Marcel Merkès (1920-2007) baryton-martin, et Paulette Merval (1920-2009) soprano

Marcel Merkès (1920-2007) baryton-martin, et Paulette Merval (1920-2009) soprano

Marcel Merkès est né à Bordeaux le 7 juillet 1920. Son père, chef comptable, ne s’oppose pas à sa vocation. Il peut donc entrer au Conservatoire de Bordeaux où il obtient un premier prix d’opéra, d’opéra-comique et d’opérette.
Paulette Riffaud est née le 3 novembre 1920 à La Roche-Chalais (Dordogne) où son père, expéditeur en gros, s’installe bientôt, avant, quelques années plus tard, de se fixer à Bordeaux.
Paulette fait ses études au lycée Montaigne de Bordeaux et entre au Conservatoire où elle étudie le violon. Un peu par hasard, elle entre dans la classe d’opérette… où ses études sont couronnées par un premier prix. C’est au Conservatoire qu’elle rencontre Marcel Merkès ; une idylle se noue entre les deux jeunes gens : ils convoleront en justes noces le 27 décembre 1939.

Un succès immédiat

Avant d’être appelés à chanter dans la capitale, lorsque cette ambition peut se réaliser, ce qui n’est pas souvent le cas, les jeunes artistes sont généralement tenus à parcourir la province pendant plusieurs années. Pour Marcel Merkès et Paulette Merval, tout s’est déroulé très vite. Quelques passages sur les scènes de province… et presque aussitôt un contrat pour Mogador ! Il faut dire qu’à cette époque, Henri Varna, le directeur de Mogador, comme Maurice Lehmann au Châtelet, est confronté, la guerre à peine terminée, au problème du renouvellement des distributions.
Il auditionne Marcel et Paulette et est aussitôt enthousiasmé par ce jeune couple qu’il engage sur le champ pour une reprise de Rêve de Valse (22 mars 1947). L’année suivante, il engage Marcel Merkès pour la création de la première grande opérette à grand spectacle de Vincent Scotto : Violettes Impériales, qui se joue du 31 janvier 1948 au 5 février 1950 pour la première série. Varna et Scotto souhaitant une Espagnole bon teint pour le rôle de Violetta, c’est Lina Walls qui sera la partenaire du jeune baryton.
Violettes Impériales consacre Marcel Merkès grande vedette de l’opérette. Pendant ce temps Paulette chante un peu partout, en France (Lyon et Bordeaux notamment), en Belgique et en Suisse (Genève), le répertoire d’opérette classique : Véronique, La Veuve Joyeuse, La Fille de Madame Angot

Les représentations à Mogador sont à peine terminées que Marcel crée au Châtelet, avec Lily Fayol comme partenaire, la version française de la comédie musicale Annie du Far West. Au même moment, Paulette chante au théâtre de l’Empire une reprise de Rose-Marie dans une mise en scène de Maurice Lehmann.
La naissance d’Alain Merkès ne leur permet pas de se retrouver ensemble à Mogador où Henri Varna fait appel à Marina Hotine pour donner la réplique à Marcel dans une reprise de La Veuve Joyeuse. Puis, on retrouve Paulette et Marcel au théâtre de l’Alhambra de Bruxelles où ils chantent pendant plusieurs mois Violettes Impériales avant d’interpréter le succès de Scotto à Genève et sur les grandes scènes françaises et d’expression française.

1200 représentations en trois ans et demi ! 

À Mogador ensuite, les deux vedettes créent d’abord Les Amants de Venise, l’opérette de Vincent Scotto et Paulette Zévaco, qui se joue deux ans, du 5 décembre 1953 au 9 décembre 1955. C’est un triomphe. Une nouvelle création, Les Amours de Don Juan, du compositeur Juan Morata, succède aux Amants de Venise : après 16 mois de succès, ils abandonnent leur rôle et sillonnent les routes de France, de Belgique, de Suisse, du Canada et d’Afrique du Nord. En 1956, Marcel Merkès tourne le film Trois de la Canebière d’après l’opérette de Vincent Scotto et, l’année suivante, Trois de la Marine. Paulette participe à ce second film.

