Claude Firmin Bernicat est né à Lyon, le 13 janvier 1842. C’est probablement dans sa ville natale que le jeune homme débuta ses études musicales, avant de gagner Paris au milieu des années 1860. Il fut sans doute admis au Conservatoire puisqu’il bénéficia des cours d’harmonie de Duprato. Mais, d’une santé délicate, il décéda à Asnières le 5 mars 1883 au moment où il commençait à se faire un nom dans le domaine de l’opérette.
Comme beaucoup de compositeurs légers de cette époque, Bernicat débuta dans les cafés-concerts parisiens, qu’on n’appelait pas encore music-halls. Bernicat travailla souvent pour l’Eldorado, ou il présenta de petits spectacles lyriques au destin éphémère, mais qui lui permirent de « se faire la main ». Il gagnait également sa vie comme arrangeur musical et orchestrateur pour certains de ses collègues, le plus célèbre étant Robert Planquette.
Comme compositeur, Bernicat se fit d’abord connaître en écrivant des chansons pour les vedettes de l’époque telles que : « Le chemin des noisettes » ou « La Pigeonne ». Il aborda aussi la scène et, pendant la bonne dizaine d’années que dura sa carrière, donna une trentaine d’ouvrages, la plupart en un acte, opérettes et saynètes bouffes ou sentimentales. On citera : Ali Pot-d’rhum (1869), Les Cadets de Gascogne, Le Cornette, Une aventure de la Clairon…
Cependant les années passaient et la carrière de Bernicat, malgré ces petits succès, ne décollait toujours pas lorsque qu’il finit par attirer l’attention du directeur des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles qui lui proposa enfin son premier ouvrage en trois actes, intitulé Les Beignets du Roi. Le livret était dû à Albert Carré (futur directeur de l’Opéra-Comique et librettiste de nombreux ouvrages) et Paul Ferrier. Créée le 10 février 1882 au Théâtre des Fantaisies-Parisiennes de Bruxelles, la pièce remporta un vif succès auquel ne manquait que Bernicat dont la santé ne lui permettait pas de quitter Paris. Il souffrait d’une phtisie (nom donné couramment à la tuberculose à cette époque) qui, semble-t-il avait empiré ces derniers temps.
Le succès des Beignets du Roi lui avait permis d’obtenir le livret de François les Bas Bleus, sur lequel il travaillait, mais que sa disparition précoce avait laissé en chantier. L’éditeur de Bernicat, W. Enoch, qui était également celui d’André Messager, demanda à ce dernier de terminer la partition. Messager, alors au tout début de sa carrière, accepta ce travail. Huit mois après la mort de Bernicat, le 8 novembre 1883, François les Bas Bleus était créé aux Folies Dramatiques de Paris. La pièce, montée dans de beaux décors, bénéficiait d’une très bonne distribution. Le succès de la première se confirma. La pièce se joua jusqu’au 10 mars 1884 (131 représentations). L’opérette fut ensuite régulièrement reprise à Paris : Folies Dramatiques, Menus Plaisirs, Bouffes, Trianon.
Après le succès de la reprise de François les Bas Bleus aux Menus Plaisirs, le directeur de ce théâtre décida de monter Les Beignets du roi, le précédent opéra-comique de Bernicat mais dans une version révisée et sous un nouveau titre : Les Premières armes de Louis XV. On fit à nouveau appel à André Messager qui réécrivit les finals des premier et deuxième acte et ajouta quelques airs et soli. Créée le 16 février 1888, la pièce fut bien accueillie, mais ne fut jouée que 45 fois.
Entre temps, le théâtre de Portsmouth, en Grande-Bretagne, avait créé en 1886, un opéra-comique en trois actes, Vetah, livret de Kate Santley sur des musiques de Bernicat. La partition porte officiellement le nom de Firmin Bernicat, mais le livret ayant été écrit trois ans après la mort du compositeur, elle fut sans doute composée de pages empruntées à ses œuvres antérieures, ce qui est tout à fait possible, car cet opéra-comique a été complété et arrangé par le compositeur et chef d’orchestre Georges Jacobi, qui connaissait parfaitement le répertoire léger français, ayant dirigé l’orchestre des Bouffes-Parisiens où certaines de ses œuvres furent données. Quelques airs supplémentaires furent demandés au compositeur Frederick Bowger. La première, donnée le 30 août 1886, fut un succès. Après Portsmouth, la pièce entreprit une tournée dans diverses villes anglaises, totalisant 156 représentations, mais ne fut jamais donnée en France.
Résumé d’un article de Bernard Crétel
— Références
Vous retrouverez Firmin Bernicat dans « Opérette » n° 148. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
— Œuvres lyriques
Légende : oc = opéra-comique, op = opérette, ob = opéra-bouffe, sc = scène, pant = pantomime, pays mus = paysannerie muicale
Le chiffre indique le nombre d’actes.
