Andalousie

Francis Lopez (1916-1995)

 

La Belle de Cadix (1945) avait été montée sans grands moyens, car les protagonistes étaient encore peu connus, et guère sont ceux qui auraient parié à l’avance sur le triomphe obtenu par Luis Mariano et le compositeur Francis Lopez. La notoriété du tandem étant désormais acquise, les propositions affluèrent de toute part.

Le14 septembre 1946, le théâtre de la Gaîté-Lyrique, dirigé par Henri Montjoye, créait une nouvelle opérette de Maurice Yvain, Chanson Gitane, avec André Dassary, qui réussit parfaitement. Pour succéder à l’opérette du compositeur de tant de succès, le directeur engagea Luis Mariano et la partition du nouvel ouvrage fut évidemment confiée à Francis Lopez. Au librettiste Raymond Vincy, autre artisan du succès de La Belle de Cadix, on adjoignit l’irremplaçable Albert Willemetz.

Pour Andalousie, Francis Lopez composa une excellente partition, pour beaucoup la plus élaborée de sa féconde production. Les principaux airs du ténor, « Andalousie », « Je veux t’aimer », « Santa Maria », « La Fête à Séville », « Ole Torero », son duo avec Dolorès, « Dans ce château », l’air de Fanny, La Valse Viennoise et celui de Dolorès, « Ça fait tourner la tête » devinrent rapidement très populaires.
La carrière d’Andalousie commença le 25 octobre 1947. Une musique pimpante donc, une interprétation brillante, une mise en scène et des costumes somptueux, des ballets bien réglés contribuèrent au succès de l’opérette, qui se joua une année entière à la Gaîté Lyrique. Aux côtés de Luis Mariano en pleine possession de ses moyens vocaux, Maurice Baquet était le fantaisiste accompli que l’on sait. Marina Hotine chantait et jouait Dolorès avec beaucoup de charme tandis que Gise Mey campait une Pilar très appréciée. Et le reste de la distribution rivalisait d’entrain !
Andalousie se tailla ensuite un triomphe en province.

La Gaîté Lyrique fit une reprise d’Andalousie d’août à novembre 1954. Rudy Hirigoyen, puis Jacques de Mersan étaient Juanito. Gise Mey abandonna le rôle de Pilar pour celui de Dolorès, Maurice Baquet étant toujours Pépé. Le rôle de Pilar fut confié à Doris Marnier, celui de Fanny à Arta Verlen. Marcel Cariven dirigeait l’orchestre.

Curieusement, de nos jours, Andalousie n’est reprise que de façon épisodique. Pourtant, la partition, on l’a dit, est de qualité et populaire. L’histoire ne brille sans doute pas par son originalité, mais elle vaut bien celle de La Belle de Cadix ou du Chanteur de Mexico. Mystère…

— L’argument

Acte I

En 1860, dans la petite cité andalouse de Toblada, Juanito, le marchand d’alcarazas, est la coqueluche de toutes les filles des alentours. Mais Juanito n’a d’yeux que pour Dolorès, la fille de l’aubergiste. Et le cœur de Dolorès ne bat que pour Juanito. Pour abriter leur futur bonheur, le jeune homme souhaite offrir à sa bien aimée ce château andalou, qui se détache là-haut sur la colline. Et pour cela, il est décidé à faire fortune en devenant torero.
À ses débuts aux arènes de Grenade, il est si brillant qu’un contrat de plusieurs mois pour le Venezuela lui est proposé. Malgré les réticences de Dolorès, inquiète d’une si longue séparation, le jeune homme s’embarque pour l’Amérique. Au Venezuela, il devient bientôt célèbre. À Caracas, il fait la connaissance de la cantatrice Fanny Miller. La jeune femme tombe éperdument amoureuse d’un Juanito qui, le cœur plein du souvenir de Dolorès, ne lui prête guère attention.  Pour le conquérir, elle commence par intercepter les lettres d’amour que le jeune homme adresse régulièrement à Dolorès.
Dans son village andalou, la jeune fille s’inquiète du silence de son amoureux. L’article d’un journaliste qui invente une idylle entre la chanteuse et le torero la persuade de la trahison du jeune homme.
Juanito revient enfin en Espagne. Il est accompagné de Fanny qui a décidé de visiter l’Andalousie. Valiente, un proscrit politique vénézuélien, prétendant éconduit de Fanny, arrive également en Espagne, bien décidé à se venger de Juanito, qu’il croit amoureux de la chanteuse.
À Séville, dans une maison de danse, Juanito reconnaît Dolorès, dans la Estrellita, la nouvelle étoile de la danse. Furieux, il interrompt son numéro. Les deux jeunes gens se disputent, s’accusent mutuellement de trahison. Valiente s’interpose et Juanito doit se retirer.

