Charles Lecocq (1832-1918)
En juillet 1856, Offenbach, directeur des Bouffes-Parisiens, organise un concours d’opérette en 1 acte. Il met au concours Le Docteur Miracle, une pièce écrite par Battu et Halévy. Le jury est présidé par Auber, le directeur du Conservatoire. 68 candidats envoient des manuscrits; 6 sont retenus : ceux de Bizet, Demersseman, Erlanger, Lecocq, Limagne et Maniquet. Le prix est décerné ex æquo à Bizet et Lecocq. Ce dernier estima que Fromental Halévy (son professeur et celui de son concurrent au Conservatoire), avait fortement influencé le jury, et que sans cela, le 1° prix lui serait revenu à lui seul. Il fut décidé de jouer la pièce alternativement, avec les mêmes acteurs, pour donner aux lauréats des chances identiques devant le public. On voulu commencer par l’ouvrage de Bizet. Lecocq protesta. Un tirage au sort l’avantagea.
Le Docteur Miracle de Lecocq fut créé le 8 avril 1857, celui de son concurrent le lendemain. Les deux ouvrages connurent l’un et l’autre un succès médiocre : onze représentations chacun. Par la suite, Bizet ne composera plus d’opérette . Lecocq, quant à lui, estima que l’expérience lui avait permis de se rendre compte qu’il était apte à travailler pour le théâtre. Il persévéra donc, mais dut attendre onze années pour connaître un premier succès : Fleur de Thé (1868) et quatre années encore pour obtenir la grande consécration avec La Fille de Madame Angot.
En 1995, la Péniche Opéra a eu une idée originale : monter à la suite l’une de l’autre (pour 44 représentations) les deux versions du Docteur Miracle. Christiane Izel écrivait à cette époque dans « Opérette » n°97 :
«…D’où deux Docteurs, deux compositeurs mais un même livret et une même soirée à la Péniche pour apprécier deux styles : charme, élégance et classicisme pour Lecocq, fougue, lyrisme, invention mélodique et harmonique pour Bizet, et beaucoup à découvrir chez l’un comme chez l’autre, en fonction de la sensibilité personnelle des spectateurs. Ces derniers sont en effet invités à faire revivre le jury de 1856 et à voter à l’issue de chaque représentation pour faire connaître leurs préférences; et c’est ainsi que sera réalisé un spectacle pour les trois dernières représentations qui rassemblera en un seul Docteur Miracle les moments préférés des spectateurs… »
— L’argument
Un podestat de Padoue a épousé en secondes noces Véronique, une jeune et jolie femme. Sa fille Laurette est éprise du beau capitaine Silvio, mais le podestat, qui ne veut pas de militaire dans sa famille, s’oppose au mariage. Ce jour-là, à 6 heures du matin, une musique incongrue attire tout le monde à la fenêtre. C’est un charlatan, le docteur Miracle, qui, paraît-il, guérit tous les maux. Le podestat s’en va chasser cet importun. Le père de Laurette cherche un nouveau domestique pour remplacer celui qu’il vient de mettre à la porte, pour la bonne raison qu’il faisait tenir à la jeune fille des lettres de Silvio. Il engage Pasquin, un brave garçon sans malice, qu’il charge de tous les travaux domestique, éventuellement de renvoyer l’amoureux de Laurette, s’il a l’effronterie de se présenter.
Seul, le podestat arrive à avaler l’omelette pourtant immangeable, préparée par ce nouveau serviteur. Il s’en va faire une petite promenade digestive, laissant Laurette sous la surveillance de Pasquin. La jeune fille est mécontente de cette compagnie, jusqu’au moment où le balourd se débarrassant de sa perruque, de son accoutrement ridicule, elle reconnaît en lui son Silvio. Le podestat les surprend dans les bras l’un de l’autre et met le beau militaire à la porte.
On apporte une lettre signée Silvio apprenant au père de Laurette que l’omelette était empoisonnée et qu’il ne lui reste plus que quelques instants à vivre. Un médecin ! Vite un médecin ! réclame le podestat, alors que Véronique, qui ne perd pas le Nord, préfèrerait qu’il teste en sa faveur avant une fin qu’elle croit (et espère ?) prochaine… Le docteur Miracle est appelé. Il arrive dans sa robe noire, avec son chapeau pointu, sa barbe et ses lunettes. Il examine le malade, affirme qu’il peut le guérir, mais qu’il ne fera rien si on ne lui accorde la main de Laurette qui a déjà identifié Silvio sous le déguisement du docteur Miracle.
Le podestat, entièrement dupe, ne songe qu’à sauver sa vie. Il accorde la main de sa fille au charlatan, apprend enfin que l’omelette n’a jamais été empoisonnée, et qu’il vient de donner Laurette au capitaine Silvio.
— La partition
Ouverture ; Ensemble « La drôle de musique » ; « Ne me grondez pas pour cela » (Laurette) ; « J’suis plus honnête que je suis bête » (Pasquin) ; Ensemble « Voici l’omelette » ; « En votre aimable compagnie » (Pasquin, Laurette), puis le podestat « Dérobez-vous à mon juste courroux » ; Ensemble « Mon enfant, si tu m’aimes bien » et final « Grâce au miracle de l’amour ».
— Fiche technique
Le Docteur Miracle de Lecocq
Opérette en 1 acte ; paroles : Léon Battu et Ludovic Halévy ; musique de Charles Lecocq. Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens le 8 avril 1857 avec :
Mesdemoiselles Dalmont (Laurette), Mafé (Véronique), Messieurs Pradeau (le Podestat), Gerpré (le capitaine Sylvio)
Editions Chappell
— Discographie
Il n’existe pas d’enregistrement commercial du Docteur Miracle. Signalons toutefois que l’ORTF, dans le cadre de des émissions lyriques dominicales a diffusé Le Docteur Miracle de Lecocq, le 21 janvier 1972 avec Michel Hamel, Christiane Château, Lina Dachary et Bernard Cottret. Direction musicale, André Girard.
— Références
Vous retrouverez Le Docteur Miracle de Lecocq dans « Opérette » n° 86, 97, 162 & 194. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 27/02/2024