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1869 17 déc |
Ali Pot-d’Rhum | Cehem – Ghédé | opé 1 | Paris, Alcazar Folies Bergère, 1874 |
1872 15 juil |
Monsieur et Madame Véronique | Quentin (Léon), Gédhé | sc | Paris, Alcazar |
1872 14 oct |
Deux à deux | Mancel (Georges), Quentin (Léon) | opé 1 | Paris, Tertulia |
1872 | Rabagâteuses (Les) | ? | opé 1 | ? |
1873 15 fév |
Queue du Diable (La) | Quentin (Léon), Gédhé | opé 1 | Paris, Tertulia |
1874 | Ah c’t indien | Gédhé, Chivot (Henri) | opé | Folies Bergère |
1874 | Par la fenêtre | ? | opé 1 | Folies Bergère |
1875 28 mars |
Trois grands prix(Les) | Delilia (Alfred), Le Senné (Ch.) | pays mus | Paris, Taitbout |
1875 10 déc |
Cabinet numéro six | Massine (Th.) | opé | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
1876 4 avr |
Deux Omar (Les) | Busnach (William) | ob 1 | Paris, Fantaisies-Oller (Fantaisies-Parisiennes) |
1876 5 oct |
Voyage du Petit Marquis (Le) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé 1 | Paris, Fantaisies-Oller (Fantaisies-Parisiennes) ou Concert du XIXe siècle |
1877 20 janv |
Jeunesse de Béranger (La) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1877 22 sept |
Pâté empoisonné (Le) | Frébault (Elie) | opé | Paris, Alcazar |
1877 10 oct |
Fou-Yo-Po | Max (Emile) | sc | Paris, Alcazar |
1877 28 nov |
Barbières de village (Les) | Blondelet (Charles), Baumaine (Félix) | opé | Paris, Alcazar |
1877 | Cornette (Le) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston), Delormel (Lucien) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1878 25 janv |
Moulin des amours (Le)) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé | Paris, Eldorado |
1878 23 nov |
Aventure de la Clairon (Une) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1878 25 nov |
Cadets de Gascogne (Les) | Dorfeuil (Georges), Mey (Charles) | opé | Paris, Alcazar |
1878 17 déc |
Agence Raburdin (L’) | Dorfeuil (Georges) | opé | Paris, Eldorado |
1878 21 déc |
Poule mouillée (Une) | Jouhaud (Auguste), Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé 2 | Paris, Concert du XIXe siècle |
1878 19 ? |
On demande un arlequin | Péricaud (Louis), Delormel (Lucien) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1878 2 ? |
Triomphe d’Arlequin (Le) | Guyon (Alex) | pant | Paris, Eldorado |
1879 12 avr |
Tziganes de Longjumeau (Les) | Dorfeuil (Georges) | opé 2 | Paris, Alcazar |
1880 | Petit jeune homme (Le) | Péricaud (Louis), Delormel (Lucien) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1882 10 fév |
Beignets du roi (1ère version) | Carré (Albert), Ferrier (Paul) | oc 3 | Belgique, Bruxelles, Fantaisies-Parisiennes [2ème version : Paris 1888 : Les premières armes de Louis XV] |
1882 23 avr |
Torchon (Le) | Dorfeuil (Georges), Mey (Charles) | opé 1 | Paris, Gaîté-Montparnasse |
1882 20 juin |
Premières armes de Parny (Les) [1] | Péricaud (Louis), Delormel (Lucien) | opé 1 | Paris, Eldorado |
1883 8 nov |
François les Bas-Bleus [2] | Dubreuil (Ernest), Humbert (Eugène), Burani (Paul) | oc 3 | Paris, Folies-Dramatiques (r. de Bondy) |
1886 30 août |
Vetah [3] | Santley (Kate) | oc 3 | Angleterre, Portsmouth |
1888 16 fév |
Premières armes de Louis XV (Les), (2èmeversion) [2] | Carré (Albert), Ferrier (Paul) | oc 3 | Paris, Menus-Plaisirs (Th. Antoine) [1ère version, Bruxelles 1882 : Les Beignets du roi] |
1892 23 avr |
Forban (Le) | Dorfeuil (Georges), Mey (Charles) | opé 1 | Paris, Gaîté-Montparnasse |
? | Deux coups de marteau | Ghédé, Calixte (P.) | sayn | ? |
? | Mari à l’essai (Un) | Péricaud (Louis), Villemer (Gaston) | opé 1 | Paris, Concert du XIXe siècle |
? | Divertissement russe | Ribeyre (Félix) | ballet 3t | ? |
[1] œuvre également attribuée à Frédéric Barbier, et créée le 14 mars 1882 à l’Eldorado
[2] partition complétée et remaniée par André Messager
[3] airs arrangés par Georges Jacobi, airs supplémentaires de Frederick Bowger
Dernière modification: 29/02/2024