Un juke-box musical de première catégorie, « Mamma Mia ! », conçu par Catherine Johnson autour de célèbres chansons composées dans les années 1970-80 par Benny Anderson et Björn Ulvaeus pour le groupe ABBA, vient de revenir à Broadway pour quelques mois jusqu’en janvier, dans le théâtre même ou il avait fait ses débuts il y a 24 ans, au plus fort de l’été et en ouverture de la saison 2025-2026. À lui seul, le spectacle hausse la barre de qualité grâce à un livret qui tient bien la route et qui est bien mis en valeur par les chansons choisies pour cet effet.
À l’origine, la pièce avait fait sa première à Broadway le 18 octobre 2001 et était restée à l’affiche pendant 14 ans pour donner 5 765 représentations. Son retour très attendu, au cœur de l’été et en début de la saison théâtrale, lui garantit un nouveau succès sans précèdent. Il faut le dire, c’est bien mérité. C’est un spectacle enthousiasmant, bien équilibré et agrémenté de chansons déjà très populaires qui cadrent bien avec l’action et la renforcent.
Sophie, jeune fille de 20 ans, qui vit avec sa mère, Donna, gérante d’un petit B&B sur une île grecque, est sur le point d’épouser son petit ami, Sky, mais elle voudrait que son père, qu’elle n’a jamais connu, vienne la conduire à l’autel lors de la cérémonie. Un journal privé qu’elle a découvert dans les affaires de Donna lui a appris que cette dernière avait connu des aventures romantiques consécutives vingt ans auparavant avec trois touristes, Harry, Bill et Sam, mais qu’elle ne savait pas lequel l’avait mise enceinte. Comme elle avait conservé leurs noms et adresses dans son journal, Sophie décide, à l’insu de Donna, de leur envoyer à chacun une invitation dans l’espoir que cela lui permettra d’identifier éventuellement celui qui est son père.
Le mariage est également l’occasion pour Donna d’inviter deux amies, Tanya et Rosie, avec lesquelles elle avait formé à l’époque un trio vocal, Donna et les Dynamos, pour venir passer quelques jours avec elle sur l’île. Éventuellement, Sam révèle qu’il n’a jamais oublié Donna et qu’il l’aime toujours, ce qui décide cette dernière à l’épouser, tandis que Harry annonce qu’il est gay et que Bill trouve en Rosie une partenaire qui lui convient. Quant à Sophie et Sky, ils estiment qu’ils sont encore trop jeunes pour se marier et choisissent en contrepartie de partir en voyage autour du monde.
Cette histoire un peu simplette est surtout dotée de moments pleins d’éclats visuels et sonores, grâce aux chansons qui donnent au récit un allant mélodique et rythmé qui convient à l’action, également agrémentée par les décors dus à Brian Webb et Nancy Thun, les costumes ordinaires et seyants de Lucy Gaiger, et l’enthousiasme souvent délirant d’une distribution qui comporte une vingtaine d’excellents danseurs et des acteurs qui font pour la plupart leurs débuts à Broadway.
Tel est le cas dans les rôles principaux de Christine Sherrill (Donna), Amy Weaver (Sophie), Carly Sakolove (Rosie), Jalynn Steele (Tanya), Grant Reynolds (Sky), qui tous témoignent également de multiples talents vocaux dans leurs interprétations, bien secondés par Rob Marnell (Harry), Jim Newman (Bill) et Victor Wallace (Sam), acteurs déjà chevronnés et au plus sûr de leurs talents respectifs.
Mais ce qui retient surtout l’attention des spectateurs, ce sont les chansons, pas moins d’une vingtaine, dont des airs connus tels que « Dancing Queen », « Gimme ! Gimme ! Gimme ! », « Honey Honey », « Knowing Me, Knowing You », « S.O.S. », « Super Trouper », « Take a Chance on Me », et bien entendu « Mamma Mia ! », toutes pour la plupart d’énormes succès au hit-parade. Interprétées avec le soutien d’un orchestre dans lequel les percussions prennent parfois le dessus, elles provoquent l’engouement voulu dans la salle qui serait sans doute prête à participer à tous moments. C’est cela qui fait le succès de cette comédie musicale qui bien qu’étant à l’affiche pour une période limitée va certainement jouer à guichets fermés tous les soirs jusqu’à ce que le rideau se baisse une nouvelle fois.
Didier C. Deutsch
14 août 2025
Mamma mia !
Livret : Catherine Johnson – Paroles et musique : Benny Anderson, Björn Ulvaeus – Décors : Mark Thompson – Eclairages : Howard Harrison – Son : Andrew Bruce, Bobby Aitken – Supervision musicale et arrangements : Martin Koch – Chorégraphie : Anthony van Laast – Mise en scène: Phyllida Lloyd.
Distribution :
Amy Weaver (Sophie Sheridan), Haley Wright (Ali), Lena Owens (Lisa), Jalynn Steele (Tanya), Carly Sakolove (Rosie), Christine Sherrill (Donna Sheridan), Grant Reynolds (Sky), Rob Marnell (Harry Bright), Jim Newman (Bill Austin), Victor Wallace (Sam Carmichael).
Première le 14 août 2025 au théâtre Winter Garden, 1634 Broadway, New York.
