Depuis trois années, le Festival de Mörbisch a amorcé un virage et, après l’opérette, se consacre désormais à la comédie musicale en affichant les grands succès anglo-américains. Pour 2021 ce fut West Side Story, puis en 2022 Le Roi et moi et enfin cet été Mamma Mia ! 1
Ce musical proposé par l’Intendant Général du festival, Alfons Haider, a battu des records de recettes de telle sorte que des représentations ont dû être rajoutées pour satisfaire aux demandes du public. Dans ce lieu imposant et magnifique bordé par le le plus vaste lac d’Autriche, un immense décor entièrement blanc et bleu transporte les spectateurs dans un village d’une île grecque.
L’impressionnante scénographie de Walter Vogelweider est conforme à l’esprit originaire de cette comédie musicale avec toutefois un format visuel très largement agrandi, dans la mesure où il ne s’agit pas seulement de la taverne de Donna mais de tout un quartier avec église, restaurants et installations sportives. Comme il est de tradition à Mörbisch, les décors changent instantanément à vue et tournent sur eux-mêmes, offrant d’autres lieux dans un processus qui est celui du très grand spectacle, appuyé par une technologie sophistiquée aussi bien sur le plan des lumières que sur celui du son.
La mise en scène est signée du directeur de théâtre Andreas Gergen (Salzbourg et Berlin) pouvant revendiquer une centaine de productions à son actif.
On connaît le scénario de Mamma Mia ! qui a fait l’objet d’une transposition cinématographique célèbre :
Donna a élevé seule sa fille Sophie qui doit se marier. Elle a invité à la cérémonie ses plus proches amies avec lesquelles elle formait jadis un trio de chanteuses. Sophie, pour sa part, éprouve le profond désir de connaître son père inconnu afin qu’il la conduise à l’autel. Ayant découvert le journal intime de sa mère, elle y apprend l’existence de trois amants, dont l’un pourrait être son géniteur, et décide de les inviter en secret à son mariage… Cette décision va entraîner toute une série de contretemps et d’aventures cocasses qui aboutiront à une heureuse conclusion.
Compte tenu de l’important nombre de représentations pendant les mois de juillet et d’août (soit 30 au total), le Festival de Mörbisch propose deux distributions. Celle à laquelle nous avons assisté, comporte les artistes de la première représentation : l’électrisant trio des femmes, Donna (Bettina Mönch), Tanja (Ines Hengl-Pirker) et Rosie (Milica Jovanović) qui recueillent des ovations méritées et celui des pères formé par Sam (Lukas Perman), Bill (Peter Lesiak) et Harry (Christof Messner) qui se révèle tout aussi réjouissant. Sky (Timotheus Hollweg) et Sophie (Anna-Rosa Döller) les futurs mariés sont autant attachants que dynamiques.
Bien que cette version soit naturellement, comme il est ici de tradition, en langue allemande, on suit parfaitement les développements de cette effervescente histoire, dans la mesure où, d’une part les artistes sont particulièrement expressifs, et de l’autre parce que cette comédie musicale comporte, pour la plupart des passages musicaux, des chansons du groupe ABBA extrêmement connues. Il faut en effet rappeler que la création de l’œuvre remonte à près d’un quart de siècle (en 1999). Le public participe au demeurant à ce spectacle joyeux, en applaudissant voire en dansant sur le final. Outre la brillante distribution, et comme de coutume en ces lieux, il convient de louer les brillants numéros chorégraphiques confiés à une troupe de danseurs et de danseuses d’un niveau exceptionnel.
Pour poursuivre ce cycle de comédies musicales, le Festival de Mörbisch proposera l’été prochain My Fair Lady, la célèbre comédie musicale de Frederik Loewe.
Christian Jarniat
12 août 2023
1) Rappelons que Mamma Mia ! est représentée en version française au Casino de Paris, depuis le 21 octobre jusqu’au 21 janvier 2024.