Jacques Offenbach (1819-1880)
Au début de l’année 1855, Paris prépare fiévreusement l’Exposition Universelle qui doit être inaugurée par l’Empereur Napoléon III le 15 mai 1855. Il est évident que les théâtres parisiens s’apprêtent à faire de bonnes recettes. Jacques Offenbach, qui a des difficultés pour se faire jouer, multiplie les démarches pour obtenir le « privilège » d’exploiter lui-même un théâtre, ce qui n’est pas a priori évident, compte tenu d’une réglementation particulièrement stricte. Il écrit, fait jouer ses relations et finit par obtenir satisfaction. Il est autorisé à faire jouer des « scènes comiques et musicales dialoguées à deux ou trois personnages » et « des pas de danse avec cinq danseurs ». Le lieu : la salle Lacaze, située Carré Marigny, dans les jardins des Champs-Élysées, juste en face du Palais de l’Industrie où se tient l’Exposition. Le théâtre des Bouffes-Parisiens était né.
L’inauguration eut lieu le 5 juillet 1855. Le programme, dont la musique avait été composée par Offenbach comprenait un prologue Entrez, Messieurs et Mesdames, paroles de Jules Méry et Jules Servières (Halévy), une petite opérette Une Nuit Blanche d’ Edouard Plouvier, une pantomime, Arlequin Barbier, argument de Charles Placet, et une saynète de Jules Moinaux (le père de Courteline) intitulée Les Deux aveugles.
La veille, à la répétition générale Les Deux aveugles tombèrent à plat. Moinaux proposa de retirer la pièce de l’affiche, mais Offenbach s’y opposa. Il eut raison, car dès le lendemain, la pièce, interprétée par Pradeau et Berthelier, était portée aux nues par le public. Elle devait garder l’affiche un an. Napoléon III la fit jouer aux Tuileries à l’occasion du Congrès de la Paix réuni à Paris.
Les Deux aveugles sont une satire du monde des mendiants malhonnêtes qui, à l’époque, assiégeaient les passants l’été, et allaient passer l’hiver en famille, en vivant douillettement des gains obtenus pendant les beaux jours.
— L’argument
Un soir d’automne sur un pont de Paris, le vent souffle avec violence. Les passants sont rares. Patachon, « Haveugle de nessance », vient mendier, bientôt rejoint par Giraffier, « Aveugle par axidans ». Les deux hommes ne tardent pas à se disputer la clientèle, mais savent taire leurs griefs dès qu’elle approche. Ils finissent par décider de jouer l’emplacement aux cartes. Ils trichent effrontément, se disputent à nouveau, se reconnaissent pour de faux aveugles. L’affaire tournerait mal, si un providentiel client n’approchait pas. Les voici donc calmés pour un temps, et c’est avec l’apparence de la plus profonde entente qu’ils demandent l’aumône.
— La partition
Ouverture ; « Dans ma pauvre vie malheureuse » (Patachon) ; Duo « Jetez une aumône en passant », « Amusez-vous, trémoussez-vous » ; Duo « Entends là-bas les manolas » ; Duo « Je la vole » ; Final
— Fiche technique
Les Deux Aveugles
Bouffonnerie musicale en 1 acte de Jules Moinaux, musique de Jacques Offenbach. Création à Paris, théâtre des Bouffes-Parisiens, le 5 juillet 1855. Avec : Pradeau (Patachon) et Berthelier (Giraffier)
Editions Chappell
— Discographie
Sélection
Régis Ducrocq, Gilles Butin. Orch. Louis Vincent Bruère
Bourg BG 2003 (1 V)(1 face) (au verso : Le Violoneux) & Bourg BGC 9 (+ Le Violoneux + Croquefer)
— Références
Vous retrouverez Les Deux Aveugles dans « Opérette » n° 41, 179, 186 & 193. Si l’un de ces articles vous intéresse, vous pouvez le consulter en allant sur notre page « Revue “Opérette” »
Dernière modification: 06/02/2024