Chantons sous la pluie

Chantons sous la pluie

Nacio Herb Brown (1896-1964)

 

Datant de 1952, le film Singin’ in the Rain (“Chantons sous la pluie”) est une réussite totale. Rencontre d’un trio hors du commun formé de Gene Kelly, Stanley Donen et du producteur Arthur Freed, cette évocation nostalgique et parodique de la fin du muet et des débuts du parlant, est une source perpétuelle d’émerveillement : “Passant avec génie de la comédie burlesque à la comédie musicale, Gene Kelly et Stanley Donen, maniant tour à tour l’ironie et la poésie, s’interrogeant au passage sur la création cinématographique et l’art en général, ont créé un joyau…” (André Moreau dans “Télérama”, 1984).

Il fallait donc un certain mérite pour transposer à la scène ce film “culte”. Ce sont les scénaristes du film eux-mêmes, Betty Comden et Adolph Green qui se sont attelés à la tâche. Le résultat : trente ans après la sortie du film (30 juin1983), Singin’ in the Rain triomphait pendant trois ans au London Palladium ; par contre, la version donnée à Broadway en 1985 était rapidement retirée de l’affiche.

À l’Opéra Royal de Wallonie, il existe une tradition : depuis une trentaine d’années la plupart des comédies musicales américaines ont été créées ou représentées en version française. Jean-Louis Grinda, alorsl directeur général de l’ORW et lui-même passionné de comédies musicales, n’a pas eu à se faire violence pour adapter en français Singin’ in the Rain et en assurer la mise en scène en collaboration avec Claire Servais (texte en français, lyrics en anglais). Avec son équipe habituelle et des interprètes judicieusement choisis, il a réalisé un spectacle qui a réuni tous les suffrages dès sa création à Liège le 17 décembre 1999. Quelques semaines plus tard, l’Opéra d’Avignon et des Pays de Vaucluse, coproducteur de l’ouvrage, assurait la création en France (22 janvier 2000). 

On n’espérait guère sa venue à Paris, Paris qui avait ignoré La mélodie du bonheur et My Fair Lady, Paris qui avait tourné le dos à Kiss me Kate, La Cage aux folles, voire Peter Pan. Mais Chantons sous la pluie s’est installé à Paris, théâtre de la Porte Saint-Martin, le 17 janvier 2001. Les Parisiens sont venus en masse applaudir cette belle comédie musicale… qui a reçu la consécration suprême en se voyant décerné le Molière du meilleur spectacle musical.

Sources : Dossier de presse de l’Opéra Royal de Wallonie et Articles parus dans “Opérette” notamment celui de Michel Leclercq

— L’argument

Hollywood, 1927…   Don Lockwood et Lina Lamont, célèbres vedettes du muet, assistent à la première de leur nouveau film (muet) d’aventures romanesques, The Royal Rascal. Interviewé par l’échotière Dora Bailey, Don raconte au public qui l’écoute à la radio l’histoire, fort enjolivée, de son ascension depuis ses débuts comme modeste acteur de vaudeville jusqu’à son partenariat avec Miss Lamont dans un western de série B. Depuis lors, les films se sont succédés à un rythme accéléré, avec un succès grandissant, la rumeur voulant en plus qu’une idylle se soit nouée entre Don et Lina.
Après la projection de The Royal Rascal, toute l’équipe du film se retrouve à une soirée organisée par le producteur R.F. Simpson, soirée au cours de laquelle Don est interpellé par un escrimeur professionnel qui le met au défi de rejouer sur le vif sa grande scène de duel de l’écran ; c’est en voulant se défiler que Don tombe littéralement sur Kathy Selden, jeune danseuse de théâtre qui souhaiterait se faire un nom au cinéma et qui a été conviée à venir se produire à la party.
Alors que R.F. Simpson tourne en ridicule l’idée de la réalisation d’un film entièrement parlant, Kathy surgit telle une bombe d’un énorme gâteau que l’on présente aux invités ; exaspérée par les propos moqueurs de Don, elle se saisit d’une tarte pour la lui lancer à la figure mais c’est Lina qui la reçoit.

Après le grand succès du film The Jazz Singer, R.F. Simpson souhaite que le nouveau film de Don et Lina, The Duelling Cavalier, soit lui aussi parlant. Ne parvenant pas à oublier la petite Kathy, Don est consolé par son ami Cosmo qui lui chante la joie de vivre des gens du spectacle ; d’un autre côté, la situation entre les deux stars devient de plus en plus tendue, notamment lorsque Don apprend que Lina, jalouse de Kathy, lui a fait perdre son emploi. Sur le plateau du tournage, Don, qui a retrouvé Kathy engagée comme figurante et lui a déclaré son amour, n’éprouve guère de difficultés pour les séances de prise de son ; mais il n’en va pas de même pour Lina, desservie par sa voix stridente à l’accent brooklynien prononcé et son incapacité à parler en direction du micro.
La première de The Duelling Cavalier ayant tourné au désastre, Kathy et Cosmo essayent de convaincre Don que le film pourrait être sauvé en en faisant une comédie musicale, pour laquelle Kathy doublerait vocalement Lina.
Après une longue nuit de discussions, le trio est prêt à passer une nouvelle journée pour mettre au point son projet. Ayant reconduit Kathy à une station de taxis, Don rentre chez lui, chantant et dansant sous la pluie. Bien que ne partageant pas l’enthousiasme de Don et de Cosmo, R.F. Simpson accepte cependant que The Duelling Cavalier devienne The Dancing Cavalier. Lorsque Lina découvre qu’elle a été doublée par Kathy, elle l’accuse d’abord d’avoir détruit l’amour, en fait inexistant, que Don éprouve pour elle et, faisant intervenir son avocat, croit pouvoir l’obliger à n’être jamais rien d’autre que sa doublure, au grand désespoir de R.F. Simpson qui pressentait avoir découvert une nouvelle star.
Le soir de la première triomphale de The Dancing Cavalier, Lina veut prendre la parole en public et, pressée par ses nombreux admirateurs, se voit obligée d’interpréter une chanson. Pendant qu’elle s’exécute, Don, Cosmo et R.F. Simpson hissent le rideau, révélant au public que le talent vocal de Lina doit tout à celui de Kathy, celle-ci chantant en coulisse ce que celle-là mime sur le devant de la scène. Ridiculisée, Lina s’effondre tandis que Kathy, confuse, tente de quitter la salle mais elle est rappelée par Don qui, devant un public enthousiaste, reprend l’air principal de leur film.

