Rencontre avec Emmanuelle Fruchard
jeudi 30 mai 2024

Rencontre avec Emmanuelle Fruchard

Emmanuelle Fruchard (photo fournie par l’artiste)

Lors des entractes de La Belle Hélène, donnée dernièrement à Tourcoing, nous avons rencontré Emmanuelle Fruchard dont la carrière est riche de multiples facettes.

– La plus connue de ces facettes est celle de chanteuse lyrique. Comment a-t-elle débutée ?
J’ai commencé mes études à la maîtrise de Radio France à Paris. C’étaient des études à horaires aménagées avec école le matin et découverte de la musique l’après-midi, à un haut niveau : solfège, piano, violon, chœur ; puis j’ai parcouru le monde entier lors de concerts avec les plus grands chefs et les plus grandes personnalités du monde lyrique, ce qui m’a donné, très jeune, un sens de l’exigence musicale.

Que pensez-vous de l’évolution actuelle du lyrique en France et du rôle des metteurs en scène ?
Aujourd’hui, le monde lyrique a énormément évolué et les mises en scène sont souvent décriées, et à juste titre. Les metteurs en scène font la loi. Et l’on ne peut pas en vouloir au public qui ne se retrouve plus dans les ouvrages qu’il voit à l’opéra. Sous prétexte qu’il faut innover, les ouvrages n’ont souvent plus rien à voir avec l’essence même de leur livret. Beaucoup de gens me confient le fait qu’ils ne vont plus à l’opéra parce que, je cite, « ils ne comprennent plus rien ».
Aussi il est d’autant plus agréable de travailler avec un metteur en scène comme Philippe Padovani qui a monté La Belle Hélène à Tourcoing le mois dernier, car il l’a fait en connaissance de son historicité et dans le respect des traditions, sans pour autant rendre l’ouvrage poussiéreux ! 

– Parmi votre répertoire habituel, quels sont vos ouvrages préférés ?
Aujourd’hui, j’ai une prédilection pour la musique baroque des XVIIème et XVIIIème siècles, française et italienne, mais j’adore aussi le grand opéra, la musique germanique et les leader. L’un de mes récitals, dédié à Clara Schumann, s’intitule «Clara et Robert» ; il raconte l’histoire d’amour privilégiée entre le grand compositeur Robert Schumann et sa femme Clara, compositrice et pianiste de renom.

– Abordez-vous également la musique religieuse et le récital ?
Je chante très régulièrement de l’oratorio, une pratique que j’adore pour son côté très intimiste et plein d’une spiritualité qui me touche beaucoup. Quant au récital, je crois que c’est ce que je préfère ; il permet lui aussi un rapport étroit et proche avec le public, mais offre également la possibilité de chanter un répertoire choisi avec des musiciens choisis. J’adore cela !

– Je crois que vous réservez également une partie de votre temps à l’enseignement et aux interviews d’interprètes lyriques, retraité(e)s ou encore en activité
Parallèlement, à mon activité d’artiste lyrique, j’enseigne. Mes premiers professeurs m’ont toujours dit que : «une pensée claire s’énonce clairement». C’est vrai, et cela est riche d’enseignement autant pour les élèves que pour moi-même qui le dispense. Pour moi, la valeur «transmission» est fondamentale. Dans tous les domaines. C’est pourquoi j’ai créé « Secrets lyriques héritage », un format d’interviews et de documentaires dédié aux personnalités du monde lyrique qui ont marqué le siècle dernier.1 Car la transmission de l’art lyrique est avant tout orale, et il est fondamental, à mon sens, d’aller la récolter afin de la pérenniser. Malheureusement, bien que mon travail soit jugé essentiel par nombre de personnes reconnues du monde lyrique, notre société requiert avant tout de l’argent, encore et toujours, et de l’audimat.
C’est pour cela que je cherche aujourd’hui un accompagnement afin de continuer ce travail précieux qui me passionne et que je pense très important, car les artistes que je vais voir font partie du patrimoine français, de l’INA, et je serais honorée que quelqu’un prenne cela en compte et décide de m’accompagner dans cette démarche que, sinon, je devrais abandonner malgré moi. Le temps presse car naturellement ces artistes ne sont pas éternels. Peu de choses sur eux sur le Web. Ma démarche est importante et j’aimerais tant que quelqu’un me contacte pour m’aider à avancer !

J’ai réalisé un film sur Mady Mesplé et Jane Berbié, intitulé « Les étoiles du capitole » qui, à cause du covid, n’a pas été diffusé. Cela me rend triste…

– Vos projets pour la prochaine saison lyrique ?
Au mois d’août, je vais à nouveau interpréter le rôle de Metella dans La Vie parisienne, avec le Renouveau lyrique lors de festivals donnés dans le sud de la France. Puis me produire en récital avec mon ensemble Baroque Oxymore et d’autres ensembles baroques.

Propos recueillis par Bernard Crétel
30 mai 2024

1) Sur le site : emmanuelle-fruchard.com, il est possible de voir des extraits des interviews « Secrets lyriques héritage » de Robert Massard, Andréa Guiot, Françoise Pollet, Karine Deshayes, Sébastien Fournier, Jean-Sébastien Bou, Julien Behr, Laurent Naouri. Emmanuelle Fruchard est également présente sur You Tube avec divers extraits de concerts.

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