Victor Roger (1853-1903)
Sans égaler les Offenbach, Hervé, Lecocq, Messager, Audran, Planquette ou Varney, Victor Roger sut se faire un nom au cours des vingt dernières années du XIX° siècle. Aujourd’hui, on se rappelle encore – au moins du titre – de deux ouvrages sur la trentaine qui portent sa signature : Joséphine vendue par ses sœurs et Les 28 jours de Clairette.
Mais au fait, qui a composé Joséphine vendue par ses sœurs ? Victor Roger ? ou bien le virtuose Raoul Pugno, comme le prétend Albert Carré dans son livre de souvenir ? (1) : « La musique de Joséphine vendue par ses sœurs dont Fabrice Carré écrivit le livret et dont Victor Roger signa la partition, est entièrement de la main de Raoul Pugno. Sous le voile de l’anonymat qu’il avait exigé, il avait pu se laisser aller, sans réticence, aux fantaisies les plus joyeuses de son esprit ».
À la création, l’ouvrage totalisa plus de 200 représentations, ce qui, à l’époque, est le signe d’un grand succès. Le « Bruyas » nous signale 4 reprises dans la capitale, la dernière en 1921 ; moins ingrate, la province maintint Joséphine à son répertoire tout au long des décennies suivantes, mais il faut avouer que sauf erreur, les responsables de programmation n’ont pas fait appel à elle depuis au moins une bonne vingtaine d’année. Les 28 jours de Clairette ont eu un plus de chance, puisque repris par Gérard Boireau au Grand Théâtre de Bordeaux en 1988.
(1) « Souvenirs de théâtre » (Plon, 1950 ; réédition Robert Favart, 1976)
— L’argument
Acte I :
À Paris, dans la loge de Mme Jacob.
Madame Jacob, concierge de son état, est l’heureuse mère de 12 filles plus jolies les unes que les autres dont l’avant-dernière, Joséphine, est douée d’une voix de mezzo qui lui fait espérer une brillante carrière à l’Opéra. Pour l’heure, la jeune fille suit les cours du conservatoire, en compagnie de son amoureux, le baryton Montosol. La benjamine, prénommée Benjamine on se demande pourquoi…, est la plus espiègle du lot.
Mme Jacob affiche une préférence marquée pour Joséphine, ce qui indispose les autres brebis du troupeau. Ces demoiselles cherchent le moyen de se débarrasser de cette sœur encombrante.
Justement, Joséphine a été remarquée par Alfred Pharaon Pacha, ministre égyptien épris de modernisme. Ce dignitaire est flanqué d’un neveu qui, au contraire, esprit très traditionnel, méprise la culture européenne. Bien entendu la rieuse Benjamine tombe amoureuse de cet égyptien « coincé » qui la dédaigne ostensiblement. Alfred Pacha vient proposer à Joséphine un engagement à l’Opéra du Caire. En son absence, ses adorables sœurs récupèrent le projet de contrat et s’engagent à lui rendre signé. Puis les demoiselles calomnient bassement Montosol devant leur mère qui s’empresse de mettre le beau baryton à la porte. Furieuse, Joséphine signe le contrat et part pour l’Egypte.
Acte II :
Au Caire, dans la Palais d’Alfred Pacha.
Depuis un mois, Joséphine est enfermée dans le harem d’Alfred Pacha. Malgré les reproches de son neveu, le ministre tente, en vain, d’obtenir les faveurs de la jeune fille. Arrivée au Caire de Mme Jacob accompagnée de ses filles et de… Montosol. Ils sont à la recherche de Joséphine dont ils n’ont pas de nouvelles. Ce coquin d’Alfred essaie bien de leur faire croire que la jeune fille est partie mais Putiphar dévoile la vérité. Les explications du coupable sont plutôt confuses, mais Mme Jacob, fière que sa fille soit remarquée par un si important personnage, consent à lui accorder sa main, à condition que le mariage ait lieu à Paris. Affaire conclue ou presque : il reste à convaincre Joséphine, toujours amoureuse de Montosol.
Acte III :
Trois mois plus tard, à Paris
Il faut avouer qu’Alfred Pacha fait tout ce qu’il peut pour conquérir Joséphine. Il a marié dix de ses sœurs, comblé toute la famille de somptueux cadeaux… En vain. Putiphar, toujours hostile à cette union, tente de provoquer une rupture en laissant croire que son oncle est ruiné. À sa surprise, les Jabob font preuve d’un grand désintéressement en rendant tous les cadeaux reçus. Impressionné, Putiphar s’humanise et décide d’épouser Benjamine. Comme, il faut faire une fin, heureuse autant que faire se peut, Alfred Pacha finit par renoncer à Joséphine. Le séduisant baryton et la belle mezzo pourront unir leurs cœurs et leurs voix.
— La partition
Acte I :
Ouverture ; Introduction et couplets de Benjamine « Plaignez-vous donc ! » ; couplets d’Alfred Pacha « C’est moi qui suis Alfred Pacha » ; « A peine sorti de l’enfance » (Putiphar) ; Romance de Montosol « C’est vous » ; Quartetto « C’est en vain que tu crois trouver au monastère » (Montosol, Joséphine, Mme Jacob, Benjamine) ; « Dam’, c’est si naturel, maman » (Joséphine) ; Final I « Hâte-toi, sœur chérie ».
Acte II :
Chœur « C’est l’heure de la journée » ; Air de Joséphine « Vainement Pharaon dans sa reconnaissance » ; Romance « C’est une mère de famille » (Mme Jacob, Benjamine) ; Quintetto « Dans mes bras » (Joséphine, Alfred, Mme Jacob, Benjamine, Putiphar) ; « Dans mes archives de famille » (Putiphar) ; « Adieu, perfide, adieu, cruelle » (Montosol) ; Duo « Je lui disais encore » (Montosol, Joséphine) ; Final II « Non, non, pas le pal ».
Acte III:
Chœur « Nous venons de la mairie » ; Terzetto « Laiss’ faire et comptons sur maman » (Benjamine, Joséphine, Montosol) ; Duetto « Non, vrai, monsieur, je suis sincère » (Benjamine, Putiphar) ; Final III « La splendeur de nos carrosses ».
— Fiche technique
Joséphine vendue par ses soeurs
Opéra bouffe en 3 actes de Paul Ferrier et Fabrice Carré, musique de Victor Roger. Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 20 mars 1886. Avec :
Jeanne Thibault (Joséphine), Mmes Macé-Montrouge (Mme Jacob), Mily-Meyer (Benjamine), MM. Piccaluga (Montosol), Maugé (Alfred Pacha), Charles Lamy (Putiphar).
Éditions Choudens
— Discographie
Joséphine vendue par ses sœurs n’a jamais été gravée sur vinyl.
L’ORTF (aujourd’hui Radio France) a enregistré et diffusé Joséphine vendue par ses sœurs, la dernière fois le 19 novembre 1972 avec Claude Méloni (Montosol), Anne-Marie Sanial (Joséphine), Micaël Pieri (Putiphar), Monique Stiot (Benjamine), Jacques Loreau (Alfred Pacha), Germaine Duclos (Mme Jacob). Direction musicale, Marcel Cariven.
— Références
Vous retrouverez Joséphine vendue par ses soeurs dans « Opérette » n° 128 & 196. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 2708/02/2024