Le Prince de Madrid

Le Prince de Madrid

Francis Lopez (1916-1995)

 

Le Secret de Marco Polo (1959), avec Luis Mariano qui n’était pas au mieux de sa forme, selon Maurice Lehmann, le directeur du Châtelet, fut pour celui-ci une relative déception. Apparemment, les frais engagés furent difficilement amortis malgré 368 représentations. Il est évident qu’à ce moment, pour Maurice Lehmann, Francis Lopez et Luis Mariano représentaient le symbole d’un style d’opérette à grand spectacle qu’il fallait repenser. D’ailleurs, avec La Polka des Lampions et Monsieur Carnaval, l’avisé directeur avait su ensuite, sans effaroucher sa clientèle traditionnelle, attirer un nouveau public. Mais, à la fin des représentations de ce dernier ouvrage, fatigué, il cédait son fauteuil directorial à Maurice Lamy. Aussitôt, Maurice Lamy en revint à une programmation traditionnelle, faisant appel à Francis Lopez et Luis Mariano.

Le Prince de Madrid, créé le 14 mars 1967, avait certes bien des atouts pour plaire : un Luis Mariano chantant et ferraillant à souhait, entouré d’une distribution de fort belle allure, comprenant Janine Ervil, Maria Murano, Eliane Varon, Maurice Baquet, Lucien Lupi et Jean-Louis Simon. L’ensemble était complété par des décors et ses costumes somptueux.

On ne trouvait peut-être pas, dans la partition de Francis Lopez, l’inspiration qui caractérisait la plupart de ses ouvrages précédents, mais certains airs et duos étaient fort bien venus. D’autant que, pour une fois, ils s’intégraient assez bien à une histoire fertile en rebondissements, due au talent de Raymond Vincy, qui signait là son dernier livret d’opérette. Il devait en effet disparaître l’année suivante…
Le Prince de Madrid se joue 553 fois sur la scène du Châtelet. Un succès donc. Mais qui masqua pour un temps seulement l’analyse lucide de Maurice Lehmann.

Les historiens placent entre 1776 et 1793 la période heureuse de la vie de Francisco Goya. Il est alors nommé peintre du Roi et signe de nombreux portraits de la famille royale. Il s’introduit de plus en plus dans la Haute Société. Il vit dans l’aisance. Sa renommée grandit.
C’est à partir de 1792 que les malheurs s’abattent sur lui. Il devient sourd. À la fin du siècle, la duchesse d’Albe, qui est sans doute la femme que le peintre a le plus aimé, meurt en pleine jeunesse…

— L’argument

Acte I

Un soir de 1787, une maison de danse des environs de Madrid. Parmi la clientèle, le peintre Francisco Goya et le fameux matamor Costillarès qui ne s’aiment guère, des rivalités amoureuses les opposant souvent.
La jolie Florecita, accompagnée de sa tante, vient à la maison de danse rejoindre Costillares auquel elle a été – un peu malgré elle – fiancée. Elle a apporté quelques petits tableaux qu’elle s’est amusée à peindre tandis que Paquito, un sympathique coquin, se fait passer pour Goya. Découvrant la supercherie, ce dernier garde l’incognito et promet à la jeune fille de montrer ses œuvres à Goya. Il lui donne rendez-vous dans son atelier.

Nous faisons connaissance de la duchesse d’Albe qui, ayant remarqué Goya, l’invite, bien qu’il soit roturier, à un grand bal. C’est là, en ouvrant le bal avec lui, qu’elle le nommera pour un soir « Prince de Madrid ».
Quelques jours plus tard, à l’atelier de Goya, Florecita comprend sa méprise. Elle est bientôt rejointe par Costillarès : dispute, rupture des fiançailles et promesse de vengeance… Florecita et Goya se sentent très attirés l’un par l’autre…

Acte II

Pendant ce temps, une conspiration se trame contre Goya. Elle est dirigée par Manuel Godoy, le capitaine des Gardes, qui est jaloux de l’intérêt de la duchesse pour le peintre. Costillarès en fait partie. Attaqué par des sbires, Goya finit par être fait prisonnier, malgré l’aide du matador, dans le fond pas si mauvais diable que ça. Le prisonnier est conduit devant l’Inquisition et accusé d’avoir peint la duchesse dans une tenue plus que légère…
Florecita supplie la duchesse d’intervenir ; celle-ci, jalouse, refuse d’abord, mais finit par accepter de faire libérer le peintre. Goya pourra filer le parfait amour avec Florecita.

La partition

Acte I : Chœur d’entrée « Ollé ! Catapoum » ; Duetto Paquito-Esteban « C’est mon papa, Paquito » ; Air d’entrée de Goya « España » ; « J’attends mon Prince charmant » (Florecita) ; Duetto Paquita-Paquito ; « Le Prince de Madrid » (Goya) ; Air de Costillarès « Le jour où j’aimerai » ; Air de Goya « Florecita » ; « Un bijou » (la duchesse) ; Ensemble, air de Goya « Torero » ; Trio de la vengeance (Costillarès, Godoy, Alfonso) ; Final I « La Feria »

Acte II : Chœur des jeunes filles ; « Si tu revenais ce soir » (Goya) ; Air de Florecita « Je l’aime » ; Chanson de Paquita « Celui que j’épouserai » ; Air de Goya « Toi, mon seul amour » ; Air de la duchesse « Pour sauver mon amour » ; « Laissons faire la vie » (Goya, Florecita’) ; Quatuor « Le joli métier » ; Final Il

Fiche technique

Le Prince de Madrid
Opérette à grand spectacle en 2 actes et 28 tableaux. Musique de Francis Lopez ; arrangements musicaux de Paul Bonneau ; livret de Raymond Vincy ; lyrics de Jacques Plante ; mise en scène de Marcel Lamy ; chorégraphie de Pilar de Oro et Alfredo Gil ; maquette des décors et costumes de Emilio Burgos.
Création à Paris, théâtre du Châtelet, le 4 mars 1967 avec :
Maria Murano (Duchesse d’Albe), Janine Ervil (Florecita), Eliane Varon (Paquita), Simone Sylmia (Dona Inez), Suzanne Baugé (Léocadia), Luis Mariano (Goya), Maurice Baquet (Paquito), Lucien Lupi (Costillares), Jean-Louis Simon (Horatio), René Novan (Esteban), Jean Chesnel (Godoy), Jacques Villa (Alfonso) ; direction musicale, Jean-Claude Casadesus.
Editions Chappell

Discographie

Sélections

Maria Murano, Janine Ervil, Luis Mariano, Lucien Lupi. Orch. Paul Bonneau
EMI C 062 11995

Maria Murano, Janine Ervil, Luis Mariano, Lucien Lupi.Orch. Paul Bonneau
EMI C 062 10404 (1 V)(1 face), Au verso Visa pour l’Amour

Luis Mariano, Maria Murano, Janine Ervil, Maurice Baquet, Lucien Lupi, Eliane Varon, … Orch. Jean-Claude Casadesus
Ina EM (1 DVD) 

Références

Vous retrouverez Le Prince de Madrid dans « Opérette » n° 71, 95, 137, 138, 173, 174, 177, 183, 188 & 194. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 03/03/2024

Imprimer
Cookies
Nous utilisons des cookies. Vous pouvez configurer ou refuser les cookies dans votre navigateur. Vous pouvez aussi accepter tous les cookies en cliquant sur le bouton « Accepter tous les cookies ». Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Politique de confidentialité et des cookies.