Acte II

Le proscrit fait une cour empressée à Dolorès. Pour provoquer Juanito, la jeune fille reçoit Valiente à souper. Ce dernier se rend vite compte que sous des aspects provocants, la Estrellita n’est qu’une petite fille malheureuse. Juanito arrive hors de lui et se dispute avec Dolorès et Valiente. Mais des policiers frappent à la porte pour arrêter le proscrit. Les lois de l’hospitalité sont sacrées : devant les policiers, Juanito et Dolorès paraissent vivre un amour sans nuage, pendant que Valiente reste caché dans la pièce voisine.
Après leur départ, le Vénézuélien comprend qu’il lui faut réconcilier ces deux jeunes gens. Il tente de s’expliquer, mais Juanito sort en claquant la porte. Désespéré, le torero décide de se laisser tuer à la corrida du lendemain. Il faut à Fanny les instances de Valiente et surtout la certitude que le jeune homme est décidé à mourir, pour qu’elle consente à lui avouer la vérité. Juanito revit.
Dès la corrida terminée, il part à la recherche de Dolorès, devenue introuvable. C’est à Toblada qu’il la rejoindra. Tendrement enlacés, les amoureux peuvent contempler le château andalou où ils cacheront bientôt leur bonheur.

La partition

   Acte I : Chœur d’entrée ; « La légende du linge » (Dolorès) ; « J’ai tout, tout, tout (Pépé) » ; « Le marchand d’alcarazas » (Juanito) ; « Dans ce château » (Juanito et Dolorès) ; Chœur des lavandières ; « Je veux t’aimer d’un amour merveilleux » (Juanito) ; « La Valse Viennoise » (Fanny) ; « Seul » (Valiente) ; « Andalucia mia » (Juanito) ; Trio des femmes (Pilar, Dolorès, Dona Vittoria) ; « Ole Torero ! » (Juanito) ; C’est la fête à Séville (Juanito) ; Final 1

   Acte II : Chœur des fleuristes ;Trio des comiques (Pépé, Greta, Pilar) ; Chant du Sereno ; « Cà fait tourner la tête » (Dolorès) ; Octuor ; Prière de Juanito « Santa Maria » ; Final II.

Fiche technique

Andalousie
Opérette à grand spectacle en 2 actes et 22 tableaux d’Albert Willemetz et Raymond Vincy ; musique de Francis Lopez.
Création à Paris, théâtre de la Gaîté Lyrique le 25 octobre 1947 avec :
Marina Hotine (Dolorès), Gise Mey (Pilar), Sophia Boteny (Fanny), Jacqueline Lejeune (Greta), Andrée Moreau (Dona Vittoria), Luis Mariano (Juanito), Maurice Baquet (Pépé), Pierre Fauré (Valiente), Frédéric O’Brady (Baedeker), Métairie (Caratcho) ; direction musicale, Jef de Murel ; mise en scène d’Henri Montjoie ; décors et costumes de Raymond Fost.

Editions Chappell

— Discographie

Sélections
Gise Mey, Marina Hotine, Luis Mariano, Germaine Roger, Maurice Baquet. Orch. Jacques-Henri Rys, Marcel Cariven ou Raymond Legrand (chansons en supplément).
Marianne Mélodie 061712 (1CD)

Luis Mariano, Marina Hotine, Gise Mey. Direction musicale, Jacques-Henri Rys et Marcel Cariven.
Emi C 062-11994 1-1 disque 33T 30cm

Luis Mariano. Direction musicale, Jacques-Henri Rys
Emi C062-10401-1 disque 33T 30cm 1 face (au verso,  La Belle de Cadix)

Rudy Hirigoyen, Janine Ribot. Direction musicale, Jacques Météhen
CBS 52597 1 disque 33T 30cm

Aldo Filistad, Michèle Raynaud, Liliane Berton, Robert Andreozzi. Direction musicale, Jésus Etcheverry
Universal Accord 4769989 (+ Méditerranée) (2CD) & Philips 83 74 84 GY (1 V)

Références

Vous retrouverez Andalousie dans « Opérette » n° 23, 47, 63, 95, 103, 105, 148, 159, 161, 179, 189, 201, 205 & 207. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Anciens numéros »

Dernière modification: 26/02/2024

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