Bien qu’elle soit parisienne d’origine, c’est à Lille que Colette Riedinger fait le Conservatoire ; elle y remporte en 1947 un Premier Prix à l’unanimité ; elle est engagée au Grand Théâtre de la ville dans des rôles d’opérette et d’opéra-comique ; avec plus de cinquante rôles à son répertoire, elle sillonne ensuite la France jusqu’à cette année 1953 qui est un tournant dans sa carrière.
Maurice Lehmann qui l’avait entendue à Cannes dans Valses de Vienne l’engage pour être coup sur coup Clairette dans La Fille de Madame Angot sur la scène de l’Opéra-Comique, puis Joséfa dans L’Auberge du Cheval blanc au Châtelet. La première la fait figurer au sein d’une distribution de rêve : Maria Murano, Jacques Jansen, Raymond Amade, Louis Musy ; la seconde marque sa première entrée dans le temple de l’opérette à grand spectacle ; ses partenaires sont bien connus : Bernard Plantey, Fernand Sardou, Luc Barney, Christiane Harbell (plusieurs enregistrent avec elle l’intégrale Decca) ; les spectacles sont alors somptueux et la notoriété de Colette Riedinger est grande. Dans L’Auberge, elle reste inégalée dans le rôle de Joséfa. C’est ce qui pousse Lehmann à lui proposer un an plus tard de faire la création de la nouvelle opérette de Francis Lopez, La Toison d’or ; elle a pour partenaire André Dassary.
Colette Riedinger fait le point sur sa carrière et répond à Germaine Ramos dans « La Semaine radiophonique » : « Je n’ai jamais eu besoin de passer d’audition ; et j’ai joué L’Auberge sans jamais l’avoir vue représenter… J’ai enregistré un microsillon de cette charmante Auberge, et aussitôt on m’a offert chez Decca un contrat de trois ans… C’est peut-être parce que je donne toute ma vie à mon métier, que rien d’autre ne m’intéresse. Cela doit se sentir et être sympathique. » (janvier 1955).
On reverra en 1958 Colette Riedinger une dernière fois sur la scène du Châtelet, cette fois-ci dans Valses de Vienne aux côtés de Huguette Boulangeot, Henri Gui et André Baugé. Puis Colette Riedinger dans les années 60 ira tenter sa chance Outre Atlantique (et se marier !), notamment à Las Vegas où elle se produit pendant une quinzaine d’années. Les échos ne sont pas nombreux de cette seconde carrière ; notre divette trouva-t-elle en terre américaine les merveilleuses occasions parisiennes qui firent d’elle pendant une courte mais brillante carrière l’une de nos plus belles interprètes d’opérette et d’opéra-comique ?
On ne peut oublier cette tessiture identifiable entre toutes, un peu haut perchée dans la grande tradition des premières chanteuses d’alors, l’impeccable diction, les « r » joliment roulés, le charme, la voix rieuse, « une technique vocale qui ne gêne en rien la délicieuse spontanéité » ; ceux qui l’ont vue sur scène ajouteraient la grâce mutine, un visage pur et éclatant, une artiste complète et entièrement dévouée à son art.
D’après Didier Roumilhac
— Discographie :
Intégrales Decca, puis Universal : L’Auberge du Cheval blanc, La Fille de Madame Angot, Les Mousquetaires au couvent, Paganini
Extraits (mêmes éditeurs) : Valses de Vienne, Le Comte de Luxembourg, La Veuve joyeuse, Rêve de Valse
45 tours (idem) : La Toison d’or.
Réédition 2005 Marianne Mélodie 0510842 : La Toison d’or avec André Dassary et Colette Riedinger
Plusieurs enregistrements à la Radio et à la Télévision.
— Références
Vous retrouverez Colette Riedinger dans « Opérette » n° 142. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification : 09/02/2024