Adolphe Charles Adam est né à Paris le 24 juillet 1803. Son nom survit aujourd’hui à travers quelques œuvres diverses et, pour certains, est irrémédiablement attaché à un cantique d’église, le célèbre noël : « Minuit chrétiens » ; pour d’autres, il évoque le célèbre ballet romantique, Giselle ; quant aux amateurs d’opéras-comiques, ils considèrent Le chalet comme un petit chef d’œuvre et ils écoutent toujours avec plaisir Si j’étais roi ou Le Postillon de Lonjumeau. Contemporain d’Auber et de Hérold, il n’aborda pas l’opéra, peu fait pour lui, mais se prodigua dans le genre léger dont naîtra l’opérette.
Son père, Jean-Louis Adam (1758-1848), d’origine alsacienne, fut le fondateur de l’école française de piano.
Après un revers de fortune de la famille, le jeune Adolphe se mit à travailler pour payer ses cours de musique, d’abord comme triangle puis comme timbalier et, plus tard, comme chef des chœurs, tout en vendant des romances à quatre sous aux petits éditeurs. Admis au Conservatoire en 1817, il y travailla négligemment jusqu’à ce que Boieldieu le prenne dans sa classe et lui apprenne à écrire de la musique claire, vive et gracieuse.
Désirant faire carrière au théâtre, Adam s’arrangea pour travailler dans l’orchestre du théâtre du Gymnase ce qui lui permit d’observer comment fonctionnait le métier : écriture musicale, orchestre, chanteurs et réactions du public.
Il eut la satisfaction de se faire connaître avec un acte sérieux, Pierre et Catherine, qui obtint 36 représentations à l’Opéra-Comique. La réussite de ce sujet « russe” lui valut la commande d’un second sujet « russe” en trois actes, Danilowa dont le succès débutant fut interrompu par la Révolution de 1830. Pendant cette période troublée, Adam produisit encore une demi-douzaine de petits ouvrages avant de se réfugier en Angleterre, chez son beau-frère, directeur du théâtre de Covent Garden. Il composa deux opéras pour Covent Garden et pour le Théâtre Français de Londres : His first campaign, qui fut un succès, et The Dark diaman qui n’eut que trois représentations. Il fit également représenter, au King’s Theatre, au commencement de 1834, son second ballet, Faust (le premier, La Chatte blanche avait été donné aux Nouveautés en 1832).
En fait, le premier grand succès d’Adam, et le plus durable, fut celui de l’opéra-comique en un acte, Le Chalet, composé sur un livret de Scribe. La première représentation fut donnée le 25 septembre 1834 à l’Opéra-Comique.
La réussite de cette œuvre fut dépassée par celle du Postillon de Lonjumeau, opéra-comique en trois actes donné deux ans plus tard dans le même théâtre. La pièce s’est plus ou moins maintenue au répertoire. L’œuvre gagna l’étranger où elle connut un accueil semblable.
En 1839, Adam se rendit à Saint-Pétersbourg, à l’invitation du tsar qui voulait entendre Le Brasseur de Preston, et de la danseuse Marie Taglioni, pour laquelle il avait composé les ballets La Fille du Danube et La Jolie fille de Gand que l’artiste venait de présenter aux Russes ; désirant leur offrir une création, Adam composa, Morskoï Rasboinik (L’Ecumeur de mer) qui fut un très grand succès. Sur le chemin du retour, il s’arrêta à Berlin pour y faire triompher un nouvel opéra, Les Hamadryades, composé, appris et répété en moins de trois semaines ! Son retour à Paris fut marqué par quelques échecs : La Rose de Péronne et La Main de fer, mais le succès revint bientôt avec le triomphe, à l’Opéra, du ballet Giselle (1841) dansé par Carlotta Grisi, et par la réussite à l’Opéra-Comique du Roi d’Yvetot (1842) et Cagliostro (1844).
