Du livret foisonnant et de ses multiples personnages nous ne retiendrons, dans le résumé suivant, que les moments essentiels.
Acte I. au grand cirque de Tyr
Dans l’enceinte, la pièce de théâtre donnée pour les festivités terminée, on accueille Orphée et son flageolet (aurait-il perdu sa lyre ?) ainsi que l’amazone Erichtona. Lorsqu’ Omphale paraît, le poète célèbre sa beauté mais, transi d’amour, il n’ose lui déclarer ses sentiments, craignant la colère de son époux. Hercule fait justement son entrée, ovationné par la foule. Il n’a encore rien fait de ces fameux travaux annoncés par un oracle, travaux dont tout le monde parle et qu’ il lui faudra bien accomplir un jour ; on n’est pas pour rien le fils de Jupiter ! Mais, pour l’instant, il ne compte rien faire, se contentant, sous une fausse modestie teintée de populisme, de l’adoration qu’on lui porte. En effet le héros est on ne peut plus paresseux, délaissant même ses devoirs conjugaux envers son épouse désabusée. Celle-ci, devant la timidité d’Orphée, se laisse aller à un flirt très poussé avec un étranger, Augias, riche propriétaire d’écuries. Un incident fâcheux intervient peu après ; Augias, s’étant abstenu de venir présenter ses hommages à Hercule, a été exclu de la fête donnée. Furieux, il provoque oralement le héros, puis le gifle ! Chacun s’attend aux plus épouvantables représailles mais, à la stupeur générale, Hercule remet au lendemain soir les suites à donner à cet affront.
Acte II, dans les jardins de la demeure d’Hercule
Le héros a bien dormi mais les présages sont mauvais et ses amis s’inquiètent. Ne pouvant elle-même obtenir aucune explication de son mari, Omphale lui fait une scène très vive, révélant ainsi les lacunes de son mariage, et lui demande des preuves de sa tendresse ; hélas le grand homme se contente de lui répondre qu’il ne peut disperser ses forces réservées aux Travaux à venir. Dépitée, Omphale se jure de ne rien refuser au premier amoureux qui en vaudra la peine. Ce sera Augias qui l’enlève, emportant par ailleurs la massue et la peau de lion d’Hercule.
Désespéré, Orphée songe à mourir et pour cela ouvre les portes des cages où sont enfermées les bêtes sauvages destinées aux jeux du cirque. Les monstres se répandent hors de la ville et nul n’ose plus en sortir mais soudain, du haut des remparts, la foule aperçoit un homme vêtu d’une peau de lion immolant les bêtes féroces à coups de massue, tout en serrant contre lui Omphale terrifiée. De loin, on ne reconnaît pas Augias et l’on attribue donc ensuite ces exploits à Hercule stupéfait. Celui-ci serait au comble de ses vœux si le peuple ne le forçait à partir pour terminer les Travaux ainsi si bien commencés.
Acte III, le palais du roi de Lycie
Le rideau se lève sur la terrasse du palais où les jeunes princesses, après une adresse à la chaste Diane, accueillent leurs amoureux, de jeunes bergers. Le roi Lycius commente ensuite la prédiction d’un oracle qui le préoccupe depuis des années, à savoir la séduction en une nuit de ses trente filles promises à un héros.
Accompagné d’Omphale, Augias arrive au palais, épuisé après avoir accompli onze des douze Travaux prévus pour Hercule mais dont celui-ci est crédité car le véritable auteur des carnages a l’habitude de disparaître après chacun de ses exploits. Omphale, lassée par ces mésaventures éprouvantes, se laisse aller à des reproches que son compagnon prend mal, car c’est par amour pour elle qu’il a affronté toutes ces épreuves dont la dernière a été de délivrer le Jardin des Hespérides gardé par les dragons de feu. Au courant de ce dernier fait, c’est avec joie que Lycius accueille Hercule à qui il confie le soin de mettre fin à la chasteté de ses filles.
La besogne est certes charmante mais comment y parvenir ? Cela sera fait, à son grand soulagement, par l’apparition discrète mais des plus opportunes, des trente bergers. Et c’est ainsi que la foule verra s’éteindre successivement les trente lampes allumées sur la terrasse, témoins de la virginité des princesses. Cet exploit merveilleux, à nouveau attribué à Hercule, lui permet de reconquérir une Omphale radieuse. Quant à Augias, dépassé par les évènements, il ne peut que reconnaître la supériorité d’Hercule. Moralité : « Il faut toujours être de l’avis de tout le monde. »
Berrnard Crétel