Once Upon a Mattress, à Broadway
lundi 12 août 2024

Once Upon a Mattress, à Broadway

Sutton Foster (© Joan Marcus)

La nouvelle saison de Broadway n’a pas encore commencé officiellement, mais la récente première d’une comédie musicale familière, Once Upon a Mattress (Il était une fois sur un matelas) est déjà  un signe que ce sera sans doute une saison pleine d’effervescence. Créée en 1959 d’après une fable de Hans Christian Andersen, « La Princesse et le pois », c’est de fait une vraie comédie agrémentée de chansons, due aux talents combinés de Jay Thompson, Dean Fuller et Marshall Barer, auteurs du livret déjanté, et de Mary Rodgers, fille de Richard Rodgers, qui en a écrit la musique. Avec la comédienne Carol Burnett faisant des débuts remarqués à  Broadway, ce fut un très grand succès et la comédie musicale devait revenir par deux fois à  New York, en 1996 et à  nouveau en 2015. Le texte, repris et amplifié par Amy Sherman-Palladino, donne à  l’action un ton humoristique qui lui convient mieux, avec la chorégraphie de Lorin Latarro et la mise en scène de Lear duBessonet, bien connu pour son travail artistique dans la série des Encores ! au New York City Center, renforçant l’impression très positive que donne cette production qui souvent semble avoir été inspirée par les films des Marx Brothers.

9b Amanda Lamotte Brooks Ashmanskas photo Joan Marcus
Amanda Lamotte & Brooks Ashmanskas (© Joan Marcus)

L’intrigue

L’action se situe au Moyen-âge dans un royaume de fantaisie où règnent le roi Sextimus le Muet, surnom dû à  un mauvais sort jeté par une sorcière, et la Reine Aggravain, en fait aux commandes du pays de par le handicap de son époux, femme bien connue pour son irascibilité. Entre autres choses, elle voudrait que son fils, le Prince Dauntless (« sans peur et sans reproche »), un doux imbécile, épouse une vraie princesse ; mais elle impose aux candidates des conditions telles que, jusqu’à  présent, aucune n’a réussi à  être choisie.

Sir Harry, chevalier de son état et amoureux de Lady Larken, dame de compagnie de la Reine, s’offre pour en trouver une au-delà  du royaume. Quand il revient, il présente la Princesse Winnifred, une perle délurée. Il n’en faut pas plus pour que le Prince s’entiche de la nouvelle venue, forçant la Reine à  lui faire passer un « test de sensibilité » imaginé par le Magicien du royaume : faire dormir la princesse sur 20 matelas accumulés les uns sur les autres et sous lesquels on a placé un petit pois. Ce test déterminera si Winnifred est bien une princesse à  la peau si fine qu’elle restera éveillée toute la nuit ou, suite aux stratagèmes de la Reine essayant de l’hypnotiser et lui donnant une potion pour la forcer à  dormir, on la retrouvera endormie au petit matin.

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David Patrick Kelly, Nikki Renée Daniels & Daniel Breaker (© Joan Marcus)

La représentation

Au centre de l’action, l’attrait principal du spectacle est l’actrice Sutton Foster, bien connue pour ses prestations récentes dans des œuvres majeures comme The Music Man, Anything Goes, Shrek, et tout récemment encore, Sweeney Todd aux côtés de l’acteur Josh Groban. Ici, dans le rôle de la princesse, elle donne libre cours au sens de l’humour lié à  sa façon de jouer la comédie. Elle est ravissante, amusante, délirante, et impose sa présence avec un plaisir et un abandon qui séduisent le public.

Également intéressante dans sa façon de tenir un rôle de premier plan, Ana Gasteyer est hilarante sous les traits de Aggravain dont les éclats de voix et les turbulentes réactions rappellent celles de la Reine de Cœur à  laquelle se trouvait confrontée Alice au Pays des merveilles dans le dessin animé de Walt Disney.

Sous les traits du Roi muet, David Patrick Kelly, joue avec dextérité et se montre notamment très drôle dans une scène au cours de laquelle, par mimes et par gestes, il doit expliquer à  son fils les vérités sexuelles. Quant à  ce dernier, incarné avec beaucoup de charme par Michael Urie, il exprime de façon fort amusante ses défauts.

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Daniel Breaker & Brooks Ashmanskas (© Joan Marcus)

Le reste de la distribution est à  la hauteur de ces têtes d’affiche : Will Chase dans le rôle de Sir Harry, Nikki Renée Daniels en Lady Laken, attendant un enfant de lui, sans oublier Daniel Breaker, en animateur de la soirée et en narrateur, et Brooks Ashmanskas sous les traits du Magicien. Tous prennent un plaisir évident à  jouer et à  rendre cette histoire plausible, y parvenant avec beaucoup d’allant.

Comme œuvre d’ouverture de la nouvelle saison, cette turbulente comédie musicale est un vrai succès et charme sur tous les fronts. Il ne reste plus qu’à  souhaiter que le reste de la saison soit au même niveau !

Didier C. Deutsch

Livret : Jay Thompson, Marshall Barer, Dean Fuller – Musique : Mary Rodgers – Paroles : Marshall Barer – Adaptation : Amy Sherman-Palladino – Chorégraphie : Lorin Latarro – Mise en scene : Lear duBessonet.

Rôles principaux : Sutton Foster, Michael Urie, Brooks Ashmanskas, Daniel Breaker, Will Chase, Nikki Renée Daniels, David Patrick Kelly, Kara Lindsay, Ana Gasteyer.

Première le 12 août 2024 au Hudson Theatre, 139-141 West 44th Street, New York.

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