Rose-Marie

Rudolf Friml (1879-1972) et Herbert Stothart (1885-1949)

 

En se rendant acquéreurs des droits de représentation pour la France de No, No, Nanette et de Rose-Marie, les frères Isola, directeurs du théâtre Mogador à Paris, s’étaient engagés à présenter ces opérettes dans des délais convenus à l’avance. C’est ainsi qu’ils durent interrompre en plein succès les représentations de No, No, Nanette (créée le 29 avril 1926) pour monter Rose-Marie un an plus tard. Ils n’eurent pas à le regretter. Rose-Marie tint l’affiche pendant trois ans de suite totalisant 1250 représentations consécutives. L’ouvrage préfigure le style d’ouvrage à grand spectacle qui fera recette pendant quarante années à Mogador et au Châtelet.

Déjà No, no, Nanette annonçait un changement. Avec Rose-Marie, nous assistons à un bouleversement complet. Le genre s’est transformé en se rapprochant du music-hall. Une histoire simple, trop simple peut-être, coupée par un seul entracte, sert de support à un spectacle mené tambour battant. Des décors et des costumes somptueux, des changements rapides, des scènes plus brèves jouées devant le rideau pour éviter les temps morts, une partition excellente, un orchestre complet, une troupe brillante, expliquent le triomphe de Rose-Marie.

Pour jouer ou plutôt danser Wanda, les frères Isola avaient fait venir d’Amérique June Robert, créatrice de la « danse de l’éventail ». Les deux titulaires du rôle-titre, Cloé Vidiane, qui venait de Nice où elle était chanteuse fantaisiste au théâtre des Variétés, et Madeleine Massé, jeune canadienne, connurent la célébrité du jour au lendemain. Robert Burnier, créateur du rôle de Jim, céda la place à Géo Bury lorsqu’il fut engagé pour interpréter Coups de Roulis au théâtre Marigny.

Jusqu’à la guerre de 1939, Rose-Marie n’a guère été reprise à Paris. Les raisons ? Sans doute, le nouveau succès de Mogador, L’Auberge du Cheval Blanc puis les difficultés financières et la faillite des Frères Isola. On note une brève reprise à Mogador en 1939, mais c’est ensuite Maurice Lehmann qui « s’empare » de l’ouvrage pour le Châtelet: le 19 décembre 1940 avec Fanély Revoil (258 représentations) et le 21 octobre 1944 avec Madeleine Vernon (357 représentations).

Dix ans plus tard, Maurice Lehmann montait une troisième fois Rose-Marie, cette fois au théâtre de l’Empire avec Paulette Merval, Guy Fontagnère et la danseuse Barbara La May. Il est vrai que le célèbre directeur a toujours eu un faible pour les opérettes comportant le mot « Rose » dans leur titre : Rose de France, Nina Rosa avant la guerre, Rose de Noël en 1958.

En 1963, Rose-Marie revient dans le théâtre de ses débuts, alors dirigé Henri Varna. Lorsqu’il annonce la reprise de cet ouvrage considéré par certains comme « vieillot », on ironise dans une certaine presse. Mais le maître de céans n’en a cure : il rajeunit l’ouvrage par une mise en scène dynamique, confie à Paul Bonneau le soin de réorchestrer l’opérette, fait réaliser de très beaux décors et costumes, fait appel à ses incontournables vedettes « maison », Marcel Merkès et Paulette Merval et, pour le rôle de Wanda, à l’excellente et jeune danseuse Cécile Tchernova. La réussite est indiscutable et l’ouvrage se joue plus d’un an.

Après la mort d’Henri Varna, Noël Marcellin monte à nouveau Rose-Marie dans la même production, avec de nouveaux venus : Bernard Sinclair, Angelina Cristi et la danseuse Barbara Doumer. L’ouvrage sera affiché du 10 décembre 1970 au 12 septembre 1971.

Soyons complets, citons la reprise donnée Porte Saint-Martin en 1981.

L’argument

Acte I
Au Canada, près des Montagnes Rocheuses

En arrivant dans la région, Jim Kenyon, jeune et sympathique chercheur d’or, a rencontré la ravissante Rose-Marie. Les deux jeunes gens sont aussitôt tombés amoureux l’un de l’autre. Tout serait donc parfait si Émile, le frère de Rose-Marie, ne s’était pas engagé à accorder la main de sa sœur à son propre employeur, le riche Hawley.
Rose-Marie et Jim conviennent de partir ensemble au Brésil où une situation lucrative attend le jeune homme. Rendez-vous est pris dans la montagne. La jeune fille chantera le « chant indien » si une difficulté l’empêche au dernier moment de rejoindre son amoureux.

