Baryton et comédien fantaisiste à la carrière bien remplie !
Au cours du Festival Lyrique de Lamalou-les-Bains, nous avons interviewé Jean-Pierre Duclos ; il y joue deux rôles bien différents : celui de Brenner dans Gypsy, de Francis Lopez, et celui de Bridaine dans Les Mousquetaires au couvent, de Louis Varney.
Comment l’aventure dans le monde du spectacle a-t-elle démarré ?
Je suis, comme on dit, un petit gars de la Rochelle. J’ai baigné très tôt dans le milieu artistique, mes parents étant de la partie : mon père, comédien, ma mère, chanteuse lyrique, m’ont tous deux donné envie de les rejoindre dans ces métiers qui me faisaient rêver.
Mon premier émoi artistique fut peut-être d’entendre Régine Crespin interpréter l’air du saule d’Othello de Verdi, dès mon plus jeune âge.
Parlez-nous de vos premiers pas sur scène…
J’ai fait partie des petits chanteurs à la Croix de bois, de l’âge de dix ans jusqu’à la mue (à l’âge de quatorze ans), avant d’intégrer le Chœur Philharmonique de la Rochelle.
Un souvenir marquant de cette époque me vient en tête : un oratorio magnifique, interprété par les solistes Bernard Plantey et Nadine Sautereau.
Il semble que tout se soit alors rapidement enchaîné ?
Dégagé des obligations militaires, un emploi alimentaire fixe aux télécoms m’a permis de suivre le Conservatoire d’Art Lyrique de Serge Clin, ainsi que le petit Conservatoire de Mireille. Désireux de compléter l’apprentissage des disciplines indispensables que je souhaitais acquérir, je suivis des cours de modern jazz et de claquettes. Les artistes masculins ne dansant pas à cette époque, j’innovais dans ce sens-là !
La formation classique est arrivée un peu plus tard, avec les cours de chant dispensés par Denise Monteil – soprano à l’Opéra de Paris. Je découvris parallèlement toutes les beautés de la musique classique et de l’art lyrique !
Vous étiez alors prêt pour démarrer un parcours artistique qui ne s’est jamais terminé ?
Le concours de fin d’année dans la classe d’opérette de Serge Clin m’a permis d’obtenir le premier prix. Il m’a, de fait, encouragé à travailler les emplois de “fantaisiste à voix” qui semblaient me convenir le mieux. C’est aussi à cette période que j’ai rencontré Michèle Herbé qui m’a prodigué de bien précieux conseils.
Voir jouer et écouter chanter de grands talents comme Michèle vous fait grandir ; de même côtoyer Alain Vanzo dans Le Pays du sourire constitua un des modèles de professionnalisme auquel je pense régulièrement.
Le théâtre est – vous nous le disiez – un art capital et complémentaire au métier de chanteur ?
Tout à fait ! C’est pour cette raison que, dès mes débuts, j’ai suivi des cours d’art dramatique à La Chamade (interprétant des textes allant de Molière à Fassbinder) qui m’ont amené en Avignon par deux fois. Du théâtre d’avant-garde, je peux le dire, avec des textes de l’auteur Marcel Moratal (Un chien qui parle, Petit a et petit b), proche de Samuel Beckett, lesquels remportaient d’énormes succès à l’époque dans le off. Un spectacle sur Satie que j’ai co-écrit) reste également un magnifique souvenir.
J’allais oublier : en dehors du chant, de la danse et du théâtre, le cabaret transformiste – une autre discipline, que j’ai eu plaisir à exercer à la Calèche. De belles rencontres m’y attendaient par ailleurs !
Revenons à l’opérette, si vous le voulez bien…
Il convient d’évoquer le premier spectacle que j’ai vu tout jeune : Paganini au Théâtre Municipal de la Rochelle (hélas disparu aujourd’hui). C’était bien un signe n’est-ce pas ?
Parmi les nombreux rôles que j’ai eu la chance d’interpréter, trois se détachent nettement par leur style bien différent : Gustave du Pays du sourire, Manillon de La Belle de Cadix et Léopold de Valse de Vienne. Et je n’oublie pas mon incursion dans le rôle de Papy Joe du musical Charlie et la chocolaterie, que j’ai eu le bonheur d’interpréter à Paris. Ce fut une aventure inoubliable !
Mais j’avoue me sentir vaguement nostalgique d’une époque un peu révolue, l’opérette disparaissant peu à peu des programmations des saisons lyriques (en France en tout cas).
Il semblerait qu’Offenbach vous ait porté chance, dans des circonstances bien précises de votre carrière ?
Effectivement j’ai remporté un prix au Concours international Offenbach à Paris. J’ai par ailleurs été engagé par Jérôme Savary pour participer à ses productions de La Vie Parisienne à Montpellier, et de La Périchole (en Suisse), qui m’ont laissé d’excellents souvenirs.
Avez-vous des rêves à réaliser encore au sein du métier ?
J’ai eu la chance de jouer avec des partenaires formidables : Henri Genès, Rudy Hirigoyen, Marina Florence et tellement d’autres que je ne peux citer !
Je ne quitte pas la scène, comme vous le constatez, grâce à Annie Grenier qui m’accorde toute sa confiance. Elle m’offre ainsi l’occasion de découvrir une nouvelle génération d’artistes fort prometteurs !
Propos recueillis par Philippe Pocidalo
13 août 2024.