Valérie Lesort nous convie aujourd’hui, dans les dorures de l’écrin de l’Athénée, cadre idéal pour replonger dans les émotions enfouies de notre enfance, à revisiter les célèbres Contes de Perrault. Redécouverte ou découverte pour les plus jeunes, la magie opère instantanément dès le lever du rideau.
Cette ingénieuse – non seulement metteuse en scène – mais également plasticienne, autrice et comédienne à ses heures n’en est pas à son galop d’essai. Nous avons pu apprécier dans la même veine Vingt mille lieues sous les mers de Jules Verne (2016) ou Le Voyage de Gulliver (2022) d’après Jonathan Swift. Non loin des contes de fées, elle a franchi le pas vers le fantastique avec La Mouche (en collaboration avec Christian Hecq) ainsi qu’avec l’hilarante Petite boutique des horreurs qui sera reprise en septembre prochain à Paris.
Ces Contes de Perrault, mis en musique par le méconnu aujourd’hui Félix Fourdrain et créés au Théâtre de la Gaîté le 27 décembre 1913, se voulaient offrir du grand spectacle à un public friand du genre que le Châtelet et Mogador pratiquent également pour ne plus le lâcher jusque dans les années 70.
Les héros de ces Contes bousculent ici légèrement le fil des récits, mais soyons rassurés, ils seront bel et bien présents !
En effet, la fée Morgane décidera de faire du Petit Poucet le futur prince charmant de Cendrillon, malheureusement changée en Peau d’âne qui, de fait, plaira nettement moins au prince en question. Le chat botté dans sa bienveillance essaiera néanmoins d’arranger la situation, mais un sorcier, ami de Barbe-Bleue, va tout simplement endormir pour cent ans tout ce petit monde. Cerise sur le gâteau, Cendrillon se transformera miraculeusement en Belle au bois dormant !
Que voilà nos héros bousculés dans cette aventure où il est difficile de s’y retrouver, mais le conte est bon ce qui est l’essentiel !
Les décors et costumes féeriques et colorés, signés comme souvent par Vanessa Sannino, restent d’une grande créativité. Masques et marionnettes toujours présents se révèlent bien sûr indispensables à la réussite de l’entreprise et font toujours merveille.
Les comédiens, tous d’excellents chanteurs, semblent prendre beaucoup de plaisir à partager leur travail avec le public. Quant à l’orchestre des Frivolités Parisiennes, dirigé par Dylan Corlay, il excelle dans le répertoire léger de l’opérette et de la comédie musicale et en fait la preuve une fois de plus.
Grâce à cette magnifique équipe, notre âme d’enfant semble miraculeusement ressuscitée !
Philippe Pocidalo
9 avril 2025
Les Contes de Perrault
Musique : Félix Fourdrain – Livret : Arthur Bernède et Paul de Choudens
Mise en scène : Valérie Lesort – Scénographie, costumes & décors : Vanessa Sannino – Chœur et orchestre des Frivolités Parisienne, direction musicale : Dylan Corlay – Cheffe de chant :Delphine Dussaux – Création lumières : Pascal Laajili – Conseiller artistique : Christophe Mirambeau
Avec :
Anaïs Merlin (Cendrillon, Le petit Poucet, Chaperon Rouge) – Julie Mathevet (La fée Morgane) – Romain Dayez (Olibrius) – Enguerrand De Hys (Le Prince Charmant) – Lara Neumann (Madame de Houspignoles) – Camille Brault (Le Chat Botté) – Eléonore Gagey (Aurore) – Hortense Venot (Javotte) – Richard Delestre (Croquemitaine, Meunier, Huissier) – Philippe Brocard (La Pinchonniere, Barbe-Bleue) – Lucile Komitès (La reine Guillaumette) – Geoffroy Buffière (Le roi Guillaume)
Chœur : Marion L’Héritier, Hortense Venot, Claire Naessens, Zoé Cassard, Célian D’Auvigny, Guillaume Durand, Angelo Heck
Danseur : Benjamin Gouy-Pailler, Danseuse : Julie Galopin
Production : Les Frivolités Parisiennes.
Coproduction : Opéra de Reims ; Théâtre Impérial–Opéra de Compiègne ; Athénée Théâtre Louis-Jouvet ; Opéra de Dijon ; Atelier Lyrique de Tourcoing.