Hawley est l’amant de Wanda, jeune indienne épouse de l’Aigle Noir. Il va lui rendre visite avec l’intention de rompre. Le mari survient et les deux hommes se battent. Wanda poignarde son époux.
Quelques heures auparavant, Jim s’était publiquement disputé avec l’Aigle Noir au sujet de la propriété d’une bande de terrain. Son meurtre accompli, Wanda accuse le jeune homme. Pour le sauver de la prison, Rose-Marie accepte d’épouser Hawley. En entendant le « chant indien », Jim comprend que Rose-Marie ne le rejoindra pas.

Acte Il
Quelques mois plus tard, à Québec.

Rose-Marie semble heureuse d’épouser Hawley. Elle parait avoir oublié Jim, surtout depuis qu’une bonne âme lui a affirmé qu’il était l’amant de Wanda et que la jalousie était la cause du meurtre de l’Aigle Noir.
Jim a appris les recherches dont il faisait l’objet. Il rejoint Wanda et réussit à lui faire promettre d’avouer la vérité.
Jim et Rose-Marie se retrouvent le matin même du mariage. La présence de Wanda prolonge le malentendu et Rose-Marie rompt définitivement avec Jim, avant que celui-ci ait pu s’expliquer. Mais Wanda n’accepte pas que Hawley épouse une autre femme qu’elle. Elle avoue la vérité à Rose-Marie. Celle-ci comprend son erreur et se promet de retrouver Jim qui a disparu.
C’est dans la montagne, à l’endroit même où ils ont échangé leurs premiers serments d’amour, que le « happy end » terminera cette belle histoire d’amour

— La partition

Acte I: Chœur d’entrée « Vive la Canadienne » ; Chanson d’Herman « Terrible Herman »; « O, ma Rose-Marie » (Jim) ; « Pareil aux loups » (sergent Malone) ; « Jimmy, c’est mon amour » (Rose-Marie) ; Chant Indien (Rose-Marie) ; Duetto (Jim, Rose-Marie) ; Pot-pourri d’airs canadiens (airs ajoutés) (Jim ); Duo Jane-Herman « Pourquoi pas nous » ; Chœur et ballet « Totem Tom Tom ».

Acte II: Chœur et Rose-Marie « Les chiffons » ; Trio des baisers (Malone, Herman, Jane) ; Sextuor ; Valse des Regrets (Jim) ; « C’est une danse exquise » (Ethel, Herman) ; Marche nuptiale (chœur et Rose-Marie) ; Dénouement et final.

— Fiche technique

Rose-Marie
Opérette en 2 actes de Otto Harbach et Oscar Hammerstein Il. Musique de Rudolf Friml et Herbert Stothart. Adaptation française de Roger Ferréol et Saint-Granier.
Création mondiale : New York, Imperial Theatre, le 2 décembre 1924.
Création en France : Paris, théâtre Mogador, le 9 avril 1927.
Distribution à la création française :
Cloé Vidiane ou Madeleine Massé (Rose-Marie), June Roberts (Wanda), Coecilia Navarre (Lady Jane), Robert Burnier puis Géo Bury (Jim), Boucot puis Dréan (Herman), Albert Combes (Hawley), Félix Oudart (Malone). Orchestre, direction Gabriel Diot.
Editions Salabert

— Discographie

Sélections

Paulette Merval, Rolande Riffaud, Marcel Merkès, Dominique Tirmont, Jean-Louis Simon. Orchestre Jacques Météhen (reprise Mogador 1963)
CBS 62 346 (41mn)

Lina Dachary, Gise Mey, Guy Fontagnère, Rogers, Duvaleix. Orchestre Paul Bonneau
EMI C 057 108 45 (1 face) (Au verso, « No, No, Nanette ») (25mn)

Michèle Claverie, André Dassary. Orchestre Raymond Legrand
Decca 115 015 (1 face) (Au verso « Le Chant du Désert ») (20mn)

Rondha Bachmann, Jean-Paul Caffi, Josette Drouet, Philippe Andrey. Orchestre, Paul Bonneau.
Variance 45T 45301 longue durée(17mn)

Lina Dachary, Gise Mey, Guy Fontagnère, Rogers, Duvaleix. Orch. Paul Bonneau
Sélection du Reader’s Digest CD 3159.13 (réédition 33 t EMI) (3 CD) (+ L’Etudiant Pauvre [Millöcker] + Le Chant du Désert [Romberg] + Victoria et son hussard [Abraham] + divers)

Références

Vous retrouverez Rose-Marie dans « Opérette » n° 39, 99, 114 & 164. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »

Dernière modification: 07/03/2024

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