Les Mus’ Arts ont terminé leur saison avec La Belle Hélène d’Offenbach. La mise en scène classique de Philippe Padovani se veut respectueuse du texte original en maintenant certains éléments du dialogue habituellement coupés. L’originalité de ce spectacle est due à l’ajout de deux personnages dans deux nouvelles scènes parlées situées au début du second acte, après le chœur de la toilette de la reine. La première nous montre la suivante Bacchis (Meï-Ly Hanson) en conversation avec Clytemnestre (Martine Delabalette), sœur d’Hélène et épouse d’Agamemnon. La seconde, plus développée, met en présence, à sa demande, Hélène avec la Pythie de Delphes, ici une vieille femme en fauteuil roulant, autoritaire et aussi cupide que Calchas. La reine la consulte sur les conséquences possibles de son amour, jusque là refoulé, pour le beau Pâris ; si elle résiste, la Guerre de Troie n’aura pas lieu, mais si elle succombe… Cela permet d’allonger un peu le deuxième acte d’autant plus que la partie parlée du jeu de l’oie a été très raccourcie.
Les « traditions » inhérentes à ce genre de spectacle sont ici souvent remplacées par force clins d’œil à l’actualité et au « folklore » local, et c’est ainsi que le serviteur Philocôme (Bernard Pladys) se voit doté de l’accent belge. Son personnage, comme celui de Bacchis, a été étoffé.
Un seul décor, élégant, mis en valeur par des éclairages divers.
La partie musicale comportait les coupures habituelles par contre la Phocéenne, la ritournelle qui précède chaque épreuve des jeux d’esprit et dont les dissonances agacent Agamemnon, est remplacée, pour la troisième joute, par un motif beaucoup plus moderne. Signalons également que le chœur en coulisses précédant le duo du rêve « En couronne tressons les roses » a retrouvé sa place avant de reparaître au début du final.
Hélène était interprétée par la mezzo-soprano Emmanuelle Fruchard qui fit sien le personnage, aussi bien dans le jeu que dans le chant dont elle sut restituer les notes graves tout comme les vocalises éperdues de « L’homme à la pomme ». Elle avait pour partenaire le ténor Valentin Ferrari dont la prestance et la beauté émurent bien des spectatrices, plus que son jeu réservé et ses aigus un peu justes.
Le Ménélas de Philippe Padovani se caractérisait par un jeu précis et efficace lié à sa grande habitude de la scène. Notons également la prestance imposante et la voix puissante du baryton d’opéra Marc Souchet dans le rôle d’Agamemnon, le célèbre « Roi des roi », chargé avec le grand augure des peoples, le Calchas de Ludovic Crombé, d’inciter Ménélas à obéir à la volonté divine dans le célèbre « Trio patriotique » du dernier acte.
Les trois autres souverains, Achille, roi de Phthiotide, Ajax premier, roi de Salamine, et Ajax deuxième, roi des Locriens, étaient confiés à de jeunes artistes ce qui permettait de comprendre leur comportement immature, tout comme celui de l’Oreste de Thomas Marfoglia, caricaturant la vie dépravée et insouciante des riches « fils à papa » du Second Empire. Quant à l’exubérance des deux hétaïres, Léoena et Parthénis, respectivement tenues par Marion David et Marie-Chloé Crespel, elle peut également s’appliquer à une certaine jeunesse actuelle.
Tout ce beau monde était placé sous la direction du chef Pascal Chardon à la tête d’une vingtaine de musiciens.
Nous avons remarqué, dans la mise en page du programme du à Mme Annie Caudrelier, des renseignements historiques très précis sur chacun des personnages grecs cités dans la pièce, ainsi que quelques détails sur le livret de Meilhac et Halévy.
En fin de spectacle, la saison prochaine nous a été présentée par Martine Royer, la Présidente des Mus’ Arts ; elle nous offrira trois opérettes de styles différents : La Belle de Cadix (27 octobre 2024), Pas sur la bouche (16 février 2025) et Valses de Vienne (6 avril 2025).
– Annonce :
Les Mus’ Arts de Tourcoing recherchent pour leurs prochaines opérettes des chanteurs tous pupitres disponibles pour assurer chœurs et rôles. Pour information, téléphoner au 06 30 83 15 00.
Bernard Crétel
7 avril 2024
