Le talent d’Alain Vanzo s’est essentiellement exprimé au cours d’une carrière de chanteur lyrique qui lui a permis d’obtenir une notoriété internationale rarement atteinte par un chanteur français. Mais, le célèbre ténor était aussi un excellent musicien : il jouait de plusieurs instruments et pouvait se prévaloir d’une carrière non négligeable de compositeur. Enfin, de nombreux jeunes interprètes ont fait appel à sa profonde connaissance du chant.
Né à Monaco le 2 avril 1928, Alain Vanzo fait preuve de dons musicaux dès la tendre enfance. À 10 ans, il est capable de reproduire au piano tous les airs qu’il connaît sans avoir pris de leçons. Il chante dans les églises et notamment comme soprano solo de la maîtrise de l’église Saint-Charles de Monaco. Agé de 18 ans, il rencontre un excellent professeur de chant, Madame Audouard, qui, pendant deux ans, lui enseigne les bases de la technique d’émission vocale.
Adolescent toujours, il arpente les terrasses des grands hôtels de la Côte où il chante à pleine voix les succès de l’époque, puis se rend dans des villes d’eaux avant de rejoindre la capitale. Au début des années cinquante, il fait partie d’un orchestre de variétés : il chante et joue de divers instruments dans les brasseries parisiennes. Au Châtelet, il sera quelques semaines la doublure de Luis Mariano dans Le Chanteur de Mexico. Il participe en 1952 à une aventure agréable sans lendemain : l’opérette Les caprices de Vichnou (de Max Fontenoy) donnée au théâtre de l’Etoile.
Mais tout va bientôt se précipiter (1954). Il s’inscrit au concours international des ténors qui se tient à Cannes et remporte le premier prix. Parmi les concurrents, on relevait les noms de Guy Chauvet, Tony Poncet et Gustave Botiaux… Alain Vanzo est immédiatement engagé à l’Opéra de Paris et à l’Opéra-Comique. Pendant trois ans, encadré par d’excellents chefs de chant, il tient chaque soir de petits rôles, et apprend son métier auprès des grands de l’époque : José Luccioni, Raoul Jobin, Georges Thill, Géori Boué… Il acquiert ainsi cette technique du chant sans faille et cette diction parfaite qui le caractérise.
Puis viennent les premiers rôles : Gérald de Lakmé, Le Duc de Mantoue de Rigoletto, Des Grieux de Manon, Don Ottavio de Don Giovanni…
Sa carrière internationale commence en 1960 et s’affirme définitivement en 1965 au Carnegie Hall de New York où il chante Lucrezia Borgia auprès de Montserrat Caballe. Il chante tous les grands rôles à l’Opéra de Paris et s’exprime avec un succès jamais démenti en Grande-Bretagne, en Bulgarie, en Irlande, au Portugal, en Italie, et au Metropolitain Opera de New York. On l’applaudira notamment dans : Don Juan, Manon, La Traviata, Madame Butterfly, Les Pêcheurs de Perles, La Bohème, Le Roi d’Ys, Werther, etc… On notera en particulier sa réussite dans Benvenuto Cellini.
Déjà compositeur de chansons et de mélodies, Alain Vanzo songeait sérieusement à écrire une opérette « vocale ». Mais les engagements qu’il avait à honorer tant à Paris que sur les grandes scènes de l’hexagone ou de l’étranger ne lui laissaient guère le temps de se consacrer à son autre passion : la composition.
La fermeture de l’Opéra et de l’Opéra-Comique le libéra d’une partie de ses contrats. Encouragé par Marc Berthomieu, Marc-Cab et Francis Didelot, il commençe à mettre sur du papier les premières mesures de Pêcheur d’Etoiles. On connaît la suite : l’ouvrage est créé en 1972 au Sébastopol de Lille puis, l’année suivante à Paris, salle Favart.
Dix ans plus tard (Avignon, 1982), il compose l’opéra Les Chouans dont il est, comme pour Pêcheur d’Etoiles, également l’interprète principal. Il serait fastidieux d’énumérer dans le détail toutes les œuvres interprétées par Alain Vanzo. On se contentera de rappeler quelques autres points forts de sa carrière :
1980 est pour lui une année très internationale : les scènes d’Ottawa, Hambourg, Santiago du Chili, Valparaiso, l’ont accueilli. Au Chili, où il chante cinq fois Werther devant un public enthousiaste, il est proclamé « artiste lyrique de l’année ».
En 1982, Alain Vanzo reprend au pied levé le rôle de Don José auprès de Teresa Berganza dans Carmen, mise en scène par Piero Faggianni, salle Favart.
En 1984, il fête ses trente ans de carrière. Après avoir chanté Werther à l’Opéra du Rhin il interprète Faust à l’Opéra de Philadelphie. Une cassette vidéo, qui parait en 1987 aux Etats-Unis, est réalisée à cette occasion. Ce nouveau succès lui ouvre les portes de l’Opéra de Denver où il interprète Les Contes d’Hoffmann.
L’année 1985 marque la grande rentrée parisienne d’Alain Vanzo à l’Opéra de Paris dans le rôle-titre de Robert le Diable. Cette production estivale de Petrika Ionesco fut le clou de la saison lyrique : distribution, orchestre, et décors prestigieux. Aux côtés d’Alain Vanzo les prestigieux Samuel Ramey et June Anderson.
L’année suivante, après une série de récitals qui le mène aux quatre coins de France, le ténor participe aux grands festivals de l’été. L’événement marquant sera la sortie d’un coffret de 3 disques intitulé « 30 ans de carrière » (Le Chant du Monde). Ce coffret sera constitué d’extraits d’opéras et d’opéras-comiques enregistrés à partir de 1958 à l’ORTF sous la baguette de grands chefs d’orchestres français.
On citera encore, en 1986, une série de représentations de Carmen à Rome, Rigoletto à Tours, Manon à Rouen, Verdi à Paris (Pleyel), La Damnation de Faust au Québec…
Notons enfin que, tous au long de ces années, Alain Vanzo fut appelé à chanter de nombreuses fois Sou-Chong du Pays du Sourire dont il a été un des grands interprètes.
Voilà brièvement évoquée les principales étapes de la carrière d’un des plus brillants ténors français qui a atteint les plus hauts niveaux sans publicité tapageuse, en s’appuyant sur son seul talent. Un chanteur dont un critique a pu dire :
« Quelle belle voix ensoleillée, pleine, aux inflexions douces comme le miel, à l’aigu éclatant et quelle intelligence… ».
Une belle voix qui nous a quittés le 27 janvier 2002.
— Discographie (CD)
Le Jongleur de Notre-Dame et Mireille (Emi), Les Pêcheurs de Perles (Emi et Le Chant du Monde), Le Roi d’Ys et Récital classique (Le Chant du Monde), Pénélope et La Périchole (Erato), Récital classique (Vogue), Lakmé (Decca), Mignon et La Grande Duchesse de Gérolstein (CBS), Le Pays du Sourire (INA), Chants de la Libération et Mélodies célèbres (Mariane Mélodies), Chants de la France victorieuse (Musidisc), Chants sacrés et 14 mélodies de Meyerbeer (Perny Productions).
— Références
Site internet: alainvanzo.ifrance.com/alainvanzo
Vous retrouverez Alain Vanzo dans « Opérette » n° 60, 107 et 123. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification : 08/02/2024