S’étant brouillé avec la direction de l’Opéra-Comique, Adam créa son propre théâtre, le Théâtre National, lequel disparut après quelques mois d’existence. En 1847, il acheta le cirque du boulevard du Temple et y ouvrit un nouveau théâtre, l’Opéra National. Malheureusement, la Révolution de 1848 amena la fermeture du théâtre et la ruine du compositeur. Pour essayer de solder les dettes énormes qu’il avait contractées, Adam vendit meubles et argenterie, eut recours au Mont de Piété, abandonna ses droits d’auteur et vit saisir son traitement de membre de l’Institut. Pour augmenter ses revenus, il se mit à écrire la rubrique musicale de diverses revues et composa énormément. Le général Cavaignac (nommé à la tête du pouvoir exécutif, au début de la Seconde République) le tira d’affaires en créant, à son intention, une nouvelle classe de composition au Conservatoire.
Plusieurs de ses œuvres suivantes connurent un grand succès.
Le Toréador, charmant et désopilant opéra bouffe, marqua, en 1849 la rentrée éclatante d’Adam à l’Opéra-Comique.
Cet ouvrage fut suivi, la même année, par la création d’un nouveau grand ballet à l’Opéra, La Filleule des fées et l’année suivante par la réussite de Giralda, trois actes donnés à l’Opéra-Comique. Le livret de Scribe est un imbroglio invraisemblable, mais il est alerte, vivant et se prête bien à la scène.
Cet opéra-comique avait été composé avant Le Toréador mais à cause de ses ennuis financiers, Adam n’avait pu le faire représenter plus tôt ; il fut créé le 20 juillet 1850 avec grand succès.
Puis ce fut, en 1852, La Poupée de Nuremberg un opéra bouffe en un acte lui aussi donné au Théâtre Lyrique.
Cette même année 1852 vit encore la création du ballet Orfa, deux autres petits ouvrages et surtout l’une des pièces maîtresses d’Adam, Si j’étais roi, donnée au Théâtre Lyrique. Le sujet, invraisemblable mais offrant de l’exotisme et de nombreux rebondissements, s’inspire d’un épisode des Mille et une nuit.
L’année 1853 vit paraître Le Sourd, trois actes donnés à L’Opéra-Comique, dont les représentations, d’une drôlerie énorme, provoquaient des crises de fou rire au jeune Camille Saint-Saëns, Le Roi des halles et Le Bijou perdu, donnés au Théâtre Lyrique, et le célèbre ballet Le Diable à quatre, à l’Opéra. En 1854 et 1855, Adam produisit trois ouvrages : Le Muletier de Tolède, A Clichy et Le Houzard de Berchini. L’année 1856, celle de sa mort, fut marquée par une intense production avec Falstaff, le ballet Le Corsaire, Mam’zelle Geneviève, diverses petites pièces et sa dernière partition : Les Pantins de Violette. L’ouvrage, une opérette bouffe en un acte, était une commande d’Offenbach pour son théâtre des Bouffes-Parisiens où elle fut créée le 29 avril 1856.
Moins de quatre jours après la première, dans la nuit du 2 au 3 mai, Adam mourut subitement, chez lui, à Paris, dans son sommeil, sans que rien ne laissât présager qu’il souffrait d’une quelconque affection : il n’avait que 53 ans mais sans doute était-il épuisé par l’énorme quantité de travail qu’il avait fournie. En effet, outre les multiples ouvrages pour la scène qu’il avait composés, on lui doit de nombreuses pages, des motets, des morceaux pour orgue, un recueil de chants religieux (comprenant « Minuit Chrétiens »…), des mélodies, des romances, des chœurs, des marches pour grand orchestre et environ 150 morceaux pour piano, fantaisies et transcriptions, surtout à l’usage des enfants.
Adam, qui faisait preuve d’une très grande facilité, possédait un sens inné de la mélodie, claire, agréable à l’oreille. Les articles qu’il avait écrits ont été rassemblés dans deux livres : Souvenirs d’un musicien et Derniers souvenirs d’un musicien qui furent publiés chez Michel Lévy frères après sa mort.
