Naples au baiser de feu

Naples au baiser de feu

Renato Rascel (1912-1991)

 

Né en 1907, Tino Rossi avait 46 ans lorsqu’il tourna son dernier film (Tourments, 1953). D’après Gérard Trimbach, qui fut l’un de ses proches, le chanteur corse s’estimant trop âgé pour continuer à jouer les jeunes premiers sur le grand écran et encore trop jeune pour interpréter les pères, s’intéressa alors à l’opérette à grand spectacle. D’autant que, marié et père de famille, il souhaitait se retrouver le plus souvent possible à Paris auprès des siens.

Il aurait pu donner la préférence à Henri Varna qui, en 1934, lui avait permis de faire des débuts éclatants dans la revue Parade de France au Casino de Paris. Mais c’est Maurice Lehmann et le théâtre du Châtelet qui eurent le privilège d’accueillir les premiers Tino Rossi dans l’opérette. Méditerranée, de Francis Lopez et Raymond Vincy, créée le 17 décembre 1955 totalisa 572 représentations. Essai réussi. L’ouvrage quitta le Châtelet au printemps 1957 et quelques mois plus tard, Tino rejoignait Henri Varna, le redoutable concurrent de Maurice Lehmann.

Naples au baiser de feu, est une adaptation pour la scène par Marc Cab, Henri Varna et René Richard, du célèbre film interprété en 1937… par Tino Rossi. La musique du film était signée Vincent Scotto, celle de l’opérette, du compositeur italien Renato Rascel.

Créée le 7 décembre 1957, Naples au baiser de feu se joue jusqu’au 1er mars 1959. Bien entendu, l’ouvrage fait ensuite carrière en province. En particulier, Rudy Hirigoyen l’interpréta en tournée. Puis, Naples disparut du répertoire des théâtres de France ; Richard Finell, alors directeur de la saison lyrique, fit revivre l’ouvrage à Rochefort les 26 et 27 mai 1990. Brève résurrection.

Enfin, cette opérette française composée par un musicien italien, fut adaptée en italien et créée à Naples, au Castel dell’Ovo, le 22 juillet 1999. L’ouvrage se joua un mois, avec grand succès, dit-on, avec, dans les premiers rôles Mauro Gioia et Marisa Laurito. Naples Brucia d’amor fut repris du 14 au 23 janvier 2000 au Teatro Augusteo de Naples.

Lors de la création parisienne, la critique, dans l’ensemble, fut bonne :< « Il apparaît, il chante, il est aimé : procédé rapide, efficace, pratique. Tel est le succès de Tino Rossi, tel est I’argument de Naples au baiser de feu, nouvelle opérette proposée à ses fidèles par le théâtre Mogador. Que Tino Rossi est donc une vedette rassurante et paisible ; points d’éclats ni d’effets faciles, quelques canzonettas et le charme agit. Fastes, lumières et clinquants sont ici l’œuvre du décorateur José de Zamora qui a regardé Naples sous vingt-trois angles différents pour nous apporter son impression des ruelles, d’un cabaret à la mode, du port, de la baie, de la cathédrale ou du Vésuve en éruption … »(1).
« Sérénade pour un ange », « Te voglio bene », « Chanson napolitaine », « Prière à San Gennaro », et surtout « Naples au baiser de feu », plein de couleur et d’accent, seront demain sur toutes les lèvres… Tino Rossi trouve ici un rôle à sa taille et il y déploie son charme habituel d’homme et de chanteur. Il est entouré de brillants partenaires : Jenny Marlaine, Arlette Patrick, Simone Alex, Pierjac, Daxély, fort savoureux, et particulièrement Jacqueline Mille, pétulante, spirituelle, qui mène le jeu avec un entrain endiablé. Sans oublier les ballets d’Evelyne Gray et sa séduisante étoile : Sylvie Leroy »(2).
« Tino a gagné la partie. Le Napoléon de la chanson de charme compte une nouvelle victoire. Avec l’aide fiévreuse d’un Henri Varna plus volcanique (sic) que jamais, il balaye tout sur son passage. Tino demeure Tino. Nonchalance à la voix de velours. Et quelle facilité vocale ! Comme la musique de Renato Rascel l’avantage encore, on imagine les effets qu’il peut tirer de ses chansons » (3).

