Francis Lopez (1916-1995)
Le Chanteur de Mexico, créé le 15 décembre 1951, marque l’apogée de la notoriété de Francis Lopez et de Luis Mariano et de ce style d’opérette à grand spectacle qui a fait la renommée du théâtre du Châtelet et de son directeur Maurice Lehmann.
La critique, qui n’est pas toujours tendre pour ce type de spectacle, ne s’y est pas trompée. Une approbation quasi générale à la création : « … Le Châtelet s’est dépassé lui-même. Ce miracle s’est réalisé. C’est proprement prodigieux et je ne crois pas faire preuve d’un puéril chauvinisme en affirmant qu’il ne saurait y avoir quelque part dans le monde, même dans l’opulente Amérique, des réalisations d’une telle qualité, à la fois par l’ampleur, le charme et le goût.
La mise en scène de Maurice Lehmann est une des plus magnifiques réussites de ce merveilleux animateur.
Voilà un spectacle qui honore Paris. » (André Ransan, Le Matin)
De fait, les deux millions cinq cent mille spectateurs qui ont applaudi Le Chanteur de Mexico à sa création se souviennent des vingt tableaux tous plus somptueux les uns que les autres, et surtout, parmi eux « Paris d’en haut », exploit technique rendu possible par l’équipement en ascenseurs de la scène. D’abord les toits de Paris la nuit qui suscitent un ballet de chats époustouflant. Puis apparaît progressivement la mansarde de Cricri. Enfin, les trois étages de l’immeuble se dévoilent au spectateur :
« …les décors et les costumes établis sur des maquettes de Raymond Fost sont un enchantement : le paysage de Saint-Jean de Luz avec la Rhune au loin, Paris vu des toits de Montmartre, le « Moulin de la Galette », la baie d’Acapulco, le temple aztèque, et enfin le marché aux fleurs de Mexico ». (René Dumesnil, Le Monde).
Francis Lopez a composé pour Le Chanteur de Mexico l’une de ses meilleures partitions dont les airs s’intègrent bien à l’atmosphère de l’action, des airs qui ont été rapidement sur toutes les lèvres : « Mexico », « Rossignol », « Acapulco », « Il est un coin de France », « Maïtechu », « Quant on voit Paris d’en haut », « Quant on est deux amis »…
« … La musique de Francis Lopez est chaude, colorée, brûlante même, quand il s’agit de danses mexicaines, mais aussi avec des chansons légères et douces… » (André Warnod, Le Figaro).
Et puis, il y avait Luis Mariano « avec son sourire large et blanc » (Combat), Luis Mariano qui, comme toujours « chante à ravir, pousse la note jusqu’à faire pâmer les spectatrices » (Le Figaro).
Il y a lieu d’associer à ce succès la fantaisiste Lilo qui devait bientôt s’en aller faire carrière aux Etats-Unis, Pierjac, le comique maison et Jacqueline Chambard.
Mais il ne faut pas oublier que Luis Mariano ne chanta pas les 905 représentations. Aux vacances 1952 et au cours de la seconde année, Rudy Hirigoyen lui succéda et obtint également un beau succès dans le rôle de Vincent.
— L’argument
Saint-Jean de Luz, 1912. Vincent Etchebar, chanteur et danseur de fandangos, coqueluche des filles de la région, rêve de devenir une vedette de l’opérette et de la chanson. Mais pour l’heure, il poursuit une intrigue amoureuse avec Eva, la célèbre divette parisienne. Le départ de la jeune femme, qui doit chanter une opérette à Mexico et l’insistance de son ami Bilou le décident : il montera à Paris tenter sa chance.
À Montmartre, Vincent et Bilou font la connaissance de Cricri, une adorable « petite poulbote » dont l’élégance n’est pas la première vertu. Bilou tombe amoureux de Cricri qui, elle, a le coup de foudre pour un Vincent. qui ne se rend compte de rien.
