallabrera. Orchestre, direction Wilhem Schrinkler
Opérama OPE 1003

Marina Hotine, Mireille Martin, Henri Gui, Pierre Giannotti. Orchestre, direction Jésus Etcheverry.
Philips P 77 121 L

Marie Darclée, Charles Collins, Pierre Dorbec. Orchestre, direction Franz Reinold
Musidisc CV 1004

Mado Robin, Liliane Berton, Michel Dens, Louis Noguera. Orch. Louis De Froment
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.1 (origine EMI) (3 CD) (+ [J.Strauss] Valses de Vienne + Sang Viennois + Une Nuit à Venise + [O.Straus ] Trois Valses)

Références

Vous retrouverez Rêve de Valse dans « Opérette » n° 65, 99, 134, 164, 172, 178, 186, 193, 202, 205 & 210. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 03/03/2024

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