Visa pour l’amour

Visa pour l’amour

Francis Lopez (1916-1995)

 

Nous sommes en 1961. Johnny Halliday, le rock’n’roll, le twist… envahissent les médias. Plusieurs célèbres chanteurs de variété des années 50 ne s’en relèveront pas ou difficilement. Par exemple, André Claveau, grand prix de l’Eurovision 1958, verra sa popularité décliner très rapidement ce qui le conduira à abandonner la carrière à la fin des années 60.
L’opérette également, n’ayant pas su s’adapter comme par le passé aux nouveaux styles musicaux, aura de plus en plus de mal à se maintenir, notamment dans la capitale.

Quelle est donc la situation des 3 grandes salles parisiennes au cours de la décennie 60 ?
Le théâtre de la Gaîté-Lyrique sera déclaré en faillite en 1963.
Le théâtre du Châtelet, jusqu’au départ de Maurice Lehmann, tire son épingle du jeu. Malgré l’échec d’Eugène le Mystérieux, les réussites de La Polka des Lampions et de Monsieur Carnaval permettront au directeur de prendre sa retraite avec la satisfaction du devoir accompli. Ensuite, la société d’exploitation du théâtre dirigée par Maurice Lamy, puis par son épouse après son décès, déposera son bilan après seulement 5 ans d’activité (1966-1971).
Le théâtre Mogador résistera mieux à la morosité ambiante. Si l’on excepte l’insuccès de No No Nanette, les spectacles montés par Henri Varna jusqu’à son décès en 1969 ne lui poseront pas de problème de rentabilité. Il est vrai que pendant 7 ans, le couple « maison », Merkès-Merval, curieusement, ne connaîtra pas de baisse de popularité, au contraire, et que le directeur saura également s’entourer d’artistes comme Geori Boué à deux reprises et du jeune baryton Bernard Sinclair.

Le cas de Luis Mariano est plus contrasté. En province il a gardé et gardera sa popularité intacte. En témoignent les scènes d’hystéries constatées à la sortie de certains théâtres et les succès de ses tournées avec le cirque Pinder en 1957 et 1958.
Par contre dans la capitale, après le peu de succès de son film Sérénade au Texas, il ne sera plus sollicité par le cinéma. Sa prestation à l’Olympia en 1958 ne sera pas la réussite escomptée par Bruno Coquatrix. Chevalier du Ciel, créé à la Gaîté Lyrique, est loin de faire oublier ses créations précédentes. Maurice Lehmann se déclare déçu par Le Secret de Marco Polo (1959).

Donc le ténor est à la recherche d’un nouveau souffle.
Il le trouvera avec Visa pour l’amour dont il partagera l’affiche avec Annie Cordy, sa partenaire dans le film Le Chanteur de Mexico, et avec laquelle il a participé à de nombreux galas. D’ailleurs, une véritable amitié entre les deux vedettes s’est instaurée.
L’ouvrage est créé sur la scène de la Gaîté Lyrique, alors sous tutelle, le 22 décembre 1961 et se joue vraisemblablement jusqu’au début 1963 puisque l’on retrouve les deux vedettes à partir du 1er trimestre 1963 dans une série de galas communs en alternance avec la tournée de Visa pour l’amour qui les emmènera jusqu’au Canada.

Francis Lopez a composé comme toujours une partition agréable. Pour se mettre au goût du jour, il a même écrit un twist endiablé pour ses deux vedettes. Le livret de Raymond Vincy, est simple, mais comporte des rebondissements imprévus et des répliques spirituelles.
L’orchestre ne comporte qu’une dizaine de musiciens d’après Marie Brillant (La Croix).
L’ouvrage est généralement bien accueilli par la presse : « …Annie Cordy et Luis Mariano chantent beaucoup et bien. Mais ils dansent encore plus : le « twist » en particulier, auquel ils de donnent avec une frénésie partagée par le reste de la troupe et une partie des spectateurs … » (Paul Gordeaux, France Soir)
Visa pour l’amour n’a jamais été repris sur scène après la tournée Mariano-Cordy.

Source principale : Luis Mariano par Joëlle Montserrat (PAC, 1984)

L’argument

M de Simoni, ministre italien des affaires étrangères a une fille, la belle Marina, célèbre pour ses excentricités qui font le bonheur de la presse spécialisée.
Michel est un architecte français au talent méconnu et au caractère bohème. Il n’a pas le sou…
Les deux jeunes gens se rencontrent, font quelques promenades sentimentales, flirtent puis deviennent très amoureux l’un de l’autre.
Ils se retrouveront à Paris ou M. de Simoni doit présider une conférence internationale sur la paix. Il s’oppose fermement au mariage de Michel et de Marina. Elle se fait volontairement enlever. La presse se régale, la police les recherche.

Les deux fugitifs arrivent au square Lafayette, en territoire américain. Le veilleur de nuit les recueille et les installe dans une tente appartenant à un chantier voisin.
Mais voilà, c’est ici que se déroulera la conférence. Les maladresses du secrétaire de Simoni aggravent la situation. Les Parisiens viennent en nombre contempler les fugitifs pour le plus grand bonheur des médias.
Mais il faut une fin. Simoni, pour éviter le ridicule, pardonne et accorde la main de Marina à Michel.

La partition (principaux morceaux)

« Rêve » (ballet) ; « La vie est là » (Michel) ; « Pour une bamba » (Marina) ; « Fontaine romaine » (Michel) ; « Visa pour l’amour » (Michel, Marina) ; « Encore de la musique » (Marina) ; « Ah qu’il fait bon » (Michel, Marina) ; « Twist contre twist » (Michel, Marina) ; »À Paris » (Marina) ; « Rien que l’amour » (Michel) ; « Les moustiques » (Michel, Marina) ; « Le genre américain » (Marina) ; « Juliette et Roméo » (Michel, Marina) ; Chacha des égoutiers » (Michel, Marina) ; « Square Lafayette » (ballet)

Fiche technique

Visa pour l’amour
Opérette en 2 actes et 18 tableaux ; livret et lyrics de Raymond Vincy ; Musique de Francis Lopez ; mise en scène de René Dupuy ; chorégraphie et ballet de Jean Guélys ; maquettes des décors et costumes, Mick Bernard. Direction musicale, Maurice Darnell. Création à Paris, Gaîté Lyrique, le 22 décembre 1961. Avec :
Annie Cordy (Marina), Dominique Chantel (Gabrielle), Luis Mariano (Michel), Rellys (Mimile), Jacques Mareuil (Luigi), Roger Bontemps (M. de Simoni), Jack Filh (Dédé), Gérard Géraldi (l’agent Automarchi), Grosso et Modo ((les agents de police).

Discographie

Sélection : Annie Cordy, Luis Mariano. Orch. Armand Migiani
Pathé ATX 138 (vinyl 30cm)

Références

Vous retrouverez Visa pour l’amour dans « Opérette » n° 95. Si cet article vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 06/03/2024

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