Parisienne, c’est un hommage au Paris des années 50, à son effervescence artistique et musicale, à son peuple qui se relève petit à petit des années de guerre et veut s’amuser. Et justement, ce sont deux femmes du peuple, en fait des prostituées, Lucie et Judith, qui bavardent dans le salon quelque peu défraîchi d’une maison close, devenue clandestine à la suite de la Loi Marthe Richard.
Lucie aime la vie, elle aime Paris et elle aime un soldat américain resté sur place après la guerre, qui finira pourtant par repartir en Amérique, lui laissant quelques souvenirs et un enfant en devenir. Lucie décidera d’avorter, puis sera internée un temps à la prison pour femmes de Saint Lazare. Par sa force de caractère, elle se relèvera de ses épreuves, et retrouve son Paris, la ville qu’elle aime par-dessus tout.
Sujet banal s’il en fut, mais qui se trouve là enrichi par des moments musicaux et poétiques, extrêmement variés et parfaitement adaptés aux situations, jazz, mélodies et chansons de l’après-guerre se succèdent et se répondent au fil des situations. Laura Kimpe et sa partenaire Cécile Parichet, par ailleurs metteuse en scène, occupent la scène avec talent et élégance. La voix de Laura Kimpe est juste, éclatante, très travaillée, avec une technique impeccable, la chanteuse passe avec une remarquable aisance du jazz au lyrique, sans oublier la gouaille parisienne ; peut-être y manque-t-il quelques nuances qui auraient apporté une dimension plus humaine, mais c’est facilement excusable en cette soirée de première.
Le spectacle commence et se termine par un air célèbre composé par Michel Emer pour Edith Piaf, J’m’en fous pas mal, et c’est la chanson qui donne le ton à cette pièce dans laquelle s’égrèneront musiques, chansons et poèmes, de Poulenc à Cole Porter, en passant par Scotto, Marceline Desbordes-Valmore, Baudelaire , et bien d’autres… bel éclectisme !
L’accompagnement musical associe accordéon et clarinette et, ce soir là, il m’a semblé que les deux instruments ne s’accordaient pas vraiment ; je crois que l’accordéon seul aurait suffi à certains moments, et que la clarinette seule aurait beaucoup apporté en particulier aux évocations de jazz.
La mise en scène est suffisamment habile pour se satisfaire du très petit espace scénique de ce théâtre, et pour faire percevoir avec justesse, dans un décor minimaliste, les atmosphères évidemment très différentes de la maison close et de la prison.
Indigo
21 septembre 2025
Parisienne
Spectacle de la Compagnie La Débouvèterie – Mise en scène : Cécile Parichet
Avec : Laura Kimpe et Cécile Parichet.
Musiciens : Marko Djordjevic Sajac (accordéon) et Olivia Leblanc (clarinette-clarinette basse)