Cette nouvelle comédie musicale est inspiré du livre Une adolescente de 18 ans, écrit par S.E. Hinton et paru en 1967, mais aussi du film qu’en avait tiré Francis Ford Coppola en 1983. The Outsiders, qui vient de faire sa première à Broadway, n’est pas sans rappeler par certains aspects West Side Story, la célèbre œuvre de Leonard Bernstein et Stephen Sondheim, créée en 1957. En effet, elle met en scène deux gangs rivaux, les « Socs », collégiens d’un certain niveau intellectuel et les « Greasers », issus de niveaux sociaux jugés plus bas et ainsi nommés pour la façon dont ils entretiennent leurs chevelures longues et négligées. L’un de leurs membres est Ponyboy Curtis, un adolescent qui, contrairement à ses pairs, recherche un avenir plus positif.
– L’intrigue
Depuis la mort accidentelle de ses parents, Ponyboy vit seul avec ses deux frères, Darrel et Sodapop, eux-mêmes désœuvrés, mais, de plus en plus, il essaie d’échapper à l’environnement dans lequel il évolue et où il ne trouve aucun réconfort. Les « Greasers », des adolescents comme lui sans avenir certain, lui semblent de moins en moins répondre à ses désirs de connaître une existence meilleure. Pour se changer les idées et poursuivre ses ambitions il va au cinéma où il s’extasie devant les films de Paul Newman qu’il admire et qui devient son héros, tandis que chez lui, à la télévision, il se gorge de dessins animés. Il lit également beaucoup, notamment « Autant en emporte le vent » de Margaret Mitchell ou les poèmes de Robert Frost.
Quand il rejoint les « Greasers », c’est surtout pour retrouver ses copains Johnny et Two-Bit, comme lui rejets de la société dans laquelle ils vivent et sans avenir certain. Il se rend compte de sa position quand il fait la connaissance de Cherry, jeune fille éduquée et la compagne de Bob, chef de file des « Socs ». Ce dernier apprécie mal le fait que Ponyboy ait le culot de parler à sa fille et il le provoque afin de lui faire payer cet écart et le remettre à sa place.
Johnny s’interpose et, pour aider Ponyboy, il tue Bob avec un couteau que lui a remis son père dans un moment de self-defense… À la suite de quoi, Ponyboy et Two-Bit doivent se cacher dans une église désaffectée pour échapper aux « Socs » et à la police qui maintenant les recherchent. Éventuellement, Johnny les rejoint et leur suggère de rentrer chez eux, mais l’église où ils se trouvent s’enflamme juste au moment où un groupe de jeunes visiteurs vient la visiter. Johnny et Ponyboy aident ces derniers à sortir sains et saufs, mais une poutre tombe sur Johnny et le tue.
Désemparé et plus seul que jamais, Ponyboy, bien que devenu un héros et exonéré du meurtre de Bob qu’il n’a pas commis, ne parvient pas à sortir de sa déprime jusqu’à ce que ses frères lui témoignent leur affection et que Cherry vienne lui remonter le moral. Elle lui suggère de poursuivre ses études, puisqu’il semble plus qualifié que ses pairs dans ce domaine, mais elle lui laisse entendre qu’elle le rend responsable de la mort de Bob et n’éprouve aucun attirance sentimental à son égard.
– Le spectacle
L’intérêt de cette comédie musicale n’est pas tant son sujet, mais la façon dont il a été traité par Adam Rapp et Justin Levine, auteurs du livret, et les chansons, créées par Levine et Jonathan Clay et Zach Chance du groupe musical texan Jamestown Revival. Un mélange astucieux d’airs mélodieux cadrant avec ce que l’on est en droit d’attendre d’une comédie musicale, et de moments influencés par la culture rock et pop. L’ensemble donne à la pièce une allure engageante et moderne qui s’adapte bien au déroulement de l’action.
Dans le même contexte, les ballets réglés par Rick et Jeff Kuperman, un mélange souple dans lequel l’influence des vidéos de chansons pop prend souvent le dessus, permet aux jeunes acteurs de manifester leurs talents et de rendre ces moments très enthousiasmants.
Mais ce qui frappe surtout, ce sont les effets spéciaux créés par Jeremy Chernick et Lillis Meeh, et la scénographie de Tatian Kahvegian qui donnent à certains moments de l’action (l’orage qui inonde la scène et les acteurs, l’incendie qui ravage l’église) un aspect réel qui la rend encore plus véridique.
– La distribution
Bien que les acteurs aient sensiblement dépassé leur adolescence, leur interprétation reste très crédible, autre aspect de ce spectacle qui a tout pour séduire et intéresser les spectateurs. Brody Grant (Ponyboy), Sky Lakota-Lynch (Johnny), Kevin William Paul (Two-Bit), Emma Pittman (Cherry), Daryl Tofa (Bob), et Brent Corner et Jason Schmidt (les frères de Ponyboy) dominent l’action mais l’ensemble de la distribution témoigne d’un engouement et d’une authenticité qui retient l’attention dans la mise en scène sobre et réaliste de Danya Taymor.
Didier C. Deutsch
11 avril 2024
– Fiche technique
Livret : Adam Rapp & Justin Levine. Paroles et musique : Jamestown Revival (Jonathan Clay & Zach Chance) & Justin Levine. Orchestrations et arrangements musicaux : Justin Levine. Chorégraphie : Rick Kuperman & Jeff Kuperman. Mise en scène : Danya Taymor
Distribution : Brody Grant, Sky Lakota-Lynch, Joshua Boone, Brent Comer, Jason Schmidt, Emma Pittman, Daryl Tofa, Kewin William Paul, Dan Berry.
Première le 11 avril 2024 au Bernard B. Jacobs Theatre, 242 West 45th Street, New York.