Résumé d’un article de Bernard Crétel
— Références
Vous retrouverez Adolphe Adam dans « Opérette » n° 74, 112 & 131. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
— Œuvres lyriques
Légende : oc = opéra comique, ob = opéra bouffe, v = vaudeville, c lyr = comédie lyrique, d lyr = drame lyrique, o = opéra
Le chiffre indique le nombre d’actes.
Création | Titre | Auteurs | Nature | Lieu de la création |
1824 9 juin |
Baiser au porteur (Le) | Scribe (Eugène), Gensoul (Justin), Courcy (Frédéric de) | v 1 | Paris, Gymnase-Dramatique |
1827 28 déc |
Mal du pays (Le), ou La batelière de Brientz | Scribe (Eugène), Duveyrier (Anne Honoré, dit Mélesville) | v 1 | Paris, Gymnase-Dramatique |
1829 9 fév |
Pierre et Catherine | Saint-Georges (Jules Vernoy de) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Feydeau) |
1830 23 avr |
Danilowa | Vial (Jean-Baptiste), Duport (Paul) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1830 21 août |
Trois jours en une heure [1] | Gabriel de Lurieu (Jules Joseph), Masson (Alexandre) | c lyr 1 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1830 2 déc |
Joséphine ou Le retour de Wagram | Gabriel de Lurieu (Jules Joseph), Laboullaye (F.S. de) | o 1 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1831 7 mars |
Morceau d’ensemble (Le) | Courcy (Frédéric de), Carmouche (Pierre) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1831 9 juil |
Grand Prix (Le) ou Le voyage à frais communs | Gabriel de Lurieu (Jules Joseph), Masson (Alexandre) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1831 13 août |
Livre de l’ermite (Le) [2] | Planard (François Antoine de), Duport (Paul) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Ventadour) |
1831 1° déc |
Casimir ou Le premier tête-à-tête | Desnoyers (Charles) | oc 2 | Paris, Nouveautés (R. Vivienne) |
1832 1° oct |
First campaign (His) [Sa première campagne] |
? | oc 2 | Angleterre, Londres, Covent Garden |
1832 5 nov |
Dark diamond (The) [Le diamant noir] |
? | oc 3 | Angleterre, Londres, Covent Garden |
1833 19 sept |
Proscrit (Le) ou Le tribunal invisible | Carmouche (Pierre), Saintine (Xavier Boniface) | d lyr 3 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1834 23 janv |
Bonne fortune (Une) | Mennechet (Edouard), Feréol (A.) [Second (Louis), dit] | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1834 25 sept |
Chalet (Le) | Scribe (Eugène), Duveyrier (Anne Honoré, dit Mélesville) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1835 28 fév |
Marquise (La) | Saint-Georges (Jules Vernoy de), Leuven (Adolphe de) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1835 29 juin |
Micheline ou L’heure de l’esprit | Masson (Alexandre), Villain de Saint-Hilaire (Amable), Villeneuve [Vallou de (T.F.)] | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1836 13 oct |
Postillon de Longjumeau (Le) | Leuven (Adolphe de), Brunswick (Léon) (= Lhérie) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1838 6 janv |
Fidèle berger (Le) ou Au fidèle berger | Scribe (Eugène), Saint-Georges (Jules Vernoy de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1838 31 oct |
Brasseur de Preston (Le) | Leuven (Adolphe de), Brunswick (Léon) [= Lhérie (Léon)] | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1839 17 janv |
Régine ou Deux nuits | Scribe (Eugène) | oc 2 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1839 19 sept |
Reine d’un jour (La) | Saint-Georges (Jules Vernoy de), Scribe (Eugène) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Nouveautés) |
1840 28 avr |
Hamadryaden (Die) [Les Hamadryades] |