La jeune fille inscrit Vincent au concours de chant du Moulin de la Galette. Comme il se doit, notre héros et néanmoins ténor remporte le premier prix…
Pendant ce temps, Eva remet en cause son départ pour Mexico. En effet, son contrat précise que son partenaire doit être le chanteur mexicain Miguelito. Or ce dernier refuse, sans raison apparente, de se rendre au Mexique. Que faire ? On fait appel à Vincent qui passera pour Miguelito : comme ce dernier a quitté son pays très jeune, personne ne découvrira la supercherie. Et que vogue la galère ! Ainsi, accompagnés de Bilou et de Cricri, Vincent et Eva, dont l’idylle peut se renouer, s’embarquent pour le Mexique.
Sur place tout serait parfait si l’ombre du révolutionnaire Zapata ne rôdait dans les parages. Après un mois de triomphe, nos héros prennent quelques jours de repos à Acapulco. Cricri, pour séduire Vincent, est devenue coquette, élégamment habillée, en un mot ravissante.
Peu après Vincent/ Miguelito est fait prisonnier par Zapata, qui, en réalité, est un agent secret hostile à la cause des révolutionnaires. Mais les carabiniers arrivent à temps avec, à leur tête Miguelito, qui s’excuse auprès de Vincent des dangers qu’il lui a fait courir. Mais c’était pour le bien de la patrie ! Bon prince, Vincent pardonne et comme nous approchons du final, il se rend compte de l’amour que lui voue Cricri.
Ainsi donc, Vincent et Cricri s’uniront ainsi que Eva et Miguelito tandis que Bilou filera le parfait amour avec Tornada, une tumultueuse Mexicaine. Tout se terminera à la fête des fleurs de Mexico !
— La partition
Ouverture, Chœur « C’est la fête à Saint-Jean de Luz », Valse d’Eva, « Il est un coin de France » (Vincent), « Maïtechu » (Vincent), « Quand on est deux amis » (Vincent et Bilou), « Paris, mon vieux Paris » (Cricri), « Quand on voit Paris d’en haut » (Vincent), « Rossignol de mes amours » (Vincent), « Mexico » (Vincent), « Acapulco » (Vincent), « Ça m’fait quelque chose » (Cricri), « Le Téquila », « Guarimba » (Zapata), « Caramba » (Atchi), Final « La fête des fleurs à Mexico »
— Fiche technique
Le Chanteur de Mexico
Opérette à grand spectacle en 2 actes et 20 tableaux. Musique de Francis Lopez, livret de Félix Gandéra et Raymond Vincy; lyrics de Raymond Vincy et Henri Wernert. Arrangements musicaux de Paul Bonneau. Mise en scène de Maurice Lehmann ; chorégraphie de Georges Gué; maquette des décors et costumes de Raymond Fost ; direction musicale, Félix Nuvolone.
Création à Paris, théâtre du Châtelet le 15 décembre 1951 avec Lilo (Cricri), Jacqueline Chambard (Eva), Monique Bert (Tornada), Luis Mariano puis Rudy Hirigoyen (Vincent), Pierjac (Bilou), Jack Claret (Cartoni), Robert Jysor (Zapata), Dario Moreno (Atchi), Albert Estève (Miguelito), Sam Max (Guanich Aguiro).
Éditions Chappell
— Discographie
Intégrale
Cathy Albert, Monique Bost, Rudy Hirigoyen, Christian Borel. Orch. Jo Moutet
Universal Accord 4769995 (2 CD) & Musidisc 268 (2 V)
Sélections
Janine Ribot, Rudy Hirigoyen, Jack Claret. Orch. Paul Bonneau
CBS 88 182
Luis Mariano, Pierjac. Orch. Jacques-Henri Rys
EMI C 062 10402 (1 face). Au verso : Chevalier du Ciel
Luis Mariano, Lilo, Pierjac.
Marianne Mélodie 061716 (1CD)(+ bonus : récital L.Mariano)
— Références
Vous retrouverez Le Chanteur de Mexico dans « Opérette » n° 74, 95, 114, 140, 141, 150, 153, 168, 175, 176, 181, 182, 184, 186, 194, 199 & 208,
Le numéro 95 comprend également un grand dossier sur Francis Lopez et son œuvre.
Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 27/02/2024