Jacques Offenbach (1819-1880)
En 1857, après moult interventions, Offenbach obtint enfin de la Censure l’autorisation de présenter des ouvrages comportant plus de quatre personnages. Une seule restriction est maintenue par rapport aux autres théâtres lyriques : les ouvrages ne doivent comporter qu’un acte.
En prélude aux grands spectacles qu’Orphée aux Enfers allait inaugurer quelques mois plus tard (tous les interdits seront alors levés), Mesdames de la Halle permettent au compositeur, dans une mise en scène importante, de faire évoluer de nombreux personnages et choristes. La pièce comporte sept rôles principaux, des choristes et des figurants.
L’idée de Mesdames de la Halle est ingénieuse. Elle situe cette satire des mélos genre Deux orphelines, qui « font pleurer Margot », dans le milieu si pittoresque des Halles, avec leurs marchandes au parler « fleuri » et leurs forts des Halles.
Langages de poissardes, coq-à-l’âne, lapsus, redondances se succèdent allègrement. Lorsqu’on lui présentera la lettre qui prouve que Ciboulette est la fille de Mme Poiretapée et de Raflafla, ce dernier ne répondra-t-il pas : « Je ne peux pas la lire, je n’ai pas ma canne ! ».
— L’argument
Le décor : le marché des Innocents et sa célèbre fontaine, sous le règne de Louis XV. Les dames de la Halle vantent leurs marchandises. Deux d’entre-elles, Madou et Beurrefondu (noms sous lesquels se cachent des acteurs masculins !) sont courtisées par le tambour-major Raflafla qui s’intéresse sérieusement à leurs économies. Mais les deux commères préfèrent le jeune marmiton Croûte-au-Pot (rôle chanté par une femme), lui-même amoureux de Ciboulette, marchande de fruits de son état.
Madou et Beurrefondu font des avances au jeune homme et finissent par le coiffer d’un sac pour le punir de rester insensible à leurs charmes.
Une troisième dame, Poiretapée, arrive au moment où les deux premières se crêpent le chignon, s’accusant mutuellement de se voler leurs clients. Arrivée du commissaire qui, voulant restaurer l’ordre, se retrouve plongé dans la fontaine. Les trois commères sont emmenées au poste de police.
Ciboulette reste seule… Survient Raflafla qui lui fait quelques avances. Elle le repousse, tout en se sentant attiré d’une certaine manière par lui. Elle s’éloigne. Retour de Poiretapée à son tour courtisée par le fringant militaire. Elle lui réplique qu’elle n’a pas de fortune et qu’elle a décidé de vivre seule.
Ciboulette et Croûte-au-Pot se retrouvent et s’avouent leur amour réciproque. L’arrivée de Beurrefondu fait fuir le jeune homme. Ciboulette lui raconte qu’elle a jadis été abandonnée par son père, un militaire. Bouleversée, Beurrefondu croit reconnaître en elle sa fille, jadis perdue. C’est bientôt au tour de Madou d’affirmer que Ciboulette est sa progéniture.
Les deux commères se disputent une nouvelle fois jusqu’à ce que la jeune fille produise une lettre que son père lui envoya jadis. Coups de théâtre : Ciboulette est la fille de Raflafla et de… Poiretapée. Les deux parents donnent leur bénédiction aux tourtereaux.
— La partition
Ensemble « Achetez nos légumes et nos fruits » ; Ensemble et Raflafla « Vive les dames de la Halle » ; » Ma Ciboulette » (Croûte-au-pot) ; Ensemble et Ciboulette « Je suis la petite fruitière » ; « La lune et le soleil » (Raflafla) ; « Oui, mon bonheur, le bonheur que je rêve » (Ciboulette, Croûte-au-pot) ; Ensemble « Comme le pélican blanc » ; Ensemble « Elle est bonne, bonne, bonne » ; Final « Vive les dames de la Halle »
— Fiche technique
Mesdames de la Halle
Opérette bouffe en 1 acte de Armand Lapointe, musique de Jacques Offenbach. Création au théâtre des Bouffes-Parisiens, le 3 mars 1858. Avec : Mlle Tautin (Croûte-au-Pot), Mlle Chabert (Ciboulette), Léonce (Poiretapée), Désiré (Madou), Mesmacre (Beurrefondu), Duvernoy (Raflafla), Guyot (le Commissaire)
— Discographie
Intégrale
Mady Mesplé, Michel Hamel, Michel Trempont, Jean-Philippe Lafont, Charles Burles. Orch. Manuel Rosenthal
1 coffret EMI 1731 743 (3 V) & 2 CD EMI 7493612 (+ Monsieur Choufleuri + Pomme d’Api)
DVD
Isabelle Fleur, Maryline Fallot, Jeanne-Marie Lévy, Jean-Louis Meunier, Till Fechner, Philippe Gortari, Vincent Vittoz, Frank T’Hézan. Orch. Jean-Christophe Keck
Mise en scène : Frank T’Hézan. Festival de Châteaux de Bruniquel 2006 (1 DVD) – Consulter le site www.bruniqueloff.com
— Références
Vous retrouverez Mesdames de la Halle dans « Opérette » n° 33, 50, 111, 132, 141, 147, 150, 173, 175, 178, 193 & 207. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 27/02/2024