(1) Claude Baignères (« Le Figaro » du 16 décembre 1957).
(2) André Ransan (« L’Aurore » du 17 décembre 1957).
(3) « Le Cri de la France » du 23 décembre 1957.

— L’argument

« Naples au baiser de feu » est le titre de la chanson qu’Antonio chante chaque soir à la terrasse d’une trattoria de Santa Lucia, où son ami Raffaelo est écailleur… Bientôt le dieu Amour va lancer quelques flèches et faire des dégâts qui auront bien besoin de deux actes pour ne plus laisser de traces.
Une idylle s’ébauche entre le chanteur et la jolie Sylvia, l’une de ses nombreuses admiratrices. La gouvernante de cette dernière, Assunta, est amoureuse de Raffaelo qui, lui, n’a d’yeux que pour la capiteuse Costanzella.
Provocante, cette dernière attire l’attention d’Antonio et notre chanteur ne résiste guère : il chante un air dédié à la belle lors du concours de chant de Piedigretto. Antonio triomphe, gagne l’amour de Costanzella et devient un compositeur célèbre tandis que Sylvia s’enferme dans son désespoir.

Déçu, trahi par son ami, Raffaelo s’engage dans un cirque…
Antonio se rend bien vite compte que l’amour de Costanzella est guidé par l’intérêt. Elle veut profiter de la notoriété de son ami pour devenir elle-même une vedette. Il finit par la chasser de son coeur et rêve de Sylvia… qui est à Naples pour oublier Antonio. Celui-ci décide d’aller la retrouver. Mais, partie dans la campagne, la jeune fille est surprise par une éruption du Vésuve. Elle est grièvement blessée et devient aveugle. Antonio ne la quitte plus… Il n’y a plus qu’à attendre un miracle.
Celui-ci se produira le jour de la fête de San Genarro. Antonio supplie le Saint qui, comme de bien entendu, ne peut résister à cette voix ensorcelante. Sylvia épouse Antonio, Raffaelo retrouve Assunta et Costanzella s’en va aux Amériques chercher la gloire.

— La partition

Acte I :  Ouverture  ; Choeur « Cuisine transalpine » ; « Prends ton temps mon ami » (Raffaelo) ; « Naples au baiser de feu » (Antonio) ; « Sciu Sciua boys » (Assunta) ; « Sérénade pour un ange » (Antonio) ; Choeur des barques ; « Te voglio bene » (Antonio) ; « L’amour viendra » (Assunta, Raffaelo) ; « La rue chante au soleil » (Sylvia) ; « Costanzella » (Antonio) ; Final I

Acte II : Choeur des baladins ; « Une chanson napolitaine » (Antonio) ; « Sans toi » (Antonio)  ; « Moi, j’ai ça » (Costanzella) ; Choeur « Capri » ; « Quand on s’aime à Capri » (Sylvia) ; Choeur « Fête à San Gennaro » ; Prière à San Gennaro (Antonio)  ; « Une maison toute petite » (Assunta, Raffaelo)  ; Final II

Fiche technique

Naples au baiser de feu

Opérette en 2 actes et 23 tableaux de Henri Varna, Marc Cab et René Richard d’après le roman d’Auguste Badly ; musique de Renato Rascel.
Création à Paris, théâtre Mogador, le 7 décembre 1957 . Avec :
Tino Rossi (Antonio), Pierjac (Raffaelo), Daxély (Pinatucchio), Roger Canuto (Francesco), Jacqueline Mille (Costanzella), Jenny Marlaine (Sylvia), Arlette Patrick (Assunta), Simone Alex (Pastafina). Orchestration, Pierre Spiers ; direction musicale, Serge Bessière ; chorégraphie, Evelyne Gray ; décors et costumes, José de Zamora.

Discographie

Sélections

Tino Rossi, Jenny Marlaine, François Monvet, Arlette Patrick, Jacqueline Mille. Orch. Pierre Spiers
EMI C 062 15614 (V) & Marianne Mélodie 081870 (1CD)

Rudy Hirigoyen, Janine Ervil, Jacky Piervil, Lisette Jambel. Orch.Jacques Météhen.
CBS 88184 (1V).

Références

Vous retrouverez Naples au baiser de feu dans « Opérette » n° 76 & 121. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 28/02/2024

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