Le couple idéal

Les années soixante, porteuses de la vague du « rock’n roll » et des « yé-yé », sont impitoyables pour certains artistes de variétés, emportés comme un fétu de paille… L’opérette elle-même et certains de ses artisans sont touchés. 
Imperturbables, Marcel Merkès et Paulette Merval traversent cette période sans dommage, se permettant même d’accroître leur notoriété qui culmine au moment des représentations de Vienne chante et danse (1967). Après une reprise de Violettes Impériales par Marcel Merkès, toujours sans Paulette, les époux se retrouvent ensemble sur cette même scène, le 24 février 1962, pour une reprise de Rêve de Valse. Désormais, les directeurs de théâtre ne pourront ni ne voudront les séparer sur leurs scènes. Le mythe du « couple n°1 de l’opérette » est établi et bien établi.

Dans le théâtre d’Henri Varna, ils alternent tout au long de la décennie soixante, reprises et créations, qu’ils interrompent pour de brèves tournées en province. Après Rêve de Valse, Marcel et Paulette chantent 150 fois Violettes Impériales en province, donnent quelques représentations de La Veuve Joyeuse et se retrouvent à Mogador pour une reprise de Rose-Marie particulièrement réussie (23 novembre 1963).
Nouvelle création du couple le 5 décembre 1964 : Michel Strogoff, adapté du chef d’œuvre de Jules Verne et mis en musique par Jack Ledru. Un an plus tard, Michel Strogoff et ses créateurs se font applaudir sur les scènes de province. Une tournée de La Veuve Joyeuse précède le retour à Mogador du couple pour une reprise des Amants de Venise (26 novembre 1966).
À Mogador, Vienne chante et danse (25 novembre 1967) de Jack Ledru (airs additionnels de Johann Strauss) est un nouveau succès triomphal, tant à Paris où il se joue deux ans, qu’en province ou ses créateurs le feront applaudir au cours de deux grandes tournées.

Ambassadeurs de l’opérette

La dernière représentation de Vienne chante et danse est donnée le 12 novembre 1969, quelques mois après la mort d’Henri Varna. Les deux vedettes retrouvent les grandes scènes de l’Hexagone et de Belgique avant une dernière création parisienne, Douchka, de Charles Aznavour et Georges Garvarentz (octobre 1973/août 1974). Après Paris, Douchka part deux ans en tournée. L’occasion pour Alain Merkès de faire ses débuts dans l’opérette. À partir de 1976 et pendant trois ans, une nouvelle production de Vienne chante et danse bat des records de recette.

En 1979 le couple décide de reprendre, dans une nouvelle production, Princesse Czardas de Kalman, qu’ils font applaudir un peu partout pendant cinq ans. Ce spectacle très luxueux est télévisé le 2 janvier 1983.
En 1984, Marcel et Paulette décident de se produire désormais en récital dans un spectacle intitulé Nos amours d’opérettes. Après un rodage en province, le spectacle est présenté avec succès à l’Olympia pendant trois semaines. Ce récital, avec Alain Merkès en première partie, part ensuite pour une longue tournée qui permettra à ces deux grands artistes de quitter la scène en gardant leur popularité intacte.

Bien entendu, Marcel Merkès et Paulette Merval ont enregistré les opérettes de leur répertoire (disques 33T 30cms), certains étant réédités en CD. Ils ont participé à de nombreuses émissions télévisées.

Marcel Merkès est décédé à Pessac, près de Bordeaux, le 30 mars 2007, Paulette Merval le 21 juin 2009 à Bordeaux.

Jean-Claude Fournier

Discographie

Extraits d’opérettes en 33T 30cm (CBS/ Sony) enregistrés par Marcel Merkès et Paulette Merval
Violettes Impériales (deux versions)
Les Amants de Venise (deux versions)
Vienne chante et danse (deux versions)
Douchka
Rêve de Valse (d’abord couplé avec Princesse Czardas, puis augmenté pour être diffusé sur deux faces)
Princesse Czardas (d’abord couplé avec Rêve de Valse puis avec Le Comte de Luxembourg)
Princesse Czardas (nouvelle version)
L’Auberge du Cheval Blanc (deux versions)
Rose-Marie
– No, No, Nanette
– La Veuve Joyeuse
– Valses de Vienne
– La Fille de Madame Angot
– Les Cloches de Corneville
– Véronique

Références

Vous retrouverez Marcel Merkès et Paulette Merval dans « Opérette » n° 32, 52, 63, 86, 99, 100, 117, 143, 152 & 164. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification : 10/02/2024

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