Né à Vienne le 2 février 1875, Fritz Kreisler, fils d’un médecin ami de Freud, sent s’éveiller très tôt sa vocation musicale et est admis à sept ans (au lieu de quatorze) dans les classes de perfectionnement du conservatoire de Vienne, où il bénéficie de l’enseignement de Hellmesberger et de Bruckner. A neuf ans, il donne son premier concert, à dix il obtient la médaille d’or, à douze le grand prix du Conservatoire de Paris (où il a étudié chez Léo Delibes), à treize, il fait sa première tournée américaine. Il interrompt son apprentissage musical pour boucler rapidement ses études de lycée, faire deux ans de médecine et son service militaire – chez les « uhlans » semble-t-il.
En janvier 1898, il reprend ses activités de virtuose du violon, avec une réputation mondiale, jusqu’à la guerre de 14/18. Il se marie en 1902 avec une Américaine. Mobilisé dans l’armée autrichienne comme lieutenant d’infanterie, il est blessé dès les premiers mois de la guerre et est démobilisé comme désormais inapte au service. Il part pour les Etats-Unis dès la fin de 1914 et reprend ses concerts de part le monde. Il séjourne à Berlin de 1925 à 1932, et de 1933 à 1939 à Paris. Il acquiert la nationalité française en 1938 et est nommé Commandeur de la Légion d’Honneur. Naturalisé américain en 1940, il cesse de jouer en 1947 et meurt le 29 janvier 1962 à New York, où il a constitué une très belle collection de violons historiques.
Extrêmement doué naturellement, jouant avec feu dans un style très personnel, élégant et éblouissant, il semble n’avoir subi que peu d’influences extérieures, sauf peut-être celle d’E. Ysaye. Il a beaucoup contribué à contingenter les exagérations de certaines interprétations romantiques.
Il a également déployé une grande activité comme compositeur. Son inventivité fluide, légère et ses aptitudes à assimiler des styles très divers lui ont permis de prétendre pendant des années, avoir retrouvé, retravaillé et édité des manuscrits d’anciens maîtres, tels que Pugnani, Francœur, Martini et Vivaldi dont il jouait de petites pièces – qu’il avait composées lui même ! Dès que la supercherie fut découverte, Kreisler déclara, très satisfait, qu’il avait voulu faire une gigantesque farce ! Parmi ces très habiles pastiches, groupés sous le vocable de « Klassische Manuskripte » (manuscrits classiques) figurent par exemple « Präludium und Allegro » de Pugnani et « Schön Rosmarin »; la « Foglia » de Corelli et un concerto de Vivaldi.
Citons encore, au hasard, « Tambourin chinois », « Caprice viennois », des cadences pour tous les grands concertos pour violon et… des opérettes Apple blossoms (Fleurs de pommiers, New York, 1919, en collaboration avec V. Jacobi) et Sissy (Vienne, 1932).
Robert Pourvoyeur
— Références
Vous retrouverez Fritz Kreisler dans « Opérette » n° 101. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
— Œuvres lyriques
Légende : opé = opérette, cm = comédie musicale, sing = singspiel
Le chiffre indique le nombre d’actes.
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1919 7 oct |
Apple Blossoms [1] | Le Baron (W) | cm | Etats Unis, New-York Globe Theatre |
1932 23 déc |
Sissy | Marischka (Ernst & Hubert) | sing 2 | Autriche, Vienne Theater an der Wien vf: Paris 1959 |
1944 22 nov |
Rhapsody | Levinson (Leonard Louis) Sundgaard (Arnold) |
cm | Etats Unis, New-York Century Theatre |
1959 14 mars |
Sissi, future impératrice | Varna (Henri), Marietti (Jean), Marc-Cab, Richard(René) | opé 2 | Paris, Mogador vo: Vienne 1932 |
[1] avec Jacobi (Victor)
Dernière modification: 29/02/2024