Victor Massé (1822-1884)
Le breton Victor Massé a été un compositeur prolifique et fêté. Il a laissé de charmants opéras-comiques. Bien oublié aujourd’hui, son nom s’est maintenu au répertoire grâce à l’excellent opéra-comique Les Noces de Jeannette qui, cent ans après sa création (1853) avait totalisé près de 1400 représentations sur la scène de la salle Favart.
Pour la 1487ème représentation, le 29 octobre 1960, le directeur Marcel Lamy fit appel au célèbre dessinateur Raymond Peynet (1908-1999) pour le décor et les costumes (1). Michel Dens et Liliane Berton, tous deux excellents, évoluèrent dans une mise en scène très inspirée de Robert Manuel. Les deux interprètes ne manquèrent pas d’enregistrer l’ouvrage dans la célèbre collection « Plaisir Musical » de Pathé Marconi (Emi), sous la direction de Paul Cruchon.
« Les Noces de Jeannette se révèlent comme un adorable petit opéra-comique, dont la musique de Victor Massé est gracieuse, claire et limpide, la mélodie gaie, spirituelle ou tendre ; le livret de Jules Barbier et Michel Carré garde une fraîcheur et une vie théâtrale où l’invention comique, efficace et de bon goût, côtoie une émouvante sensibilité » (Robert Manuel, présentation du vinyl Pathé Marconi).
(1) Raymond Peynet se trouvait à Valence sur un banc face à un kiosque à musique. En attendant un correspondant, il dessine un petit violoniste aux cheveux longs qui jouait seul dans le kiosque et une admiratrice qui l’écoutait. Quelques années plus tard, le violoniste cède la place à un poète et l’admiratrice est sa compagne : « Les Amoureux de Peynet » étaient nés. Ils devaient faire le tour du monde. En faisant appel à Peynet pour sa nouvelle production des Noces de Jeannette, Marcel Lamy ne pouvait faire meilleur choix (anecdote rapportée par le fils de Peynet).
— L’argument
Quelque part dans un village de France, Jean, un jeune paysan sans famille, resté célibataire, s’est amouraché d’une fille sage et charmante, Jeannette, qui l’aime aussi et a accepté de l’épouser. Mais voilà : une fois devant le maire et le notaire, le promis est pris tout à coup d’une sainte crainte du mariage et se réfugie chez lui avant de prononcer le « oui » de circonstance.
Aïe ! Jeannette paraît : elle veut savoir pourquoi il a changé d’avis. Jean avoue que la peur du mariage en est la cause et comme elle paraît prendre les choses du bon côté, il part rejoindre ses amis au cabaret. Or, Jeannette a bien de la peine : c’est qu’elle l’aime, son Jean ! Le voyant par la fenêtre embrasser Rose, et Margot, la fille… complaisante du village, elle jure de se venger et sort.
Passablement éméché, Jean revient chercher son bouquet de marié pour l’offrir à ces dames. Mais Jeannette reparaît : elle déclare vouloir une revanche et d’ailleurs, elle lui déclare qu’elle précède son père qui arrive, armé de ses pistolets.
Jean, terrorisé, signe le contrat de mariage qu’elle lui tend, mais elle déclare qu’elle ne le signera pas, voulant simplement montrer au village que c’est elle et non lui, qui a refusé. Elle le fait sortir sous le premier prétexte venu, signe à son tour, confie le papier à son petit cousin et informe Jean… qu’ils sont mariés ; car elle l’aime toujours !
Jean, fou furieux, promet à Jeannette que sa vie avec lui sera un enfer. Il brise tous les meubles et monte à l’étage cuver son vin. Jeannette ramasse l’habit de noce tout déchiré du garçon, le recoud, et fait remplacer le mobilier cassé par les meubles de sa dot. Elle met un couvert sur la table et disparaît dans la cuisine préparer une omelette (Jean adore ça !).
Jean reparaît. Il est stupéfait de voir les nouveaux meubles et d’entendre Jeannette chanter dans la pièce voisine. Attendri, séduit, il déclare ne pas vouloir manger seul le repas qu’elle lui a préparé. Et les deux époux tombent dans les bras l’un de l’autre…
— La partition
Ouverture ; « Eh ben, je l’ai échappé belle » ; Air de Jean « Enfin, me voilà seul » ; « Oui ma Jeannette, pardon » ; « Eh Jean ! » ; « Oh! mais je n’ai pas pleuré » ; Romance de Jeannette « Parmi tant d’amoureux » ; « Lorsqu’on nous fit asseoir » (Jeannette) ; « Margot, lève ton sabot » (Jean) ; Jeannette « C’est moi qu’on raille » ; Duo « Halte-là, s’il vous plaît » (Jean, Jeannette) ; « N’allez pas croire au moins » ; « Ce sera tout de même gentil » ; Couplets de Jean « Ah! vous ne savez pas ma chère » ; Romance de l’aiguille (Jeannette) et « S’il s’aperçoit que sa Jeannette » ; Air des meubles (Jeannette) ; Air du rossignol (Jeannette) ; « Pourquoi chantez-vous? » ; Duo « Allons, je veux qu’on s’assoie » ; « Eh! dites donc vous autres ! » ; Final
— Fiche technique
Les Noces de Jeannette
Opéra-comique en 1 acte de Victor Massé, paroles de Michel Carré et Jules Barbier, créé à Paris, théâtre de l’Opéra-Comique le 4 février 1853. Avec :
Mmes Miolan-Carvalho (Jeannette), Begat (Petit-Pierre), MM. Couderc (Jean), Palianti (Thomas). Direction musicale, Tilman.
Editions Chappell
— Discographie
Ninon Vallin, Jean Ponzio. Direction musicale, Laurent Malet
Bourg-Record 4004/5 (2 V)
Renée Doria, Lucien Huberty. Direction musicale, Jean Allain
Pléiade P. 3074 (1 V)
Michèle Claverie, Claude Calès. Direction musicale, Richard Blareau
RCA 44 0007 (1 V)
Liliane Berton, Michel Dens. Direction musicale, Pierre Cruchon
C 051-12126 (Pathé Marconi/ Emi) (1 V)
Repris en CD dans le cadre d’un double album EPM/Emi 568 894 2 comportant également Les Mousquetaires au couvent et Rip
Repris également en CD par Sélection du Reader’s Digest (CD 315), album triple comportant également Monsieur Beaucaire, Rip et Les Mousquetaires au couvent
— Références
Vous retrouverez Les Noces de Jeannette dans « Opérette » n° 40, 87, 111, 137, 145 & 146. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 28/02/2024