Louis Dunoyer de Segonzac (1959- )
Chacun le sait, Le Tour du monde en 80 jours est l’un des romans les plus populaires de Jules Verne. Publié en feuilleton par « Le Temps » (1873), il fit monter comme par enchantement le tirage du journal. Son succès, bientôt mondial, se prolongea dans le domaine théâtral, cinématographique, et dans celui, plus récent de la comédie musicale. Ainsi, on se rappelle le succès du film de Michael Andersen (1956) avec David Niven et Shirley MacLaine qui obtint l’Oscar du meilleur film.
Le théâtre de la Porte Saint-Martin présenta une adaptation du Tour du Monde dès le 7 novembre 1874, dont les auteurs étaient Jules Verne et Adolphe D’Ennery. Elle se joua 415 fois. La pièce émigra sur la scène du Châtelet le 3 avril 1876 où, au cours des soixante-quatre années suivantes, elle fut reprise vingt-quatre fois totalisant 2195 représentations. Le 13 mai 1940, les Allemands sont à Paris. Le rideau du théâtre du Châtelet se baisse une dernière fois sur Le Tour du monde en 80 jours.
Une comédie musicale écrite pour la télévision par Gérard Calvi, Jean Marsan et Jean Le Poulain, interprétée par Jean Le Poulain, Pierre Trabaud, Roger Carel, Annick Blancheteau, Yannick Le Poulain et Lucie Dolène est diffusée par A2 (France 2) en 1975.
Douze ans plus tard, c’est au tour de Louis Dunoyer de Segonzac (musique) et Jean-Marie Lecoq (texte) de s’intéresser à l’œuvre de Verne. Ils en font un spectacle nouveau, une course contre la montre qui, tout en suivant l’intrigue de l’auteur, évite les chemins de traverse en privilégiant le rythme. Les morceaux musicaux, très courts, d’un humour teinté de couleur locale, sont intégrés dans l’action qu’ils soulignent.
Créé à Chambéry en 1987, Le Tour du monde de Dunoyer-Lecoq part en tournée en France et à l’étranger (Suisse, Afrique). Il fait escale à Paris au théâtre Déjazet, repart en tournée et se fait oublier quelques années. On le retrouve du 19 novembre au 21 décembre 1994 sous chapiteau à l’Espace Chorus de Nanterre (5000 places) où il prend de l’ampleur : une quarantaine d’artistes, des chevaux, des dromadaires, un éléphant et… quelques dindons.
— L’argument
Au siècle dernier, Philéas Fogg, riche gentleman anglais, parie avec les membres de son club de réaliser le tour du monde en 80 jours. Notre héros, personnage, au flegme tout britannique, se met aussitôt en route en compagnie de son fidèle Passepartout, un Français exubérant, dévoué et naïf. Hélas, le signalement de Fogg correspond à celui d’un voleur qui vient de dévaliser une banque anglaise. Voilà donc nos voyageurs suivis pas à pas par l’inspecteur Fix qui, à chaque étape, espère recevoir le mandat d’amener qu’il sollicite des autorités. Mais le document arrive toujours trop tard malgré ses efforts, parfois couronnés de succès, pour retarder l’expédition.
L’Egypte, les Indes, la Chine, le Japon, les États-Unis sont les principales étapes d’un voyage mouvementé. Aux Indes, Fogg a l’occasion de sauver la vie de Aouda, jeune veuve d’un maharadjah, qui, selon la tradition, était destinée au bûcher. Et la belle accompagne Fogg dans son périple. Le voyage se poursuit, le héros, faisant preuve d’une activité débordante, contrastant avec son flegme imperturbable, pour vaincre les obstacles et les distances.
C’est ainsi qu’en dernier recours, il frétera un bateau pour son propre compte et, le combustible venant à manquer, il n’hésitera pas à sacrifier la mâture et toutes les pièces de bois disponibles. Au terme du voyage, il tombe dans les filets de Fix qui brandit enfin son mandat d’amener. Son innocence est vite reconnue, mais le pari semble perdu. Voire, car Fogg ne s’était pas tout d’abord aperçu qu’en effectuant le voyage en se dirigeant vers l’Est, il avait gagné 24 heures… Notre héros gagnera donc son pari et, en prime, la main de la belle Aouda.
— La partition
Acte I : Ouverture et chœur du brouillard ; Air de Passepartout ; Reform Club ; Air du pari ; Air des vendeurs de journaux ; Air de Fix ; « Le Souk et le Bazard » ; « On a retrouvé la trace… » ; Trio Hindou ; Trio des singes ; Chœur du bûcher et air d’Aouda ; Chœur du tribunal ; Chœur de la mer.
Acte II : Entracte ; Trio de l’opium ; Sextuor du pousse-pousse ; Duo du métronome ; Le cirque Baltucar ; Numéro de magie ; Trio des trappeurs ; Raquett’Rag ; Fable ; « À toute vapeur… » ; Rebondissement… ; Sextuor accusateur ; Duo Aouda-Philéas ; Trio de l’attente ; Final ; Saluts.
— Fiche technique
Le Tour du Monde en 80 jours
Comédie musicale en 2 parties. Livret de Jean-Marie Lecoq d’après le roman de Jules Verne. Musique de Louis Dunoyer de Segonzac. Mise en scène de Jean-Marie Lecoq ; chorégraphie d’Evelyne Drach ; décors de Claude Acquart ; costumes de Barbara Ryschlowska ; éclairages de Pol Brengel.
Création, Maison de la Culture de Chambéry, le 10 octobre 1987.
Création à Paris, théâtre Dejazet, le 1er novembre 1988.
Une version sous chapiteau a été créée à Nanterre le 16 novembre 1994.
Distribution à la création : Jocelyne Sand (Aouda), Lise Durand, Sophie Calmel-Elcourt, Evelyne Razimowsky (les vendeurs, les danseuses arabes et hindoues, les singes, les mousses), Claude Legendre (Philéas Fogg), Pierre Reggiani (Passepartout), Maxime Casa (Fix), Bernard Valdeneige (James, Ralph, Battucar, un indien, le greffier), Gilles butin (Flanagan, le consul, le juge, le chef indien), Bonnafet Tarbouriech (Stuart, le chef scout, le greffier, Speedy, un trappeur). Direction musicale, Louis Dunoyer de Segonzac.
— Discographie
Sélection
Jocelyne Sand, Claude Legendre, Jean-Marie Lecoq, Maxime Casa, Nelly-Anne Rabas, Agnès Host, Lise Durand. Direction musicale, Louis Dunoyer de Segonzac.
1 cassette « Fracasse et Cie » (1988, à l’occasion de la création parisienne)
— Références
Vous retrouverez Le Tour du Monde en 80 jours dans « Opérette » n° 65, 69, 70, 93 et 94. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 10/03/2024
