Hans le joueur de flûte

Hans le joueur de flûte

Louis Ganne (1862-1623)

 

Hans le joueur de flûte, charmant conte lyrique, inspiré par une légende rhénane, était destiné à l’Opéra-Comique de Paris. En définitive, il fut créé sur la scène du théâtre du Casino de Monte-Carlo le 14 avril 1906. Louis Ganne dirigeait lui-même l’orchestre. Jean Périer et Mariette Sully, qui avaient déjà triomphé ensemble dans Véronique, étaient en tête de la distribution. Entre Véronique et Hans, rappelons que Jean Périer avait été le remarquable créateur de Pelléas à l’Opéra Comique. Dans Hans, il reçut un tel accueil qu’il dut pratiquement chanter deux fois le rôle au cours de la première représentation.
Quelques années plus tard (1910), le théâtre de l’Apollo abandonna pour un temps l’opérette viennoise qui faisait son succès, et monta l’ouvrage de Ganne qui, depuis la création avait parcouru le monde. À Paris, Hans totalisa plus de 100 représentations. Au lendemain de la première parisienne, Reynaldo Hahn émettait le jugement suivant :
« Quant à la musique de Monsieur Ganne, elle est comme toujours allègre, éclatante, lumineuse, gracieuse, bien charpentée, robuste et pimpante, avec mille dessous délicats, toutes sortes de fines touches orchestrales où se reconnaît le musicien accompli, sûr de lui-même, savant, sans pédantisme ».

Abandonné par les scènes parisiennes depuis les années trente, Hans, le joueur de flûte est longtemps resté au répertoire des scènes de province (Michel Dens triompha souvent dans le rôle-titre). Aujourd’hui, l’ouvrage n’est repris qu’exceptionnellement. Citons toutefois la belle production de l’Opéra de Metz donnée en avril 2001.

L’intrigue

L’action se passe à Milkatz, petite ville imaginaire, proche de la Hollande, à une époque indéterminée mais lointaine.

Acte I : La place de l’Hôtel de Ville

Autrefois, Milkatz était une ville d’art, célèbre pour ses poupées sculptées. Tous les ans, à la Saint-Grégorius, un grand concours permettait de désigner la plus belle d’entre-elles. Lorsque l’action commence, les temps ont bien changé. La cité est en proie au mercantilisme. Les habitants s’intéressent uniquement à la spéculation sur les grains, dont les stocks sont protégés par des chats municipaux. Seul Yoris, dernier survivant des artistes, proteste contre cet état de choses. Amoureux de Lisbeth, la fille du bourgmestre Pippermann, il a confectionné une poupée qui est sa réplique. Le jour de la Saint-Grégorius, il l’expose dans une des niches vides disposées sur la façade de l’hôtel de Ville.
Yoris est abordé par un étrange mais sympathique personnage, qui a un peu l’allure d’un sorcier. C’est Hans, le joueur de flûte. Sa flûte de cristal est suspendue à son cou. Sur son épaule, on remarque une cage contenant des souris. Le poète et le sorcier sont faits pour s’entendre. Yoris met au courant son nouvel ami de la situation à Milkatz et lui conte ses amours malheureuses : Pipperman n’acceptera jamais de donner sa fille à un poète. Hans promet de l’aider.

Voici justement Pippermann suivi des échevins. Il est furieux en reconnaissant sa fille dans la poupée de Yoris. Il s’apprête à la briser, mais Hans intervient. Portant sa flûte aux lèvres, il oblige l’assistance à rester immobile. Puis le sorcier contraint les bourgeois à danser pendant deux heures ; il noie les chats et libère ses souris. Tous ces petits rongeurs s’en donnent à cœur joie dans les greniers remplis de grains.

Acte II : La salle à manger des Pippermann

Fait prisonnier, Yoris refuse d’aider à la capture de son ami Hans. Le bourgmestre le menace du bûcher. Lisbeth s’évanouit et son père comprend qu’elle est amoureuse du poète. Pour que Yoris soit épargné, elle accepte de demander à Hans qu’il lui remette sa flûte. Le bon sorcier n’est pas dupe. C’est donc avec un sourire d’absolution qu’il donne la flûte à Lisbeth. Il se laisse même capturer. Privé de son maître, l’instrument provoque les pires catastrophes, de telle sorte que Pippermann se résigne à libérer Hans et à lui rendre sa flûte. Hans s’engage à ne plus s’attaquer aux chats et à débarrasser la ville des souris. En échange, le bourgmestre accepte de libérer Yoris et de rétablir les fêtes de la Saint-Grégorius et son concours de poupées. Le prochain concours sera présidé par Hans qui sera autorisé à faire sienne la poupée de son choix.

Acte III : La place de l’Hôtel de Ville toute pavoisée

La poupée de Yoris, représentant Lisbeth, obtient le prix. Hans en devient propriétaire et l’offre aussitôt à son ami Yoris Puis, se tournant vers Pippermann, il l’invite à unir la poupée et le poète. Ce que ne manque pas de faire le bourgmestre, qui s’amuse beaucoup, jusqu’au moment où il se rend compte que la poupée est en réalité Lisbeth elle-même. D’abord furieux, il se calme et se résout au mariage lorsque Hans le menace de sa flûte.
Hans peut repartir en toute tranquillité au secours d’autres amoureux.

La partition

Acte I : Ronde de la garde civique ; Couplets de Lisbeth « N’a-t-on pas le droit ce jour-là » ; Chant national « La voilà la jolie terre au blé » ; Stances de Yoris « Vous n’êtes plus, pauvres poupées » ; Duetto Ketchen-Guillaume « Excusez-nous, mais quelle heure est-il donc ? » ; Couplets de Lisbeth « O Lisbeth, aujourd’hui dimanche » ; Entrée de Hans « Je viens d’un pays, d’un pays lointain » ; Final I

Acte II : Terzetto (Lisbeth, Ketchen, Mme Pippermann) ; Yoris « Vous ne pouvez pas comprendre » ; Couplets de Lisbeth « Sait-on jamais, sait-on pourquoi ? » ; Duo Lisbeth-Hans « Mon cœur a des peines » et scène ; Chanson de la flûte (Hans) ; Final II

Acte III : « Mon Guillaume, sais-tu bien ? ; « Ketchen », (Guillaume) ; Couplets de Lisbeth « Mon cher petit père est un commerçant » ; Déclaration (Yoris) ; Chanson de la poupée (Hans) ; Final III

Fiche technique

Hans, le joueur de flûte
Opérette en 3 actes de Maurice Vaucaire et Georges Mitchell ; musique de Louis Ganne. Création au Casino de Monte-Carlo, le 14 avril 1906 avec Jean Périer (Hans), Mariette Sully (Lisbeth), Alberthal (Yoris).

Création à Paris, théâtre de l’Apollo, le 31 mai 1910 avec Jean Périer puis Féraud de Saint-Pol (Hans), Gina Féraud (Lisbeth), Henri Defreyn (Yoris), Paul Ardot, Poudrier.
Editions Ricordi

Discographie

Intégrale

Michel Dens, Nicole Broissin, Germaine Parat, Joseph Peyron. Direction musicale, Jules Gressier
Musidisc 201512 (2 CD) (Le coffret comprend également des pages des « Saltimbanques »)

Sélection

Michel Dens, Liliane Berton, André Mallabrera, Corinne Petit. Direction musicale, Jean-Pierre Marty
Emi 33T 30cm C051-12194

Références

Vous retrouverez Hans, le joueur de flûte dans « Opérette » n° 42 , 88, 112, 120 & 141. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 27/02/2024

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