? | oc | Allemagne, Berlin |
1840 17 déc |
Rose de Péronne (La) | Leuven (Adolphe de), Ennery (Adolphe d’) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1841 26 oct |
Main de fer (La) ou Un mariage secret | Scribe (Eugène), Leuven (Adolphe de) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1842 13 oct |
Roi d’Yvetot (Le) | Leuven (Adolphe de), Brunswick (Léon) [= Lhérie (Léon)] | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1843 14 sept |
Lambert Simnel [3] | Scribe (Eugène), Duveyrier (Anne Honoré, dit Mélesville) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1844 10 fév |
Cagliostro | Saint-Georges (Jules Vernoy de), Scribe (Eugène) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1844 7 oct |
Richard en Palestine | Foucher (Pierre) | o 3 | Paris, Opéra (Le Peletier) |
1847 31 mai |
Bouquetière (La) | Lucas (Hippolyte) | o 1 | Paris, Opéra (Le Peletier) |
1847 15 nov |
Premiers pas (Les) ou Les deux génies [4] | Royer (Alphonse), Vaëz (Gustave) [= Nieuwenhuysen (Gustave van)] | oc 1 | Paris, Opéra-National |
1849 18 mai |
Toréador (Le) ou L’accord parfait | Sauvage (Thomas) | oc 2 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1849 24 déc |
Fanal (Le) | Saint-Georges (Jules Vernoy de) | o 2 | Paris, Opéra (Le Peletier) |
1850 20 juil |
Giralda ou La nouvelle Psyché | Scribe (Eugène) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1852 21 fév |
Poupée de Nuremberg (La) | Leuven (Adolphe de), Beauplan (Arthur de) | oc 1 | Paris, Opéra-National |
1852 19 mars |
Farfadet (Le) | Planard (François Antoine de) | oc 1 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1852 4 sept |
Si j’étais roi ! | Ennery (Adolphe d’), Brésil (Jules) | oc 3 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1852 16 nov |
Fête des arts (La) | Méry (Joseph) | intermède | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1853 2 fév |
Sourd (Le) ou L’auberge pleine | Leuven (Adolphe de), Langlois (J.A.F.) | oc 3 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1853 11 avr |
Roi des Halles (Le) | Leuven (Adolphe de), Brunswick (Léon) [= Lhérie (Léon)] | oc 3 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1853 6 oct |
Bijou perdu (Le) | Leuven (Adolphe de), Pittaud de Forges (Philippe) | oc 3 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1853 15 oct |
Diable à quatre (Le) ou La femme acariâtre [5] | Creuzé de Lesser (Augustin), Sedaine (Jean Michel) | oc 4 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1854 16 déc |
Muletier de Tolède (Le) | Ennery (Adolphe d’), Clairville (Louis François) [Nicolaïe, dit] | oc 3 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1854 24 déc |
A Clichy | Ennery (Adolphe d’), Grangé (Eugène) | oc 1 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1855 17 oct |
Houzard de Berchini (Le) (ou Le Hussard de Bercheny) | Rosier (J.B.) | oc 2 | Paris, Opéra-Comique (Favart) |
1856 18 janv |
Falstaff | Saint-Georges (Jules Vernoy de), Leuven (Adolphe de) | oc 1 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1856 24 mars |
Mam’zelle Geneviève | Beauplan (Arthur de), Brunswick (Léon) [= Lhérie (Léon)] | oc 2 | Paris, Th. Lyrique (Bd du Temple) |
1856 29 avr |
Pantins de Violette (Les) [6] | Battu (Léon) | ob 1 | Paris, Bouffes-Parisiens (Choiseul) |
[1] avec Romagnési (Antoine Joseph Michel)
[2] avec Carafa (Michele)
[3] avec Monpou (Hippolyte)
[4] avec Auber (Daniel François Esprit), Halévy (Jacques Fromental Elie), Carafa (Michele)
[5] avec Solié (Jean-Pierre)
[6] avec Delibes (Léo)
Dernière modification: 29/02/2024