La partition

Acte I : “Fit as a fiddle” (Don Lockwood, Cosmo Brown) ; “You stepped out of a dream” (Don Lockwood) ; “All I do” (Katy Selden, chanteuses danseuses) ; “You stepped out of a dream” (reprise) ; “Make’m laugh” (Cosmo Brown) ; “Beautiful girl” (le chanteur de la production) ; “You are my lucky star” (Katy Selden) ; “You were meant for me” (Don Lockwood, Katy Selden) ; “Moses” (le professeur de diction, Don Lockwood, Cosmo Brown) ; “Good morning” (Katy Selden, Don Lockwood, Cosmo Brown) ; Intro “Singing in the rain” ; “Singing in the rain” (Don Lockwood) ;
Acte II : Introduction ; “Would you ?” (Katy Selden) ; “All I do” (reprise); “Qu’est ce qui cloche ?” (Lina Lamont) ; “Broadway melody” (Katy Selden, Don Lockwood, Cosmo Brown) ; “Broadway melody” (reprise) ; Final (tous) “Would you ?”, “Lucky star”.

Fiche technique

Chantons sous la pluie (Singin’ in the Rain)
Basé sur le Film MGM (Chorégraphie originale de Gene Kelly et Stanley Donen) ; scénario et adaptation de Betty Comden et Adolph Green; Chansons de Nacio Herb Brown et Arthur Freed.
Création à Londres, London Palladium, le 30 juin 1983.
Production originale à Broadway de Maurice Rosenfield, Lois F. Rosenfield et Cindy Pritzker en 1985.

Version française (d’après la version de Broadway) créée à Liège le 17 décembre 1999.
Adaptation française du texte de Jean-Louis Grinda. Lyrics en anglais.
Coproduction Opéra d’Avignon et des Pays de Vaucluse/ Opéras de Montpellier/ Opéra Royal de Wallonie. Direction musicale, Gilles Nopre; mise en scène, Claire Servais et Jean-Louis Grinda; décors et costumes, Michel Fresnay; chorégraphie; Barry Collins, assisté de Frédérique Leroy; lumières, Jacques Chatelet. Orchestre et chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie.

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Joel Mitchell et Isabelle Georges (© ORW)

La distribution : Isabelle Georges (Kathy Selden) ; Estelle Danière (Lina Lamont) ; Jacqueline Guy (Dora Bailey/ Miss Dinsmore) ; Angélique Rivoux (Zelda Zanders) ; Joel Mitchell (Don Lockwood) ; Rodolphe Briand (Cosmo Brown) ; René Camoin (Hercule Simpson) ; Jean-Philippe Corre (Roscoe Dexter) ; Maurice Xiberras (Rod) ; Stéphane Gilles (Le chanteur de la production/ le cow boy/ l’ingénieur du son) ; Barry Collins (Le professeur de diction) ; Laurence Mukendi (Olga Mara) ; Anne-Françoise Lecoq (Mary Margaret ); Don jeune et Cosmo jeune (élèves de l’école danse de l’Académie Grétry) ; Jacky Leenarts (Le policier) ; Nicolas Mottart (Sam le majordome /4° assistant réalisateur) ; Lillo Farrauto (1° assistant réalisateur) ; Stephen Laird (2° assistant réalisateur) ; Marc Tissons (3° assistant réalisateur) ; Emilienne Coquaz (l’habilleuse en chef) ; Marcel Arpots (le coiffeur) ; Robert Carrique (Sid Phillips).
Création en France, à l’Opéra d’Avignon et des Pays du Vaucluse le 22 janvier 2000.
Création à Paris, au Théâtre de la Porte-Saint-Martin le 17 janvier 2001. (Mêmes distributions que ci-dessus)

Discographie

Sélections

– Bande son du film

– Version originale de Londres avec Tommy Steele, Roy Castle, Sarah Payne, Danielle Carson (First Night Records OCR CD 6013)

– Version studio avec Michael Gruber, Randy Rogel, Christina Saffron, Nancy Ringham (CDTER2 1240)

Références

Vous retrouverez Chantons sous la pluie dans ” Opérette ” n° 114, 117, 119, 120, 127, 174, 194 & 204. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 27/02/2024

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